Contenu du sommaire

Revue Politique étrangère Mir@bel
Numéro vol. 56, no 2, 1991
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Louis Joxe : souvenirs égrenés - Maurice Faure p. 397-398 accès libre
  • Editorial - p. 399-400 accès libre
  • Les auteurs - p. 401-402 accès libre
  • Résumés. Abstracts - p. 403-409 accès libre
  • L'après-guerre du Golfe

    • Quelles leçons stratégiques ? - François Heisbourg p. 411-422 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En dépit du caractère écrasant de la victoire de la coalition, la guerre du Golfe n'en est pas moins avant tout une leçon concernant les limites de la puissance. Ceci s'applique non seulement à l'ONU ou aux acteurs secondaires du drame — URSS et Europe de l'Ouest — mais aussi aux Etats-Unis eux-mêmes, dont les moyens militaires, et la volonté politique, ne se retrouveront pas forcément à l'identique face à d'autres crises régionales de grande envergure. Ceci est d'autant plus lourd de conséquences potentielles que de telles crises ont de fortes chances de se dérouler à l'avenir. Pour l'Europe de l'Ouest, le conflit du Golfe a été un avertissement à frais limités de ce qui peut arriver en l'absence d'une politique étrangère et de sécurité commune ; il est grand temps de s'y atteler.
      Stratégie Lessons of the Gulf War, by François Heisbourg Despite the overwhelming victory of the coalition forces, the Gulf war was first and foremost a lesson on the limits of power in the post-cold war era. This was the case not only for the UN or the second-string players — the USSR and Western Europe — but also for the United States : American military and political power will not necessarily be readily available to contend with other regional crises. This has major potential implications since major regional crises may well occur in the future. For Western Europe, the Gulf crisis has been a relatively costless warning of what can happen if Europe doesn't put its act together : it is high time for it to move towards common foreign and security policy-making.
    • Etats-Unis : les dilemmes du vainqueur - Robert Hunter p. 423-432 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La politique suivie par les Etats-Unis au Moyen-Orient depuis la guerre du Golfe fait apparaître deux phénomènes contradictoires : d'une part, la conviction de Washington qu'une présence militaire permanente accroîtra la capacité américaine de consolider ses intérêts à long terme dans la région ; d'autre part, la reconnaissance du fait que la confrontation avec les problèmes locaux exige un engagement dans une diplomatie difficile et souvent décevante. Les Etats-Unis ont deux grandes leçons à tirer de la crise du Golfe. La première est que l'appel du président Bush en faveur d'un « nouvel ordre mondial » peut être beaucoup plus qu'une manœuvre tactique pour souder une coalition afin d'atteindre un objectif ponctuel. La deuxième est que la paix dans la région et ailleurs ne peut être construite que de l'intérieur vers l'extérieur, d'une puissante économie américaine vers le leadership à l'étranger.
      United States : the Dilemmas of the Victor, by Robert E. Hunter The course of US policy in the Middle East since the Gulf war illustrates two contradictory phenomena : a belief in Washington that a permanent military presence will enhance America's ability to secure its long-term interests in the region ; and a récognition that grappling with regional politics requires involvement in difficult and often unrewarding diplomacy and political activity. The United States have two special lessons to learn from the Gulf crisis. The first is that President Bush's call for a « new world order » can be much more than a tactic to put together a coalition for this single purpose. The second one is that the peace in the region and elsewhere can only be built from the inside out, from a strong US domestic economy to leadership abroad.
