Contenu du sommaire : Mythologies de la route
Revue | Communication & Langages |
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Numéro | no 195, mars 2018 |
Titre du numéro | Mythologies de la route |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Communication & langages : 56 années et Puf ! - Emmanuël Souchier, Gustavo Gomez-Mejia p. 3-6
- Habiter la bibliothèque – pratiques d'étude, entretien d'un milieu - Judith Dehail, Joëlle Le Marec p. 7-22 En se fondant sur les résultats d'une enquête réalisée dans le Haut-de-Jardin de la Bibliothèque nationale de France, cet article propose une analyse de la bibliothèque comme un espace habité qui abrite un ensemble dense de pratiques d'étude créatives, discrètes et pleinement assumées par les lecteurs. Les discours et représentations des promoteurs d'une mutation des bibliothèques destinées à en gérer la modernisation témoignent d'une méconnaissance de ce qui s'y vit quotidiennement.Building on fieldwork led in the public part of the National Library of France (Bn
F), this paper shows the library as an inhabited space in which the users discretely but diligently develop a multitude of creative practices of study. The analysis proposed counters the representations and discourses that advocate for a necessary modernization of libraries. Mythologies de la route
- La route, milieu mythique - Caroline Courbières p. 23-26
- Représentation des chemins de Saint-Jacques par les marcheurs-pèlerins : l'expression d'une mythologie ? - Christophe Alcantara p. 27-42 Cet article propose d'interroger la perception des chemins de Saint-Jacques par les marcheurs-pèlerins, en prenant appui sur leur vécu du chemin jusqu'à Compostelle et l'interrogation de leur représentation du chemin. À travers une mythologie à l'œuvre au sens sémiologique, l'auteur a réalisé une étude qualitative fine grâce à une production du « dire sur le faire » de six renseignants qui va souligner les déformations et autres écarts dans la réflexivité des marcheurs-pèlerins. Les chemins de Saint-Jacques sont riches de signes, de rites, de pratiques que les marcheurs-pèlerins s'approprient au moins partiellement, et la signification à l'œuvre dans l'analyse de leur témoignage recouvre des réalités qui s'éloignent des postures affichées initialement.This article allows to question the perception of Compostella Routes, by pilgrims-hikers, first by analysing their personal experience of the Route until they reach Compostella and then by questioning their representation of the Route. Thanks to theoretical loans in semiology, the author carried out a thorough and qualitative study, following the ethnomethodological method. From a corpus of 6 interviewed people, the author used the reflectivity of pilgrims- hikers to analyse their personal experience of the Route. Routes to Compostella are filled with omens, rites and practises which are taken up, by the pilgrims-hikers, – at least partially –. As the meaning of the pilgrim itself changes throughout the Route, what is highlighted in their stories is the difference between their thoughts in the beginning and the realities which appeared on the way.
- La route en marges. Retour sur les mythologies errantes de la culture surf - Stéphane Benassi p. 43-58 Cet article s'attache à montrer comment, depuis le film The Endless Summer (B. Brown, 1964), le monde du surf a développé un ensemble de récits concourant à la mise en place d'une mythologie fondée sur l'idée d'un mode de vie alternatif qui incita des milliers de jeunes à se lancer à la poursuite de la vague parfaite et de l'été sans fin. Cette thématique de l'exploration, du voyage, de l'expression et de l'expérimentation par l'emprunt de voies parallèles, que l'auteur nomme la route en marges, se développera jusqu'à devenir l'un des éléments centraux de ce qui constitue désormais une véritable sous-culture. Elle subsiste aujourd'hui dans les discours audiovisuels du monde du surf et continue d'entretenir certains fantasmes pouvant être à l'origine de trajectoires de vies tout en étant susceptibles d'instrumentalisations marchandes par les marques ou sur les réseaux sociaux.This article aims to show how, since the movie The Endless Summer (Bruce Brown, 1964), the surfing world has developed a set of stories contributing to the establishment of a mythology based on the idea of an alternative lifestyle that prompted thousands of young people to pursue the perfect wave and endless summer. This theme of exploring, traveling, expressing and experimenting through the use of parallel paths, which the author calls the marginal route, will develop considerably until it becomes one of the central elements of a real subculture. It remains today in the audiovisual speeches of the world of surfing and continues to maintain certain fantasies which can be at the origin of trajectories of lives while being able to instrumentalization marketed by brands or on the social networks.
