Contenu du sommaire : L'école et la question sociale : les recompositions actuelles de l'action éducative
Revue | Raisons éducatives |
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Numéro | no 22, septembre 2018 |
Titre du numéro | L'école et la question sociale : les recompositions actuelles de l'action éducative |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les recompositions actuelles de l'action éducative : une introduction - Frédérique Giuliani, Barbara Fouquet-Chauprade, Margarita Sanchez-Mazas p. 5-17
Partie 1 - Politiques éducatives territorialisées et catégorisation des publics scolaires
- Discrimination positive, méritocratie et l'inclusion en tension : les « Conventions éducation prioritaire » de Sciences Po - Germán Fernández-Vavrik, Filippo Pirone, Agnès van Zanten p. 19-47 Cet article s'intéresse à un dispositif dit « d'ouverture sociale », les « Conventions Education Prioritaire » (CEP) de Sciences Po, en prenant appui sur une enquête ethnographique en cours comprenant des analyses de textes institutionnels ainsi que des entretiens et des observations à Sciences Po et dans quatre lycées conventionnés. Il s'intéresse aux tensions normatives entre les acteurs impliqués, notamment entre les responsables institutionnels qui impulsent et coordonnent le dispositif et les acteurs scolaires qui le mettent en œuvre, autour de la priorité à accorder à la méritocratie, à la discrimination positive et à l'inclusion. Il examine également les arrangements pédagogiques et organisationnels auxquels les efforts pour résoudre ces tensions donnent lieu. La conclusion insiste notamment sur les effets de ces tensions et des pratiques qui en résultent sur le brouillage entre deux objectifs politiques distincts, la diversification des élites et la réduction des inégalités.This article focuses on a policy device for widening participation at Sciences Po, the “Conventions Education Prioritaire” (CEP) (Priority Education Partnerships). It is based on an on-going ethnographic study including the analysis of institutional texts as well as interviews and observations at Sciences Po and at four partner lycées. It focuses on the normative tensions that arise between all the actors involved in this policy, especially between the institutional actors that steer and coordinate actions at the top and the school actors that implement it in schools around the priority to give to meritocracy, positive discrimination and inclusion. It also examines the organisational and pedagogical arrangements that are the consequence of local actors' efforts to reduce these tensions. The conclusion insists on the fact that these tensions and the resulting practices tend to blur the difference between two distinct political goals: the diversification of elites and the reduction of educational inequalities.
- L'enseignant-e, les parents, les spécialistes : diffusion des savoirs experts et altération de la collaboration avec les parents dans l'enseignement prioritaire - Jean-Paul Payet, Fabien Deshayes, Diane Rufin, Julie Pelhate p. 49-73 La collaboration, qu'elle soit interinstitutionnelle ou avec les parents, est devenue un mode d'action largement mobilisé par l'institution scolaire. Agir collectivement est supposé gage d'efficacité, particulièrement lorsque les élèves sont de milieu défavorisé et rencontrent des difficultés. Pourtant, force est de constater que toutes les formes de collaboration ne se valent pas. Dans l'enseignement prioritaire genevois, la collaboration interinstitutionnelle de l'école et des institutions du champ médico-pédagogique et socio-judiciaire supplante celle que les enseignant-e-s mettent en place avec les parents, en particulier lorsqu'ils sont faiblement dotés culturellement et scolairement. Écartés de la recherche de solutions pour l'élève en difficulté, ces derniers sont avant tout considérés comme des sous-traitants dont il est attendu qu'ils mettent en œuvre les suivis thérapeutiques préconisés. Ce processus de délégation du traitement de la difficulté scolaire à des spécialistes modifie en profondeur la professionnalité enseignante, le repérage précoce conduisant à faire des enseignant-e-s des pourvoyeurs d'informations plutôt que des professionnel-le-s capables d'élaborer des réponses pédagogiques aux difficultés observées.Collaboration, be it institutional or with parents, has become a widely mobilized mode of action in the school system. Collective action is believed to assure effectiveness, especially with regard to students who come from poor and disadvantaged backgrounds and encounter difficulties. Yet, it is evident that not all forms of collaboration are equal. In priority education in Geneva (Switzerland), inter-institutional collaboration of the school with medico-educational and welfare professionals supplants the various forms of collaboration that teachers engage with parents, especially with those who are not well equipped culturally and educationally. Excluded from the search for solutions for students with difficulties, parents are considered above all else as a secondary participant, who is expected to implement the recommendations of therapeutic services. The process of delegating the treatment of school difficulties to specialists profoundly modifies the teachers' professionalism because early detection results in placing teachers into the position of purveyors of information rather than that of professionals who are able to elaborate pedagogical responses to observed difficulties.
