Contenu du sommaire : Mutations des familles et des ménages : structures, dynamiques spatiales et migrations
Revue | Espace Populations Sociétés |
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Numéro | no 1, 2022 |
Titre du numéro | Mutations des familles et des ménages : structures, dynamiques spatiales et migrations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Mutations des familles et des ménages : structures, dynamiques spatiales et migrations - Yoann Doignon, Thierry Eggerickx
- Recent changes in the spatial organisation of European fertility: Examining convergence at the subnational and transnational level (1960-2015) - Mathieu Buelens Depuis la fin des années 1960 d'importantes modifications des comportements familiaux et de la composition des ménages ont eu lieux en Europe, notamment en ce qui concerne la fécondité. Les données récentes prédisent en moyenne un enfant de moins par famille que celles de 1960. Si des théories telles que la deuxième transition démographique permettent une compréhension satisfaisante de ces modifications ainsi que de leur causes, elles se reposent essentiellement sur des analyses comparatives entre pays ce qui néglige la dimension spatiale. Or il existe des variations spatiales à la fois entre pays et au sein des pays. Elles résultent de différences de rythmes dans les changements sociétaux. Cet article s'intéresse à un des aspects clé de la modification des comportements fécond en cartographiant les taux de fécondité à un niveau infranational (NUTS-2) en Europe entre 1960 et 2015. Cela permet de questionner la vraisemblance d'une convergence de la fécondité européenne et de suggérer les éléments ayant modifié la distribution spatiale de la fécondité.Cet article révèle comment la fécondité européenne a connu des évolutions spatialement différenciées au cours des 55 dernières années. Les résultats montrent que seule une faible convergence se dessine au niveau Européen. Cependant, et malgré que les spécificités infranationales persistent, une certaine convergence est à l'œuvre au sein de quatre ensembles supranationaux. L'évolution temporelle de la distribution spatiale de la fécondité attire l'attention sur un changement de structure spatiale la plus pertinente pour expliquer l'organisation spatiale de la fécondité. Alors que les états tenaient le plus grand rôle en 1960, une division du continent en quatre groupes supranationaux est désormais plus pertinente. Sur base de ces résultats, sont présentés les facteurs pressentis pour avoir mené à une telle organisation spatiale au vue de l'extension spatiale de leur rayon d'action. Ces facteurs sont susceptibles d'avoir joué un rôle important dans les transformations récentes des comportements féconds.Since the late 1960s important family and household transformations have been taking place in Europe including in terms of fertility. Modern figures expect families to have one child less than with 1960 figures. While theories such as the Second Demographic Transition have brought satisfactory understanding to both the nature and origins of these transformations, their predilection for cross-country analyses has left the spatial variations of these transformations relatively unrecognised. However variations between and within countries exist, resulting from differences in the onset and speed of these transformations. For this research I focus on a key aspect of transformations in fertility behaviours and map subnational (NUTS-2 level) fertility rates in Europe for the 1960-2015 period. This makes it possible to answer the question of the likelihood of a convergence of fertility in Europe and to suggest factors that shaped spatial distribution of fertility.This research demonstrates how, in five and a half decades, fertility changed unevenly across Europe. I only observed limited convergence across Europe. However despite subnational specificities not disappearing I demonstrate that homogenising trends occur within four supranational areas. Spatial distribution of European fertility at different dates highlights a change of the most important spatial structure to the spatial organisation of European fertility. While countries were predominant in 1960, a division of the continent in just four groups of countries is now much more relevant.Based on these results I hypothesise on the factors that could have led to such spatial organisation because of the extent at witch their operate. These factors are likely to have played an important role in shaping recent fertility behaviours and transformations.