    • L'échec d'une stratégie soviétique - Roland Lomme p. 433-439 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La stratégie soviétique n'a pas changé au cours de la crise du Golfe. Elle s'est efforcée d'emblée de contrecarrer l'hégémonie américaine en revendiquant un règlement multilatéral et politique de la crise ouverte par l'invasion du Koweit. Mais la stratégie soviétique a échoué. Elle n'a pas su imposer une issue alternative à celle qui a finalement prévalu sous l'empire des Etats-Unis. La crise du Golfe a donc porté un préjudice plus grave au statut de grande puissance de l'Union soviétique qu'à la crédibilité internationale de sa diplomatie. En revanche, l'Union soviétique n'a pas été écartée de la région du Moyen-Orient : la diplomatie soviétique, qui a parachevé la normalisation de ses relations avec de nouveaux partenaires et interlocuteurs, tels l'Iran, l'Arabie Saoudite et l'Etat d'Israël, sans s'aliéner ses alliés, reste un élément décisif du règlement des conflits. Sur la scène intérieure, la guerre du Golfe a incontestablement relancé le procès de la politique étrangère en cours depuis le début de l'année 1990 et porté atteinte à l'autorité du pouvoir central dans les divers courants d'opinion, les uns en raison de son impéritie, les autres de sa duplicité apparente.
      The Failure of Soviet Strategy, by Roland Lomme The Soviet strategy did not change during the Gulf crisis. It continuously tried to impede the American hegemony by claiming for multilatéral and political seulement to the crisis opened by the invasion of Kuwait. But the Soviet strategy failed. It was unable to impose an issue different to that put forward by the United States. Then, the Gulf crisis eroded the great power status of the Soviet Union more than the international credibility of its diplomacy. But the Soviet Union has not been put aside of the Middle East : the Soviet diplomacy, which regularizes at last its relations with new partners, as Iran, Saudi Arabia and Israel while keeping its allies, remains one of the main element of the seulement of regional conflicts. Inside the Soviet Union, the Gulf war exacerbated the critics adressed to the foreign policy since the beginning of 1990 and was prejudicial to the authority of the Soviet power in several opinion trends because it was considered either impotent or ambiguous.
    • La France et la crise du Golfe - Frédéric Prater p. 441-453 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La politique de la France pendant la crise du Golfe connaît plusieurs étapes en réponse à des contextes différents : d'abord centrée sur le recours à l'action multilatérale et à l'embargo sous l'égide des Nations Unies, elle s'engage vers le déploiement de forces terrestres au fur et à mesure que les tentatives de négociations avec l'Irak échouent. A partir du vote de la résolution 678, la France s'attache à jouer le rôle de participant influent au sein de la coalition et s'engage pleinement dans la guerre. Gérée de façon très centralisée, avec un souci constant du soutien de l'opinion publique, la politique française apparaît dans le court terme comme un succès pour le président français.
      France's Role in the Gulf Crisis, by Frédéric Prater As priorities changea, the emphasis of French policy shifted during the Gulf crisis. At first it was concentrated on multilateral action and embargo under the aegis of the United Nations, but when negotiations with Iraq failed, it moved progressively towards joint deployment of land forces. After the adoption of Resolution 678, France decided to become a significant partner in the coalition and became fully committed to the war. French policy at this time was directed in a very centralised fashion with public opinion a constant preoccupation. In the short term, it would appear to have been a success for the French President.
    • Le Golfe : nuages après la tempête - Ghassan Salamé p. 455-464 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le conflit du Golfe est formé de plusieurs guerres en une. Dans la région, ses conséquences politiques, mais surtout humanitaires et économiques, sont extrêmement graves, du fait de l'adoption d'une riposte disproportionnée à agression irakienne et des atrocités de la guerre civile qui a suivi. Au delà du gâchis, il faudrait que la victoire des coalisés les encourage reposer en urgence les problèmes de fond, comme la prolifération des armes balistiques ou la résolution des autres conflits, dont on ne saurait faire l'économie avec la diabolisation simpliste de l'Irak, en cours depuis le début de la crise.
      The Gulf : Clouds after the Storm, by Ghassan Salamé In the so called Gulf war, many wars are encapsulated. Responding to the Iraqi agression, the Allied troops hâve used a disproportionate amount of firepower. The cost is huge, worsened by the civil war atrocities. This adds to the Allied troops' responsibility in dealing with the area's basic issues such as the proliferation of ballistic and mass destruction weapons or the settlement of other open conflicts. The systematic demonization of Iraq since the beginning of the crisis could not make up anymore for bold initiatives on these basic issues.