- Analyse du traitement médiatique d'une politique d'éducation prioritaire : la réputation du REP de 2006 à 2017 - Barbara Fouquet-Chauprade, Marion Dutrévis p. 75-102 Depuis 2006, le canton de Genève s'est doté d'une politique scolaire labellisée Réseau d'enseignement prioritaire (REP). Pour un établissement qui rejoint ce réseau, quelles sont les conséquences en termes de réputation ? Pour traiter cette question, nous proposons dans cet article une analyse de la presse locale. À travers cette analyse, nous chercherons à déterminer quelle image, quelle réputation est associée aux établissements prioritaires, à leur public, et aux familles, et comment cette réputation évolue. Les résultats suggèrent que les catégories mobilisées pour qualifier les élèves scolarisés en établissement prioritaire s'inscrivent dans une perspective déficitaire qui essentialise la difficulté scolaire. La réputation des établissements rejoint la réputation du quartier. Et le discours produit fait émerger des préoccupations plus éducatives que pédagogiques. Enfin, le discours autour du REP évolue en fonction des débats politiques et des réformes scolaires concomitantes.In 2006, the canton of Geneva established an educational policy labellised as “Réseau d'enseignement prioritaire” (REP). Which consequences for a school that enters in this compensatory device, in terms of reputation ? In order to deal with this question, we did an analysis of local newspapers. This analysis aims to determine the reputation associated to priority schools, their public, and the families. We also question the evolution of this reputation. Our results suggest that the categories used to qualify priority schools' students refer largely to deficit and that they essentialize academic difficulty. Moreover, the schools' reputation meets the neighborhood's reputation. And the analyzed papers reveal more educational than pedagogical concerns. Finally, the discourse related to this educational policy changes regarding to other political debates and educational reforms.
- Discrimination positive, méritocratie et l'inclusion en tension : les « Conventions éducation prioritaire » de Sciences Po - Germán Fernández-Vavrik, Filippo Pirone, Agnès van Zanten p. 19-47
Partie 2 - Le rôle éducatif des personnels scolaires non enseignants : des logiques en tension
- Médiateurs scolaires et travailleurs de l'accrochage scolaire en Belgique francophone : interprétations et négociations autour du partage du travail socioéducatif - Marie Verhoeven p. 103-126 En revisitant plusieurs enquêtes empiriques, cet article se penche sur l'activité de deux types d'intervenants chargés de la lutte et de la prévention contre les violences et le décrochage scolaire : les médiateurs scolaires et les travailleurs de l'accrochage scolaire. Après avoir présenté le contexte ayant présidé à leur apparition et la pluralité des référentiels d'action publique qui les encadrent, l'article se consacre à une analyse « par le bas » de ces deux segments. La comparaison des dispositifs met au jour des interprétations contrastées des fonctions socioéducatives de l'école, oscillant entre une logique de contrôle et une logique d'émancipation. Enfin, l'on examine comment ces intervenants négocient leur place au sein de l'établissement scolaire. La délimitation des rôles de chacun mais aussi les alliances qui s'établissent sont révélatrices des enjeux du « partage du travail socioéducatif », qui semble hésiter en Belgique francophone entre la voie de la division et celle de la collaboration.This article revisits several empirical surveys that examine the activity of two different professional roles in charge of preventing early school leaving and school violence: mediators and prevention workers with the precise task of tackling school dropout. After presenting the context in which both professional figures emerged, and the multiple policy frameworks underlying their activity, the article analyses their activities from a grounded approach. The comparison between both role sets reveals contrasting interpretations of the socio-educative function of schooling – oscillating between a “normative controlling” and an “emancipatory” version. Finally, we examine how these agents negotiate their position within concrete schools. Their controversial role definition as well as the professional alliances they establish reveal the difficult redefinition of the division of “socio-educative labour”, which seems to hesitate, in the French-speaking Belgian context, between a divide or collaboration.
