Contenu du sommaire : Se repérer en ville

Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 53, décembre 2018
Titre du numéro Se repérer en ville
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier - Se repérer dans l'espace urbain

    • Comment s'orienter dans la ville moderne : Introduction - Brigitte Marin, Marco Folin p. 5-16 accès libre
    • Dans les bons comme dans les mauvais moments ? : Localiser et nommer les immeubles à Milan au tournant de la crise du xviie siècle - Michela Barbot p. 17-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose de comprendre si, et comment, les façons de localiser et de décrire les immeubles à Milan entre XVIe et XVIIe siècle changent à la suite de l'inversion du cycle économique et démographique de la ville. Pendant la période sous observation, Milan passe d'une situation de croissance à une crise généralisée qui se manifeste en correspondance des turbulences financières des années 1619- 1622 et de la peste de 1630. En s'appuyant sur une série de sources différentes – actes de vente et d'achat des immeubles, expertises, plans et dessins des architectes et des ingénieurs, mémoires et suppliques des locataires, documents fiscaux, cadastraux et administratifs des magistratures urbaines –, cette enquête confirme l'existence d'un lien très fort entre les transformations sociales, économiques et matérielles connues par la ville et les changements de repères et de langage enregistrés par les documents.
      This paper investigates whether, and if so how, the ways of locating and describing buildings in Milan in the 16th and 17th centuries changed following the downturn in the city's economic and demographic cycle. During the period we are observing, Milan went from a phase of growth to a widespread crisis in relation with the financial turbulence of 1619-1622 and the 1630 plague. Based on a series of different sources – including deeds for the purchase and sale of buildings, appraisals, blueprints and drawings by architects and engineers, memoirs and pleas of tenants, as well as tax, land registry and administrative documents from the city magistrates – this investigation confirms that there was a very strong connection between the social, economic and material transformations that the city underwent and changes in landmarks and the language as recorded by documents.
    • Se repérer à Lyon à l'époque moderne : Habitants, consuls et cartographes - Olivier Zeller, Bernard Gauthiez p. 37-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Longtemps, tout repérage reposa à Lyon sur des systèmes tacites de définition. Les plans ne proposaient que des didascalies résultant de choix symboliques. Les noms de rues étaient abandonnés à des usages populaires multiples et fluctuants. Paroissiaux ou miliciens, les découpages internes ne donnaient lieu à aucun marquage sur le terrain, les quartiers restant longtemps désignés par le nom de leur capitaine ou par des références géographiques variables. La définition des adresses reposait sur la connaissance des propriétaires car la multiplicité des enseignes au thème identique rendait problèmatique leur rôle de repère, sauf dans le cas des grandes auberges. Nul système de numérotation des maisons ne fut rendu visible ; les référencements appliqués à partir de 1723 appartenaient à une culture administrative interne. Consécutif au traumatisme des grandes émeutes, le souci de nommer les espaces et de publier des limites n'apparut qu'après 1744-1745. Une gravure définissant enfin les quartiers fut massivement diffusée, puis les odonymes envahirent les plans de la ville. Ils furent fixés en 1755 par la pose de centaines de plaques. Ainsi s'accomplit le passage de pratiques de repérage mobilisant une culture urbaine tacite à une lecture dénominative fondée sur le recours à l'écrit exposé.
      For a long time, locations in Lyon were based on tacit definition systems. Maps only proposed captions based on symbolic choices. Street names were given over to popular usage that was multiple and varied. Internal divisions, by parish or militia, did not have any physical markings, and over a long period, districts were referred to by the names of their captains or by variable geographic references. Addresses were defined based on the names of landlords, for the large number of commerce names with similar themes made it difficult to use these as landmarks except for the largest inns. There were no visible house numbers; the references applied after 1723 were used only for internal administrative purposes. Following the traumatic period of major uprisings, naming spaces and publishing boundary limits only became a concern after 1744-1745. An engraving defining districts was published on a massive scale, then street names were added to city maps. These names were settled in 1755 with the installation of hundreds of street signs. Thus, landmark identification practices based on a tacit urban culture gave way to a denominative approach based on visible written names.
    • L'îlot comme unité spatiale de référence : Le cas de Madrid au xviiie siècle - Brigitte Marin p. 63-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À Madrid, la Visita general de la Regalía de Aposento de 1750-1751, une vaste opération de mesure et de classification de l'espace réalisée pour l'administration fiscale, débouche sur l'affectation d'un numéro à chaque îlot, ainsi qu'à chaque maison en référence à cette unité morphologique de base. Aussi, cette enquête est-elle à l'origine d'un système de localisation et de repérage dans l'espace urbain qui reste en vigueur jusqu'en 1835, lorsqu'un numérotage des maisons par rue remplace celui par îlot. À partir des années 1760, les manzanas (îlots), identifiées par leur numéro, de 1 à 557, sont adoptées comme des unités spatiales de référence pour réaliser des enquêtes et des réformes urbaines, notamment dans les domaines sanitaires et policiers. Mais ce système de repérage ne reste pas confiné aux besoins de l'administration et, progressivement, les habitants ordinaires, dans leurs pratiques quotidiennes, s'approprient ce dispositif.
      The Madrid ‘Visita general de la Regalía de Aposento' of 1750-1751 is a large measurement and classification operation carried out for the tax authorities, numbering each block of houses and assigning each house within it with a number referring to this basic morphological unit. The localisation and plotting system stemming from this survey would remain in place until 1835, when the street numbering of houses replaced that of block numbering. Identified by their numbers (from 1 to 557), the manzanas (blocks) were adopted as spatial reference units to undertake surveys and urban reforms, particularly in the fields of health and policing, from 1760 onwards. Yet this plotting system did not remain confined to the needs of the administration and, progressively, ordinary inhabitants began to take ownership of this apparatus in their daily practices.
    • Se perdre et se retrouver dans le bazar de Mexico : Au siècle des Lumières - Arnaud Exbalin p. 85-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A l'instar des cités du Nouveau Monde, la ville de Mexico se caractérise par son réseau de rues en damier. Il était a priori plus facile pour le quidam de s'y repérer que dans les capitales européennes au tracé de rues médiéval. Pourtant, au cœur de la capitale de la Nouvelle-Espagne, sur la Plaza Mayor se trouvait un immense marché, le Baratillo, décrit par les chroniqueurs de l'époque comme un labyrinthe tant les échoppes et les étals s'entremêlaient et formaient un réseau inextricable d'allées. Les chalands ne s'y retrouveraient guère et les auxiliaires de justice et de police étaient déroutés lors des appréhensions. En 1791, le bazar du Baratillo est éradiqué au terme d'un siècle de tentatives de réformes infructueuses. Un nouveau marché aux échoppes numérotées et alignées au cordeau est fondé sur une place adjacente à la Plaza Mayor. Cet article questionne les modalités de ce transfert et les enjeux liés au numérotage des boutiques.