  • Berlin-Koweit. Les rapports Nord-Sud après la double secousse - Zaki Laïdi p. 465-479 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La fin de la guerre froide comme la crise du Golfe ont redonné un sens aux rapports Nord-Sud de manière presque inattendue. Alors que, depuis dix ans, nous nous étions progressivement convaincus que le Tiers-Monde n'existait plus, on a vu depuis 1989 resurgir la problématique Nord-Sud sous une double perspective. Celle d'une potentielle éviction ou marginalisation de ce Sud au profit d'un Est désormais valorisé. Celle aussi d'une menace venant d'un Sud qui disposerait moins d'atouts que de facteurs de nuisance (drogue, immigration, sida, produits à bas prix envahissant les marchés du Nord, prolifération nucléaire, etc.). Malgré cette évidente fluidité des perceptions, la problématique Nord-Sud se trouve désormais structurée par trois interrogations : les conditions de son accès à des ressources rares dans un contexte de compétition financière exacerbée, l'impact de la mondialisation de la démocratie et du marché sur son rythme de transformation économique et politique, enfin l'évaluation de son pouvoir de marchandage dans un contexte de disparition de la bipolarité.
    Two Shocks — Berlin and Kuwait — and their Impact on North-South Relations, by Zaki Laïdi The ending of the cold war and the Gulf crisis hâve given a new meaning to North-South relations in an unexpected way. For 10 years, interest in the Third World was gradually disappearing but since 1989 new perspectives have emerged. On the one hand new importance has been assumed by the East and the Third World has been further marginalised. Secondly the Third World now appears more as a menace than an assett (drugs, migration, Aids, loxv price compétition, nuclear prolifération). In spite of ail this, North-South problems still exist. Three characteristic problems now dominate : Third World access to finance in a world where competition for scarce resources has increased ; adjustment to the worldwide wave of democratization ; maintenance of the Third world's political leverage now that the cold war has disappeared.
  • De nouveaux problèmes au coeur du contentieux nippo-américain - Alain Vernay p. 481-490 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La peur des investissements directs japonais au cours de la dernière décennie a pris la relève de celle des sociétés multinationales américaines durant la décennie 60 et des capitaux des émirs du pétrole durant les années 70. La dernière en date des trois est la plus forte, teintée de nippophobie, surtout aux Etats-Unis, où les succès japonais sont tenus pour l'image inversée d'un recul américain aussi bien que pour une menace de colonisation. A l'heure où ce débat public a le plus de retentissement, provoquant par extrapolation des perspectives soit de division du monde en blocs — avec l'Asie sous leadership japonais —, soit d'une maîtrise nippone globale des industries d'avenir, le conflit américano-japonais a déjà changé de nature. Ce que veut l'Amérique, désormais au premier chef, c'est le démantèlement des grands conglomérats japonais — les keiretsu. Aux exigences de Washington d'américanisation des structures industrielles et financières du Japon, répond une politique nippone de nouvelles alliances de plus en plus nombreuses entre les grands groupes des deux pays, politique qui semble convenir à la plupart des méga-entreprises américaines.
    New Problems in the Already Troubled US-Japanese Relationship, by Alain Vernay During the past décade unease about Japanese investment supplanted earlier fears about multinational corporations and petrodollar investors. But the latest anxiety is the greatest, being tinged with racial fears, especially in the United States, where Japanese success is seen as a counterpart of American decline. Public concern is now at its height with fears of an Asian bloc under the Japanese leadership or of future Japanese industrial domination on a Worldwide basis. The United States would like to see the dismantling of the big Japanese conglomerates — the « keiretsu ». The response to US demands for the americanisation of Japanese industrial and financial structures has been the forging of increasingly numerous alliances between large industrial groups in the two countries. Such a policy seems acceptable to most of the American mega-firms.