- L'éducation surveillée et ses professionnels : archéologie d'une intervention éducative aux marges de l'école (Genève, 1890-1970) - Joëlle Droux p. 127-150 Le présent article a pour but de restituer les étapes qui ont contribué à l'émergence d'une profession dédiée à l'éducation des enfants en difficulté (sociale, familiale, scolaire) dans le cadre suisse romand, en s'efforçant de la positionner par rapport à l'offre éducative scolaire. La première étape est celle qui dès le 19e siècle voit s'élaborer un réseau privé d'établissements correctionnels, en marge du système scolaire public, initiant un partage du terrain éducatif et des clientèles à éduquer. La seconde étape est celle de l'instauration de nouvelles lois de protection de l'enfance à la fin du siècle qui permettent l'intervention de l'Etat face aux parents défaillants, sans toutefois remettre en cause la répartition de l'offre éducative entre œuvres privées d'éducation et établissements d'instruction publics. Durant l'entre-deux-guerres, une troisième étape voit se déployer une approche médico-pédagogique qui postule la curabilité des troubles du comportement, et prône la rénovation des maisons d'éducation par le biais de la création d'une nouvelle profession, celle d'éducateur. Cette séquence contribue à articuler cette profession aux objectifs émancipateurs que poursuit l'école, en affirmant œuvrer au soin et à la réinsertion des jeunes placés ; mais elle concourt aussi à renforcer le processus ségrégatif qui sépare populations scolaires ordinaires gérées par l'école et catégories en difficultés, dérivées vers le placement. Après une période d'enthousiasme qui voit se créer le premier centre de formation en Suisse romande, la jeune profession d'éducateur, à l'image du secteur des placements éducatifs, est victime d'une crise de confiance dès les années 1960, en lien avec une remise en cause des effets ségrégatifs de ces politiques envers les populations défavorisées. Une crise qui débouche sur la construction d'autres conceptions de l'action éducative auprès des familles et des enfants en difficulté, basées sur des référentiels plus respectueux des droits humains, qu'il conviendrait de documenter pour mieux en comprendre l'ampleur, et les effets sur les pratiques professionnelles dans et hors école.This article aims at restoring the steps that have contributed to the emergence of an educational profession dedicated to « difficult children » in the French-speaking Switzerland context, striving to position this new professional career compared to the school educational offer. The first step occurred from the beginning of the 19th century : a private network of correctional institutions then emerged, on the fringes of the public school system, initiating a sharing of the educational field and clienteles to educate. The second stage begun with the introduction of new child protection laws at the end of the century, that allowed state intervention in the face of deficient parenting, without, however, jeopardizing the distribution of educational provision between private educational works and public educational establishments. During the inter-war period, a third stage saw the deployment of a medico-pedagogical approach that postulated the curability of behavioral disorders, and advocated the renovation of educational institutions through the creation of a new profession : that of specialized educator. This sequence helped to articulate this profession to the emancipatory objectives pursued by the school, with the firm goal toto contribute to the social reintegration of young people in residential care; but it also helped to reinforce the segregative process that separated ordinary school-managed populations from youth diverted towards out-of-home placement. After a period of enthusiasm that witnessed the creation of the first training center in French-speaking Switzerland, the young profession of specialized educator underwent a severe crisis of confidence as of the 1960s, fueled by a general questioning about the segregated effects of these policies towards the disadvantaged populations. A crisis that les to the construction of other conceptions of educational action with families and children in difficulty, based on more respectful human rights standards : these should be documented to better understand their extent and actual effects on educational professional practices, both in and out of school.
