Contenu du sommaire : Savoirs autochtones et développement
Revue | Autrepart |
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Numéro | no 81, 2017 |
Titre du numéro | Savoirs autochtones et développement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les savoirs autochtones au service du développement durable - Mina Kleiche-Dray p. 3-20
- Conflits territoriaux et modalités d'usage des forêts dans le territoire autochtone Alto Turiaçú (État de Maranhão, Brésil) : savoirs Ka'apor contre exploitation forestière - Claudia Leonor López Garcés p. 21-40 Cet article est une analyse ethnographique des conflits territoriaux concernant les différents usages et savoirs qui porte sur les ressources forestières du territoire autochtone de l'Alto Turiaçú, dans l'État de Maranhão (Brésil). Bien que les peuples Ka'apor, Tembé et Timbira aient officiellement l'usufruit exclusif de ces terres, celles-ci subissent depuis les années 1980 les assauts des trafiquants de bois. En nous basant sur les usages et les savoirs que les populations autochtones et les exploitants forestiers élaborent autour de la nature, nous analyserons les stratégies de lutte que les leaders autochtones mettent en place, avec la participation des femmes, pour défendre leur territoire et les ressources naturelles qu'il abrite.Territorial conflicts and use of forests in indigenous land Alto Turiaçu (State of Maranhão, Brazil): Ka'apor knowledge against loggingFrom an ethnographic perspective, this article addresses the territorial conflicts associated with different forms of use and meaning of the timber resources in the Indigenous Land Alto Turiaçu, Maranhão (Brazil). Despite being officially recognized as a territory of exclusive use of the Ka'apor, Tembé and Timbira peoples since the 1980s, this indigenous land is the subject of predatory action by timber companies that extract this resource illegally. Considering the position of the various actors in front of the uses and knowledges of nature, the local and micro regional scene is analyzed, focusing the vision of indigenous leaders, the participation of indigenous women and their struggle for the defense of territory and natural resources.
- Foresterie communautaire, savoirs autochtones et gouvernance participative au Nicaragua - Sandrine Fréguin-Gresh p. 41-56 La foresterie communautaire s'est progressivement imposée au début des années 2000 dans les communautés autochtones du tropique humide au Nicaragua comme la meilleure manière de réconcilier les enjeux du développement durable, par la création de richesse avec l'extraction de bois selon des normes participatives et des pratiques et des techniques plus respectueuses de la nature. Une décennie plus tard, les résultats de ces projets sont mitigés : si la foresterie communautaire a fait émerger des organisations de base communautaire dans l'extraction et la vente de bois certifié, elle a engendré de nouveaux conflits sur la gestion des ressources. Fondé sur le cadre d'analyse IAD (Institutional analysis and development framework), l'article analyse les institutions de l'accès et l'usage des ressources forestières dans six communautés miskitas de la Côte Atlantique et montre comment la foresterie communautaire a ébranlé les règles du jeu communautaires, posant de nouveaux défis aux populations.Community Forestry, indigenous knowledge and participatory governance in Nicaragua
Community forestry has gradually asserted itself in the early 2000s in indigenous communities of the Humid Tropic of Nicaragua as the best way to reconcile the challenges of sustainable development, creating wealth by extracting timber with participatory norms and technical practices which are more respectful of nature. Ten years later the results are mixed: although community forestry has permitted the emergence of community-based organizations for extracting and commercialization of certified wood, it generated new conflicts over resources management. Based on the IAD approach, this article analyses the institutions governing access and use of forest resources in six miskitu communities of the Northern Atlantic Coast and shows how community forestry has undermined traditional rules of the game, posing new challenges to the local population. - L'intégration des connaissances locales sur le maïs dans les politiques agroalimentaires au Mexique est-elle possible ? - Elena Lazos Chavero p. 57-74 Les connaissances locales sur la culture de maïs natifs et la milpa cultivée par les Ñuu Savi pourraient constituer des axes essentiels dans les politiques agroalimentaires