- Dans le sillage du mythe : rémanence de la Route 66 - Caroline Courbières p. 59-76 Cet article vise à manifester la rémanence de la Route 66 comme espace mythique de l'Amérique. Il s'agit ici d'appréhender la Route 66 comme un lieu en soi doué d'imagibilité. L'étude de sa genèse s'articule dès lors à la saisie de ses moments d'actualisation en tant que voie transcontinentale pour montrer comment se construit son identité et s'élabore sa signification. L'analyse de son cheminement et de son territoire retrace ainsi l'itinéraire qu'elle suit jusqu'à son démembrement et la perte conjointe de son signe et de son usage. L'observation de cette éclipse de la Route permet de considérer sa réhabilitation institutionnelle qui participe à son tour de sa mythification. Au-delà du paysage culturel national qu'elle constitue aujourd'hui, il s'agit in fine de parcourir un bout de la Route 66 pour (perce)voir son genius loci.This article aims at showing the afterglow of Route 66 as a mythical space of America. The Route 66 is considered as a place endowed with imagibility. The study of its genesis and its moments of actualization as transcontinental highway proposes to demonstrate the construction of its identity and the elaboration of its meaning. By analyzing its use as a path and as a territory, the Route is traced until its decertification and the joint loss of its sign and its use. This eclipse of the Route is documented in order to consider the process of institutional rehabilitation that contributes to its mythification. Beyond its current national cultural landscape existence, one stretch of Route 66 is traveled to finally try to experience its genius loci.
- Le boulevard Saint-Laurent à Montréal : une Main Street réinventée - Marie-Laure Poulot p. 77-94 Le boulevard Saint-Laurent est inscrit au patrimoine fédéral canadien depuis 1996 comme « lieu historique national », pour sa puissance symbolique, son importance dans l'imaginaire montréalais et sa fonction de « corridor de l'immigration ». Cette Main Street fait appel à un imaginaire très différent des Main Streets traditionnelles des petites villes d'Amérique du Nord. Cet imaginaire repose sur la diversité ethnique, l'urbanité, l'éclectisme et l'histoire même de l'expansion de la métropole montréalaise. Nous verrons ainsi comment cette rue s'impose aux fondements de l'identité urbaine à travers les mises en récits multiples. Le boulevard est aussi un espace du quotidien, vécu par les habitants, empreint de nostalgies et de représentations, qui l'inscrivent dans la montréalité quotidienne.Saint-Lawrence Boulevard has been designated national heritage site since 1996 for its symbolic image, its importance in Montreal's urban development and its role of “immigration corridor”. The aim of this paper is to compare imaginaries of the Main street, from this one to traditional Main Streets of little American towns. This imaginary refers to ethnic diversity, urbanity, heterogeneity and the metropolitan extension of Montreal. We shall see how this street prevails as a fundamental element to urban identity through multiple narratives. The boulevard is also a place of daily experiences, lived by inhabitants, full of nostalgia and representations. Thus, the street falls within day-to-day montrealness.
- Les routes du blues : des Lomax à la « Mississippi Blues Trail » - Sabine Roux p. 95-108 Cet article se propose d'analyser la construction des mythologies des routes du blues à partir de l'étude croisée du processus de patrimonialisation de la « Mississippi Blues Trail » et des itinéraires de recherches de John et Alan Lomax. Dans le cadre du projet touristique de la « Mississippi Blues Trail », la route 61 devient patrimoine historique musical. Ce processus de patrimonialisation s'appuie sur une rhétorique de l'authenticité de l'imaginaire des lieux qui évacue toute dimension sociale. De manière inverse, les itinéraires de recherche des Lomax mettent en évidence la dimension mythique des itinéraires du blues en cherchant à construire l'authenticité du blues à travers la circulation de la documentation et des traces.Analysis of the construction of blues roads mythologies from the study of the patrimonialization process of the “Mississippi Blues Trail” and from John and Alan Lomax's research routes. As part of the “Mississippi Blues Trail” tourism project, route 61 becomes a musical and historical heritage. This process of patrimonialization is based on a rhetoric of the authenticity of the imaginary places that evacuates any social dimension. The Lomax research routes highlight the mythical dimension of the blues itineraries while seeking to build the authenticity of the blues through the circulation of documentation and traces.
