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Revue | Futuribles |
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Numéro | no 424, mai-juin 2018 |
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- Enseignement supérieur : pour quoi faire ? - Hugues de Jouvenel p. 3
- Enseignement supérieur : le modèle français en question - Jean-François Cervel p. 5 Un demi-siècle s'est écoulé depuis la révolte étudiante de mai 1968 et force est de constater que la démocratisation de l'enseignement supérieur en France s'est opérée puisque l'on comptait en 2016 plus de 2,5 millions d'étudiants contre environ 500 000 à l'époque. Mais cette démocratisation est-elle allée de pair avec l'efficacité (en termes d'emploi, d'excellence y compris en recherche, d'adaptation aux changements technologiques et scientifiques, à la mondialisation…) ? Les difficultés récentes rencontrées par le système d'inscription des futurs diplômés du bac dans l'enseignement supérieur, la concurrence internationale soutenue entre établissements, le cloisonnement disciplinaire, la complexité administrative des institutions concernées, malgré des tentatives de réformes régulières, entre autres, incitent à s'interroger. C'est pourquoi Futuribles a choisi de consacrer un dossier à l'enseignement supérieur dans ce numéro, dossier que Jean-François Cervel ouvre ici par un examen du modèle français.Après une analyse du mode de fonctionnement du système (qui fait la part belle aux Grandes Écoles au détriment de l'Université au sens classique du terme, et qui a relativement peu évolué au fil du temps), Jean-François Cervel en souligne les limites dans le contexte actuel de massification des études supérieures et d'internationalisation des enseignements. Il présente les évolutions en cours depuis une quinzaine d'années et les efforts engagés, notamment par les universités, pour y faire face et investir dans les domaines d'avenir. Les lignes bougent, mais il reste encore beaucoup à faire, d'où l'importance, ici soulignée, de repenser le système, et d'adapter ses missions et ses objectifs au monde qui vient, ce qui nécessite notamment un certain nombre de simplifications administratives et de regroupements de structures. Les propositions formulées par Jean-François Cervel entendent contribuer aux réflexions gouvernementales en cours visant à réformer l'enseignement supérieur et la recherche en France, et à relancer la compétitivité du pays. S.D.Half a century has passed since the student revolt of May 1968 and it has to be said that higher education in France has since been democratized, there being more than 2.5 million students in 2016, as against some 500,000 at the time. But has that democratization been accompanied by efficiency (in terms of employment, excellence — including in research — adaptation to technological and scientific change and globalization, etc.)? Among other things, recent difficulties encountered by the higher-education student recruitment system, sustained international competition between educational institutions, the existence of disciplinary silos and the administrative complexity of the institutions concerned, despite regular attempts at reform, give grounds for doubt. It is for this reason that Futuribles has chosen to devote a dossier in this issue to the subject of higher education, a dossier to which Jean-François Cervel makes the opening contribution with an examination of the French model.After analysing the way the system operates (it has evolved relatively little over time and favours France's Grandes Écoles over universities in the classic sense of the term), Jean-François Cervel stresses its limitations in the current context of mass higher education and internationalized teaching. He outlines the developments there have been in the last decade and a half, and the efforts made, mainly by the universities, to keep abreast of these and invest in areas of future potential. Things are changing, but there is still much to do. Hence the importance, which Cervel stresses here, of rethinking the system and adapting its purposes and goals to the world of the future, which requires, among other things, a degree of administrative simplification and consolidation of structures. The proposals formulated by Jean-François Cervel are intended to make a contribution to current government thinking aimed at reforming higher education and research in France and at reviving the country's competitiveness.
- Université française : la longue marche... A propos du livre de Christine Musselin, La grande course des universités - Pierre Papon p. 25 Cinquante ans après la révolte étudiante de mai 1968, Futuribles consacre, dans ce numéro, un dossier aux perspectives de l'enseignement supérieur en France. Pour compléter les réflexions sur le fonctionnement du système universitaire français, Pierre Papon présente ici un ouvrage de Christine Musselin, paru en 2017, La Grande Course des universités, qui permet de porter un coup de projecteur sur le cas spécifique de la réforme des universités engagée ces deux dernières décennies. Il montre ainsi quelles ont été, jusqu'à présent, les grandes étapes de cette réforme, sur fond de concurrence exacerbée entre établissements, chercheurs…, de rationalisation des coûts, de création ou transformation des structures, et d'incitation à la performance au regard des classements internationaux. Une lecture instructive sur la mécanique de cette réforme ; reste à savoir si les transformations engagées seront à la hauteur des espérances — ce dont il est permis de douter selon Christine Musselin car les efforts visant à susciter et stimuler une réelle dynamique de collaboration scientifique demeurent insuffisants. S.D.Fifty years after the student revolt of May 1968, Futuribles is devoting a dossier in this issue to the outlook for higher education in France. To round off these considerations on the operation of the French university system, Pierre Papon reviews Christine Musselin's 2017 book La Grande Course des universités, which enables a spotlight to be shone on the specific case of the university reform undertaken in the last two decades. In so doing, he outlines the main stages of that reform, against a background of heightened competition between establishments, researchers etc., rationalization of costs, creation or transformation of structures, and incentivizing of better performance in international league tables. This is instructive reading about the mechanics of these reforms, though it remains to be seen whether the transformations under way will meet the hopes placed in them. Christine Musselin suggests there are grounds for doubt on that score, as the efforts made to promote and stimulate a real dynamic of scientific collaboration have so far been insufficient.