pour réduire la crise alimentaire à Oaxaca. Cependant, des défis d'ordre éthique, pratique et politique sont à relever. Les institutions gouvernementales agricoles, ainsi que les compagnies transnationales contrôlent les systèmes agroalimentaires. Par conséquent, reconnaître l'importance des savoirs des familles agricoles provoque des tensions politiques. Pour prendre en compte les connaissances locales dans les programmes de développement, il faudrait changer aussi bien les structures de pouvoir qui dictent les politiques publiques que les modèles culturels hégémoniques de modernisation. Le travail de terrain dans deux municipalités permet d'analyser la dynamique des connaissances concernant les maïs autochtones et les régimes alimentaires comme le résultat de plusieurs croisements de connaissances notamment dans leurs interactions avec les politiques agricoles.Local knowledge in the agri-food policies
The local knowledge of native maize landraces and of the milpa cultivated by the Ñuu Savi can be considered in agrifood policies for the alleviation of hunger in Oaxaca. However, ethical, practical and political challenges remain. Agricultural government institutions and transnational companies exercise the control and the power over the agrifood systems. The recognition of these local knowledges creates political tensions. To consider local knowledge in the development agricultural policies, the power structure as well as the hegemonic cultural models of modernization and progress would have to change. Throughout a fieldwork done in two municipalities, I analyse the dynamics of maize landraces knowledge as the result of multiple crossings of knowledges with the interaction of the agricultural policies. - Autour de l'arganier : jusqu'où peut-on « faire son marché » dans les savoirs locaux ? - Geneviève Michon, Didier Genin, Bruno Romagny, Mohamed Alifriqui, Laurent Auclair p. 75-90 L'huile d'argan du Maroc, produite à partir d'un arbre géré séculairement par les populations locales au sein d'un écosystème forestier très domestiqué, a fait l'objet de nombreuses opérations de valorisation et de patrimonialisation. Partant de l'analyse des mobilisations par plusieurs catégories d'acteurs, des savoirs locaux relatifs à la gestion de l'arganier et de ses produits, nous discutons de la façon dont la confrontation des imaginaires, des cadres normatifs et des modèles de développement des uns et des autres ont conduit à se focaliser sur les savoirs liés à la production de l'huile en effaçant ceux de l'amont, moins visibles. Cela nous conduit à analyser comment des formes de reconnaissance des savoirs locaux peuvent conduire à séparer des connaissances interdépendantes, et induire des dynamiques sociocognitives et socioenvironnementales elles aussi dissociatives. Il importe alors d'évaluer l'impact que peuvent avoir ces mobilisations sélectives des savoirs sur les dynamiques et les résiliences des systèmes socioécologiques en présence.Around the argan tree: how far can one “go shopping” in local knowledge?
Argan oil in Morocco is produced from a tree traditionally managed by local people within a domesticated forest ecosystem. It has been the subject of several development and patrimonialisation projects. In analyzing how these projects have integrated-or not-local knowledge related to the argan tree and its products, we discuss how the associated representation systems, normative frameworks and development models have led to focus on local knowledge related to oil production, erasing other kinds of knowledge. We also analyze how different strategies for the recognition of local knowledge can lead to separate interrelated knowledge, and induce dissociative sociocognitive and socioenvironmental dynamics. Finally, we try to assess the potential impact of these selective acknowledgement measures on the dynamics and resilience of social ecological systems. - Entre perte de savoirs locaux et changement social : les défis et les enjeux de la réhabilitation des foggaras dans le Touat, Sahara algérien - Tarik Ghodbani, Ouassini Dari, Sid-Ahmed Bellal, Mohamed Hadeid p. 91-114 Dans le Sahara du Maghreb, la mobilisation des eaux souterraines et leurs usages dans la valorisation agricole des oasis sont basés sur un ensemble de savoirs locaux construits autour des systèmes technologiques ancestraux ingénieux et de gestion coutumiers socialement stratifiés. Cependant, depuis plusieurs décennies, l'introduction de technologies modernes dans l'exploitation des eaux souterraines a fortement contribué à la perte de