- La route : quel espace graphique ? - Benoît Berthou p. 109-118 Peut-on concevoir une route sans inscriptions ? Permettre une circulation, ériger le déplacement au rang de trajectoire : autant d'ambitions qui ne semblent trouver solution qu'à travers la définition d'une signalétique mobilisant balises, repères ou indications. Lignes continues, discontinues, zébras, typographies représenteraient ainsi l'essence de la route, et nous proposons de les aborder au regard d'une hypothèse : le propre de la route est de nier toute forme de créativité du trait, de ne jamais se définir comme graphique. Nous appréhenderons ainsi dans un premier temps la route à travers une singulière entreprise : la construction d'un code instituant graphiquement l'information et bannissant toute forme d'équivoque. Le mettant par la suite en perspective vis-à-vis d'autres systèmes graphiques propres aux transports (rail et air), nous nous demanderons si la route ne dépend pas d'une certaine attitude face à l'information : aux points de vue « sémantiques » et « esthétiques » chers à Abraham Moles, il faudrait ajouter une approche « signalétique ».Could we design a road without any kind of inscriptions? Allowing a circulation, building a trajectory: those ambitions seem to find solution only through the definition of a signage mobilizing lines, strips (zebra or linear) or typographies… In a way, they represent the essence of the road and we propose to approach those inscriptions with an hypothesis: the road denies any form of drawing creativity and is never defined as a graphic object. We will first hit the road through a singular enterprise: the construction of a code that graphically establish information and banish any form of ambiguity. Comparing graphic systems specific to transport (rail and air), we will then ask ourselves if the road does not define a certain attitude towards information: to the “Semantic” and “aesthetic” points of view defined by Abraham Moles, we should add a “signaling” approach.
Bande dessinée
- La Première Guerre mondiale au miroir de la bande dessinée - Pascal Robert p. 119-142 La bande dessinée, si elle raconte la Première Guerre mondiale, permet aussi de la comprendre. Cet article propose de travailler avec la notion de décor-actant (et de corps-décor-actant, à l'instar des mutilés ou des morts) pour montrer comment le décor, par l'information qu'il offre aux lecteurs, permet de mettre en scène des formes d'intelligibilité, voire même des modes de raisonnement graphiques. Il s'appuie sur les œuvres majeures de J. Tardi et D. Vandermeulen, qui offrent deux visions contrastées de la guerre à travers deux styles graphiques éloignés. Vision privilégiée du poilu d'un côté, vision des rapports de pouvoir entre mondes scientifiques, industriels, politiques et militaires de l'autre ; vision morale d'un côté, vision politique de l'autre. Ce que le décor, qui s'avère loin d'être un décorum (comme le souligne P. Fresnault-Deruelle) met en scène et (dé)montre avec pertinence.The comic strip, if it tells the story of the First World War, also makes it possible to understand it. This article proposes to work with the notion of « decor-actant » (and « corps-decor-actant », like mutilated or dead people) to show how the decor, by the information it offers to readers, makes it possible to stage forms of intelligibility, or even modes of graphic reasoning. It is based on the major works of J. Tardi and D. Vandermeulen, which offer two contrasting visions of war through two distinct graphic styles. Privileged vision of the « poilus » on the one hand, vision of the power relations between scientific, industrial, political and military worlds on the other; Moral vision on the one hand, political vision on the other. What the decor, which turns out to be far from being a decorum (as P. Fresnault-Deruelle points out), shows with relevance.
- La Première Guerre mondiale au miroir de la bande dessinée - Pascal Robert p. 119-142
Comptes rendus de lecture
- Les livres - p. 143-153