Contenu du sommaire : Les politiques alimentaires par temps de crise(s)

À la suite de la crise de la filière porcine de 2015, le conseil régional de Bretagne a mis en œuvre une politique alimentaire d'approvisionnement local des cantines scolaires des lycées de la région, notamment concernant la viande de porc. L'un des objectifs de cette politique était d'assurer un retour de valeur ajoutée aux éleveurs locaux. À partir d'une série d'entretiens (31) et d'une étude de la littérature grise institutionnelle, nous avons confronté différents éléments de cadrage de cette politique (objectifs, instruments, enjeux symboliques et communicationnels) afin d'en identifier de manière plus précise les bénéficiaires. Cette analyse remet en question le bénéfice perçu par les agriculteurs et ce, selon plusieurs aspects : le choix d'intervenir sur des transactions d'achats alimentaires massifiés, la priorité donnée aux acteurs du secteur agro-industriel lors de l'étape du sourcing fournisseurs et l'absence de critères dans les appels d'offre concernant le prix payé aux producteurs.

Cet article analyse la place faite à la dimension sociale dans la fabrique d'une politique alimentaire métropolitaine, en axant l'analyse sur les questions d'accessibilité et d'inégalités socio-spatiales. À partir d'entretiens compréhensifs et d'observations participantes, menés sur la Métropole de Bordeaux, sont analysés les jalons d'un récit social d'une politique alimentaire territoriale en construction. Il est montré que si une place est aujourd'hui laissée aux enjeux de justice socio-spatiale et de démocratie alimentaire dans cette fabrique territoriale métropolitaine, celle-ci se construit néanmoins en îlots. Elle reste fragmentée sur le plan social (focus sur les publics en situation de précarité) et spatial (concentration des actions sur la rive droite et sur la ville-centre de la métropole).

L'article expose les contradictions de l'action publique sur le commerce alimentaire dans le quartier Goutte d'Or – Château Rouge (Paris). Ses outils de description sont d'une part des approches économiques ignorant les goûts, pratiques et demandes des habitants, et d'autre part des instances participatives où les habitants des classes moyennes présentent leurs demandes comme universelles. En résultent deux effets imprévus : l'installation de commerces conformes aux goûts et pratiques des habitants des classes moyennes et le renforcement des perceptions collectives du processus de gentrification.

À partir de l'étude de l'élaboration d'un Projet alimentaire territorial sur l'île d'Oléron, en Charente-Maritime, cet article s'intéresse à cet instrument d'action publique, désormais iconique de la politique alimentaire étatique. À la croisée de la sociologie rurale et de l'action publique locale, ce travail interroge les usages et fonctions de l'instrument pour faire face au sentiment de crise du modèle économique oléronais hyperspécialisé. Via l'étude de l'instrumentation, l'article met en exergue les effets de cadrage produits par les procédures sélectives. Il questionne la projectification de l'action publique alimentaire ainsi que les conséquences de la faiblesse des ressources, humaines comme financières, allouées au dispositif. Au-delà du temps de l'élaboration, cet article démontre comment ce dispositif peut constituer un levier, principalement communicationnel, pour promouvoir le volontarisme de l'intercommunalité et l'attractivité de l'île.

Le PASOK s'effondre au plan électoral et organisationnel à la suite de l'adoption des programmes d'ajustement structurel et économique en 2010. L'analyse du PASOK au plan local, basée sur une enquête de terrain, met en évidence la désarticulation des instances locales. La défection des militants et la distanciation des élites rompent avec la circulation des ressources entre les différentes facettes du parti et rendent impossible l'appropriation et la distribution collective des biens politiques, processus qui assurent historiquement son implantation locale et la reproduction des clientèles politiques. Les transformations survenues dans l'économie de l'usage des ressources disponibles et la perte d'ancrages sociaux, accompagnés du discrédit symbolique qui pèse depuis l'adoption des mesures d'austérité, conditionnent durablement l'incapacité du PASOK de s'affirmer comme acteur important tant au niveau local que national.

Cet article retrace la trajectoire de la contractualisation territoriale en partant de sa pratique franco-française et dans sa diffusion internationale à travers deux exemples latino-américains (Chili et Colombie). La contractualisation territoriale est saisie comme un instrument d'action publique. L'analyse est centrée sur le dispositif Contrat de Plan État Région (CPER) qui s'impose en France comme référent de l'instrumentation de l'action publique sur les territoires et sert de modèle dans les deux cas étudiés. L'analyse montre comment la contractualisation « à la française » apporte le cadre d'un nouveau policy paradigm susceptible de modéliser la gouvernance territoriale du développement.