Contenu du sommaire : La réflexion linguistique en Grande-Bretagne — 17e-18e siècles
Revue | Histoire, Epistémologie, Langage |
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Numéro | vol.7, n°2, 1985 |
Titre du numéro | La réflexion linguistique en Grande-Bretagne — 17e-18e siècles |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La réflexion linguistique en Grande-Bretagne — 17e-18e siècles. Patrice Bergheaud [Dir.]
Présentation
- Patrice Bergheaud p. 3-12Études
- Le « way of ideas » et le langage moral - Lia Formigari p. 15-33 Les premières réactions à la publication de l'Essay on Human Understanding captèrent immédiatement les conséquences révolutionnaires que la. sémiotique de Locke pouvait avoir si on l'appliquait à la théologie et à la morale. A l'«idéisme». de Locke, E. Stillingfleet, J. Norris, H. Lee, J. Sergeant et d'autres opposèrent un «way of reason» capable de guider les hommes dans la construction des universaux. Au XVIIIe siècle, · les discussions sur le «standard of taste» répondirent à la même exigence de trouver les critères moraux et esthétiques permettant d'éviter les conséquences du nominalisme lockien sans toutefois reprendre la · doctrine des idées innées. Ceci vaut également pour Th. · Reid. Mais on trouve chez lui quelque chose de tout à fait nouveau, à savoir l'intérét pour le langage ordinaire, fondé sur la conviction que c'est dans les pratiques linguistiques spontanées plutôt que dans l'usage scientifique · du langage que l'on peut prouver l'existence de principes indémontrables qui orientent pourtant la conduite de l'homme.The first reactions to Locke's Essay concerning Human Understanding immediately grasped the revolutionary consequences that Locke's semiotics could have if applied to theologîcal and moral questions. Edward Stilling-fleet, John Norris, Henry Lee, John Sergeant and others opposed to Locke's «ideism» a «way of reason» guiding the conduct of men in establishing universals. In the XVIIIth century, the debates on the «standard of taste» aIso moved from the need to identify the principles of moral and aesthetical evaluation avoiding the consequences of Locke's nominalism, without resorting to innate ideas. The same holds true for Th. Reid's philosophical reconstruction. But utterly new is Reid's concem for ordinary language, founded on the belief that spontaneous linguistic practices better than philosophical use of language may ascertain the existence of undemonstrable principIes ruling human behaviour, both theoretical and practical.
- Universal language schemes in 17th-century Britain - David Cram p. 35-44 Au dix-septième siècle en Grande Bretagne, la construction d'une langue universelle sur des principes philosophiques était davantage perçue comme une tâche empirique et pratique que comme une entreprise théorique. Le mouvement se développa' entre environ 1650 et 1680, puis déclina. Cet article présente un · rapide examen, des' études que ce domaine a récemment inspirées, en cherchant à mettre en reliefle contexte intellectuel qui a favorisé la croissance et le déclin de l'intérêt pour les projets de langue universelle.In seventeenth-century Britain the idea ofconstructing a universal language on philosophical principles was conceived asessentially a practical and empirical undertaking rather than a speculative one. The movement flourished between c. 1650 and 1680 and went into decline thereafter. The present paper offers abrief survey of the corpus of scholarly discussion this period has recently attracted,, attempting to focus on the broader intel1ectual factors influencing the rise and decline of interest in universal language schemes.
- The study of foreign languages in 17th-century England - Vivian Salmon p. 45-70 Au dix-septième siècle, · on observe un accroissement du nombre de langues connues des savants anglais, tant dans la famille indo-européenne (l'irlandais et le russe, par exemple) que dans d'autres groupes (le turc et l'arabe). Cette étude se propose d'examiner les raisons de l'intérêt croissant pour ces langues; qui les étudiait et où; les différentes approches de la méthodologie de l'enseignement des langues et les relations de ces langues à l'anglais. n'est possible que la connaissance de langues orientales et africaines, comme le chinois, le malais, l'arabe, et des langues de l'Afrique méridionale, ainsi que la publication de grammaires et de dictionnaires du Natick, de l'Irlandais, du Russe et du Turc soit directement par des savants anglais, soit sous leur égide, ait contribué à la fonnation. de la conscience linguistique plus aigüe perceptible vers la fin du siècle. On ne fera que parcourir ce domaine, restreint ici en presque totalité à l'Angleterre, en espérant ainsi suggérer des directions pour des recherches futures.The seventeenth century saw a widening of the range of languages with which English scholars were acquainted, both from the Indo-European family, like Irish and Russian, and from other language groups, such as Turkish and Arabic. The purpose of this study is to examine the reasons for the growth of interest in these languages; where and by whom they were studied; the different approaches to the methodology of language-teaching; and the relationships of these lan~ ages to English. It is possIble that -knowledge of Oriental and African languages such as Chinese, Malayan, Arabic, and the languages of So. uthern Africa, and the publication of grammars and dictionaries of Natick, Insh, Russian and Turkish either by, or under the aegis of, English scholars, may have assisted towards the greater linguistic awareness shown by the end of the century. This can be ne more than a survey of the field, restricted almost entirely to English scholarship, but it is hoped that it will point the way to further directions for research.
- Prosing, transposition and other linguistic exercises - Ian Michael p. 71-85 Les changements économiques et sociaux au cours de. la seconde moitié du dix-huitième siècle ont fait apparaître un besoin de · types de coompétence linguistique que ne fournissait guère le cadre des conventions de la rhétorique traditionnelle. Les enseignants se sont alors appuyés sur des exercices · fondés sur des hypothèses communes concernant le langage, hypothèses qui étaient lentement mise en cause à un · niveau plus élaboré. Cet article examine ces exercices.Social and economic changes during the second half of the eighteenth century created a demand for forms of linguistic competence which could not easily be met · within the conventions of traditional rhetoric. Teachers therefore relied on exercises based on popular assumptions about language which were being slowly questioned at a more sophisticated level. These exercises are discussed.
