Contenu du sommaire : La politique étrangère de l'Allemagne fédérale par-delà la `embWende`/emb. Années 1980 et 1990 (I)
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 184, janvier-mars 2021 |
Titre du numéro | La politique étrangère de l'Allemagne fédérale par-delà la `embWende`/emb. Années 1980 et 1990 (I) |
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- Introduction - Frédéric Bozo, Sylvain Schirmann p. 3-7
- Devenir visible au-delà de l'Alliance. Helmut Kohl et « l'intérêt national » dans la politique étrangère de la République fédérale d'Allemagne (années 1980 et 1990) - Hélène Miard-Delacroix, Andreas Wirsching p. 9-23 Du temps de la division de l'Allemagne, la politique étrangère de Bonn semblait circonscrite à trois grands espaces : l'Alliance atlantique, la Communauté européenne et les relations avec l'Union soviétique. L'intérêt national revendiqué résidait dans le rétablissement de l'unité du pays. Or, pendant les mandats d'Helmut Kohl, les années 1980 et 1990 ont vu s'exprimer au-delà de l'Alliance des intérêts allemands parfaitement assumés. Afin d'accroître sa présence au niveau mondial, la RFA tira parti de la puissance économique et financière pour défendre les intérêts économiques des Allemands tout en s'engageant pour le respect des droits de l'homme. Ce triptyque (présence mondiale, puissance économique et droits de l'homme) marqua de plus en plus la politique étrangère ouest-allemande.At the time of Germany's division, Bonn's foreign policy seemed to be confined to three major areas: the Atlantic Alliance, the European Community, and relations with the Soviet Union. The purported national interest lay in the restoration of the country's unity. However, during Helmut Kohl's terms of office in the 1980s and 1990s, German interests manifestly extended beyond the Alliance. To increase its global presence, the FRG used its economic and financial power to defend the economic interests of Germans while concurrently committing itself to the respect of human rights. This triptych (global presence, economic power, and human rights) increasingly shaped West German foreign policy.
- Développer une identité européenne propre. La coopération franco-allemande en matière de sécurité et de défense européenne (années 1980) - Frederike Schotters p. 25-37 Les années 1980 sont marquées par une nouvelle dynamique dans la coopération franco-allemande en matière de sécurité et de défense visant à une plus grande indépendance de l'Europe au sein de l'OTAN. Ces initiatives résultent des synergies entre les expériences de mondialisation, le processus d'intégration européenne et les relations Est-Ouest et sont motivées par les changements technologiques ainsi que par le programme américain IDS. Le sommet de Reykjavik en 1986 a également renforcé le désir des Européens de disposer de structures de sécurité alternatives. La coopération bilatérale a constitué un préalable à l'élargissement de l'Europe et n'est pas restée sans effets, car elle était perçue différemment par les États-Unis et l'Union soviétique. Néanmoins, Paris et Bonn ont nourri des idées divergentes sur le rôle de l'Europe dans l'OTAN, ce qui a limité le processus d'émancipation européenne.The 1980s saw new dynamics in Franco-German cooperation in matters of security and defence that aimed at a greater European independence within the NATO. Those initiatives resulted from synergies between globalisation experiences, the European integration process and East-West relations. They were motivated by technological changes as well as the American SDI program. The Reykjavik summit in 1986 also increased European desires for alternative security structures. The bilateral cooperation figured as a preliminary to European enlargement and did not remain without side effects since it was perceived differently from the USA and the Soviet Union. Nevertheless, Paris and Bonn entertained diverging ideas of the European role in the NATO that consequently limited the European emancipation process.
