Contenu du sommaire : L'année 1915
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 219, 2005/3 |
Titre du numéro | L'année 1915 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Francis Latour p. 3-4
- Réflexions sur la guerre en 1915 sur le front occidental (d'après les notes des généraux Fayolle et Haig) - Jean-Jacques Becker p. 5-13 Réflexions sur la guerre en 1915 sur le front occidental (d'après les notes des généraux Fayolle et Haig)Dans les études sur la Grande Guerre, on s'est peu arrêté sur l'année 1915, probablement la pire de la guerre. Les carnets du général Fayolle et du général Haig permettent d'aborder les grands problèmes militaires de 1915 de façon comparative. La grande question, c'est la percée, dont Fayolle croit de moins en moins à la possibilité, alors que Haig pense qu'elle sera possible... plus tard. D'où l'idée de Fayolle qu'il faudrait probablement chercher l'issue de la guerre en Orient, alors qu'Haig y est tout à fait opposé. On sent le premier beaucoup plus obsédé par le temps et par les pertes effroyables subies que le second. Secondairement ces notes sont une assez bonne illustration des rapports difficiles entre Alliés et du regard facilement malveillant des généraux britanniques sur leurs homologues français.Réflexions sur la guerre en 1915 sur le front occidental (d'après les notes des généraux Fayolle et Haig)In studies on the First World War, historians have not paid much attention to the year 1915, which was, however, probably the worst of the war. The notebooks of General Fayolle and General Haig enable us to consider the military problems encountered during that year in a comparative way. The big question is the breakthrough, which Fayolle thinks less and less possible, whereas Haig believes it will be possible at a later time. Fayolle then thinks that the solution to the war should be sought in the East, while Haig is thoroughly opposed to that opinion. Fayolle seems much more obsessed than Haig is by the time factor and the terrible losses sustained. These notes are furthermore a good illustration of the tense relationship between two Allies and of the rather malevolent regard of the British generals toward their French peers.
- 1915. l'Italie en guerre - Michel Ostenc p. 15-30 1915. l'Italie en guerreL'Italie est entrée en guerre en mai 1915 dans l'espoir qu'une « guerre parallèle » satisferait très vite ses ambitions irrédentistes. Le gouvernement Salandra en espérait une consolidation du pouvoir libéral, menacé par le socialisme et revigoré par le nationalisme ; mais les offensives de Cadorna ne peuvent percer les défenses autrichiennes et l'armée italienne s'enlise dans une guerre de positions qu'elle n'a pas préparée. La mobilisation industrielle du pays n'a pas permis de suppléer aux carences de l'armement. Le front italien est désormais considéré comme secondaire par les Alliés. Le conflit change de physionomie du fait de la dépendance croissante de l'Italie à l'égard de l'Entente. Il s'inscrit désormais dans la durée. Les échecs du gouvernement Salandra montrent la nécessité d'une union nationale.1915. l'Italie en guerre
Italy went to war in May 1915 in the hope that a « parallel war » would very quickly satisfy its irredentist ambitions. The Salandra government hoped to strengthen the power of the liberals that was threatened by socialism and theatened further by nationalism ; but the offensives of Cadorna could not break through the Austrian defenses and the Italian army became bogged down in a trench warfare for which it was not prepared. The industrial mobilization of the country was not enough to satisfy the need for arms. The Italian front then came to be considered secondary by the Allies. The conflict changed because of the growing dependence of Italy on the Entente. It was to be, from now on, a war of attrition. The setbacks of the Salandra government showed the need for a national union. - Les relations entre le Saint-Siège et la sublime porte à l'épreuve du génocide des chrétiens d'orient pendant la Grande Guerre - Francis Latour p. 31-43 Les relations entre le Saint-Siège et la sublime porte à l'épreuve du génocide des chrétiens d'orient pendant la Grande GuerreLes relations entre le Saint-Siège et l'Empire ottoman pendant la Grande Guerre furent délicates. Si l'Église catholique bénéficiait, depuis le XVIe siècle, des garanties qu'offraient les Capitulations, ce ne fut plus le cas à partir du moment où l'Empire ottoman entra en guerre contre la France, protectrice traditionnelle des catholiques d'Orient. Il fallut donc à la diplomatie pontificale s'adapter à cette situation nouvelle. Benoît XV devait réaliser la quadrature du cercle : défendre et sauver autant que faire ce pouvait les chrétiens victimes d'un véritable génocide, tout en conservant les contacts les plus étroits et constants possibles avec le gouvernement turc, justement pour défendre ces mêmes chrétiens, mais aussi pour défendre, sur le long terme, les intérêts politico-religieux de l'Église catholique en Orient.Les relations entre le Saint-Siège et la sublime porte à l'épreuve du génocide des chrétiens d'orient pendant la Grande GuerreThe relationship between the Holy See and the Ottoman Empire during the First World War was delicate. Even though the Catholic Church had benefited ever since the sixteenth century from the guarantees that the « Capitulations » had offered, it was no longer true once the Ottoman Empire went to war against France, the traditional protector of the Eastern Catholics. Papal diplomacy thus had to adapt itself to this new situation. Benedict XV had to try to square the circle : defending the Christians, who were victims of a real genocide, and rescuing them wherever possible, while at the same time maintaining the closest contacts possible with the Turkish Government. This was done to protect those same Christians, and also to preserve, in the long term, the politico-religious interests of the Catholic Church in the East.