- Des notions de signe et de verbe substantif à la notion d'auxiliaire - Monique Verrac p. 87-106 Toute étude grammaticale repose sur une décomposition de la langue en des catégories et des classes dont l'origine remonte généralement à des théories grammaticales de l'Antiquité. Néanmoins, l'une des plus traditionnelles de ces catégories, celle d'auxiliaire, n'est apparue dans la grammaire anglaise qu'au XVllème siècle. Cet article a pour but de brosser un table · au. rapide des circonstancées qui ont entouré et motivé son introduction et des diverses étapes de son développement, depuis la notion bivalente d'auxiliaire suscitée par l'évolution des diverses notions de signe utilisées en Angleterre dans les grammaires humanistes et les premières grammaires universelles, jusqu'à la notion monovalente qui ne tarda pas à s'imposer à la suite de l'essor connu par la notion rivale de verbe substantif dans la grammaire universelle duAIl grammatical studies are founded on a division of language into categories and classes whose origins can generally be traced back to Ancient grammatical theories. One of the most traditional of these categories, however, that of auxiliary, first appeared in English grammar in the XVIlth century. only. The aim of this paper is to provide a short sketch of the circumstances that surrounded and detennined its introduction and the various stages of its development, from the twofold notion of auxiliary prompted by the evolution of the various notions of sign used in humanistic and early universal English grammar, to the single notion that soon prevailed, owing mainly to the progress of the rival notion of verb substantive in the universal grammar of the XVIIIth century. In the course of that investigation, the limits imposed from the start upon the chances that new notion stood of being duly operative will be examined, leading to a questioning of the validity of that category suspected of impeding any coherent description of the English language..
- Temps et verbe dans les grammaires anglaises de l'époque classique - André Joly p. 107-131 Le problème du rapport du verbe au temps n'est pas vraiment posé avant la seconde moitié du dix-huitième siècle. Après avoir passé en revue les différentes approches qui existaient à la fin du dix-septième, notamment celle de Port-Royal, l'auteur examine l'apport déterniinant de James Harris, (1751), James Beàttie (1783) et James Pickboum (1789) dans l'analyse de la représentation du temps et de son expression. 'The relationship between time and the verb was not thoroughly investigated before the second half of the eighteenth century. After a survey of the various approaches existing at the end of the seventeenth century, particularly that of Port-Royal, the author examines the decisive contributions of James Harris (1751), James Beattie (1783) and James Pickboum (1789) in their analysis of the way time is represented and expressed.
- Elocution and general phonetic theory: John Herries - Alain Kemp p. 133-147 Dans la seconde moitié du 18è siècle en Grande Bretagne un important mouvement visant à · améliorer la qualité du discours public conduisit à la publication de nombreux travaux sur l'élocution. Puisque ces travaux cherchaient à décrire les composantes de la parole, pour que l'orateur pût les maîtriser consciemment, ils constituent un · moment important de l'histoire de la phonétique. John Herries, davantage que la plupart des autres auteurs, s'est intéressé au mécanisme de la production orale. C'est en relation étroite avec cette caractéristique que son ouvrage est examiné dans cet article; on introduit en outre des éléments de comparaison entre son approche des traits non-segmentaux et celles d'autres auteurs de son époque.During the second half of the 18th century in Britain a strong movement to improve the standard of public speaking led · to the publication of a number of works on elocution, or · the art of effective delivery. Since these attempted to desc, ribe the components of speech, so that the speaker could obtain conscious control over them, they constitute an important episode in the bistory of phonetics. John Herries, author of one of these works, is notable in paying more attention than most to · the mechanism of speech production. In the present article bis book is surnmarised with particular reference to this, and sorne comparison is made of bis treatment of nonsegmental features of speech with that of other contemporary writers.
- Remarques sur la réception de Harris en France - Patrice Bergheaud p. 149-162 Ces remarques visent à décrire l'impact effectif en France du Hermes de James Harris traduit par Thurot. En s'appuyant sur l'usage que ce dernier en fait dans son Cours de Grammaire Générale (1797) que l'on compare à ses «Remarques» sur le texte original (1796), et en examinant différentes références à Harris (Destutt de Tracy, De Gérando,. Dictionnaire des Sciences Philosophiques), on souligne les distorsions de la théorie harrissienne dans le domaine grammatical, parallèle à la «ré-écriture» «Idéologique». analysée par KD. Uitti; en défmitive, l'ouvrage de Harris a été plus utilisé que réellement lu et compris dans son économie spécifique.These notes aim at describing the actual impact in France of the theses developped by James Harris in bis Hermes translated by F. Thurot. The paper. offers a comparison between the latter's Cours de Grammaire Générale (1797) and his «Remarques» on the original text (1796); it also examines various references to Harris in various later works (Destutt de Tracy, De Gérando, Dictionnaire des Sciences Philosophiques). The distorsions which Harris' grammatical theory underwent, parallel to the «Idéologique» «re · writing» of his philosophy described by K. D. Uitti, are analysed; it seems that, within French linguistic scholarship, Harris' work was more used than actually read and understood in its specifie economy.
- Le « way of ideas » et le langage moral - Lia Formigari p. 15-33
Document (Manuscrit)
- Hermes Abridg'd - J.F. Winman, Patrice Bergheaud p. 165-186