ces savoirs locaux et à la transformation des écosystèmes oasiens dans leur ensemble. La multiplication des forages, le surpompage pratiqué depuis une vingtaine d'années et les changements dans la structure sociale oasienne ont conduit à la dégradation des foggaras, des ressources naturelles, ainsi qu'à des conflits sociaux. Ainsi en Algérie, depuis les années quatre-vingt, nous observons, en particulier dans la région du Touat, ces transformations profondes conduites par l'État. Celles-ci ont favorisé à la fois un développement agricole remarquable et l'abandon de ces foggaras. Or, depuis les années deux mille, l'État a lancé des projets de réhabilitation des foggaras à la demande des populations locales souhaitant maintenir leurs anciens systèmes hydrauliques pour l'irrigation de leurs terres agricoles. La question que nous posons ici est d'interroger la capacité de l'État à préserver les savoirs locaux liés aux foggaras, par ces processus de réhabilitation dans un contexte de changements techniques et de rapports de force entre les acteurs qui s'opèrent dans des sociétés oasiennes fortement stratifiées.Between loss of local knowledge and social change: Challenges and stakes of the foggaras rehabilitation in the region of Touat, Algerian SaharaIn the Sahara of North Africa, the mobilisation of groundwater and its uses in the agricultural oases are based on traditional technology and stratified social systems. However, for several decades, the loss of this local knowledge and the introduction of modern technologies in the exploitation of groundwater has greatly transformed the oases ecosystems. The increase in drilling and over-pumping in the last 20 years, and changes in the social structure have led to the degradation of natural resources, and social conflicts. The region of Touat has witnessed deep transformations led by the State since the eighties: remarkable agricultural development and the abandonment of foggaras. However, since 2000, the Government has launched projects for the rehabilitation of foggaras at the request of local populations wishing to maintain their old hydraulic systems for the irrigation. The question we are asking here is related to the State's capacity to preserve local knowledge through the processes of rehabilitation in the context of changes in the power relations of the highly stratified oasian societies.
- Identification, caractérisation et évaluation des pratiques atypiques de gestion des fumures organiques au Burkina Faso : sources d'innovation ? - Mélanie Blanchard, Éric Vall, Béatrice Tingueri Loumbana, Jean-Marc Meynard p. 115-134 L'utilisation de fumures organiques dans les systèmes de polyculture-élevage d'Afrique de l'Ouest est essentielle pour leur durabilité et leur productivité. Certains paysans mettent en place des modes de gestion des fumures organiques atypiques. Sont-ils des sources potentielles d'innovation ? Dans l'ouest du Burkina Faso, nous avons repéré différents modes atypiques de gestion des fumures organiques, analysé les logiques d'action des paysans et décrit les savoirs locaux sous-jacents. L'évaluation multicritère des performances des systèmes atypiques, comparées à celles des systèmes dominants nous a permis d'appréhender leur durabilité et d'identifier des modes de gestion des fumures organiques originaux (marchandisation versus diversification de la production). Sans être transposables, ces pratiques atypiques sont source d'enseignements à mobiliser pour la co-conception de modes de gestion des fumures organiques innovants basés sur les connaissances locales.Identification, characterisation and assessment of organic manure management by farmers: sources of innovation?The use of organic manure in mixed farming systems in West Africa is essential for their sustainability and productivity. Some farmers are developing atypical organic manure management techniques. Are these techniques potential sources of innovation? In the West of Burkina Faso, we identified various atypical organic manure management practices, analysed the logic of action of farmers and described underlying local knowledge. Multi-criteria assessment of the performances of a typical system, compared to reference systems allowed a better understanding of sustainability and identification of original organic manure management practices (marketing V/S diversification of production). Without being transposable, these atypical organic manure management practices are sources of learning for the co-design of innovative management of organic manure based on local knowledge.
