Contenu du sommaire : Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ?
Revue | Participations |
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Numéro | no 24, 2019/2 |
Titre du numéro | Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ?
- Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ? - Jeanne Demoulin, Marie-Hélène Bacqué p. 5-25 Les conseils citoyens constituent les derniers-nés des dispositifs participatifs de la politique de la ville. Cet article constitue l'introduction à un dossier thématique sur le dispositif. Elle revient sur sa genèse, ses caractéristiques, ses paradoxes. À partir des évaluations déjà produites ailleurs, d'une mise en perspective des différents articles du dossier et d'une présentation des enjeux du dispositif au regard de la question de la participation, en particulier dans les quartiers populaires, elle montre pourquoi et comment les conseils citoyens peinent à renouveler l'offre participative, et ce en dépit des promesses qui ont présidé à sa création.Citizens' committees: a lot of fuss about nothing?“Conseils citoyens” are the most recent of the participatory measures created within the framework of French urban policy. This article is the introduction to a special report on this measure. It looks back at its genesis, its characteristics, its paradoxes. On the basis of the evaluations already produced elsewhere, an overview of the various articles in the special report and a presentation of the challenges the measure faces with regard to participation, particularly in working-class neighborhoods, the article shows why and how “Conseils citoyens” are struggling to renew the participatory offer, despite the promises that prevailed when it was created.
- Conseil citoyen et projet urbain à Romainville : la co-construction, à quelles conditions ? - Léa Billen p. 27-55 Obligatoires dans les quartiers prioritaires depuis 2014, les conseils citoyens sont des instances de démocratie participative chargées de co-construire les projets de renouvellement urbain dans les quartiers concernés. À travers l'exemple du conseil citoyen du quartier Gagarine à Romainville, cet article montre que l'intégration de la conflictualité dans le processus de délibération constitue une condition de la co-construction. Il propose une analyse critique de l'indexation de la légitimité du conseil citoyen sur sa représentativité et de la permanence de la délégation politique dans les dispositifs participatifs.The “Conseil citoyen” and urban project in Romainville: the conditions of co-construction
Mandatory in priority neighborhoods since 2014, “Conseils citoyens” are participatory democratic bodies responsible for co-construction of urban renewal projects in the concerned neighborhoods. Through the example of the “Conseil citoyen” in the Gagarine district in Romainville City, this article shows that the integration of conflict into the deliberation process is a condition of this collaborative approach. It suggests a critical analysis of the approach that indexes the legitimacy of the “Conseil citoyen” to its representativity and the permanence of political delegation in participative bodies. - De l'expression des points de vue à la co-construction des projets. Le travail des conseils citoyens à Saint-Denis - Christine Bellavoine, Elsa Blondel p. 57-81 À la faveur de la création des conseils citoyens (CC), la municipalité de Saint-Denis a souhaité renforcer son dispositif de démocratie participative. Cet article montre cependant la difficulté de la mise en œuvre. Dans le cadre du Nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU) du quartier Franc-Moisin, la définition en amont des objectifs du projet urbain, le décalage de son calendrier avec l'arrivée des CC rendent difficile la prise en compte réelle des travaux du CC, d'autant plus s'ils remettent en cause les lignes directrices du projet. En revanche, dans le quartier du centre-ville, le CC s'est autosaisi et a interpellé la collectivité pour réaliser une étude citoyenne contre les risques d'incendie. Cette situation originale nous permet d'analyser le processus ayant permis de passer de la confrontation à la co-construction.From the expression of points of view to the co-construction of projects, the work of the citizens' councils in Saint-DenisWith the creation of “Conseils citoyens”, the municipality of Saint-Denis was seeking to strengthen its participatory democracy system. However, this article presents the difficulties involved in realizing this. In Franc Moisin, a neighborhood undergoing urban renewal, the early definition of the urban project's objectives and the postponement of its timetable with the arrival of the “Conseils citoyens” make it difficult to appreciate the work of “Conseils citoyens”, especially if they call into question the project's guidelines. On the other hand, in the downtown neighborhood, the “Conseils citoyens” took matters into their own hands and called on the community to conduct a citizen study on fire risks. This unique situation allows us to analyze the process that has facilitated the move from confrontation to co-construction.