- De l'élève « perturbateur » à l'enfant « en souffrance ». Le traitement de la souffrance des enfants à l'école primaire : « agency » ou étiquetage - Frédérique Giuliani p. 151-172 Au sein des écoles situées en REP, les termes de « souffrance », de « mal-être », d'« enfants qui vont mal » ou « qui ne vont pas bien » sont désormais mobilisés par les acteurs scolaires pour requalifier les conduites d'élèves repérés comme « perturbateurs » et « inadéquats ». Quel traitement des élèves est mis en œuvre au nom de leur pâtir ? Quel statut leur est attribué lorsqu'ils sont reconnus et traités comme des élèves « en souffrance » ? Cet article vise à montrer que la construction de l'enfant dans le registre de la souffrance produit deux traitements différents, en fonction de l'organisation du travail qui s'établit entre les professionnels. L'un tendrait à produire de la stigmatisation, l'autre viserait plutôt à permettre aux élèves de développer des capacités relatives à des situations. L'article tente également d'expliquer comment les professionnels peuvent basculer de l'une à l'autre conception de la souffrance des élèves.The terms “suffering”, “ill-being”, “doing badly”, and “not doing well” are commonly used in “Priority Education Network” schools to refer to children whose behaviors are seen as “disruptive” and “lacking”. What sort of response does their suffering elicit? What status are they given when they are seen to be and treated as “suffering”? This paper shows that children are treated in different ways depending on how their suffering is viewed and on how responsibility for their care is divided between professionals. One approach tends to produce stigmatization; the other aims to help children develop the capabilities they need to deal with situations. The paper also tries to explain how professionals can shift from once conception of children's suffering to the other.
- L'école québécoise et la gestion de la diversité des élèves : mesures d'intégration et tensions au sein de la division du travail éducatif - Louis LeVasseur p. 173-191 La gestion de la diversité des élèves représente un des principaux défis auxquels l'école québécoise fait face. De nombreux élèves provenant de milieux sociaux défavorisés sont menacés d'échec scolaire. L'intégration de ces élèves en classe ordinaire complexifie la tâche des enseignants. Afin de soutenir ces élèves et d'appuyer les enseignants, l'école publique a recours, surtout depuis le début des années 1990, à de plus en plus d'agents de soutien technique. L'article porte sur le travail qu'effectuent les agents scolaires qui travaillent dans des établissements se caractérisant par une très grande diversité d'élèves. Il montre surtout que malgré des valeurs éducatives souvent communes, la coordination de l'action entre les agents de soutien technique, les agents de soutien professionnel et les enseignants ne va pas de soi. Il en résulte un climat tendu qui nuit au travail collectif, et par conséquent, à la scolarisation des élèves en difficulté.Managing student diversity is one of the main challenges Quebec schools face. Many students from disadvantaged communities face the possibility of failing. Integrating such students into regular classrooms makes teachers' jobs harder. To support such students, as well as teachers, public schools have, primarily since the early 1990s, been increasingly resorting to technical support personnel. This article addresses the work done by educational personnel at schools with highly diverse student populations. It primarily shows that, although these agents often share educational values, it is not easy to coordinate all of the actions taken by technical support personnel, professional support personal and teachers, resulting in a tense climate that hinders their collective work and therefore the education of struggling students.