- Aux origines de la croisade eucharistique : un soutien aux poilus lors de la Grande Guerre - Ludovic Laloux p. 45-51 Aux origines de la croisade eucharistique : un soutien aux poilus lors de la Grande Guerre Au cœur de l'été 1914 éclate la Grande Guerre. Fin août, à Auray, Marthe Martin rédige un Appel aux enfants pour susciter un sursaut patriotique en Bretagne. Deux ans plus tard, ce texte est suivi d'un feuillet mensuel. Cette initiative se conjugue avec l'action d'une religieuse enseignante, Geneviève Boselli, qui organise à Bordeaux, avec les élèves de sa classe, un soutien spirituel et matériel aux poilus engagés sur le front. En novembre 1915, le jésuite Albert Bessières transforme cet « Apostolat de la cigarette » en un mouvement davantage tourné vers l'eucharistie : la « Croisade des enfants » appelée à devenir la « Croisade eucharistique ». Cette perspective s'inscrit dans le sens du décret Quam singulari de Pie X de 1910 pour inciter les enfants à la communion eucharistique précoce.Aux origines de la Croisade eucharistique : un soutien aux poilus lors de la Grande Guerre. It is in the summer heat of 1914 that the Great War breaks out. At the end of August, in Auray, Marthe Martin writes a text called « Appel aux enfants » to arouse a burst of patriotism in Brittany. Two years later, a monthly leaflet will follow. This initiative is combined with the action in Bordeaux of a nun and teacher, Genevieve Boselli, who, with her pupils, organizes spiritual and material aid to French soldiers in the front line. In November 1915, the Jesuit Albert Bessières transforms this « Apostolate of the cigarette » into a movement gently oriented toward the Eucharist : the « Children's Crusade », whose name becomes the « the Crusade of the Eucharist ». This perspective fits in with Quam Singulari, the 1910 encyclical of Pius X, which encourages children to receive communion at a young age.
- 1915. La France en chantier - Chantal Antier p. 53-62 1915. La France en chantierAprès la bataille de la Marne, le ministre de la Guerre réunit les principaux représentants de la sidérurgie et de la métallurgie pour préparer une guerre longue. Dès 1915, se crée à Paris, un Bureau d'études économiques qui réunit les principaux industriels français pour promouvoir des comités économiques dans les départements. Les ministres A. Thomas, E. Clémentel, le député Dalbiez imposent les débuts d'une mobilisation industrielle nationale. Ils s'appuient sur le comité des Forges, sur des organismes déjà nombreux dans les départements et de nouveaux comités. L'exemple de la Seine-et-Marne montre l'imbrication des différents organismes qui gèrent l'industrie, l'agriculture et la main-d'œuvre sur un plan départemental et régional.1915. La France en chantier
At the Battle of the Marne, the War minister calls a meeting of top executives of the iron and steel industry to prepare for a long war. From 1915, a Bureau of Economic Studies is established in Paris. It calls on the leading French industrialists to set up economic committees in the Departements. The ministers A. Thomas and E. Clémentel, together with the depute Dalbiez, set about creating a national industrial mobilisation. They solicit the support of the Comité des Forges, of already numerous organizations in the Departements, and of new committees. The example of Seine-et-Marne shows the interweaving of the various organizations which govern industry, agriculture and labour, on the level of Departements and also Regions. - Allemagne, 1915. Le féminisme à l'épreuve de la guerre - Marianne Walle p. 63-69 Allemagne, 1915. Le féminisme à l'épreuve de la guerreLe discours patriotique de la puissante Union des associations féminines allemandes insiste sur la guerre, facteur d'équilibre pour le pays et surtout pour les femmes par leur participation active à une grande cause. Tout internationalisme est renié, celles qui œuvrent pour la paix sont condamnées pour leur attitude « non patriotique ». Cependant, la majorité d'entre elles ne sait faire face à l'urgence des problèmes du quotidien, notamment face à la question de l'approvisionnement. Désarroi et solitude de celles qui, de plus en plus nombreuses, sont appelées à partir de mars 1915 à remplacer les hommes au travail : formation à la hâte, bas salaires, aucune protection sociale. Le temps presse, le nombre d'emplois non pourvus augmente : il n'y a plus d'autre solution que la reconnaissance officielle du travail féminin.Allemagne, 1915. Le féminisme à l'épreuve de la guerre
