Contenu du sommaire : Conférence Braibant 2006 – Un réexamen
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
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Numéro | vol. 83, no 4, décembre 2017 |
Titre du numéro | Conférence Braibant 2006 – Un réexamen |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Andrew Massey p. 639
- Repenser, redéfinir et réinventer : servir au XXIe siècle - Jocelyne Bourgon p. 641-653 En 2006, j'ai eu l'honneur de prononcer la cinquième Conférence Braibant pour l'Institut International des Sciences Administratives. Cette discussion a permis de mettre en lumière le besoin de repenser l'administration publique. En réalité, ce n'est là qu'une petite partie des adaptations nécessaires pour préparer le gouvernement et la société aux défis du XXIe siècle.Il est nécessaire de repenser l'architecture et le fonctionnement de l'État social, économique et politique. Par exemple, il convient d'étudier l'hypothèse selon laquelle l'innovation, la productivité, l'emploi et la croissance des revenus œuvrent ensemble en synergie. On attend depuis longtemps que soit effectué un diagnostic éclairé des bienfaits des échanges mondiaux et des coûts de la perturbation locale, afin que le gouvernement puisse atténuer son impact sur les membres les plus vulnérables de la société et rassurer le public quant à l'avenir.Il est également nécessaire de définir en des termes contemporains les conditions qui contribuent à la gouvernance de sociétés ouvertes, pluralistes et démocratiques. Afin de répondre aux complexes tendances émergentes, il va falloir trouver de nouvelles manières de concilier intérêts individuels et aspirations collectives ambitieuses, redécouvrir l'irremplaçable contribution de l'État et définir une vision de cet État adaptée à l'action qui s'impose au XXIe siècle. Il ne s'agit ni de créer un État interventionniste, ni un État minimaliste, mais bien un État suffisamment convaincu de son rôle au service de l'intérêt général.Le présent article est une invitation à repenser l'État moderne, à redéfinir nos attentes en ce qui concerne la société et l'économie et à réinventer en termes contemporains la signification de faire partie d'une société moderne, libérale, pluraliste et démocratique.In 2006 I had the honour of giving the Fifth Braibant Lecture for the International Institute of Administrative Sciences. That discussion identified a need to rethink public administration. In reality, this is only a small part of the rethinking needed to prepare government and society for the challenges of the twenty-first century. There is a need to rethink the architecture and functioning of the social, economic and political state; for instance, to critically examine the assumption that innovation, productivity, employment and income growth work synergistically together. A clear-eyed diagnostic of the benefits of global trade and the costs of local dislocation is long overdue if government is to mitigate its impact for the most vulnerable in society and alleviate public fears about the future. There is also a need to articulate in contemporary terms what conditions contribute to the governance of open, pluralistic and democratic societies. Responding to challenging emerging trends will require reconciling in new ways individual interests with ambitious collective aspirations, rediscovering the irreplaceable contribution of the state and articulating a concept of that state adapted to serving in the twenty-first century. This is neither an overbearing nor a minimalist state but one with sufficient confidence in its role to serve the collective interest. This article is an invitation to rethink the modern state, reframe our expectations for a wellperforming society and economy, and reinvent in contemporary terms what it means to be part of a modern, liberal, pluralistic and democratic society.
