Contenu du sommaire : Agir et décider en situation d'exception

La gendarmerie nationale réalise en France la mission de secours en montagne depuis plus de 50 ans et a développé une expertise technique reconnue dans le monde entier. L'analyse des modalités d'organisation et d'action de ces unités permet de développer des pistes de réflexion sur la gestion de crise et le rôle déterminant du facteur humain.

Les difficultés des Nations unies à Mogadiscio en 1992-1993 ont été popularisées par un film et un livre à succès, intitulés La Chute du faucon noir. En revanche, le public ignore souvent que quelques mois avant l'échec américain qui y est décrit, un contingent français sous les ordres du colonel de Saqui de Sannes a réussi, au même endroit, une opération très délicate. Un des facteurs de ce succès fut, qu'à l'inverse des Américains, le commandant des troupes était au cœur des événements. C'est le témoignage de ce chef qui est recueilli et analysé ici.

À partir d'un sauvetage conduit en Bosnie dans un contexte délicat, ce témoignage souligne combien une préparation individuelle et collective exigeante est nécessaire pour mener une telle opération avec succès. La montagne, qui impose la difficulté au quotidien, est un terrain d'exception pour s'y préparer.

Le sniper est l'arme de dissuasion du pauvre et une menace particulièrement difficile à contrer. L'objet de cet article est d'étudier le cheminement intellectuel d'un officier d'un bataillon de Casques bleus, présent à Sarajevo, de juillet 1993 à janvier 1994, face à ce problème tactique. Il décrit un processus expérimental et dialectique, fait d'essais et d'erreurs, dans un contexte de danger permanent jusqu'à l'obtention d'une solution considérée comme satisfaisante.

La prise en compte de l'ensemble des paramètres de l'action militaire, toujours complexe, se traduit par une sorte d'« hyper conscience » de la part du chef. Mais elle peut se révéler un frein à l'action, lorsqu'elle induit une distance trop importante entre la réalité des problèmes posés par une situation particulière et les analyses préalables aux solutions envisagées par le décideur. Assumée convenablement, elle permet de canaliser la réflexion et favorise la mise en œuvre d'actions pertinentes.

Les progrès les plus récents des neurosciences remettent en question les anciennes conceptions rationalistes de la pensée humaine depuis Descartes et les Lumières. À l'appui d'observations cliniques et de données neurobiologiques, le traitement émotionnel et affectif de la pensée, des décisions et des comportements apparaît comme un passage obligé dans le traitement des informations et l'organisation fonctionnelle cérébrale, justifiant ainsi le statut de direction assistée et d'auxiliaire de la raison de l'émotion.

Décider en situation exceptionnelle amène à réfléchir sur les situations dites exceptionnelles avant de pouvoir imaginer de décider. Il est possible de discerner parmi ces situations, d'une part les situations de catastrophes (inondations, etc.) avec leur retentissement sur le plan sociétal immédiat ou secondaires, d'autre part les situations où seuls quelques individus sont en jeu. Seules ces dernières seront abordées ici.

D'ordinaire caractérisée par une explosion d'information et un enchaînement très rapide de processus complexes, la crise peut aussi se dérouler sur de longues périodes de temps (300 ans) et nécessiter des interventions de longue durée.Cet article voudrait tirer les enseignements de la démarche de l'équipe Ethos, qui est intervenue pendant six ans en Biélorussie pour améliorer les conditions de vie dans les territoires contaminés par la catastrophe de Tchernobyl.Il tente de répondre aux questions suivantes :comment motiver durablement l'équipe d'intervention ?comment gérer les relations avec la population désespérée ?comment la motiver à s'investir dans des groupes de travail visant à améliorer la situation ?

Après avoir identifié les facteurs sociaux classiquement associés à la violence individuelle dans la criminologie contemporaine et leur pertinence dans l'analyse des violences collectives, cet article se consacre à démontrer que la violence des groupes n'est ni aléatoire ni irrationnelle, contrairement à une vision propagée par Gustave Le Bon, mais qu'elle découle de l'une des propriétés du groupe social, qui est d'extrémiser les dispositions et les normes préexistantes des individus.

Le succès d'une mission en situation extrême dépend autant des compétences individuelles que de la qualité des relations entre les membres de l'équipe. Nous proposons une analyse du leadership en situation extrême, au travers de la littérature et de nos expériences de terrain, afin de fournir quelques repères pour analyser ce rôle complexe de leader, mais également pour proposer des voies d'intervention susceptibles de favoriser l'ajustement à ces situations extrêmes. L'amélioration du leadership et la construction d'une équipe constituent un mode d'intervention destiné à rendre une équipe plus cohésive, et par conséquent plus efficace.

Cet article présente les principaux enseignements que l'on peut tirer des recherches en psychologie sociale sur le thème de la prise de décisions et de l'action en situations d'exception, à risque et extrêmes. Après avoir défini les trois dimensions psychologiques principales de ces situations (l'incertitude, l'absence de contrôle et les réactions affectives), nous montrons comment chacune d'elles affecte la prise de décision, y compris le choix d'une option comportementale. Nous concluons sur la nécessité d'intégrer le rôle des états émotionnels ainsi que celui de l'absence de contrôle dans les modèles de la prise de décision, et présentons un modèle susceptible d'y répondre.