Contenu du sommaire : Géomorphologie et géographie aujourd'hui. Eau et territoire

Résumé. - La géomorphologie est apparue dans la deuxième moitié du XIXe siècle comme une branche de la géologie. Elle devint, avec Davis, une discipline géographique fondée sur un modèle d'évolution du relief à valeur universelle. De la seconde guerre mondiale aux années 70, la géomorphologie bénéficia d'un renouvellement méthodologique et conceptuel, avec l'apparition simultanée d'une géomorphologie climatique, d'une géomorphologie quantitative et d'une géomorphologie dynamique. La France participe activement au premier courant, un peu moins aux deux autres qui connaissent un succès foudroyant au Royaume-Uni. A partir des années 80, la géomorphologie s 'affirme comme une science autonome, une science de la nature avec un objet et des méthodes propres. Ses liens avec la géologie et la géographie restent plus ou moins étroits selon les pays. On assiste à une explosion de travaux de géomorphologie dynamique, à la généralisation de l 'approche systémique, au renouveau d'une géomorphologie structurale influencée par la Tectonique des Plaques. Science utile à l'homme dans ses relations avec son environnement, elle est étroitement liée à l'approche géographique, mais par les dimensions temporelles et spatiales de son domaine d'étude, et la nature scientifique de ses méthodes d'analyse, elle déborde largement le champ de la géographie.

Résumé. - Une tentative est faite de dresser un panorama de l'état actuel des recherches géomorphologiques conduites au sein de la communauté des géographes. Sur la base d'indicateurs nationaux et internationaux (période 1996-2001), sont dégagées quelques tendances lourdes de l 'évolution en cours. Celle-ci est notamment marquée par un «effet de zoom» sur le temps court et par l'essor de la géoarchéologie et de la géomorphologie fluviale et littorale, ainsi que par la diversification des travaux consacrés à la vitesse de l'érosion et à la rythmicité de la morphogenèse à différentes échelles spatio-temporelles. Les travaux français s'inscrivent de plus en plus fréquemment dans des programmes interdisciplinaires et/ou internationaux, et intègrent souvent une dimension appliquée (prévention des risques naturels et propositions de gestion des milieux).

Résumé. - L'article retrace les développements de la morphodynamique fluviale en France depuis une cinquantaine d'années, ainsi que ceux d'une discipline connexe et plus récente, la géoarchéologie des milieux alluviaux. Cette spécialité a connu un développement rapide en France depuis 20 ans et fait largement appel aux outils et concepts de la dynamique fluviale, dans une perspective très ouverte aux questionnements des sciences humaines. On plaide pour un rapprochement combinant la géomorphologie fluviale, théorique et appliquée à la gestion des hydrosystèmes, et la géoarchéologie, au service d'un projet fédérateur relevant pleinement de la géographie.

Résumé. - Il existe, dans les chaînes de montagnes actives, un équilibre dynamique entre la surrection des reliefs (résultat de la tectonique et de la compensation isostatique), l'incision des vallées et le réajustement de la pente des versants par des mouvements de masse de grande ampleur. A l'aide des méthodes d'analyses nouvelles, les géomorphologues doivent à la fois comprendre ce fonctionnement géodynamique et participer à la gestion raisonnée et durable de ces milieux souvent menaçants.

Résumé. - Face à la situation dramatique de la géomorphologie en France, il est proposé de définir clairement la géomorphologie comme une science géographique. Les systèmes et les processus morphogéniques peuvent s'articuler étroitement avec les risques naturels, l'histoire des sociétés humaines, les territoires et les représentations.

Résumé. - Du fait de son inscription physique dans des bassins-versants qui dépassent généralement les frontières institutionnelles, les rivières font l'objet pour leur gestion de dispositifs et de politiques publiques ad hoc qui cherchent à s'adapter ou à adapter l 'action publique sur des territoires particuliers. L'article présente un rappel historique des principaux éléments de cette évolution avant de présenter une réflexion sur l'inscription territoriale de ces nouveaux espaces institutionnels et sociaux.

Résumé. - Sur fond de remise en cause du modèle agricole productiviste, la conservation de certains paysages tend à prendre une place croissante dans l 'action publique. Toutefois, localement ces choix nouveaux en matière de gestion de l'espace rural ne font pas toujours l'unanimité. Ils suscitent parfois des tensions assez vives comme en témoigne l'exemple des Monegros. Autrefois caractérisé par la prédominance des formes extensives de mise en valeur (agro-pastoralisme), ce territoire situé au cœur de la dépression médio-aragonaise, en rive gauche de l'Ebre, est devenu le support d'une agriculture irriguée de type productiviste. L'Etat, inspiré par les écrits du polygraphe aragonais Joaquin Costa (1845-1911), a joué un rôle majeur dans la transformation de cet espace semi-aride. Au cours du siècle écoulé, les Monegros ont bénéficié de nombreux investissements destinés à «transformer le désert en verger». Aujourd'hui, le discours sur la nécessaire reconversion agricole des terres sèches de la dépression centrale aragonaise perd de son efficacité sans pour autant s 'effacer complètement ce qui est générateur de tensions. Dans le même temps, les paysages «naturels» steppiques, longtemps perçus de façon négative, commencent à être réhabilités tandis que les paysages de vieille hydraulique font eux-mêmes l'objet de projets de valorisation patrimoniale.

Résumé. - Les vallées ont de tout temps attiré les villes qui à leur tour les ont envahies inconsidérément. Cette tendance a culminé en France au cours des Trente Glorieuses avec l'explosion urbaine en zones inondables, soutenue par l'illusion d'une maîtrise complète des risques. Toutefois à partir de 1980 et à la suite de plusieurs inondations catastrophiques, une nouvelle attitude se développe, consistant à s'appuyer sur les fonctions naturelles des cours d'eau pour une valorisation urbaine équilibrée des zones inondables. Cette nouvelle approche, à la fois réglementaire et technique, s'appuie sur le courant des idées favorables à l'environnement.

Résumé. - La gestion du risque inondation et la gestion de l'eau a été pendant longtemps orientée essentiellement sur la lutte contre l'aléa ou la pollution des eaux. Ces mesures techniques sont désormais complétées par une démarche plus préventive de régulation afin de réglementer l'occupation du sol et de maîtriser la vulnérabilité et l'exposition des sociétés aux risques hydrologiques (PPR et SAGE par exemple). D'autre part, les institutions publiques souhaitent associer dans ces démarches l'ensemble des acteurs de la scène locale du risque. Dans cette perspective, comment la gestion des risques et de l'eau peut- elle être appropriée par tous les acteurs à travers un processus de gouvernance ?