Contenu du sommaire : Étudiants en mobilité internationale : s'installer en France ou rentrer au pays ?

Revue Agora débats/jeunesse Mir@bel
Numéro no 88, 2021/2
Titre du numéro Étudiants en mobilité internationale : s'installer en France ou rentrer au pays ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La « démocratie de l'abstention » à l'université : Constante historique ou nouvelle défiance envers la représentation étudiante ? - Paolo Stuppia, Tristan Haute p. 7-25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Alors que la préférence des jeunes pour des pratiques opposées au vote et à l'action syndicale fait l'objet de controverses, cet article interroge l'un des indicateurs avancés pour illustrer le retrait de la fraction scolarisée des modes de participation « traditionnels » : l'abstention massive aux élections étudiantes. Au croisement de la sociologie électorale, de la jeunesse et des mouvements sociaux, les auteurs montrent que cette non-participation est moins le signe d'un rejet généralisé de la démocratie représentative que la conséquence d'une moindre capacité des organisations étudiantes à mobiliser les votant·e·s, nombre de leur militant·e·s semblant se détourner de l'activité électorale.
    At time when young people's preference for practices other than voting and union activism are controversial, this article explores one of the possible indicators to illustrate the withdrawal of those enrolled in education from “traditional” forms of participation, in the form of widespread abstention from student elections. Working at the intersection of the sociology of young people, elections, and social movements, the authors show that this non-participation is not so much the sign of a general rejection of representative democracy as it is the consequence of the inability of student organisations to mobilise voters, as many of their activists seem to be turning away from electoral actions.
  • La sexualité des adolescent·e·s en Martinique : Le poids des représentations dans les rapports sexuels - Mylenn Zobda Zebina, Myriam Thirot, Sylvie Merle p. 27-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les enquêtes sur la sexualité des adolescent·e·s s'intéressent souvent aux pratiques sexuelles. La recherche menée par des chercheuses en sciences sociales sur la sexualité des adolescent·e·s face au risque VIH/SIDA en 2017 auprès de 347 adolescent·e·s martiniquais·e·s et financée par l'association Sidaction visait aussi à comprendre leurs représentations des relations amoureuses et sexuelles et de la sexualité. Les modèles hétéronormatifs et genrés encadrant la socialisation sont-ils remis en cause ? Les résultats de l'enquête effectuée auprès de collégien·ne·s de quatrième et de lycéen·ne·s de seconde montrent que la « police du genre » et l'hétéronormativité tendent à perdurer et à se fissurer a minima.
    Studies on teen sexuality often focus on sexual practices. The research conducted by social science researchers on the sexuality of adolescents and the risk of HIV/AIDS in 2017 with 347 adolescents from Martinique, funded by the association Sidaction, aimed to shed light on their representations of romantic and sexual relations and sexuality. Do these representations challenge the heteronormative and gendered models governing socialisation? The results of the study conducted with lower secondary and upper secondary students show that the “gender police” and heteronormativity tend to persist and are only minimally challenged.
  • Dossier. Étudiants en mobilité internationale : s'installer en France ou rentrer au pays ?

    • Introduction : Étudiants en mobilité internationale en France : rentrer au pays, rester en France ou s'en aller ailleurs à la fin des études ? - Henri Eckert, Jean-luc Primon p. 46-52 accès libre
    • La triple torsion des mobilités étudiantes : Financiarisation de l'enseignement supérieur, concurrence sur le marché mondial et différenciations sociales accrues des parcours - Valérie Erlich, Étienne Gérard, Sylvie Mazzella p. 53-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'évolution de la politique française d'internationalisation de l'enseignement supérieur, in situ et à l'international, est significative de profondes transformations du marché mondial de l'enseignement supérieur. La concurrence entre États s'est exacerbée et a généré de nouveaux standards internationaux de certification et une financiarisation croissante des formations. L'espace mondial de l'enseignement supérieur s'est également considérablement reconfiguré : aux anciens pôles occidentaux de formation se sont ajoutés de nouveaux pôles dans les pays émergents. La volonté politique de gagner des parts de ce marché éducatif a enfin donné jour à l'externalisation d'institutions universitaires occidentales dans des pays du Sud. L'article met en évidence deux conséquences majeures de ces processus : d'une part, une transformation des périmètres du marché mondial d'enseignement supérieur, d'autre part, une reproduction accrue des élites.
      The change in the French policy internationalizing higher education, both in France and overseas, is indicative of the deep transformations at work in the global market of higher education. Competition between states has intensified and has generated new international certification standards and increased financialization of education. The global space of higher education has been reconfigured; the old western poles have been supplemented by new poles in emerging countries. The political will to gain access to this education market has given rise to the externalisation of western universities to developing countries. The article emphasizes two major consequences of this process: on the one hand a transformation of the borders of the global market of higher education, and on the other, the increased social reproduction of elites.
    • Étudiants en mobilité internationale en France : Pistes de recherche sur le retour ou non-retour de ces étudiants - Catherine Agulhon p. 71-85 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La question du retour des étudiants étrangers en France dans leur pays d'origine n'a jamais pu être analysée finement par manque de données tangibles. Dans cet article, l'autrice mobilise quelques théories économiques et sociales sur les effets et les conduites de ces mobilités. Après avoir évoqué plusieurs enquêtes antérieures, elle propose des pistes à partir des résultats de deux enquêtes. L'enquête Conditions de vie de l'Observatoire de la vie étudiante donne des informations sur les modes de socialisation des étudiants étrangers, prédictifs sans doute de leur insertion future. Le suivi des étudiants après un master de sciences humaines et sociales permet d'évaluer le retour ou le non-retour après la formation, validant les résultats d'études précédentes. Les connaissances empiriques sur le devenir des étudiants étrangers n'en restent pas moins partielles.