  • Les privations à l'Est - Marie-Hélène Labbé p. 491-497 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les privatisations en cours en Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie représentent un enjeu formidable ; leur succès ou leur échec aura des répercussions sur les expériences démocratiques menées par ces pays. Or, elles se réalisent dans des pays handicapés par quarante ans de commu- nisme dans un contexte économique défavorable et elles ont une ampleur considérable. Quels sont les modes de privatisation retenus au départ ? Quel est le bilan dressé par les gouvernements au bout d'un an ? Quelles sont les nouvelles orientations définies ? Le prix payer est-il pas la confiscation de la privatisation par l'ancienne nomenklatura ? Faut-il en offusquer ?
    Privatisation in Eastern Europe, by Marie-Hélène Labbé There is a great deal at stake in the privatisation currently under way in Czechslovakia, Hungary and Poland. Its success or failure will have repercussions on the democratie experiments conducted by these countries. It is taking place in countries handicapped by 40 years of communism. It is being done in an unfavourable economie climate and the magnitude of the task is very large. What modes of privatisation were originally envisaged ? What has been the outeome in the past year ? What new tendencies have emerged ? Have the assets involved been handed over to the old nomenclatura ? Should one take exception to the policy ?
  • Au-delà de l'Europe - André Petit p. 507-512 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La première tentative d'organisation mondiale moderne, la SDN, a échoué pour les raisons que l'on sait. L'ONU était un progrès, mais a longtemps été paralysée par la guerre froide et par la démagogie de son Assemblée générale. L'Europe communautaire est une réussite économique, mais c'est retarder d'une guerre que de vouloir lui donner comme objectif de constituer une entité « souveraine » de plus sur l'échiquier mondial. L'urgent, aujourd'hui, est de passer à la troisième étape de l'organisation mondiale, remettant en cause en droit, comme il l'est déjà en fait, le vieux concept traditionnel de souveraineté nationale, pour tous les Etats, y compris les Etats-Unis, et pas seulement pour ceux de la Communauté.
    Beyond Europe, by André Petit The first attempt at a modem world organization — the League of Nations — failed for well known reasons. The United Nations was an improvement but it was paralysed for a long time by the cold war and by the demagogie character of its General Assembly. The European Community is an economie success but it is asking for trouble to expect it to become a sovereign entity especially in a world framework. The important task now is to progress a the third stage of world organization — putting aside traditional concepts of national sovereignty in ail countries including the United States and the European Community.
  • La France, l'OTAN et l'avenir de la dissuasion en Europe - Frédéric Bozo p. 513-527 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pendant près de trois décennies, la stratégie française et celle de l'OTAN ont entretenu un antagonisme irréconciliable. Les désaccords sur le seuil nucléaire et la nature des armes atomiques, C'est-à-dire sur l'essence de la dissuasion, ont maintenu une longue tradition de divergences stratégiques. Mais les bouleversements européens récents, en provoquant la déchéance de l'ordre des blocs, devraient avoir pour conséquence de mettre fin à cette logique et d'entraîner une convergence stratégique entre la France et l'OTAN. Celle-ci devra dès lors être gérée par la France et ses partenaires européens et atlantiques comme un problème essentiellement politique, afin d'aboutir à un consensus général sur le rôle des armes nucléaires dans l'Europe de l'après-guerre froide.
    France, NATO and the Future of Nuclear Deterrence in Europe, by Frédéric Bozo For the past three decades, France's and NATO's strategy have entertained a relationship of unreconciliable opposition. Disagreements over the nuclear threshold and the very nature of nuclear weapons, and indeed over the essence of nuclear deterrence, have fueled a long tradition of strategie divergences. Yet the recent changes in the fabric of European security, which are likely to lead to the demise of the bloc system, should put an end to this logic and prompt a strategie convergence between France and NATO. Hence-forth, this convergence will need to be managed by France and her Atlantic and European partners essentially as a political issue with a view to reaching a general consensus over the role of nuclear weapons in post cold war Europe.
  • Documents

  • Lectures

  • A travers les revues

  • Livres reçus par l'institut - p. 577-585 accès libre
  • Revues - p. 587-591 accès libre