- Des conseils citoyens inadaptés à la participation des jeunes ? Retour sur trois expérimentations dans des quartiers populaires de la périphérie lyonnaise - Alice Daquin, Marine Huet, Julien Lebian, Emmanuel Martinais, Camille Martinez p. 83-109 Cet article s'intéresse à la création des conseils citoyens sous l'angle de la participation des jeunes des quartiers populaires. À partir d'expérimentations pédagogiques réalisées sur trois terrains de l'agglomération lyonnaise (Saint-Fons, Vaulx-en-Velin et Grigny), il interroge la capacité de ces nouveaux dispositifs participatifs à intégrer des publics de jeunes qui peinent en général à se mobiliser sur les enjeux de la cité. Bien que conçus selon des modalités pratiques différentes, ces trois supports d'analyse permettent néanmoins de mettre en forme deux résultats principaux. Le premier est que la mobilisation des jeunes, même souhaitée, reste contrainte par un ensemble de fragilités communes qui se manifestent dans des trajectoires scolaires et socioprofessionnelles mouvementées, un rapport distancié et méfiant envers les institutions locales et un profond sentiment d'illégitimité vis-à-vis de la participation citoyenne. Le second résultat est que la norme participative associée au fonctionnement des conseils citoyens s'ajuste mal aux attentes de ces publics et contribue, dans ces conditions, à reproduire les mécanismes qui détournent habituellement les jeunes des quartiers populaires des dispositifs de participation institutionnalisés.Are “Conseils citoyens” unsuitable for youth participation? Three case studies in working classes districts in the peripheries of LyonThis article analyses the creation of “Conseils citoyens” from the perspective of youth participation in working class neighborhoods, based on educational experiments that took place in three research fields in the urban areas of Lyon in France (Saint-Fons, Vaulx-en-Velin and Grigny). It questions the ability of this new participatory system to integrate young people who usually struggle to get involved in city-wide stakes. Although conceived on different practical modalities, these three case studies lead to two major results. Firstly, the mobilization of the youth, although desired, remains constrained by a set of common fragilities which manifest in turbulent educational and socio-professional trajectories, a distant and distrustful relationship with local institutions and a deep feeling of illegitimacy concerning citizen participation. Secondly, the participatory norm related to the functioning of “Conseils citoyens” has not adjusted well to the expectations of the public. It contributes, under these circumstances, to reproducing the structures which consistently turn young working-class people away from institutionalized participation.
- « Devenir quelqu'un ». (Re)valorisation de l'identité sociale par les bénéfices symboliques de l'engagement participatif - Yannick Gauthier p. 111-137 En mobilisant les outils de la sociologie du militantisme, cet article analyse les sens de l'engagement participatif de profanes « habitués » et « inouïs » de la participation de trois conseils citoyens du département du Nord. On montre que la participation citoyenne peut constituer pour les engagés un moyen de parvenir à une forme d'empowerment en ce qu'elle permet, par la distribution de bénéfices symboliques, de remédier aux désajustements issus des expériences sociales vécues comme dénis de reconnaissance.Becoming someone.” The (re)valorization of social identity through the symbolic benefits of participatory commitmentFrom the perspective of the sociology of activism, this article explores the implications of participatory commitment for “regular” and “extraordinary” actors in three “Conseils citoyens” in northern France. We show that citizen participation can be a means for those involved to achieve a form of empowerment, as it makes it possible, through the distribution of symbolic benefits, to remedy the misalignments resulting from lived social experiences that have lacked recognition.
- Devenir conseiller citoyen. Prise de rôle dans un conseil citoyen parisien - Guillaume Petit, Mario Bilella, William Arhip-Paterson p. 139-166 Cet article est le résultat du suivi collectif d'un conseil citoyen parisien entre l'hiver 2016 et l'automne 2018. À partir d'observations et d'entretiens réitérés, il analyse l'institutionnalisation de ce dispositif participatif au prisme de la prise de rôle de ses membres. Comment devient-on conseiller citoyen ? Sur quelles ressources s'appuient les individus pour s'approprier et interpréter ce rôle ? Dans une phase de flou organisationnel, certains conseillers décident de se constituer en association. Cette étape constitue un tournant dans la formalisation du rôle de conseiller citoyen et dans la division du travail au sein de l'instance, entre des encadrants et des publics. Les engagements hétérogènes – et les luttes de définition qui en découlent – débouchent sur l'imposition d'une manière relativement stabilisée d'endosser le rôle. Ce processus entraîne des prises de rôle variées entre adaptation et protestation, que nous rapportons aux trajectoires et aux propriétés des acteurs, pour expliquer la reproduction des dominations et des hiérarchies sociales dans ces appropriations différenciées. Ce constat s'explique notamment par la faiblesse des ressources propres à ce rôle, qui facilite, voire même rend nécessaire, l'importation de dispositions préalablement acquises afin de pouvoir le faire exister.Becoming a member of the “Conseil citoyen”. The adoption of roles in a “Conseil citoyen” in ParisThis article is the result of a collective study of a “Conseil citoyen” in Paris between winter 2016 and autumn 2018. Based on repeated observations and interviews, we analyze the institutionalization of this participative organization from the angle of the councilors adopting their new role. How does one become a citizen councilor? Which social resources do individuals rely on to appropriate and fulfil this role? During an initial phase when the organization of the structure remains undetermined, certain councilors decide to establish the council as an official association. This step constitutes a turning point in the formalization of the role of citizen councilors and in the division of work within the institution, between those at the head of the association and the other members. The heterogeneous nature of the councilors' aims and commitments and the ensuing struggle to define what their role entails, eventually leads to a relatively stable definition of the role being imposed by certain members. This process brings about various behaviors from adaptation to protest, which we relate to the participants' social trajectory and their personal qualities, in order to explain the reproduction of social hierarchies and modes of domination. This assessment can be explained by the lack of resources associated directly with the role, that facilitates, or even makes it necessary, to bring in previously acquired competences.
