Contenu du sommaire : La constitution des autorités numériques dans la production et la circulation de l'information

Cet article est une réflexion sur l'articulation entre la notion d'autorité de l'information et celle d'authenticité de l'écrit. La première notion a été particulièrement développée avec la généralisation du web comme espace de production, de diffusion et de consultation de l'information. La seconde est très ancienne mais assez discrète dans la société de l'informa­tion et sur Internet. Le papier exploite les définitions existantes des deux termes et leur occurrence conjointe, ou pas, dans différents types de textes, afin de mettre en évidence, le cas échéant, les facettes de connexion entre autorité et authenticité.Cette réflexion s'appuie sur une pratique de l'analyse diplomatique des documents d'archives (méthode séculaire de démonstration de l'authenticité ou de la fausseté d'un acte écrit) ainsi que sur des expériences d'application de cette méthode d'analyse à des écrits numériques, c'est-à-dire à des objets de données diffusés dans sur Internet ou échangés sur les réseaux sociaux à destination d'un tiers identifié ou d'un public ouvert.

En quête d'une reconnaissance de leur métier, les professeurs des écoles se tournent vers des supports d'expression en ligne. En prenant pour objet le vidéoblog professionnel Entrez dans ma classe tenu depuis 2017 par une professeure des écoles, nous explorons trois tensions qui se manifestent dans l'articulation entre la reconnaissance professionnelle à laquelle l'auteure du vlog aspire et l'autorité numérique qu'elle acquiert au fil des publications : le partage d'expérience est confronté au pouvoir exercé sur autrui, la quête de reconnaissance à la dilution de la fonction auteur sur les réseaux sociaux, l'autorité énonciative à l'autorité institutionnelle.

Cet article sur l'usage des ré­seaux sociaux numériques effectué par un scénariste lors du tournage et de la diffusion d'une websérie illustre l'émergence d'une modalité de recon­naissance en tant qu'expert et co-producteur. L'étude ethnographique du parcours d'un scénariste parvenu à prendre une place d'expert en amont et lors du tournage bénéficie d'une enquête sur sa prise en main de la communication de la série sur les réseaux sociaux numériques. Ce scénariste s'y est positionné comme seul créateur et figure d'autorité de cette fiction. Cette étude a été réalisée dans le cadre d'une observation participante où la position de la chercheuse est aussi à interroger en tant que facilitateur de cette prise de position du scénariste.

Les manifestations de 2013 au Brésil ont certes marqué la vie politique du pays, mais elles représentent aussi un changement important dans la dynamique de communication. Nous proposons de penser ces transformations dans une double perspective : identifier ceux qui gagnent en termes de visibilité dans ce nouvel écosystème médiatique et comprendre ce que cette nouvelle dynamique signifie en termes de constitution des autorités. Nous avons travaillé un corpus de 97 000 tweets collectés à partir du hashtag #vemprarua. Ce corpus nous a permis de construire deux sous-corpus composés par les messages les plus retweetés et les liens les plus partagés. D'une façon générale, nos résultats indiquent une dynamique de visibilité qui diffère du modèle broadcast et un processus de constitution d'autorité multiple et volatile qui influe sur la construction du monde commun.

Dans un contexte de chômage des jeunes, et de surabondance autant que de complexité de l'offre de diplômes, les sites Internet des entreprises du secteur de l'orientation présentent des informations factuelles, des classements et des métriques évaluatives censées aider à faire le choix d'une formation. Leur éditorialisation valorise des jugements ambiguës sémiotisés par des étoiles et des reconnaissances (accréditation, labellisation) représentées par des logotypes qui co-construisent l'autorité réputationnelle des diplômes. Régulateur et acteur de l'enseignement supérieur, l'État français a créé des logotypes dont la forte diffusion témoigne de l'intégration des principes et règles d'un « marché des diplômes ».

Dans le cadre de l'exposition temporaire « Delacroix (1798-1863) » organisée par le musée du Louvre, cet article analyse les reconfigurations de légitimité et d'autorité, associées à différentes catégories d'acteurs historiquement légitimés ou ayant acquis une légitimité liée à leur activité sur les médias numériques. Un premier axe d'analyse porte sur l'autorité sociale et le poids des positions sociales héritées issues des hiérarchies de pouvoir. Un second axe d'analyse étudie les pratiques discursives engagées dans le web social en relation avec l'émergence de nouveaux acteurs, comme nouvelles figures de l'autorité porteuses de nouvelles pratiques.

Dans un premier temps, l'article vise à interroger le pouvoir de « faire faire » du côté de Facebook. Ce pouvoir se repère dans un régime de gouvernementalité à la fois économique (via son pouvoir de marché) et algorithmique et s'exerce sur une diversité d'acteurs socioéconomiques présents sur le marché de l'information et de la publicité. Cela se traduit par un « formatage médiatique » et une montée en puissance des logiques marketing dans l'espace médiatique. Dans un second temps, à partir d'une relecture des données issues de deux travaux de recherche portant sur les usages de l'actualité et des médias sur la plateforme, nous montrerons comment le dispositif participe au « gouvernement des conduites » participatives des internautes.