- Les processus décisionnels opportunistes au sein de l'État : formation du concept, variété et explications - p. 655-677 La notion d'opportunisme est trop souvent utilisée de manière approximative dans les recherches sur les processus décisionnels des exécutifs dans les domaines de la politique et de l'administration : ses différents sens sont trop rarement distingués avec précision. Afin de compléter ces explications, nous présentons dans le présent article un nouveau travail de formation du concept, qui précise cette notion afin de pouvoir distinguer les différents types de degrés d'opportunisme. Afin d'illustrer l'usage du concept redéfini, nous examinons dans cet article les principales décisions prises par les ministères et les exécutifs britanniques entre 1945 et 1990. Nous avançons que la théorie institutionnelle néo-durkheimienne peut contribuer à expliquer pourquoi différents types d'opportunismes sont cultivés dans des administrations ordonnées de manière différente, et permettre de découvrir ainsi le processus décisionnel sous un nouveau jour. Notre article vise à proposer un cadre qui permettra aux gestionnaires publics d'identifier les degrés et les types d'opportunisme chez les politiciens élus pour lesquels ils travaillent. Il devrait aider les gestionnaires publics à identifier les tâches associées à ces décisions lorsqu'ils sont invités à les exécuter.The notion of opportunism is too often used loosely in policy and administrative research on executive decision-making: its various meanings are too rarely clearly distinguished. To make it useful for explanation, this article presents fresh concept formation work, clarifying the concept to recognise different kinds and degrees of opportunism. To illustrate the use of the refined concept, the article examines key decisions by British cabinets and core executives between 1945 and 1990. It proposes that neo-Durkheimian institutional theory can help to explain why different kinds of opportunism are cultivated in differently ordered administrations, so providing new insight into decision-making.Points for practitioners:The article provides a framework by which public managers can identify degrees and types of opportunism among the elected politicians they serve. It will help public managers to identify risks associated with such decisions, when they are asked to execute them.
- L'avis des politiciens et des bureaucrates locaux sur la participation démocratique – Comparaison : les cas de la Norvège et de la Suède - Jon Pierre, Asbjørn Røiseland, B. Guy Peters, Annelin Gustavsen p. 679-698 Compte tenu de l'accent de plus en plus grand mis sur l'exécution et les résultats en tant que sources de légitimité pour le gouvernement local, que pensent les politiciens et les agents de l'État des canaux classiques, basés sur les contributions, qui permettent aux citoyens d'influencer le gouvernement par rapport aux possibilités d'influencer la fonction publique basées sur la performance et les résultats ? Dans le présent article, nous comparons les opinions des politiciens et des fonctionnaires locaux dans les autorités locales norvégiennes et suédoises à propos de ces questions. Notre analyse s'appuie sur un ensemble de données recueillies auprès des responsables politiques et administratifs au sein des autorités locales norvégiennes et suédoises. Nous comparons également un secteur de services dans lequel la réforme de la gestion publique a été importante (services aux aînés) avec un autre secteur de services où la réglementation et le maintien de l'ordre l'emportent (aménagement du territoire et construction). Notre analyse indique qu'il existe pas mal de points communs entre les opinions des politiciens et celles des bureaucrates, même si les premiers accordent plus d'importance que les bureaucrates aux canaux d'influence basés sur les contributions et au flux de production. La réforme de la gestion publique offre aux clients de nouveaux moyens d'influencer le service public en s'adressant directement aux fournisseurs de ces services plutôt qu'en passant par les canaux politiques classiques. Dans le présent article, nous étudions ce que pensent les politiciens et les fonctionnaires des municipalités norvégiennes et suédoises des moyens (classiques et nouveaux) dont disposent les clients pour influencer la prestation de service. Nous comparons également les secteurs des services où ce choix est vaste avec ceux où le choix est nettement plus limité. D'une manière générale, nous constatons que les politiciens ont tendance à privilégier les canaux politiques conventionnels pour l'influence des clients, alors que les agents de l'État portent un regard plus positif sur les clients qui s'adressent à l'échelon exécutif de l'autorité locale.Given the increasing emphasis on delivery and output as a source of legitimacy for local government, how do politicians and civil servants perceive conventional, input-based channels for citizens' influence on government in relationship to performance and output-oriented opportunities to influence public service? This article compares the attitudes of senior local politicians and civil servants in Norwegian and Swedish local authorities on these issues. The analysis draws on a data set collected among political and administrative leaders in Norwegian and Swedish local authorities. We also compare a service sector where public management reform has been extensive (care of the elderly) with a service sector where regulation and law enforcement dominates (planning and construction). The analysis suggests that there is a significant similarity between politicians' and bureaucrats' attitudes, although politicians accord greater importance to input-based channels of influence and to throughput than do bureaucrats.Points for practitioners:Public management reform provides a new channel for clients to influence public service directly through the providers of those services and not through conventional political channels. This article studies how politicians and public servants in Norwegian and Swedish municipalities evaluate conventional and new channels for clients to influence service delivery. We also compare service sectors where such choice is extensive with areas where choice is much more constrained. Overall, we find that politicians tend to favor conventional political channels for clients' influence whereas public servants take a more positive view of clients approaching the executive side of the local authority.