      Like other New World cities, Mexico City is characterised by streets laid out in a grid. Therefore, it was presumable easier for people to find their way than in the European capitals with medieval streets. However, at the centre of the capital of New Spain, Plaza Mayor hosted an immense marketplace, the Baratillo, which chroniclers of the era described as a labyrinth of shops and stalls mingled together into an inextricable network of alleys. Marketgoers could hardly find their way, and police and court officers were often thrown off track when trying to make arrests. In 1791, the Baratillo was demolished following a century of unsuccessful reform attempts. A new marketplace with numbered and aligned shops was founded on a square adjacent to Plaza Mayor. This article looks at the conditions for this transfer and the issues related to the numbering of shops.
    • Les incertitudes du commencement : La numérotation des maisons et sa réception à Genève à la fin du xviiie siècle - Marco Cicchini p. 107-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1782, le principe de la numérotation des maisons s'impose à Genève en tant que dispositif de police urbaine. Cet article propose une analyse dense de ce moment inaugural. Qu'est-ce qui pousse les autorités de la ville à adopter un tel outil de gouvernement ? Quel système de numérotation choisir et pour quel coût ? Quelles sont les réactions des citadins qui ne sont nullement consultés sur cette innovation de l'administration urbaine ? Les archives genevoises permettent de documenter les hésitations, les difficultés et les résistances qui ont caractérisé l'introduction de la numérotation des maisons, avant que celle-ci ne devienne une « chose banale » et que les incertitudes soient invisibles.
      In 1782, the principle of house numbering became established in Geneva as an urban police measure. This article provides a dense analysis of this inaugural moment. What drove the city authorities to adopt such a tool of government? Which numbering system would be chosen and at what cost? What were the reactions of city dwellers who were not consulted at all on this innovation in urban administration? The Geneva archives make it possible to document the hesitations, difficulties and resistance that characterised the introduction of house numbering, before it became an ‘ordinary thing' and the uncertainties became invisible.
    • Aménager l'espace et contrôler la population : La mise en place des bureaux de police à Rome entre la période française et la Restauration - Chiara Lucrezio Monticelli p. 127-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La mise en place des bureaux de police sur le territoire de Rome, commencée pendant la Repubblica giacobina et achevée avec l'institution de la première Direction Générale de police pontificale en 1816, implique la réalisation d'un nouveau système administratif dans la ville ainsi qu'une nouvelle conception de l'aménagement de l'espace. La géographie urbaine, modifiée d'abord avec la division en sections et circonscriptions, ensuite avec les giustizie di pace de la période napoléonienne, et enfin à travers l'institution des Presidenze regionarie di polizia pendant la Restauration, joue un rôle important dans la remise en cause de la modalité de repérage dans la ville. Mais c'est surtout le but principal de la police locale, à savoir la capacité à mesurer le territoire et à évaluer la population, que modifient profondément les pratiques administratives d'enregistrement et de localisation, aussi bien que leurs usages sociaux. Le mélange entre les sources abritées par les Archives Nationales de France (sous-séries Pays annexé ou dépendants et Police Générale) et par l'Archivio di Stato de Rome (fonds Direzione Generale di Polizia e Miscellanea Statistica), montre bien l'augmentation de la documentation (cartographies de quartiers, listes des habitants, registres de déplacements) liée à ces nouvelles compétences de l'institution policière. En plus, dans un contexte politico-institutionnel très particulier tel que l'État Pontifical, ces attributions administratives finissent par se superposer aux tâches de contrôle traditionnellement prises en charge par les magistratures urbaines ecclésiastiques, en premier lieu le réseau paroissial.
      The process of setting up police stations in Rome began under the Repubblica giacobina and was finished with the establishment of the first Directorate General of Pontifical Police in 1816. It involved a new administrative system for the city and a new conception of urban development. The urban geography, initially modified with the division into sections and circumscriptions, then with the giustizie di pace of the Napoleonic period, and lastly with the establishment of the Presidenze regionarie di polizia during the Restoration, played an important role in undermining the methods of finding one's way in the city. But in particular, the main objective of the local police (i.e. the ability to measure the land area and evaluate the population) deeply changed the administrative practices of recording and locating city dwellers, as well as the social uses of such practices. A mix of sources stored in the French National Archives (in the Pays annexé ou dépendants et Police Générale subseries) and the State Archives of Rome (Direzione Generale di Polizia e Miscellanea Statistica collection) clearly shows the increase in documentation (district maps, lists of inhabitants, travel registries) connected with these new responsibilities granted to the police. In addition, in the very specific political and institutional context of the Papal States, these administrative responsibilities ultimately overlapped with the population monitoring tasks traditionally reserved for the Church's urban magistrates, in particular the parish network.
    • L'organisation d'une poste à domicile à Lisbonne durant la première moitié du xixe siècle : Gestion et usage de l'espace urbain - Frédéric Vidal p. 141-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse aux processus d'identification des domiciles des habitants de Lisbonne à la fin de l'époque moderne. Il a pour objet d'étude de pratiques administratives mises en place au moment de l'organisation d'une poste à domicile, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Les étapes de l'organisation de ce service permettent d'observer, à travers la production d'un discours spécifique sur l'espace urbain mais aussi la mise en place de pratiques élémentaires et quotidiennes, le jeu d'influence et de confrontation entre différents modes de perception et d'identification de l'espace urbain. On cherche ici à comprendre en quoi l'usage de ces différents systèmes, qui sont perçus comme étant complémentaires plus qu'en opposition, renvoie à une tentative de prise en compte de la complexité croissante des modes d'habiter en ville à la fin de l'époque moderne.
      This paper focuses on the processes of identifying the homes of Lisbon residents in the late modern era. It looks at administrative practices established when home postal delivery was being organised around the turn of the 19th century. The stages of organising this service reveal – through the production of a specific discourse about the urban space as well as the implementation of basic, daily practices – the interplay of influences and confrontation between various ways of perceiving and identifying the urban space. We are endeavouring to understand why the use of these various systems, which are perceived as complementary rather than opposing, refers to an attempt to take into account the growing complexity of urban lifestyles in the late modern era.
  • Études

