Contenu du sommaire : Graine d'entrepreneurs

De l'intention d'entreprendre au passage à l'acte, il existe souvent un décalage. Mais celui-ci est particulièrement important chez les jeunes Français. En partant des données de deux enquêtes internationales, les deux auteurs explorent quelques-uns des paradoxes liés à cette question déterminante.

Depuis plusieurs décennies, l'entrepreneuriat fait l'objet d'un discours largement incitatif à l'échelle internationale. Récupéré au niveau éducatif, ce discours cherche désormais à favoriser le développement de l'entrepreneuriat tout au long du cycle scolaire, de l'école primaire jusqu'à l'université. Mais de quoi est-il vraiment question lorsqu'on parle d'introduire l'entrepreneuriat à des stades précoces de la scolarité des élèves ? Ce texte aborde cette question difficile, qui déchaîne les passions de ses tenants comme de ses opposants, à partir d'un point de vue argumenté développé au cours d'une recherche doctorale conduite à l'école primaire au Québec.

Les responsables et animateurs du réseau national des PEPITE ont souhaité développer un référentiel national de compétences en entrepreneuriat pour les jeunes de l'enseignement supérieur. Il s'agissait de se doter d'un outil commun, visant à harmoniser les pratiques au sein du réseau. Ils se sont appuyés pour cela sur une démarche de conception itérative, en testant les propositions retenues et leur appropriation par l'ensemble des parties prenantes. Ils ont associé à cette construction des acteurs chargés de l'accompagnement des étudiants entrepreneurs, ainsi que des enseignants chercheurs en entrepreneuriat et en sciences de l'éducation et des étudiants entrepreneurs. Cet article retrace la démarche engagée depuis deux ans, questionnant les choix retenus ainsi que la pertinence et la portée d'un tel outil à l'issue d'une première phase de test réalisée au printemps 2017. Identifié comme utile par les chargés d'accompagnement comme par les étudiants, l'outil requiert pour son déploiement un accompagnement national et la définition d'un cahier des charges précis pour en expliquer les choix, les étapes et les usages.

Pour un étudiant, participer à un projet entrepreneurial collectif représente un défi, notamment du fait de la complexité de la tâche : créer et développer réellement une entreprise. Si ce type d'enseignement a montré son efficacité, de nombreuses questions subsistent : comment soutenir la capacité des équipes d'étudiants entrepreneurs à identifier et à verbaliser les compétences développées au cours du process de création et de gestion de leur entreprise ? Comment les aider à (com)prendre, (re)négocier et assumer leur place au sein de l'équipe entrepreneuriale ? Un binôme d'enseignants accompagnateurs a mené une recherche exploratoire pour étudier la perception par les étudiants de leurs propres compétences et de leur place dans l'équipe entrepreneuriale. L'étude montre que les membres de l'équipe se sont rapidement enfermés dans une identité de rôle correspondant à la place qu'ils se sont eux-mêmes assignée ou bien qu'ils se sont vus assigner dans l'équipe, en fonction de la perception qu'ils avaient de cette place.Formaliser la démarche compétences et mettre en œuvre un dispositif pédagogique longitudinal pour accompagner le positionnement de chaque étudiant dans l'équipe semblent deux leviers pertinents pour soutenir une appréhension réflexive de l'expérience entrepreneuriale.

Les micro-entreprises peuvent devenirs tremplins d'innovation en introduisant de nouveaux produits et services ou même en ouvrant de nouveaux marchés. La reprise de micro entreprise constitue un projet bien adapté aux aptitudes et aspirations des jeunes diplômés d'école de commerce, car plusieurs éléments font de ce choix entrepreneurial une perspective moins risquée que la création ex nihilo. Les écoles de commerce, avec leur capacité à former les gestionnaires et les entrepreneurs, se trouvent bien placées pour proposer une formation spécifique aux personnes qui s'intéressent à la reprise de micro-entreprises.

Depuis 2011, au cœur du mois d'août, des enseignants-chercheurs et divers acteurs de l'entrepreneuriat se réunissent dans la Belle Province à l'initiative du département d'entrepreneuriat et innovation d'HEC Montréal. Ils viennent pour échanger autour des pratiques à la fois singulières et innovantes qui caractérisent l'enseignement de l'entrepreneuriat. La dernière édition s'est tenue le 15 août 2017 et la prochaine est programmée pour le 15 août 2018. Les deux « instigateurs » de ce pèlerinage annuel en dégagent ici quelques enseignements.

Créé en 2009, le Moovjee a accompagné 850 jeunes entrepreneurs entre 18 et 30 ans. Près de 90 % des 350 entreprises créées depuis 2009 sont pérennes. Bénédicte Sanson, qui a lancé le Moovjee avec Dominique Restino, raconte ici son parcours personnel et l'histoire du Moovjee. Elle met en évidence ses valeurs et son mode de fonctionnement communautaire autour d'entrepreneurs mentors bénévoles dont la vocation principale est d'aider les jeunes à assumer leur identité d'entrepreneur. Elle souligne quelques conditions clé tenant aux postures d'accompagnement facilitant la transition identitaire de l'école à l'entrepreneuriat et met en évidence les défis qui se posent aujourd'hui pour former les mentors, toucher des jeunes moins favorisés et développer le Moovjee au-delà de l'écosystème parisien.

Depuis deux ans, Olga Bourachnikova et Cécile Chapus mettent en œuvre une pédagogie basée sur le modèle d'accompagnement de la Team Academy1 d'apprentissage coopératif, en partenariat avec la Fondation Agir contre l'Exclusion (Face) et Alsace Digital. La formation cible des jeunes inscrits dans le Service Civique. Elle a pour but de les accompagner dans la prise de conscience de leur potentiel et la construction de leur projet. Entreprendre est ici considéré comme un moyen qui accompagne la transformation de la personne en l'aidant à devenir entrepreneur(e) de sa propre vie. Dix séances de trois heures chacune composent la formation.

Nous inaugurons avec cet article une nouvelle rubrique baptisée « Pratiques pédagogiques innovantes ». L'idée est de faire circuler l'information sur les expérimentations en cours dans nos institutions autour des pédagogies entrepreneuriales, afin de faire réagir des collègues et de les inspirer pour qu'ils puissent expérimenter et documenter progressivement cette pratique dans d'autres contextes. Mélanie Ciussi et Dominique Vian, avec le programme ID de Skema Business School, sont les premiers à se lancer dans l'aventure.