- L'État et la reconstruction de la société civile - Taco Brandsen, Bram Verschuere, Willem Trommel p. 699-717 La relation actuelle entre les États et la société civile en Europe est une relation curieuse et particulière sur le plan historique. Nous ne sommes plus dans une situation où la participation et l'association préparent les citoyens aux postes dans l'administration publique. Aujourd'hui, c'est l'État qui implore des citoyens parfois hésitants de participer activement à la société civile. Ce phénomène découle de plusieurs évolutions dans les paradigmes de gouvernance actuels et du processus plus général de liquéfaction sociale. Dans le présent article, nous analysons ces deux tendances interdépendantes et examinons le nouveau type de relation qui est en train d'apparaître entre l'État et la société civile.Dans le présent article, nous situons la tendance actuelle à revoir les relations entre l'État et la société civile dans un contexte plus large. Nous allons voir que, aussi louables soient bon nombre d'initiatives, la volonté des gouvernements d'amener les citoyens à participer et à s'auto-organiser risque d'amener l'État à faire main basse sur ces initiatives, ce qui se traduirait par une société civile fabriquée, qui n'aurait plus grand-chose à voir avec les initiatives citoyennes spontanées. Autre conséquence possible : les initiatives citoyennes vraiment spontanées risquent d'éviter de collaborer avec l'État et de se centrer sur elles-mêmes, au détriment des valeurs publiques en général. Dans ce domaine, l'État doit dès lors s'efforcer de trouver un juste milieu, aussi délicat cela soit-il, entre encouragement et limitation.The current relationship between the state and civil society in Europe is a curious and historically unique one. This is no longer a situation in which participation and association prepare citizens for the offices of the state; rather, it is the state urging a sometimes-reluctant citizenry to engage actively in civil society. This phenomenon stems from a combination of changes in prevailing governance paradigms and of the more general process of social liquefaction. In the article, we analyse these two intertwining trends and discuss the new type of relationship between the state and civil society that may be emerging.Points for practitioners:The article puts the current vogue for renewed state–civil society relationships in a larger context. It shows that, however commendable many initiatives may be, there is the risk that the desire on the part of governments for their citizens to participate and self-organize may lead the state to take over such initiatives, leading to a manufactured civil society that has little to do with spontaneous citizen initiatives. Another possible consequence is that truly spontaneous citizen initiatives will shun collaboration with the state and focus only inwards, to the detriment of broader public values. Therefore, in this area, the state must strike a delicate balance between encouragement and restraint.
- Le chaînon manquant entre participation à l'administration et participation politique : La fonction de médiation de l'efficacité politique - Youngmin Oh, Seunghoo Lim p. 719-741 Les chercheurs comme les praticiens soutiennent que la participation du public aux processus administratifs ou politiques est un aspect important de la réforme démocratique. Malgré l'importance de ces mécanismes de participation, rares sont les études qui s'intéressent au lien entre participation à l'administration et participation politique. La présente étude a pour but d'identifier ce chaînon manquant en vérifiant de manière empirique les fonctions de médiation de l'efficacité politique entre les deux types de participation publique. En reliant participation administrative et participation politique au moyen de l'efficacité politique, nous entendons démontrer que la participation citoyenne dans l'administration joue un rôle déterminant pour remédier à la baisse de participation politique. Pour les tests empiriques, nous avons recueilli des données transversales auprès des juridictions locales en Corée au moyen de questionnaires d'enquête et utilisé une série de modèles par équation structurelle pour identifier les relations causales entre ces variables. Nos observations indiquent que la participation à l'administration n'influence la participation politique que dans le cadre de l'efficacité politique, tandis que la demande de participation à l'administration est liée à la participation politique soit directement, soit dans le cadre de l'efficacité politique interne. À l'inverse, la participation politique n'encourage la participation à l'administration que dans le cadre de l'efficacité politique. Compte tenu des données empiriques, la participation à l'administration et la participation politique se renforcent mutuellement, et l'efficacité politique joue un rôle essentiel dans la médiation des deux types de participation publique..Dans la présente étude, nous empruntons la notion d'efficacité politique pour examiner sous un angle théorique un chaînon manquant entre participation administrative et politique. Les praticiens doivent se rendre compte que la mise en place de programmes administratifs authentiques est un bon moyen de remédier à la baisse de participation démocratique. Les praticiens se doivent de proposer une série d'idées bien précises sur la manière d'encourager l'efficacité politique des citoyens au moyen de la participation publique. Cela pourrait permettre d'éveiller politiquement les citoyens, ce