- Quelles finalités pour l'enseignement supérieur ? Pour une société apprenante et au service du développement durable - François Taddei p. 31 Cinquante ans après la révolte étudiante de mai 1968, Futuribles consacre, dans ce numéro, un dossier aux perspectives de l'enseignement supérieur en France. Après l'article de Jean-François Cervel présentant le système français et les défis auxquels il est aujourd'hui confronté, François Taddei expose ici les finalités qui sont ou devraient être celles de l'enseignement supérieur au regard des évolutions de nos sociétés. Au terme d'un entretien mené par Jean-François Cervel et Alain Michel, il souligne la nécessité d'insuffler davantage de créativité, d'activités concrètes dans les cursus, mais aussi de développer la citoyenneté et d'inciter les étudiants à s'engager pour répondre aux grands enjeux de demain en matière sociale, environnementale, etc. Il insiste également sur la nécessaire évolution vers une plus grande interdisciplinarité dans un monde en pleine mutation. François Taddei montre ainsi comment l'enseignement supérieur peut et doit changer pour se mettre au service d'une société apprenante, agissant en faveur d'un développement durable et responsable. S.D.Fifty years after the student revolt of May 1968, Futuribles is devoting a dossier in this issue to the outlook for higher education in France. After Jean-François Cervel's article on the French system and the challenges it faces today, François Taddei lays out the goals that higher education has — or ought to have — for the development of our societies. At the end of an interview by Jean-François Cervel and Alain Michel, he highlights the need to inject more creativity and concrete activities into courses, and also to develop citizenship and encourage students to engage in such a way as to meet the great issues of tomorrow in social, environmental terms etc. He also stresses the need to move towards greater inter-disciplinarity in a rapidly changing world. In this way, Taddei shows how higher education can and must change to help further the goal of a learning society, acting to promote responsible, sustainable development.
- Pour des universités de rang mondial. Défis et chances des universités européennes au XXIe siècle - Gérard Escher et Patrick Aebischer p. 37 Cinquante ans après la révolte étudiante de mai 1968, Futuribles consacre, dans ce numéro, un dossier aux perspectives de l'enseignement supérieur en France. Outre les articles de Jean-François Cervel, Pierre Papon et François Taddei présentant les défis auxquels le système français est aujourd'hui confronté et les voies possibles pour y faire face, Gérard Escher et Patrick Aebischer soulignent ici les points forts sur lesquels les universités doivent désormais s'appuyer pour exister à l'échelle internationale.Se fondant notamment sur l'expérience réussie de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ils mettent en avant les adaptations devenues incontournables aujourd'hui, pour l'enseignement supérieur, dans le contexte de mondialisation et de diffusion du numérique à grande échelle : formation en ligne, à distance, ouverte à tous à tout moment de la vie… Gérard Escher et Patrick Aebischer précisent aussi la liste des ingrédients indispensables pour une université de rang mondial : se donner les moyens d'attirer les étudiants les plus prometteurs, être présent sur Internet, faire venir les meilleurs enseignants, promouvoir l'innovation, développer un esprit de campus, susciter des financements conséquents, disposer d'une vision stratégique… Les pays européens, à commencer par la France, ont sans aucun doute les moyens de mobiliser ces ingrédients et de se positionner à l'échelle mondiale, mais ils tardent à entrer en scène et dans une époque où tout s'accélère, il faudrait sans doute passer à la vitesse supérieure. S.D.Fifty years after the student revolt of May 1968, Futuribles is devoting a dossier in this issue to the prospects for higher education in France. Alongside the articles by Jean-François Cervel, Pierre Papon and François Taddei describing the challenges faced by the French system today and the possible ways of meeting them, Gérard Escher and Patrick Aebischer highlight the key strengths the universities should now draw on to assert a presence at the international level.Basing themselves, among other things, on the successful experience of the École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), they highlight the changes that now have to be implemented within higher education institutions in the era of globalization and largescale digitalization: on-line courses and distance learning for everyone and at all stages of life… Gérard Escher and Patrick Aebischer also list all the essential ingredients for a world-class university: developing a capacity to attract the most promising students, having an Internet presence, bringing in the best teaching staff, promoting innovation, developing a campus spirit, raising substantial finance, having a strategic vision etc. The European countries, France first and foremost, undoubtedly have the means to mobilize these ingredients and to position themselves on the world stage, but they are late comers on the scene and, in a time when everything is moving faster and faster, there is a clear need to up the tempo on this process.