- Helmut Kohl, les relations germano-russes et la quête d'un ordre européen de paix (1982-1998). Logiques de situation et dynamiques - Stephan Martens p. 39-53 À l'ère du chancelier Helmut Kohl (1982-1998), la politique à l'Est (Ostpolitik) de la République fédérale d'Allemagne (RFA) est marquée par la double poursuite de la quête de la détente, avant tout avec l'Union soviétique, et de l'objectif de la (ré)unification dans le cadre d'un « ordre européen de la paix ». Ce concept tend à se confondre avec celui de la « Maison commune européenne », avancé par Mikhaïl Gorbatchev. Le traité de Moscou du 12 septembre 1990 sur les aspects extérieurs de l'unification allemande sonne le glas d'un ordre paneuropéen sous l'égide de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). L'Allemagne réunifiée est désormais membre de l'Alliance atlantique et, après l'effondrement de l'Union soviétique, les pays d'Europe centrale et orientale aspirent à rejoindre les institutions euro-atlantiques. L'Allemagne prend en compte les intérêts de sécurité de la Russie, mais la fin des années 1990 marque l'avènement d'un ordre européen de sécurité régi par l'OTAN.In the era of Chancellor Helmut Kohl (1982-1998), the Eastern policy (Ostpolitik) of the Federal Republic of Germany (FRG) was marked by the double pursuit of the quest for detente, above all with the Soviet Union, and the objective of (re)unification within the framework of a “European order of peace”. This concept tends to be confused with that of the “European Common House”, advanced by Mikhail Gorbachev. The Treaty on the Final Settlement with Respect to Germany, signed in Moscow on September 12, 1990, sounded the death knell for a pan-European order under the aegis of the Conference on Security and Cooperation in Europe (CSCE). The newly unified Germany was now a member of the Atlantic Alliance and, following the collapse of the Soviet Union, the countries of Central and Eastern Europe aspired to join the Euro-Atlantic institutions. Germany took Russia's security interests into account, but the late 1990s marked the emergence of a European security order governed by NATO.
- L'Allemagne, le Bundestag et le Parlement européen : du Traité de Maastricht au Traité de Lisbonne - Anja Thomas, Christian Lequesne p. 55-72 Au cours des années fondatrices de l'Union européenne, les acteurs politiques allemands se sont montrés régulièrement partisans du renforcement du Parlement au sein du triangle institutionnel européen. En comparant les débats parlementaires au Bundestag à l'occasion de la ratification du Traité de Maastricht et de celle du Traité de Lisbonne, et en analysant des entretiens avec des acteurs parlementaires-clefs, cet article met en lumière les changements importants intervenus dans les discours des parlementaires allemands quant à l'implication des parlements dans les décisions européennes. L'impact des idées fédéralistes diminue et le rôle quotidien des parlementaires au Bundestag devient décisif pour le cadrage des débats sur la démocratie parlementaire dans l'Union européenne.During the founding years of the European Union, German political actors regularly defended the strengthening of the European Parliament in the institutional decision-making process. By comparing parliamentary debates and interviewing MPs in the Bundestag during the ratification of the Treaty of Maastricht and the Treaty of Lisbon, this article highlights the important evolutions in the discourse of German MPs regarding the involvement of parliaments in the European decision-making process. From Maastricht to Lisbon, the impact of federalist ideas had clearly diminished and the daily practice of MPs in the Bundestag became decisive in framing a new debate about parliamentary democracy in the European Union.
- Un renouveau des relations avec la Chine sous le signe de l'intérêt économique (1978-1989) : les réseaux d'affaires ouest-allemands à la manœuvre - Grégoire Letellier p. 73-84 De 1978 à 1992, la libéralisation de la Chine communiste conduit l'Allemagne de l'Ouest à lui accorder une importance croissante. Les milieux patronaux allemands se mobilisent pour consolider leur position sur ce marché convoité par tous les pays occidentaux. Différends idéologiques et obstacles géopolitiques sont mis de côté, la priorité allant à la conclusion de contrats. Les grands groupes et les fédérations industrielles façonnent ainsi la politique étrangère de la République fédérale avec l'appui des dirigeants politiques. Au cours de la période, les intérêts commerciaux entrent de façon croissante en contradiction avec le caractère répressif du régime chinois et les divergences européennes. Ils demeurent toutefois le fondement des relations bilatérales et consolident la diplomatie économique allemande.From 1978 to 1992, the liberalization of communist China led West Germany to give this country increasing importance. German business circles were mobilizing to consolidate their position on this market coveted by all Western countries. Ideological differences and geopolitical obstacles were set aside, and the priority went to the conclusion of contracts. Big companies and industrial federations thus shaped the foreign policy of the Federal Republic with the support of political leaders. Trade interests increasingly came up against the repressive nature of the Chinese regime, as well as the divergences between European countries throughout this period. They remain, however, the foundation of the bilateral relationship between China and West Germany, and consolidated German economic diplomacy.