qui les inciterait à participer davantage. Dans ce sens, la présente étude est une première étape dans l'étude des avantages démocratiques éventuels produits par les mécanismes de participation publique au-delà des avantages normatifs et instrumentaux.Public participation in administrative or political processes has been advocated as an important democratic reform by scholars and practitioners. Despite the importance of such public participation mechanisms, the relationship between participation in administration and political participation remains unexplored. This study aims to connect the missing link by empirically testing the mediating roles of political efficacy between two types of public participation. By connecting administrative and political participation through political efficacy, we intend to demonstrate that citizen participation in administration plays a pivotal role in remedying declining political participation. For the empirical tests, cross-sectional data from local jurisdictions in Korea were collected by survey questionnaires, and a series of Structural Equation Models are used to identify the causal relationships among these variables. The findings demonstrate that participation in administration influences political participation only through political efficacy, while the demand for participation in administration is connected to political participation either directly or through internal political efficacy. Conversely, political participation fosters participation in administration only through political efficacy. Given the empirical evidence, participation in administration and political participation reinforce each other, and political efficacy plays a critical role in mediating the two types of public participation.Points for practitioners:Borrowing the concept of political efficacy, this study sheds theoretical light on a missing link between administrative and political participation. Practitioners need to realize that devising authentic administrative programs is a useful way to remedy waning democratic participation. Practitioners need to suggest many specific ideas on how to foster citizens' political efficacy through public participation. By doing this, citizens could be politically awakened, which would lead to their increased participation. In this sense, this study is an initial step in exploring the possibility of democratic benefits produced by public participation mechanisms beyond the normative and instrumental benefits.
- Influencer la performance du secteur public : étude de l'impact des méthodes RH destinées à améliorer l'AMO sur différents résultats en termes de performance dans le secteur public - Brenda Vermeeren p. 743-764 Cadre général : Pour répondre aux appels lancés récemment dans la littérature en vue de décomposer le système des RH et la performance, nous avons décidé, dans la présente étude, d'examiner l'influence des pratiques RH visant à augmenter les capacités, la motivation et les possibilités sur l'efficacité, l'efficience et la loyauté des organisations publiques, en prenant pour variable médiatrice la satisfaction professionnelle.Objectif : Nous avons conjugué les observations faites dans le cadre des recherches dans les domaines de la GRH et de la performance, essentiellement menées dans le secteur privé, à la littérature sur la gestion publique afin de mieux comprendre le lien entre GRH et performance dans le secteur public.Méthode : Analyse de régression avec méthode d'amorçage (bootstrapping) pour vérifier les effets médiateurs.Résultats : L'analyse indique que les trois composantes des RH influencent de manière hétérogène les trois résultats en termes de performance. Les résultats indiquent par ailleurs que les méthodes de GRH qui visent à augmenter les capacités et les opportunités sont plus fortement liées aux résultats en termes de performance que les méthodes destinées à augmenter la motivation.Conclusion : Le fait de décomposer la GRH et la performance permet de mieux comprendre le lien entre GRH et performance. Les résultats indiquent que le fait d'investir positivement dans la GRH influence les résultats en termes de performance. De plus, nos résultats indiquent que les différents aspects de la performance publique exigent des approches différentes en termes de GRH. Les investissements dans les pratiques destinées à améliorer les capacités semblent particulièrement importants si l'on souhaite améliorer l'efficacité. Toutes les méthodes de GRH, mais surtout celles qui visent à améliorer les capacités, sont importantes pour améliorer l'efficience. Il semble cependant que le fait d'investir dans des méthodes de GRH destinées à améliorer la motivation n'ait que peu d'utilité lorsqu'il s'agit d'améliorer la loyauté.Background: In response to recent calls in the literature to decompose both the human resources system and performance, this study has examined the effects of ability-, motivation- and opportunity-enhancing human resources practices on the effectiveness, efficiency and fairness of public organizations, with job satisfaction considered as a mediating variable. Aim: Insights from Human Resource Management and performance research, mostly conducted in the private sector, have been combined with public management literature in order to gain insight into the Human Resource Management–performance relationship in the public sector. Method: Regression analysis with a bootstrapping method was used to test the mediating effects. Results: The analysis showed that the three human resources