The patriotic discourse of the powerful union of German feminist associations insists that war provides a base for the equilibrium of the country, especially for women through their active support of a great cause. Internationalism is disavowed ; all those who are working for peace are condemned for their « unpatriotic » attitude. The majority of women, however, are unable to face up to their everyday difficulties, in particular the problem of getting and stocking supplies. From March 1915 more and more women are called up to replace men in the labour force : their training is done in haste, salaries are low, and no social protection is provided. The only solution that is left is to officially recognise that without women workers the country can no longer survive. - La grande guerre et les conserveurs de sardines - Jean-Christophe Fichou p. 71-86 La grande guerre et les conserveurs de sardines Après 1902, les quelque 180 conserveries de sardines installées sur les côtes atlantiques françaises connaissent une période difficile car la matière première disparaît sans que l'on puisse fournir des explications. Pour tenter de surmonter cette crise d'approvisionnement, les fabricants diversifient leurs productions et travaillent de plus en plus fréquemment des thons et des maquereaux. Ils cherchent aussi à moderniser leurs installations. Ils doivent aussi affronter les pêcheurs qui souhaitent l'établissement d'un prix minimum pour leurs sardines au grand dam des conserveurs. En mai 1914, à la veille de la campagne sardinière, la situation est complètement bloquée, et le Syndicat national des conserveurs, qui regroupe plus de 90 % des usines, menace purement et simplement le lock-out total. Dans ces conditions, la période qui s'étend de 1914 à 1918 est vécue comme un véritable état de grâce par les fabricants. Deux faits se conjuguent pour leur apporter la sérénité ; d'une part, dès les premiers jours de guerre, la demande est en très forte hausse. D'autre part, les conflits avec les pêcheurs et les ouvriers cessent immédiatement au début des hostilités. La situation par la suite ne cesse de s'améliorer et, malgré les contraintes et les désagréments du conflit, les entreprises des conserveurs prospèrent. De solides fortunes s'établissent et le nombre de sites en activité est en accroissement régulier tout au long des cinquante mois de guerre.La Grande Guerre et les conserveurs de sardines. After 1902, the 180 or so sardine-canning factories set up along the French Atlantic coast went through a hard period as, for unexplained reasons, the fish grew scarce. In order to overcome the shortfall, the manufacturers diversified their production and processed greater and greater quantities of tuna and mackerel. At the same time they tried to modernize their installations. They also had to confront the fishermen who wanted a fixed minimum price for their sardines, which outraged the manufacturers. In May 1914, on the eve of the sardine fishing season, the situation was totally blocked and the national canning syndicate, representing more than 90 % of the factories, purely and simply threatened a total lockout. In these conditions, the period from 1914 to 1918 was seen as a genuine « state of grace » by the manufacturers. Two facts combined to restore serenity. On the one hand, from the outbreak of war, demand increased tremendously. On the other hand, at the beginning of hostilities, the dispute with the fishermen and the workers immediately came to an end. Afterwards, the situation kept improving, and in spite of the constraints and animosities due to the war, the canning industry throve. Substantial fortunes were built up and the number of sites in operation regularly increased throughout the fifty months of the war.
- La politique française de réarmement de 1936 à 1940 : priorités et contraintes - Philippe Garraud p. 87-102 La politique française de réarmement de 1936 à 1940 : priorités et contraintesOne way or another, the lack of modern weapons is often adduced as a reason to more or less explain the French military defeat of 1940. A study based on sound documentary evidence of various weapons programmes implemented from 1936 shows this to be false. The French rearmament programme faced constraints and particularly clashes of class interest, but in a sense it was largely the same thing in Germany. If France was behind the times it has to be found in a broader analysis.
- Les Etats-Unis et le statut international du Maroc (1906-1956) - El-Mostafa Azzou p. 103-112 Les Etats-Unis et le statut international du Maroc (1906-1956)Les États-Unis ont défendu, avant et pendant le protectorat français, leur relation spéciale avec le Maroc, établie depuis 1787. Partenaires des accords internationaux sur le Maroc (1865, 1880, 1906), ils ont accepté le protectorat politique français mais sans renoncer au régime des Capitulations et en revendiquant toujours dans le domaine économique le principe de la « porte ouverte ».Les Etats-Unis et le statut international du Maroc (1906-1956)Before and throughout the French protectorate, the United States defended its special relationship with Morocco, established since 1787. As a partner in international agreements over Morocco (1865, 1880, 1906), it accepted the political French protectorate, but without prejudice to the status of the « Capitulations » and, always, in the economic area, the principle of the « open door ».
- Comptes rendus - p. 113-118