- La politique de stabilisation de l'espace yougoslave post-titiste (1980-1991) - Julien Thorel p. 85-97 La reconnaissance prétendument unilatérale de la Slovénie et de la Croatie au deuxième semestre 1991 a soulevé de nombreuses interrogations sur les nouvelles intentions d'une Allemagne récemment unie, à la recherche de nouveaux repères en politique étrangère et de sécurité. L'analyse de la politique yougoslave de la RFA, de la mort du maréchal Tito en 1980 à l'effondrement de la Fédération yougoslave en 1991, remet en question bon nombre d'interprétations anachroniques, en particulier la reconstitution d'une sphère d'influence en Europe centrale. La présente contribution explique les véritables fondements du soutien allemand aux séparatismes slovène et croate, qui répond invariablement aux paradigmes de la Deutschlandpolitik.The allegedly unilateral recognition of Slovenia and Croatia in the second half of 1991 raised many questions about the new intentions of a recently united Germany seeking new landmarks in foreign and security policy. The analysis of FRG's Yugoslav policy from the death of Marshal Tito in 1980 to the collapse of the Yugoslav Federation in 1991 challenges many of the anachronistic interpretations formulated at the time, and in particular, that of the reconstitution of a sphere of influence in Central Europe. This article explains the real basis of German support for Slovenian and Croatian separatism, which invariably responded to the paradigms of Deutschlandpolitik.
- La RFA, Israël et le Moyen-Orient (années 1980-1990) : entre continuité et tentative de révision - Dominique Trimbur p. 99-114 « Relations normales au caractère particulier » aux yeux du chancelier Willy Brandt en 1973, les relations germano-israéliennes « ne seront jamais normales », estime toujours Shimon Pérès en 1995. Dans les années 1980-1990 marquées par le long règne du chrétien-démocrate Helmut Kohl et deux gouvernements à dominante social-démocrate, elles sont principalement marquées par la continuité : les liens étroits et particuliers, « entre morale et Realpolitik » (Y. Jelinek), sont dominés par le passé et l'engagement (ouest-) allemand en faveur de la sécurité d'Israël. La RFA n'en demeure pas moins soucieuse de préserver les relations germano-arabes, en particulier germano-palestiniennes. Après ces deux décennies, l'accession de la RFA à une plus grande souveraineté, l'éloignement du passé nazi, les bouleversements géopolitiques mondiaux et régionaux suscitent, un temps, la volonté en Allemagne de redéfinir, diversifier et, en un sens, normaliser ses relations au Moyen-Orient. Mais le blocage du processus de paix et un impératif de mémoire plus important que jamais, fréquemment rappelé par la partie israélienne, imposent un retour, in fine, au statu quo ante.In 1973, Chancellor Willy Brandt described German-Israeli relations as “normal relations with a special character”. These relations, noted Shimon Peres in 1995, “would never be normal”. In the years 1980-1990, marked by the long reign of the Christian Democrat Helmut Kohl and two Social Democratic-dominated governments, they were mainly marked by the continuity, “between morale and Realpolitik” (Y. Jelinek), of a close and particular link, under the weight of the past and the (West) German security commitment to Israel. The FRG remained no less anxious to preserve good German-Arab relations, and in particular, German-Palestinian relations. After these two decades, the FRG's accession to greater sovereignty, the distance from the Nazi past, as well as global and local geopolitical upheavals, gave rise for a time in Germany to a desire to redefine, to diversify and, in a sense, to normalize the FRG's relations in the Middle East. But the deadlock in the peace process, as well as an ever increasingly important imperative call for remembrance from the Israeli side, imposed a return, in the end, to the status quo ante.
- Notes de lecture - Joëlle Droux, Maria Neves Gonçalves, José Viegas Brás, André D. Robert, Michel Christian, Nicole Fouché p. 121-131