components heterogeneously impact upon the three performance outcomes. Further, the results showed that ability enhancing and opportunity-enhancing human resources practices are more strongly related to performance outcomes than motivation-enhancing human resources practices. Conclusion: Decomposing Human Resource Management and performance provides greater insight into the Human Resource Management–performance relationship.Points for practitioners:The results show that investing in Human Resource Management positively influences performance outcomes. Moreover, our results show that various aspects of public performance require different human resources approaches. Investing in ability-enhancing human resources practices seems to be particularly relevant if one wants to enhance effectiveness. All the human resources practices, but especially ability-enhancing ones, are relevant to enhancing efficiency. However, investing in motivation-enhancing human resources practices seems to make little sense if one is seeking to enhance fairness
- Les forces du changement stratégique et les causalités communes. Le cas des primes versées aux banquiers : perspectives - Caelesta Braun, Martijn van der Steen, Jorren Scherpenisse, Mark J.W. van Twist p. 765-783 Parmi les rares conclusions rigoureuses de la littérature consacrée aux politiques publiques, on trouve le fait que la dynamique politique est à la fois une fonction de stabilité et de volatilité. Et bien que la plupart des théories relatives à la politique publique postulent que la survenue de moments critiques politiques constitue une condition nécessaire à un changement d'envergure, les études qui cherchent à démêler l'écheveau des mécanismes sous-jacents de ces moments critiques demeurent relativement rares. Le présent article développe l'hypothèse selon laquelle ces moments critiques, généralement considérés comme des vecteurs de changements d'envergure, impliquent pour l'essentiel une causalité commune. Nous montrons que les forces du changement ont une nature commune et qui les renforce mutuellement à l'aide d'une étude de cas axée sur la réglementation relative aux primes. Le présent article, qui se base sur une analyse documentaire et une analyse de programme politique, démontre que la plupart des changements de la règlementation relative aux primes étaient marginaux. Nous soutenons que la nature intrinsèquement attrayante de la récompense des performances, combinée à une totale absence d'alternatives soutenues par une coalition forte et visant à modérer l'appétit du risque sur les marchés financiers, semble jouer un rôle dans la résilience des pratiques en matière de primes. En théorie, l'étude de cas contribue au développement de la théorie de la causalité commune qui entraîne des changements politiques majeurs. Sur le mode empirique, elle expose un mécanisme clé utilisé par le secteur financier pour résister aux réformes : proposer une alternative que personne ne peut refuser.La littérature relative à la politique exprime un vaste consensus quant au fait que les changements politiques résultent généralement de forces multiples. Nous identifions cette causalité commune des changements politiques et suggérons que parmi les forces du changement, une alternative politique forte capable d'unir une vaste coalition de parties prenantes constitue une condition nécessaire à un changement politique. Il est donc peu probable que les réformes financières, et plus spécifiquement la pratique des primes, soient moins le résultat d'une réglementation stricte que d'alternatives réelles pour récompenser l'excellence professionnelle et réduire l'appétit du risque.One of the few robust findings in the public policy literature is that policy dynamics are both a function of stability and volatility. And although most theories of public policy making posit the occurrence of policy junctures as necessary conditions for significant change, studies that set out to unravel the underlying mechanisms of such policy junctures remain relatively rare. This article further develops the idea of policy junctures, commonly hypothesized to initiate significant change, as essentially entailing joint causation. We illustrate the joint and reinforcing nature of forces of change with a case study of bonus regulation. Based on document analysis and a political claim analysis, this article shows that most changes in bonus regulation were of a marginal nature. We argue that the intrinsically attractive nature of performance rewards that a bonus practice entails combined with a sheer lack of alternatives supported by a strong coalition on how to curb risk appetite in financial markets seem to count for the resilience of bonus practices. Theoretically, the case study contributes to theory development on joint causation that causes major policy change. Empirically, it unravels a key mechanism employed by the financial sector to resist reforms: offering an alternative no one can refusePoints for practitioners:There is a broad consensus in the policy literature that policy change usually results from multiple forces. We identify this crucial jointly causal nature of policy change and suggest that among the forces of change a strong policy alternative capable of uniting a broad coalition of stakeholders is a necessary condition for policy change. Financial reforms, in particular the practice of bonus payment, are thus not likely to result from tight regulation, but rather from real alternatives on how to reward professional excellence and curb risk appetite.
