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Revue Revue de Géographie Alpine Mir@bel
Numéro vol. 39, no 1, 1951
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Sur le mécanisme des transports solides effectués par les rivières et sur les altérations corrélatives des lits fluviaux - Maurice Pardé p. 36 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — Les cours d'eau charrient des substances dissoutes dont il ne sera point question dans ce mémoire, des matériaux tenus en suspension ou troubles, et des matériaux de fond (généralement des sables et des graviers. Ces transports solides constituent un des éléments les plus caractéristiques de la Potamologie. Par malheur, la mesure directe des quantités charriées, assez facile pour les sels dissous et encore très praticable pour les troubles, devient très ardue pour les matériaux de fond et même impossible lors des crues tumultueuses qui véhiculent souvent en peu de jours ou ď heures des fractions très considérables des totaux annuels. On recourt, donc à des mesures indirectes assez factices, et basées sur les dépôts dans les lacs naturels et artificiels. Et l'on s'attache de plus en plus aux investigations faites en laboratoire, dont on espère tirer des formules. Pratiquement, celles-ci seront inutilisables pour les transports des troubles. Car la charge- imite augmentant lorsque la dimension des particules diminue, elle devient si forte pour les éléments fins que les rivières ne peuvent presque jamais l'atteindre, et que leur turbidité varie beaucoup pour un courant donné, selon l'origine et les modalités du ruissellement. Au contraire, la charge-limite est assez souvent réalisée en matériaux de fond, à cause de la modération relative de son poids, et parce que les lits fluviaux contiennent fréquemment assez de particules mobiles et non cimentées entre elles pour y satisfaire. Cependant, lorsque le fond offre une résistance particulière (roches ou graviers trop gros), la rivière, sur des secteurs plus ou moins longs, se trouve en état d'érosion latente, et ne possède point sa charge-limite. Puis, lorsque la charge, par suite des érosions latérales, des apports des affluents, ou de la diminution brusque de pente, devient supérieure à ta valeur-limite locale, le dépôt de l'excédent ne peut s'effectuer aussitôt de façon intégrale sur une, certaine distance; la rivière est surchargée, en voie latente de remblaiement. Et dans les deux cas, ces inadaptations négatives ou positives à la puissance brute du courant, rendent les calculs difficiles. Les facteurs de la puissance brute, définie par la charge-limite, sont la vitesse des courants, la profondeur et la pente qui paraissent avoir une action propre outre leur influence sur, la vélocité, La puissance tractrice augmente encore avec la densité du liquide, caractéristique dépendant de la charge déjà obtenue en matériaux. La rugosité des berges et du fond réduit la vitesse, donc la puissance; .mais elle accroît cette dernière en créant plus de profondeur et de turbulence. Celle-ci est un facteur essentiel des transports solides. On admet même qu'elle leur est indispensable. Sans son action, la granité abaisserait les matériaux sur certaines distances jusqu'au fond où ils se déposeraient. Cependant, la turbulence est difficile à chiffrer malgré le nombre de Reynolds. Les calculs sont encore compliqués par l'inégalité en dimensions, en forme et en densité des matériaux. Puis les inégalités des profondeurs et des vitesses dans les profils en travers gênent beaucoup les observations et les calculs. Il peut y avoir (et c'est la règle pour les courbes) à la fois, des remblaiements sur la rive convexe, des creusements en face, ou des phénomènes encore moins régulièrement contrastés en certains secteurs, lors de certaines crues. Puis en étiage, on note des creusements sur les seuils, de faible profondeur, des remblaiements sur les mouilles, et vice versa. Mais ces dernières actions s'effectuent selon des modalités et des localisations très diverses et parfois paraissent remplacées par un travail uniforme. De toutes façons, elles maintient les charges solides d'amont en aval et de gauche à droite. Enfin, l'usure progressive des matériaux augmente les charges-limites vers l'aval. (A suivre.)
  • Les zones d'élevage - Paul Veyret p. 15 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — Dans cette esquisse consacrée aux zones ďélevage, l'auteur, qui par ailleurs vient d'achever la rédaction d'un ouvrage général sur la Géographie de l'élevage, n'a pas voulu entrer dans le détail des différentes méthodes, mais replacer cette activité dans ses cadres naturels et établir dans quelle mesure les hommes se sont adaptés aux conditions du milieu. Il montre l'hostilité des zones forestières qui sont, pour l'élevage, des zones vides; par comparaison, les déserts abritent des peuples de pasteurs et, fait paradoxal, la zone du globe végétale- ment la plus pauvre, est celle qui est. le plus complètement vouée à l'élevage parce qu'il y trouve des facilités et parce qu'il est la seule ressource possible. Les différents types de steppes sont, eux aussi, favorables à cette spéculation, mais les troupeaux y sont soumis soit à des migrations variées, soit aux clôtures; les pays tropicaux, hors de la forêt humide, pourraient être d'excellentes régions d'élevage mais les peuples jaunes et noirs ne sont guère doués pour cette activité. Restent les pays- tempérés où toutes les conditions naturelles, humaines et économiques sont réunies pour faire de cette zone climatique le grand domaine de l'élevage du monde contemporain.