    • Crédit et transfert de capitaux à Saragosse au xve siècle : Les commandes de dépôt dans les registres du notaire Antón de Aldovera 1415-1440 - María Viu Fandos p. 161-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Parmi les méthodes de règlement et de virement les plus courantes en Aragon à la fin du Moyen Âge, la commande (commenda), était une formule très répandue qui permettait de réaliser des prêts et des investissements, apparemment sans intérêts. De plus, le document, simple reconnaissance de dette, a permis de masquer plusieurs transactions financières souvent difficiles à identifier. Dans cet article, nous allons nous concentrer sur les commandes passées devant Antón de Aldovera, notaire de Saragosse, spécialisé dans le secteur commercial. Au cours des années 1415-1440, près de 300 commandes ont été faites devant ce notaire par l'élite commerciale aragonaise, maniant des sommes de 20 à 3.000 florins d'Aragon. Notre objectif est d'analyser ces commandes, leur fonctionnement, leurs caractéristiques, les marchands impliqués, les montants négociés et, surtout, leur finalité.
      Amongst the more usual payment and money transfer methods, in late medieval Aragon we find the commenda (comanda), a highly extended formula that enabled loans and investments, apparently without interest. Furthermore, the basic acknowledgement of debt document permitted the concealment of several financial transactions that are frequently hard to decode. In this paper, we will focus on the commenda made before Antón de Aldovera, public notary from Saragossa specialised in the commercial sector. During the period 1415-1440, nearly 300 commendas were made before this notary by the Aragonese business elite, handling quantities from 20 to 3,000 Aragnese Florins. It is our aim to analyse these instruments, how they worked, their characteristics, the merchants involved, the amounts negotiated and, especially, their purpose.
  • Hommage

  • Notes critiques

  • Recensions