- Réformer le judiciaire grâce aux standards : le renforcement de l'autonomie des agences et la (re)construction du centre en Italie, 2001–2015 - Daniela Piana p. 785-800 Le système judiciaire italien est sous le feu des projecteurs depuis plus de deux décennies. Le principal reproche qui lui est fait concerne le manque de capacité organisationnelle, qui fait sentir ses effets dans les délais observés pour la tenue des procès. Après 2000, les institutions européennes ont lancé un nouveau mouvement stratégique global, axé sur les capacités administratives et organisationnelles des tribunaux et des parquets. L'instrument stratégique fondamental est représenté par des normes et par des inputs normatifs non contraignants en général. Dans la présente étude, nous nous appuyons sur quatre études de cas, que nous avons analysées en profondeur sur la base d'une approche qualitative, pour proposer une évaluation critique des politiques judiciaires s'inspirant du nouveau management public et de la manière dont elles ont été appliquées dans le secteur judiciaire en Italie.Dans le présent article, nous nous intéressons aux conditions structurelles et institutionnelles qui s'avèrent des facteurs essentiels pour assurer une gouvernance efficace et efficiente en bonne et due forme. En d'autres termes, l'argument formulé dans la présente étude concerne la fonction d'une agence de réglementation, qui a parfois la forme et le format d'une unité ministérielle, où l'uniformité et l'égalité des services offerts par une institution publique ou un réseau d'institutions publiques sont le résultat de l'application de normes contraignantes et non contraignantes sur le plan légal. Il s'agit dès lors d'un aspect essentiel pour les agents de l'État, et pas seulement ceux qui travaillent pour le secteur judiciaire.The Italian judiciary has been under the spotlight for more than two decades. The key criticism addressed to it has been the lack of organizational capacity, which is reflected in the trial time frame. After 2000, European institutions launched a new and comprehensive policy stream, targeting the administrative and organizational capacities of courts and public prosecutor offices. The pivotal policy instrument is represented by standards and soft law in general. By referring to four case studies, analysed in depth on the basis of a qualitative approach, this work engages in a critical appraisal of the New Public Management-inspired judicial policies and the way in which they have been implemented in the judicial sector in Italy.Points for practitioners:This article makes a point about the structural and institutional conditions that turn out as pivotal factors to ensure an effective and efficient governance by standards. In other terms, the argument deployed herein concerns the function of a regulative agency, which might have the shape and the format of a ministerial unit, where the uniformity and the equality of the services delivered by a public institution or a network of public institutions are the outcome of the implementation of legally binding and non-legally binding norms. This is a key point, then, for public officers serving not only in the judicial sector.