  • Moyen-Pays suisse et Avant-Pays savoyard - Henri Onde p. 39 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — Entre le Bas-Dauphiné et l'Allemagne méridionale la cuvette molassique périalpine se décompose en deux secteurs bien distincts : l'Avant-pays savoyard et le Moyen-Pays suisse. Le premier est dans l'ensemble plus exigu, mieux charpenté et plus morcelé que le second. Les deux régions diffèrent en outre par leurs bordures jurassienne et alpine. La partie méridionale de l'Avant-Pays savoyard n'est déjà qu'un fragment de Jura à plis lâches et déprimés; la morphologie jurassienne envahit par ailleurs tout le reste de la cuvette tertiaire, sillonnée de chaînons calcaires parfois orthogonaux (Vuache et Salève En Suisse, les chaînons subjurassiens se réduisent énormément, et la Lägern elle-même ne fait figure que d'accident secondaire à l'échelle des barres calcaires de l'Avant-Pays savoyard. Le long du bord alpin le Moyen-Pays est, par contre, infiniment plus mouvementé que son voisin. Sous la masse des festons préalpins charriés la molasse a fléchi sur une large zone : de là une disposition isoclinale des couches, avec pendage vers l'intérieur de la chaîne, et un modelé de cuestas. En outre les faciès de poudingues prédominent le long de ce bord subalpin et y engendrent de hauts reliefs, comme le Napf ou même le Pèlerin. Les deux secteurs de la cuvette périalpine diffèrent encore par l'inégal développement qu'y prennent les formes glaciaires et fluvio- glaciaires, ainsi que par l'allure du vignoble et la distribution des villes. La limite entre les deux domaines ne coïncide pas avec la frontière politique : la cuvette du Léman, jusqu'à Genève exclue, appartient au Moyen-Pays suisse, le " Val de Genève " à l'Avant-Pays savoyard.
  • La colonisation agricole à Madagascar - Hildebert Isnard p. 29 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — L'auteur étudie successivement les conditions humaines de la colonisation, les conditions naturelles et la production agricole, les régions de colonisation et enfin son avenir. Les conditions humaines sont assez complexes : la colonisation est l'œuvre de particuliers ou de grandes collectivités agricoles, missions, sociétés capitalistes plus aptes que les individus à surmonter les difficultés financières; l'élément français domine. Le problème de la main-d'œuvre est particulièrement difficile, les indigènes répugnent au métier de salarié agricole sauf sur la côte orientale et la main-d'œuvre indigène manque d'assiduité et de rendement; par contre, le métayage est très en honneur chez les populations les plus évoluées et il est surtout localisé dans la plaine occidentale. Le métayage, toutefois, est un obstacle au progrès de la technique agricole. Les conditions naturelles assurent une riche gamme de productions agricoles. Le sol laténitique et infertile de Madagascar est légendaire, mais, de fait, nombre de formations pédologiques ont échappé à la latérisation et possède une fertilité suffisante (terres noires de décomposition des roches volcaniques dans le massif de l'Ankaratra et de la Montagne d'Ambre, sols alluvionnaires des bassins de remblaiement deltas, plaines côtières). D'autre part, il existe à Madagascar toutes les variétés de climat tropical grâce à la latitude et à l'altitude. Aussi, la colonisation a pu se fonder sur la polyculture, cultures vivrières, industrielles, et élevage. Le riz (15.000 ha.) vient en tête des cultures vivrières et, la récolte est destinée à la vente sur les grandes concessions, tandis que la culture du pois se localise dans le Sud-Ouest de l'île et que le haricot occupe 2.300 ha.; les cultures industrielles sont plus importantes (46.000 ha.) : en tête, se place le caféier, puis la canne à sucre, les girofliers et vanilliers, les oléagineux (arachide principalement), les plantes à parfum, le tabac sous le contrôle de la régie française, et enfin la viticulture sur les hauts plateaux. De vastes étendues ont été concédées à des particuliers et à des sociétés pour l'élevage des bœufs dans l'Ouest, le Sud-Ouest et te Centre de l'île, bœufs destinés aux usines de viandes congelées et de conserves. La colonisation a fait naître des industries agricoles (rizeries, sucreries, huileries, savonneries, distilleries) aux mains de quelques grandes compagnies. Les régions de colonisation sont au nombre de six. Les Plateaux du Centre sont spécialisés dans la culture industrielle de l'aleurite; la côte orientale a été colonisée d'abord par les créoles qui manquaient de compétence et de ressources. La petite exploitation y a échoué surtout à la suite de l'insurrection de 1947. Le Nord est une région de polycul- ture familiale où la grande colonisation est en régression à la suite d'échecs. Le Nord-Ouest apparaît, comme la zone la plus prospère où se sont développés les riches produits d'exportation (café,, cacao, poivre, vanille). Les plaines occidentales sont caractérisées par des plantations de manioc, d'arachides, de maïs, sisal, tabac, riz, canne à sucre, mais la colonisation repose sur le métayage. Enfin dans le Sud soumis à un climat sub-désertique, la colonisation n'est guère représentée que par des plantations de sisal. L'avenir de la colonisation dépend de la réalisation d'un plan décennal d'équipement qui prévoit des barrages et un accroissement de 328.000 ha. de cultures. La petite exploitation, qui jusqu'alors a été abandonnée, soutenue par une organisation efficace du crédit, serait capable de s'enraciner et de prospérer et les nouveaux, colons pourraient aisément se recruter dans l'île surpeuplée de la Réunion. La modernisation et la motorisation de l'outillage, permettront de diminuer le nombre d'ouvriers salariés et d'améliorer le métayage tout en accroissant la superficie des terres exploitées.