- Savoirs autochtones, « nature-sujet » et gouvernance environnementale : une analyse des reconfigurations du droit et de la politique en Bolivie et en Équateur - Diégo Landivar, Émilie Ramillien p. 135-158 Les récentes assemblées constituantes qui ont eu lieu en Bolivie (2006-2009) et en Équateur (2007-2008) ont marqué un tournant dans la manière de penser la gouvernance environnementale. En faisant entrer les communautés indigènes ainsi que leurs savoirs et cosmologies respectifs dans l'espace politique, ces assemblées constituantes ont ouvert la voie à une reconfiguration du droit où les entités de la nature (forêts, rivières, montagnes, animaux, micro-organismes...) ou issues des cosmologies indigènes (Pachamama) deviennent des sujets (de droit ou politiques). Se pose alors immédiatement la question de savoir comment rendre opérationnelle cette nouvelle architecture constitutionnelle. Comment rendre compatibles des visions du monde autochtones avec un cadre politique et juridique moderne ? Qui sont alors les porte-parole et les représentants de la nature ? Comment les savoirs autochtones, écologistes et scientifiques, en tant que médiateurs de la nature, vont-ils pouvoir cohabiter ? Quelles conséquences sur les politiques de développement peut-on attendre ? Nous tenterons de répondre à ces différentes questions à partir d'un terrain ethnographique réalisé sur plusieurs périodes entre 2006 et 2014 en Bolivie et en Équateur.Indigenous knowledge, nature as a “subject”, and environmental governance: an analysis of legal re-configurations in Bolivia and EcuadorRecent constituent assemblies in Bolivia (2006-2009) and Ecuador (2007-2008) have produced radical turns in the way of thinking environmental governance. Given that this constitutional processes have offered the possibility to include indigenous communities in the writing of new constitutions, they have indirectly opened the door to legal reconfigurations where entities from nature (forests, rivers, mountains, animals, micro organisms...) have been recognized as subjects (in legal, social, and political terms). For this reason, several interesting questions can be useful for analysing the consequences of these legal reconfigurations on environmental governance. How to make indigenous cosmologies compatible with modern legal frameworks? Who are the spokespeople of nature? How may local, indigenous, scientific, and ecological knowledge coexist in this paradigm? And finally, what kind of consequences in terms of development patterns could we expect from it? In this article, we will try to answer these questions by mobilizing data from several ethnographic fieldworks conducted between 2006 and 2014.
- Valorisation de la médecine traditionnelle à Madagascar : place des tradipraticiens dans les recherches et formations sur les plantes médicinales - Pierrine Didier p. 159-172 À la suite des recommandations de l'OMS de la fin des années 1970 de valoriser et d'encadrer la médecine traditionnelle, des dynamiques gouvernementales et des programmes de développement se sont développés à Madagascar. Ils procèdent, d'un côté, à l'évaluation des guérisseurs dans leur pratique sociale et, de l'autre, à l'évaluation des plantes médicinales, perçues comme les principales composantes des remèdes valorisables et analysables par les outils biomédicaux. Les formations ouvertes aux praticiens sont limitées en termes de retombées sur leur pratique et servent avant tout à renforcer la biomédecine. Un récent projet de décret sur le code d'éthique des tradipraticiens cible la nécessité de leur engagement à titre de collaborateurs dans les projets de développement. Cet article montre le décalage qui peut exister entre des décisions gouvernementales et leurs applications locales et la place occupée aujourd'hui par les tradipraticiens dans les programmes de développement sanitaire.Valorization of traditional medicine in Madagascar, place of traditional healers in medicinal plants' research and training Following the WHO recommendations made in the late 1970s to value and to supervise traditional medicine, governmental dynamics and development programs have emerged in Madagascar. They conduct on the one hand, the evaluation of healers' practices, and on the other hand, that of to the evaluation of medicinal plants, seen as the main components of remedies which can be analyzed and promoted by biomedicine. Training courses open to traditional healers have limited impacts on their practices and are used primarily to strengthen biomedicine. A recent draft decree on traditional healers' ethics code focuses on the need for their commitment as collaborators in development projects. This article shows the gap that may exist between governmental decisions and their local applications as well as the current place of traditional healers in health development programs.