- La fabrique des publics de la participation : l'aléatoire et l'obligatoire dans la constitution des conseils citoyens à Amiens et Lille - Myriam Bachir, Rémi Lefebvre p. 167-194 Si la fabrication des publics est un aspect central de la participation, sa boîte noire a rarement été ouverte. Résultant d'une sollicitation politique, les conseils citoyens (CC) relèvent de cette logique de production institutionnelle d'un public. Nourris des acquis des sciences sociales sur la participation et des effets censitaires qu'elles mettent en exergue, les CC cherchent à impliquer les « sans voix » par le moyen, en autres techniques, du tirage au sort, censé extraire de la population un public de profanes. Cependant, face aux difficultés de recrutement, loin d'être une étape inaugurale, la fabrique du public des CC est un work in progress courant sans cesse après son public.The construction of “Conseils citoyens” in Amiens and Lille: the random and compulsory nature of audience-buildingWhile audience-building is a central part of participation, its black box has rarely been opened. Born out of political entreaties, the “Conseils citoyens” are part of this logic of institutional audience-building. Fed by social science research on participation, which has highlighted its selective dimension, the “Conseils citoyens” seek to involve the “voiceless” by randomly selecting a group of laymen from amongst the population. However, in view of recruitment difficulties, audience-building for these “Conseils citoyens”, which should be but a first step, remains a work in progress, constantly chasing after its audience.
- Un contre-pouvoir financé par l'État ? Les tables de quartier, une expérimentation à mi-chemin entre dispositif institutionnel et mouvement social - Jérémy Louis p. 195-216 Les tables de quartier sont des espaces d'échanges, de débats et d'actions collectives qui rassemblent les associations et les habitants mobilisés à l'échelle du quartier, et qui existent depuis les années 1980 au Québec. En France, elles sont d'abord recommandées par le rapport « Bacqué-Mechmache » sur la politique de la ville en 2013. Puis, une dizaine d'entre elles sont lancées en 2014 dans le cadre d'une expérimentation nationale sur trois ans, portée par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France et la coordination Pas sans Nous, et financée par le ministère de la Ville. Le présent article se propose d'analyser le passage du rapport à l'expérimentation. Les trois acteurs en jeu, aux profils très différents, ont négocié une dynamique qui s'éloigne en plusieurs points de la proposition initiale. Au sein de ces ajustements opérés à l'échelon national, on observe un rétrécissement de la portée conflictuelle des tables de quartier et une valorisation de la logique partenariale, témoignage d'une forme d'institutionnalisation relative de la dynamique.A state-funded counter-power? The Tables de Quartier, an experiment between institutional project and social movementThe “tables de quartier” are assemblies of organizations and citizens mobilized at the neighborhood level, that seek to create debate and collective action in order to confront local issues. They have existed in Quebec since the 1980's. In France, they were first recommended in the “Bacqué-Mechmache” report on urban policy in 2013. Then, about ten “tables de quartier” were launched in 2014 as part of a three-year national experiment, carried out by the Fédération des Centres Sociaux et Socioculturels de France (the French Federation of Social and Sociocultural Centers) and the “Pas sans Nous” organization, and financed by the Government. This article will analyze the transition from the report to the experiment. Several adjustments have been made through negotiation between the organizations and the government, that result in a shrinking of the conflictual approach of the “tables de quartier,” and an enhancement of the partnership logic. These changes testify to the movement's relative institutionalization.
- Évaluer les conseils citoyens : Pourquoi ? Comment ? Pour quels résultats ? : Entretien avec Bénédicte Madelin, membre de la coordination Pas sans Nous - Bénédicte Madelin, Jeanne Demoulin, Marie-Hélène Bacqué p. 217-239 Dans cet entretien, Bénédicte Madelin revient sur le processus et les résultats de l'évaluation des conseils citoyens conduite au sein de la coordination Pas sans Nous. Cette évaluation, indépendante, repose sur une méthode originale : une revue de presse, une enquête organisée avec l'Institut de la Concertation et de la Participation Citoyenne et un programme national de co-évaluation des conseils citoyens mené en partenariat avec une dizaine d'universités françaises et l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV). Son analyse apporte des éléments de bilan tant sur les conseils citoyens que les processus d'évaluation menés par des associations.Evaluating “Conseils citoyens”: Why? How? With what results?
In this interview, Bénédicte Madelin discusses the process and results of the evaluation of the “Conseils citoyens” conducted within the association Pas sans Nous. This independent evaluation is based on an original method: A press review, a survey organized with the Institut de la Concertation et de la Participation Citoyenne and a national program for the co-evaluation of “Conseils citoyens” conducted in partnership with around ten French universities and the Observatoire national de la politique de la ville (ONPV). Its analysis provides information on both “Conseils citoyens” and the evaluation processes conducted by associations.
- Les conseils citoyens, beaucoup de bruit pour rien ? - Jeanne Demoulin, Marie-Hélène Bacqué p. 5-25
Lecture critique
- Gouverner l'ingouvernable - Michel Kokoreff p. 241-249