      It has not been possible to provide a close analysis of the question of how many overseas students studying in France return to their country of origin, for want of tangible data. In this article we will rely on social and economic theories on the effects and management of these mobilities. After discussing several previous studies, we will propose some avenues for research based on the results of two studies. The Conditions de vie de l'Observatoire de la vie étudiante study provides information of the forms of socialisation of overseas students, which most likely predict their future integration. Following the students after their completion of a master's degree in social and human sciences allows us to gauge their return or non-return once their course is completed, validating the results of previous studies. Empirical knowledge on the future of overseas students nevertheless remains partial.
    • Rester en France après son diplôme ? : L'effet du racisme sur le parcours d'étudiant·e·s en mobilité - Romane Blassel p. 87-100 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une enquête qualitative, cette contribution s'intéresse aux effets de l'expérience du racisme et des discriminations dans les parcours d'étudiant·e·s en mobilité qui se sont installé·e·s en France. Elle montre que les socialisations migratoires, amicales, familiales et professionnelles tendent à éloigner le projet de départ du pays d'accueil. Mais certain·e·s étudiant·e·s, des années après leur diplôme, pensent quitter la France et recherchent un environnement plus favorable à l'étranger, notamment face à l'islamophobie, non seulement en raison d'expériences de racisme, mais aussi de la perception d'un contexte plus favorable ailleurs.
      Based on a qualitative study, this article looks at the effects of experiences of racism and discrimination on international students living in France. It shows that migration, friendships, family, and professional socialising experiences tend to push back the project of leaving the host country. However, certain students consider leaving France years after finishing their degree to look for a place that is more accepting, particularly in the face of Islamophobia. This is not only in response to direct experiences of racism but also to the perception that there is a more favourable context in other countries.
    • Rester ou rentrer : Sociologie des étudiants algériens venus étudier en France - Roufaïda Henni p. 101-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si les études sur l'immigration algérienne ont longtemps suscité un fort intérêt scientifique, les migrations étudiantes algériennes, et particulièrement leur devenir après les études restent un angle mort de ce champ. Cet article s'intéresse aux conséquences biographiques de ces migrations étudiantes en interrogeant les modalités selon lesquelles se construit le départ ou l'installation en France, après les études. Il propose de regarder le devenir de ces étudiants, non pas à travers le prisme du choix individuel mais en pensant ces parcours comme la résultante d'un processus socialisateur articulant des réalités sociogénéalogiques, des réalités directement liées à la migration, et des réalités liées à la vie en France, « loin de chez soi ».
      Although studies on Algerian immigration have long been the subject of scientific interest, the immigration of Algerian students, and particularly their futures after their studies remain a blind spot in this field. This article looks at the biographical consequences of these student migrations, by exploring the modalities by which they construct their settlement in or departure from France after their studies. It looks at the future of these students, not through the prism of their individual choices, but by considering these trajectories as the result of a socialisation process that articulates socio-genealogical process, realities directly linked to migration, and the realities of life in France “far from home”.
    • Quand le retour cesse d'être une évidence : Les étudiants sénégalais et l'installation en France - Papa Oumar Ndiaye p. 115-127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si la migration étudiante est provisoire du point de vue des règles qui l'encadrent et dans l'esprit des étudiants eux-mêmes au moment où ils arrivent en France, comment rendre compte du fait que nombre d'entre eux prolongent leur séjour bien au-delà de la fin de leurs études ? Faut-il considérer que les changements survenus dans leur vie (sociale, amoureuse, professionnelle, etc.) tendent à produire des effets durables, susceptibles d'infléchir leur projet initial de retour au pays ? Si les étudiants ne sont plus les mêmes à la fin de leurs études qu'au début, il convient dès lors de se demander comment ces différentes expériences socialisantes les ont fait basculer d'une quasi-certitude du retour en début de migration, vers une situation d'indétermination, qui peut aboutir à leur installation durable dans le pays d'accueil.
      If student migration is temporary from the point of view of the rules governing it and from the perspective of the students themselves when they arrive in France, how can we account for the fact that many of them extend their stay well beyond the end of their studies? Should we consider that the changes in their lives (social, love, professional…) tend to produce lasting effects, likely to influence their initial plans to return home? If the students are no longer the same at the beginning and end of their studies, it is then appropriate to ask how these different socializing experiences have caused them to move from a quasi-certainty of return at the beginning of their migration, to a situation of indeterminacy, which may lead to their lasting settlement in the host country?
    • « Devenir adulte » en contexte migratoire : Le cas des étudiants diplômés chinois en France - Yong Li, Simeng Wang p. 129-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de deux enquêtes de terrain croisées, l'article propose une typologie de transition juvénile afin d'analyser les trajectoires socialement différenciées des diplômés chinois en France à l'issue de leurs études supérieures. Il montre le poids des normes dominantes dans la société chinoise qui pèsent sur les jeunes chinois en mobilité, mais également les processus de reconfiguration des normes sociales dans le contexte migratoire. Les diplômés chinois construisent leurs trajectoires professionnelle, familiale et migratoire en naviguant entre des systèmes de référence différents et des exigences normatives parfois contradictoires.
      Based on two comparative field studies, this article offers a typology of youth transition in order to analyse the socially differentiated trajectories of Chinese students graduating in France, after their university studies. It shows the impact of the dominant norms of Chinese society that weigh on young Chinese students overseas, but also the impact of the processes of reconfiguring social norms in a migration context. Chinese graduates build their professional, familial, and migratory trajectories by navigating between different systems of reference and normative requirements that are sometimes contradictory.
  • Lectures