- Industrie 4.0, une révolution industrielle et sociétale - Par KOHLER Dorothée , WEISZ Jean-Daniel p. 47 En mars 2017 (n° 417), Futuribles a lancé une série consacrée aux perspectives d'évolution de la productivité et de la croissance économique, en lien avec le débat sur les risques d'une « stagnation séculaire ». Début 2018 (n° 422), la série a été complétée par un article de Gilbert Cette et Ombeline Jullien de Pommerol sur la diffusion des technologies de l'information et de la communication dans les principaux pays développés au cours des dernières décennies, et leur impact sur l'économie. Dans ce numéro, c'est aux conséquences concrètes de la révolution technologique en cours, sur le secteur industriel, que nous nous intéressons, au travers du concept-programme allemand d'« industrie 4.0 ».Lancé dès 2011, l'industrie 4.0 visait initialement à rassembler tous les acteurs concernés autour de la sauvegarde du leadership de l'industrie allemande des biens d'équipement. Dorothée Kohler et Jean-Daniel Weisz, qui ont largement étudié ce programme et travaillé sur le terrain aux côtés des acteurs mobilisés autour de cet objectif, présentent ici le contexte dans lequel il a vu le jour, ses ambitions, les moyens mis au service de cette stratégie. Ils soulignent les impacts concrets de cette révolution 4.0 dans le secteur industriel (en particulier sur les modes de production et l'organisation du travail) et sur les modèles d'affaires (évolution de la chaîne de valeur, redistribution du pouvoir économique, rupture avec le modèle traditionnel de management…).Dans un contexte marqué par une grande incertitude et une complexité croissante, l'heure est à la capacité d'adaptation, à la souplesse. Ceci implique un fonctionnement en réseau (des acteurs, mais aussi des structures de l'entreprise), une capacité à s'auto-organiser, une collaboration étroite entre les différents acteurs de la chaîne de valeur, entre l'homme et la machine, etc. L'entrée dans l'industrie 4.0 se fera sans doute par tâtonnements, par essais-erreurs, mais comme le montre cet article, elle implique une remise en cause assez radicale des modèles en place, et surtout une ouverture sur le collectif et les coopérations, grâce à laquelle la révolution technologique peut devenir une opportunité et non forcément une menace pour l'emploi. S.D.In March 2017 (no. 417), Futuribles launched a series on the prospects for productivity and economic growth, in connection with the debate on risks of “secular stagnation”. In the first issue of 2018 (no. 422), the series was completed by an article by Gilbert Cette and Ombeline Jullien de Pommerol on the spread of information and communication technologies in the main developed countries in recent decades, and their impact on the economy. In this issue, we concern ourselves with the concrete consequences of the technological revolution currently under way in the industrial sector by way of the German “Industry 4.0” programme/concept. Launched in 2011, Industry 4.0 initially aimed to bring together all the relevant actors around preserving German industry's leadership in capital equipment. Dorothée Kohler and Jean-Daniel Weisz, who have studied this programme extensively and worked on the ground alongside the actors mobilized around this aim, describe the context in which it emerged, its goals, and the means deployed in pursuance of the strategy. They highlight the concrete impacts of this 4.0 revolution in the industrial sector (particularly on production methods and modes of work organization) and on business models (development of the value-chain, redistribution of economic power, breaking with the traditional management model etc.).In a context characterized by great uncertainty and growing complexity, it is a time for adaptability and flexibility. This implies networked working (among the actors, but also between company structures), an ability to self-organize, and close cooperation between the different actors in the value-chain, between people and machines etc. The transition to Industry 4.0 will doubtless come about tentatively, by trial and error, but as this article shows, it involves quite a radical rethinking of existing models and, most importantly, an openness to collective action and collaboration, by means of which the technological revolution can become an opportunity in employment terms and not necessarily a threat.