- La reconnaissance des citoyens dans le management public local. Une étude exploratoire sur les sites web des municipalités québécoises - Gérard Divay, Maud Micheau p. 801-816 Cet essai explore la pertinence de la problématique de la reconnaissance dans l'analyse des relations entre les administrations locales et les citoyens. Dans les organisations, il appert que la reconnaissance des employés facilite leur engagement. Ce constat est-il transposable dans la relation entre administration locale et citoyens, dans un contexte où l'engagement citoyen est fortement recherché ? Après un survol de la littérature, les résultats d'une analyse de contenu sur les sites web des municipalités québécoises de plus de 20 000 habitants sont présentés ; ils montrent la présence, à des degrés variables, de trois grands modes de reconnaissance : attention personnalisée, attestation de valeur et gratitude. Cette exploration ouvre de nouvelles perspectives pragmatiques et théoriques sur le management local.Les gestionnaires savent que reconnaitre leurs employés est non seulement une marque de respect, mais aussi un facteur de mobilisation. Cet essai explore l'intérêt et la faisabilité d'une transposition de ce constat à la problématique de la relation entre administration municipale et citoyens. Servir les citoyens ne voudrait-il pas dire avant tout les reconnaitre dans leur identité personnelle, dans leur capacité citoyenne et dans leurs multiples contributions à la vitalité du milieu local ?This article explores the usefulness of a recognition framework for the study of the relationship between municipal administrations and citizens. Within the organizational science literature, employee recognition has been shown to enhance their commitment to their organization. In a context where public authorities consistently seek to improve levels of civic engagement, could this conclusion be applied to the relationship between municipalities and their constituents? Following a review of the literature, we present the results of a content analysis of the websites of Quebec municipalities whose populations are greater than 20,000. Three modes of recognition are identified: personalized attention, value confirmation, and gratitude. Recognition practices are also found to vary between municipalities. Our study opens new pragmatic and theoretical horizons in the area of municipal management.Points for practitioners:Managers know that showing recognition toward their employees is not only a sign of respect, but a means to mobilize employee commitment to their organization. This article explores the value of this finding for the field of municipal management and, specifically, to the study of the relationship between municipal managers and citizens. Should serving citizens not ultimately mean recognizing their individual identities, civic capacities, and contribution to their community's vitality?
- L'imputabilité publique et le Programme PEFA (programme d'examen des dépenses publiques et d'évaluation de la responsabilité financière) : Évaluation - André Loozekoot, Geske Dijkstra p. 817-838 Depuis 2005, l'outil PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability, le programme d'examen des dépenses publiques et d'évaluation de la responsabilité financière) est régulièrement utilisé dans les pays en développement et les économies émergentes pour évaluer la performance des systèmes de gestion des finances publiques. Dans le présent article, nous examinons les forces et les faiblesses de ce cadre PEFA lorsqu'il s'agit d'évaluer la responsabilité financière publique. Nous examinons la littérature théorique sur l'imputabilité publique afin d'en tirer un cadre normatif approprié permettant d'évaluer le programme PEFA. Cependant, étant donné que ces études s'appuient sur les expériences observées dans les pays développés, il nous faut l'étendre pour prendre en compte également la culture politique et la pratique dans les pays en développement. C'est sur la base de ce cadre étendu que nous examinons les indicateurs du cadre PEFA, et plus particulièrement ceux qui sont liés aux commissions parlementaires de surveillance financière et aux Institutions supérieures de contrôle (ISC). Notre conclusion est que le Cadre PEFA pourrait s'intéresser davantage à l'indépendance des ISC, à la nature des débats sur l'imputabilité, à l'inclusion démocratique et aux mécanismes d'imputabilité horizontale. Le cadre PEFA est appliqué dans plus de 116 pays et les rapports produits dans ce cadre offrent aux praticiens et aux chercheurs du monde entier de précieuses informations. C'est le seul ensemble de données disponible publiquement qui mesure la performance des commissions financières parlementaires et des institutions supérieures de contrôle. Nous conseillons à ceux qui se servent du cadre PEFA à des fins de recherche ou pour évaluer la qualité des systèmes de responsabilité financière dans des pays bien précis de prendre en considération les forces et les faiblesses révélés dans le présent article. Les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds qui régissent le secrétariat du PEFA pourront se servir des recommandations formulées ici pour améliorer encore le cadre général.Since 2005, the Public Expenditure and Financial Accountability tool has been widely used in developing countries and emerging economies to evaluate the performance of public financial management systems. In this article, we assess the strengths and weaknesses of the Public Expenditure and Financial Accountability instrument tool for evaluating public financial accountability. We examine the theoretical literature on public accountability in order to derive a suitable normative framework to assess the Public Expenditure and Financial Accountability tool. However, given that this literature is based on experiences in developed countries, we must extend it to also take into account the political cultures and practices in developing countries. Using this extended framework, we assess the Public Expenditure and Financial Accountability indicators related to, in particular, parliamentary committees for financial oversight and Supreme Audit Institutions. We conclude that the Public Expenditure and Financial Accountability tool could devote more attention to the independence of Supreme Audit Institutions, the nature of accountability debates, democratic inclusion and horizontal accountability mechanismsPoints for practitioners:The Public Expenditure and Financial Accountability tool has been applied in more than 116 countries and its reports offer valuable information for practitioners and researchers around the world. It is the only publicly available data set that measures the performance of financial committees of parliament and Supreme Audit Institutions. The strengths and weaknesses revealed in this article should be taken into account when using the Public Expenditure and Financial Accountability tool for research or for evaluating the quality of financial accountability systems in particular countries. The international financial institutions and donor agencies governing the Public Expenditure and Financial Accountability Secretariat can use the recommendations of this article to further improve the framework.