- Savoirs fabriqués. La construction politique et sociologique des savoirs au prisme d'un projet mexicain d'étude sur le maïs - Étienne Gérard p. 173-195 Sur la base d'une ethnographie d'un projet ministériel mexicain sur le maïs, ce texte met au jour le fait que la production de savoirs sur une telle ressource naturelle est une construction politique et le produit de la sujétion du système scientifique à ces orientations politiques. La hiérarchisation des savoirs obéit à la fois à la segmentation du système de recherche, au système des positions en son sein et aux représentations politiques sur le maïs : la recherche est avant tout convoquée au titre de ses fonctions opératoires de conservation, de patrimonialisation et d'amélioration des espèces. L'enquête montre ainsi que, si absence de dialogue il y a entre savoirs scientifiques et savoirs « traditionnels » sur une ressource comme le maïs, leur « impossible » rencontre est toujours politiquement et sociologiquement construite.Constructed knowledge. The political and sociological construction of knowledge through the prism of a Mexican study on maizeThe ethnography of a Mexican research project shows that producing knowledge on a crop such as maize is a political construction which results from subjecting science to political orientations. Knowledge hierarchy reflects the segmentation of, and power relations within research, as well as the political representations on maize. Research is chiefly needed for species conservation, heritage classification, and improvement. The survey shows that the lack of dialogue between scientific and “traditional” knowledge on a crop such as maize, and the “impossible” encounter of both sources of knowledge is a political and sociological construction.
- Ethnobiologie mobilisée, ethnobiologie institutionnalisée. Trajectoire mexicaine d'une discipline rebelle - David Dumoulin Kervran p. 197-216 L'ethnobiologie est une science qui analyse la pluralité de savoirs sur la nature. Quelles sont les étapes de constitution d'une discipline qui parvient aujourd'hui à diffuser si largement l'importance de la « diversité bioculturelle » ? Cet article analyse la spécificité de la trajectoire mexicaine de l'ethnobiologie en se focalisant sur le lien entre son institutionnalisation et ses multiples connexions extrascientifiques. L'approche, combinant les études sociales des sciences et la sociologie politique, permet de mettre l'accent sur une périodisation différente de celle qui est avalisée au plan international. L'ethnobiologie mexicaine étudiée dans cet article est celle d'une génération (1970-2015) mobilisée en faveur des connaissances traditionnelles, mais aussi d'un projet de société alternatif. Deux phases de cette trajectoire sont présentées : celle du développement rural alternatif et du retournement du stigmate sur les connaissances traditionnelles (années 1970 et 1980), puis celle de la participation aux nouvelles institutions environnementales et de la création du programme de la « double conservation » (années 1990 et 2000). S'ouvre alors une nouvelle phase où la discipline de l'ethnobiologie s'oriente vers la patrimonialisation, ainsi que vers l'institutionnalisation académique et l'intégration internationale. Cette analyse permet de souligner les enjeux de positionnement d'une discipline qui cherche à acquérir la légitimité scientifique tout en essayant d'en transformer les modalités.Mobilized Ethnobiology, Institutionalized Ethobiobiology. The Mexican Trajectory of a Rebel DisciplineThe ethnobiology is a science that analyzes the plurality of knowledge about nature. What are the steps for setting up a discipline which today managed to spread so widely the importance of “biocultural diversity”? This article analyzes the specificity of the Mexican trajectory of ethnobiology by focusing on the link between institutionalization and multiple extra-scientific connections. The approach, combining social study of science with political sociology, allows to emphasize a different periodization from that endorsed at international level. The Mexican ethnobiology studied in this article is also that of a generation (1970-2015) mobilized in support of traditional knowledge but also of a project of alternative society. It has a two stages trajectory: that of alternative rural development and reversing the stigma on traditional knowledge (1970 and 80's), and that of participation to new environmental institutions and the creation of the program of “double conservation” (1990 and 2000's). A new phase now opens where the discipline of ethnobiology is oriented towards patrimonialization as well as towards academic institutionalization and international integration. This analysis makes it possible to highlight the stakes of positioning a discipline that seeks scientific legitimacy while seeking to transform its modalities.