- Sur l'unification des régimes de retraite. Les enseignements de l'expérience Agirc-Arrco - Par CHAPERON Pierre p. 69 Fin janvier dernier, le président Emmanuel Macron a confirmé son intention d'élaborer une loi-cadre visant à réformer le système français de retraite. Un projet de loi, initialement envisagé pour ce printemps, devrait être présenté en fin d'année, l'objectif étant de finaliser la réforme d'ici l'été 2019 et, autant que possible, d'unifier tous les régimes. Une telle unification constitue une entreprise complexe et potentiellement risquée pour l'exécutif. Néanmoins, l'expérience des régimes complémentaires Agirc-Arrco indique que rien n'est impossible dès lors que les acteurs, partenaires sociaux notamment, et les citoyens sont mis en situation de responsabilité s'agissant notamment de leur gestion.En effet, confrontés à des problèmes de financement de plus en plus inquiétants, surtout après la crise de 2008, déficitaires et contraints de puiser dans leurs réserves, les régimes complémentaires, vivement incités à faire face à leurs problèmes par la Cour des comptes en 2014, ont entrepris de fusionner en un régime unique et de réformer les conditions de versement des compléments de pension, de sorte de ne pas mettre en péril l'équilibre du système. Pierre Chaperon présente ici le contexte dans lequel a été décidée cette fusion, les grands termes de l'Accord national interprofessionnel qui l'a organisée (octobre 2015) et les leviers utilisés pour la mettre en œuvre (alliant mesures paramétriques et systémiques). Le succès de cette réorganisation est sans aucun doute riche d'enseignements pour la réforme du système national de retraite en cours de préparation. S.D.At the end of January, President Emmanuel Macron confirmed his intention to produce framework legislation for reforming the French pensions system. A bill, initially intended for the spring, should be presented late in the year, the aim being to finalize the reform by summer of 2019, at which point all the various schemes should, as far as is possible, be unified. A unification of this kind is a complex and potentially risky undertaking for the executive. Never theless, the experience of the Agirc-Arrco supplementary schemes indicates that nothing is impossible when those involved — in particular, the social partners — and the citizens are given responsibility for their management. The supplementary schemes were faced with increasingly worrying funding problems, particularly after the 2008 crisis, when they were in deficit and forced to draw on their reserves. In 2014 the French Court of Audit keenly urged that such schemes face up to their problems. They subsequently undertook to merge into a single scheme and reform the conditions under which the supplementary pensions were paid, so as not to imperil the overall equilibrium of the system. Pierre Chaperon describes the context in which the merger was decided, the broad terms of the National Interprofessional Agreement under which it was carried out (in October 2015), and the levers used to implement it (combining parametric and systemic measurements). The success of that reorganization no doubt has much to teach us about the reform of the national pensions system that is currently in preparation in France.
Tribune européenne
- La politique européenne de voisinage en échec ? - DREVET Jean-François p. 83 La dégradation du contexte géopolitique aux abords des frontières de l'Union européenne (Ukraine, Géorgie, Syrie) et les attitudes agressives de la Russie et de la Turquie vis-à-vis de plusieurs États membres incitent à s'interroger sur la pertinence de la politique européenne de voisinage (PEV) aujourd'hui pratiquée par l'Union. Celle-ci se fonde sur le traité de l'Union européenne qui incite à développer « avec les pays [du] voisinage des relations privilégiées, en vue d'établir un espace de prospérité et de bon voisinage, fondé sur les valeurs de l'Union, et caractérisé par des relations étroites et pacifiques reposant sur la coopération ». Comment est-elle aujourd'hui pratiquée ? Est-elle encore adaptée au contexte ? Jean-François Drevet se penche sur la PEV, soulignant la nécessité d'en revoir les modalités d'exercice et proposant quelques pistes pour la réviser en l'adaptant aux évolutions de l'environnement géographique et stratégique de l'Union. S.D.The worsening geopolitical context around the borders of the European Union (Ukraine, Georgia, Syria) and the aggressive attitudes of Russia and Turkey towards several member states raise questions about the pertinence of the European Neighbourhood Policy (ENP) being pursued by the EU today. That policy is based on the European Union Treaty, which encourages the development of “a special relationship with neighbouring countries, aiming to establish an area of prosperity and good neighbourliness, founded on the values of the Union and characterized by close and peaceful relations based on cooperation.” How is it being pursued today? Is it still appropriate to the context? Jean-François Drevet looks into the ENP, stressing the need to review its detailed implementation and proposing some ways that it might be revised by adapting it to developments within the geographical and strategic environment of the EU.
- La politique européenne de voisinage en échec ? - DREVET Jean-François p. 83