- Contre la primauté de l'homme : Les traditions confucéenne et occidentale de bonne administration - Lijing Yang, Mark R. Rutgers p. 839-855 Dans la présente étude, nous examinons la tradition confucéenne et occidentale, en particulier en ce qui concerne la relation entre moralité, législation et bonne administration. Nous soutenons que l'opposition courante entre la primauté de l'homme et la primauté du droit, considérée comme illustrant la différence fondamentale entre les deux traditions, est inappropriée. On peut considérer le confucianisme comme le règne de la moralité. Il convient par ailleurs de noter que « la primauté du droit » est de plus en plus souvent introduite dans l'administration chinoise. Dans le même ordre d'idées, même si l'on peut décrire la tradition occidentale en termes de primauté du droit, on se rend compte que l'on ne peut éviter « la primauté de l'homme » et que la moralité est importante. Les deux traditions s'opposent à la primauté de l'homme, dans la mesure où cela concerne quelqu'un qui agit sous le coup de ses préférences personnelles. En guise de conclusion, nous verrons que la bonne administration passe par des agents qui possèdent non seulement des valeurs morales, mais qui respectent aussi la loi ; reste à savoir s'il s'agit d'une sorte de convergence. Dans le présent article, nous étudions les traditions administratives confucéenne et occidentale par rapport à la notion de bonne administration. Nous soutenons que le fait de considérer, comme on le fait habituellement, la tradition confucéenne en termes de « primauté de l'homme », une conception honnie en Occident, est malavisé. Au lieu d'interpréter les connotations morales positives du bon administrateur confucéen, cette vision l'associe à une notion négative, alors que parallèlement à cela, le fait de trop insister, comme on le fait en Occident, sur « la primauté du droit » risque de masquer le besoin de bonne administration pour les personnes morales.This article investigates the Confucian and Western traditions specifically with regard to the relation between morality, law and good administration. It is argued that the common opposition between the rule of man and the rule of law as reflecting the basic difference between the two traditions is inadequate. Confucianism can be better characterized positively as the rule of morality. It should also be noticed that ‘the rule of law' is increasingly being introduced into the Chinese administration. Similarly, even though the Western tradition can be summarized in terms of the rule of law, it is acknowledged that ‘the rule of man' cannot be avoided, and that morality is important. Both traditions oppose the rule of man, in as far as it refers to someone acting out his selfish preferences. It is concluded that good administration requires officials with both good morality and respect for the law; whether this is a kind of convergence is a matter of debate.Points for practitioners:This article studies Confucian and Western administrative traditions in relation to the notion of good administration. It is argued that the common characterization and understanding of the Confucian tradition in terms of the Western reviled ‘rule of man' is misguided. Rather than understanding the positive moral connotations of the Confucian good administrator it associates them with a specific negative notion; at the same time, overstressing the Western ‘rule of law' may obscure the need for moral persons for good administration.