Contenu du sommaire : Crise.

Le discours des journalistes français sur la vie politique nationale, depuis la fin des années 1980, fait une large place au thème de la «crise de la représentation». L'analyse proposée ici s'emploie à expliciter les contenus de ce discours, à identifier les symptômes qui en seraient (ou non) la confirmation. L'auteur cherche surtout à isoler la contribution propre des professionnels des médias aux phénomènes qu'ils étalonnent comme «crise de la représentation». Cet objet apparaît alors comme l'effet émergent des interdépendances entre journalistes, hommes politiques, spécialistes en sondages et communication politique. Cette analyse invite à reconsidérer les répartitions des rôles entre les acteurs qui prennent la parole dans l'espace public.

En analysant les différents rôles que se sont donnés les médias et les critiques qui se sont exprimées durant la crise d'octobre 1970 au Québec, et en les comparant avec des études réalisées sur d'autres crises, l'auteur constate qu'à chaque crise un même scénario se produit : les médias se présentent comme observateurs des événements, deviennent vite des acteurs engagés, pratiquent une certaine forme d'auto-critique, subissent des critiques sévères et se disculpent de ces mêmes critiques. Comme ce cycle se retrouve dans les crises les unes après les autres, l'auteur conclut que ce n'est pas tant le comportement ad hoc des médias dans telle ou telle crise qui est en cause, mais bien le pouvoir réel des médias sur la société qui est contesté.

Le meurtre de 14 femmes à l'École polytechnique de Montréal a mis en opposition des tenants d'interprétations diverses de la véritable signification à attacher à l'événement. La couverture de presse accordée à cet événement spectaculaire a témoigné du malaise profond que l'événement a provoqué au sein de la société, tout en indiquant les difficultés éprouvées par les médias lorsqu'il s'agit de mettre en contexte l'information relative à des situations de crise sociale profonde.

Les famines sahêliennes s'inscrivent dans le registre des désastres lents. Ceci pose de sérieuses questions non seulement sur leur «nouvellicité », mais aussi sur leur traitement. Si la sécheresse est définie comme une constante climatique, la logique du paradigme fataliste sécheresse-famine domine un traitement ponctuel des situations. Si la sécheresse est posée comme un problème de société résultant de structures socio-économiques et politiques, un paradigme systémique vient expliquer. L'auteur présente une problématique articulant l'analyse de contenu de deux famines récentes du Sahel.

Cet article tente d'analyser le rôle des médias en période de crise. L'exemple choisi est le cas du sida. Par le biais de l'opinion publique, l'auteure essaye de savoir si en période de crise les médias parviennent à remplir leur rôle d'informateur ou s'ils cèdent la place à la rumeur. S'il s'avère que durant les crises les médias sont des «forums de vérité » -les individus non seulement en consomment plus que d'habitude mais ils affirment les considérer comme la source première d'information -il ne reste pas moins vrai que dès le moindre doute concernant la nouvelle, les rumeurs apparaissent et prennent une place considérable dans la structuration de l'opinion publique.

Près de quinze ans après la publication de leur ouvrage De l'usage des médias en temps de crise (1979), les deux auteurs réfléchissent sur l'évolution de la notion même de crise. Pour ce faire, ils choisissent trois domaines. Les changements intervenus dans l'usage que les mouvements sociaux font des médias dans le contexte du déclin des utopies. La faillite des stratégies étatiques de sortie de crise par les hautes technologies de l'information et de la communication. Enfin, ils analysent comment paradoxalement la crise est devenue un élément intégré dans le fonctionnement de nos sociétés. Ce qui leur permet de s'interroger sur la mutation profonde qu'a subie le concept de communication.