- Médiateurs scolaires et travailleurs de l'accrochage scolaire en Belgique francophone : interprétations et négociations autour du partage du travail socioéducatif - Marie Verhoeven p. 103-126
Partie 3 - L'école face aux élèves migrants en statut précaire : déficits et ressorts de l'accompagnement
- L'école française face aux nouvelles figures de l'immigration : le cas d'enfants de migrants roms bulgares et de réfugiés syriens dans des territoires scolaires contrastés - Alexandra Clavé-Mercier, Claire Schiff p. 193-222 À partir d'une enquête ethnographique menée dans différentes localités d'une région française, cet article s'intéresse aux ajustements mis en place par l'institution scolaire pour faire face aux difficultés posées par l'arrivée d'enfants de populations migrantes jusqu'alors peu présentes en France. Il s'agit d'une part de familles roms bulgares en habitat précaire regroupées en territoire urbain, et d'autre part de familles syriennes réfugiées « réinstallées » de façon isolée dans diverses communes rurales qui se sont portées volontaires pour les accueillir. La comparaison met en évidence que la multiplication des dispositifs spécifiques et des ressources dédiées aux allophones n'aboutit pas nécessairement à l'inclusion, alors que leur absence n'est pas en soi un obstacle à leur intégration scolaire, dès lors qu'un certain nombre d'acteurs se mobilise autour de ces enfants. La réflexion sur les conditions d'accueil et l'incidence des représentations qui distinguent les migrants économiques des réfugiés révèle que lorsque la prise en charge de ces élèves devient l'affaire de tous, leur présence acquiert une légitimité qui permet d'encourager à la fois l'innovation pédagogique et la banalisation de leurs différences.Based on an ethnographic study conducted in different localities in a French region, this article examines the adjustments made by schools in order to cope with the difficulties posed by the arrival of children from migrant populations as yet scarce in France. These include Bulgarian Roma families concentrated in precarious settlements in urban centers and isolated Syrian refugee families who have been ‘resettled' in various rural communities which have volunteered to receive them. The comparison highlights the fact that multiplying special education provisions and resources dedicated to foreign language students does not necessarily lead to their inclusion, while the absence of such services is not in itself an obstacle to their integration at school, as long as various actors are mobilized around these children. Our assessment of reception conditions and of the impact of commonly held beliefs which distinguish economic migrants from refugees reveals that when support for these pupils becomes everyone's business, their presence acquires a legitimacy which encourages educational innovation and widespread acceptance of their differences.
- Scolarisation des enfants de demandeurs d'asile : nouvelles pratiques, nouveaux dispositifs, nouveaux « métiers » sous le signe de l'incertitude - Margarita Sanchez-Mazas, Nilima Changkakoti, Geneviève Mottet p. 223-248 Cet article entend illustrer comment la question de la scolarisation des enfants de demandeurs d'asile en Suisse, en tension entre une politique d'asile restrictive et un assouplissement en matière d'accès à l'éducation, met à l'épreuve l'institution scolaire et suscite l'engagement d'une pluralité d'acteurs, que ce soit au niveau de l'implication des professionnel-le-s en place, ou au niveau des initiatives prises par des intervenants extérieurs. À partir d'entretiens semi-directifs avec différents acteurs de l'école, responsables des questions migratoires, directeurs/directrices d'établissement, enseignants ordinaires ou spécialisés dans l'accueil, éducateurs/éducatrices et intervenants sociaux, travailleurs bénévoles ou représentants du monde associatif, nous documentons les solutions ad hoc, les bricolages et les pistes d'action mis en œuvre en réponse à l'accueil et l'accompagnement des enfants de demandeurs d'asile et qui signalent, souvent de manière dramatique, l'irruption de la question sociale à l'école.The present paper examines how the schooling of asylum children in Switzerland challenges the educational system in a time where asylum policies collide more and more with the right to education. Semi-structured interviews were conducted with various school actors : authorities in charge of immigration issues, school directors, teachers working with newly arrived pupils and regular teachers, youth workers, social workers and members of non-profit organizations. The results show that school cannot remain impervious to the often dramatic social issues raised by asylum seeking children and document how these actors attempt to answer these pupil's specific educational needs within and without the school realm.