  • La question portuaire et l'économie de Madagascar - Louis Pierrein p. 21 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — Dans cet article, l'auteur analyse le mouvement portuaire de Madagascar, les conditions du trafic et les projets d'avenir. Le mouvement portuaire de Madagascar est extrêmement faible (674.000 t. en 1948) et très irrégulièrement réparti; 85 % du trafic sont assurés par la partie Nord de Madagascar, de Majunga à Tamatave inclus, et 75 % par les trois grands ports de Tamatave, Majunga et Diégo-Suarez, tandis qu'une vingtaine de petits ports partagent le reste du trafic. Les conditions du trafic sont médiocres et expliquent le faible mouvement portuaire. Les côtes sont généralement dépourvues ďcibri naturel et difficiles d'accès. Le choix de Tamatave comme grand port a été guidé par des considérations historiques. Autre difficulté, la fonction régionale des ports se trouve gênée pax l'insuffisance des communications ferroviaires (seul Tamatave bénéficie de l'appui de la voie, ferrée), des voies navigables intérieures et de la route étroite et mal empierrée. D'autre part, les ports malgaches ne sont pas tous reliés au plateau et manquent d'arrière-pays; le seul port naturel de l'île, en eau profonde, Diégo-Suarez, est complètement dépourvu ď hinterlands Au total, les voies de communication n'avantagent que Tamatave alimentée par voie ferrée, route et bientôt voie navigable. Enfin, la production à Madagascar reste faible; toutes les exportations sont en baisse à cause de la cherté des produits due aux transports et aux manipulations. Un plan de dix ans prévoit l'amélioration et l'équipement des installations portuaires dans le cadre du développement économique et social de Madagascar. La réalisation de ce projet doit se faire en deux temps : ď abord, conserver et équiper tous les ports locaux, puis, après l'amélioration des voies de communication intérieures, concentrer le trafic sur quelques grands ports bien aménagés; quoi qu'il en soit, il est urgent d'agir vite car la crise menace l'île et son salut est dans un intense trafic portuaire.
  • L'économie du Massif de Gigondas-Suzette - Gilbert Armand p. 40 pages accès libre avec résumé
    Résumé. — Cet article est la deuxième partie d'une étude régionale consacrée au Massif de Gigondas-Suzette, et fait suite à l'exposé du relief qui a été imprimé dans le fascicule précédent de cette Revue. L'auteur adopte un plan classique et distingue l'Economie ancienne jusqu'au milieu du XIXe siècle et l'Economie moderne, liée à l'ouverture des voies de communication.. L'Economie ancienne est caractérisée par une polyculture vivrière, où des influences variées, celle de la montagne, du climat méditerranéen et de la proximité du couloir rhodanien, ont joué leur rôle. Les céréales, la vigne, les oliviers, le mûrier, constituent les éléments fondamentaux de l'agriculture et la jachère fait, partie du système agricole. Vers la fin du XVIIIe siècle, des cultures nouvelles font leur apparition (pommes de terre, fourrages artificiels et surtout garance) permettant une meilleure utilisation du sol. L'industrie est du type artisanal mais le travail des textiles, les martinets et les papeteries donnent un certain renom à Malaucène. Le trafic offre des caractères assez originaux et semble avoir été marqué par deux faits : la position de Malaucène où les marchands s'arrêtaient entre le Buis et Carpentras, et la présence des papes à Avignon. L'Economie actuelle a été précédée d'une véritable révolution qui a provoqué de multiples crises agricoles au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle : crises du ver à soie et décadence de la sériciculture, disparition de la garance, crise du phylloxéra, diminution des céréales. Ces crises agricoles sont responsables d'une puissante émigration, d'une diminution sensible de la population et ďun regroupement de la propriété, qui ont rendu possible la prospérité de l'Economie actuelle. Le vignoble reconstitué est aujourd'hui la principale ressource sous une triple forme : vin, raisin de table et culture de plants. On assiste également au grand essor des cultures fruitières (abricotiers, cerisiers, pêchers, tandis qu'on boude les oliviers) et des cultures maraîchères (tomates, asperges). L'Industrie ne se maintient qu'à Malaucène grâce à une papeterie orientée vers un produit très spécial (papier à cigarettes). Cette économie assure aux habitants une très belle aisance. Aussi, le Massif de Gigondas-Suzette semble être devenu, au point de vue agricole, une annexe du Comtat plus que des Préalpes.
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