- Trajectoires de formation des jeunes migrants en situation juridique précaire : logiques de mobilisation de ressources face à des contraintes multiples - Claudio Bolzman, Alexandra Felder, Antonio Fernandez p. 249-275 Le but de cet article est d'analyser les trajectoires de formation « post-obligatoires » des jeunes migrants sans statut légal reconnu (sans papiers) ou avec un statut juridique précaire (requérants d'asile et admissions provisoires) arrivés en Suisse en cours de scolarité, notamment vers la fin du secondaire I. À partir de vingt entretiens semi-directifs, il s'agit de comprendre quelles sont leurs chances de poursuivre leur formation et d'obtenir un diplôme secondaire général ou professionnel. Il s'agit également de prendre en considération divers facteurs pouvant avoir une influence sur leurs trajectoires de formation. Outre les facteurs juridiques liés à leur statut de séjour, les facteurs individuels, familiaux et institutionnels sont examinés, en tenant compte des contraintes et des stratégies de différents acteurs, notamment des jeunes et de leurs familles. Une typologie permet de distinguer trois modalités principales dans les trajectoires de ces jeunes.The aim of this article is to analyze the ‘post-compulsory' training trajectories of young migrants without legal status (undocumented) or with a precarious legal status (asylum seekers and temporary admissions) who arrived in Switzerland in the course of schooling, especially towards the end of high school. Using data from twenty semi-structured interviews, the purpose is to understand their chances of continuing their education and obtaining a general or vocational secondary school diploma. It is also question of taking into account various factors that can influence their training trajectories. In addition to the legal factors related to their residence status, individual, family and institutional factors are examined, taking into account the constraints and strategies of different actors, including young people and their families. A typology makes it possible to distinguish three main modalities in the trajectories of these young people.
- L'école française face aux nouvelles figures de l'immigration : le cas d'enfants de migrants roms bulgares et de réfugiés syriens dans des territoires scolaires contrastés - Alexandra Clavé-Mercier, Claire Schiff p. 193-222
- Nouvelles figures du « social » et reconfigurations de la normativité scolaire - Christian Maroy p. 277-294 Si de nouvelles problématiques sociales interpellent les professionnels dans les écoles, il est important de comprendre à partir de quel référentiel d'action publique de nouvelles attentes sociales à l'égard de l'institution scolaire sont progressivement formulées. Cet article vise à identifier la logique discursive d'un référentiel émergent de l'école inclusive et efficace qui assigne à l'institution scolaire un rôle clé d'inclusion et de cohésion sociale, missions sociales cependant subordonnées à la capacité des établissements scolaires à développer une efficacité pédagogique et éducative. Ce référentiel rehausse les attentes et brouille les frontières entre missions de performance, de démocratisation, de cohésion sociale et de subjectivation poursuivies par les établissements scolaires. Combinant le discours de l'école « inclusive » et de l'école « performante », il a pour vertu paradoxale de compenser (partiellement) le manque de légitimité du discours de la nouvelle gestion publique sur l'école. Pourtant, dans les situations concrètes, cette nouvelle normativité appelant tout à la fois à l'efficacité, l'équité, la dignité de tous et au développement des capacités et de la responsabilité de chacun, semble loin de pouvoir éliminer tensions et contradictions pratiques et axiologiques.If professionals in school are confronted with new day-to-day social issues, it is important to understand which policy paradigm orient the new political expectations toward schools in terms of social role. This article identifies the discursive orientation of an emerging paradigm of the inclusive and performative school. This discourse, blurring social and managerial categories, defines a key role of inclusion and social cohesion towards schools, while considering that these goals will be closely related to the capacity of schools to demonstrate an efficacy, both in terms of education and socialization. This paradigm raises the expectations toward public schools and the boundaries between performance, equity, social cohesion, or subjectification are blurred. It has the paradoxical virtue to compensate the lack of legitimacy of a purely managerial discourse. However, in practice, this new normativity (appealing at the same time for efficacy, equity, dignity for all and empowerment and responsability of each one) fails to overcome practical and axiological tensions.