- Spatial regression model of households: a case of the Czech Republic - Jaroslav Kraus Au cours des dernières décennies, les schémas des ménages et des familles ont considérablement changé. D'une part, on peut remarquer un plus petit nombre d'enfants vivant dans des familles, ainsi qu'une réduction du nombre de familles en général en raison du faible taux de fécondité et du report de la maternité en Europe. En revanche, la proportion de ménages d'une personne et de familles sans enfants parmi les personnes plus âgées a augmenté de manière significative en raison du vieillissement de la population.La question de recherche est de savoir dans quelle mesure ces changements dans la structure des ménages sont spatialement homogènes et si la proportion de ménages d'un type donné sur un territoire donné peut être expliquée par d'autres variables démographiques telles que l'âge, l'éducation, l'état civil ou l'activité économique.Les principes susmentionnés peuvent être démontrés par l'exemple des données sur les ménages, dont la détection et l'analyse ultérieure font partie intégrante des recensements de la population. Pour résoudre ce problème, il est possible d'utiliser des méthodes d'analyse de données spatiales, qui peuvent être définies comme une analyse de données quantitatives, dans lesquelles l'explication dépend de variables spatiales explicites lors de la prédiction du phénomène étudié sur la base de l'autocorrélation spatiale.L'hypothèse de régression spatiale est l'existence d'une autocorrélation. Les résultats du I de Moran et du C de Geary montrent que l'autocorrélation pour les deux types de ménages s'est avérée statistiquement significative et augmente à mesure que la distance entre les éléments adjacents (c'est-à-dire les municipalités) diminue.L'âge est un facteur important affectant la structure des ménages. Les résultats pour les deux types de ménages montrent que les tranches d'âge les plus influentes sur la création de ménages d'une personne ou de ménages unifamiliaux peuvent également être utilisées pour créer un modèle spatial. Une affirmation similaire s'applique à l'âge moyen. L'éducation a montré que la part des personnes ayant une éducation primaire n'a pas d'influence sur la régression spatiale, contrairement à la part des personnes ayant une éducation secondaire ou universitaire. Dans le cas de l'état matrimonial, il y a une régression spatiale statistiquement significative pour les ménages unipersonnels, mais pas clairement pour les ménages unifamiliaux. L'activité économique ou l'emploi est statistiquement significatif pour une simple régression, même dans un petit territoire comme la République tchèque.Pour la solution, il est possible d'utiliser plusieurs types de modèles proposés par la théorie (économétrique). Dans le cas des ménages, le modèle spatial de Durbin (SDM) est relativement largement utilisé, du fait de la prise en compte à la fois des effets d'interaction endogènes et exogènes, selon les critères choisis (Log Likelihood, AIC, SBC). Cependant, les résultats des autres modèles (SAR, SEM, SDEM) ne sont pas significativement différents.In recent decades, household and family patterns have changed significantly. On one hand, one can notice a smaller number of children living in families, as well as a reduction of family numbers in general as a result of the low fertility rate and the postponement of childbearing in Europe. On the other hand, there has been a significant increase in the proportion of one-person households and families without children among people at an older age because of population ageing.The research question is to what extent these changes in the structure of households are spatially homogeneous and whether the proportion of households of a given type in a given territory can be explained by other demographic variables such as age, education, marital status or economic activity.The above-mentioned principles can be demonstrated by the example of data for households, whose detection and subsequent analysis is an integral part of population censuses. To solve this problem, it is possible to use spatial data analysis methods, which can be defined as a quantitative data analysis, in which the explanation is dependent on explicit spatial variables when predicting the investigated phenomenon based on spatial autocorrelation.The assumption of spatial regression is the existence of autocorrelation. The results of both Moran's I and Geary's C show that the autocorrelation for both types of households was found to be statistically significant and increases as the distance between adjacent elements (i.e. municipalities) decreases.Age is an important factor affecting the structure of households. The results for both types of households show that the age groups with the greatest influence on the creation of one-person households or one-family households can also be used to create a spatial model. A similar claim applies to the average age. Education showed that the share of persons with primary education has no influence on spatial regression, unlike the share of persons with secondary or university education. In the case of marital status, there is a statistically significant spatial regression for one-person households, but not clearly for one-family households. Economic activity or employment is statistically significant for simple regression even in a small territory such as the Czech Republic.For the solution, it is possible to use several types of models offered by (econometrics) theory. In the case of households, the spatial Durbin model (SDM) is relatively widely used, because of the inclusion of both endogenous and exogenous interaction effects, based on the criteria chosen (Log Likelihood, AIC, SBC). However, the results for other models (SAR, SEM, SDEM) are not significantly different.
- Les ménages complexes en Polynésie française. Résistance à la nucléarisation ou adaptation à la "modernité" ? - Celio Sierra-Paycha, Loïc Trabut, Eva Lelièvre, Wilfried Rault Le modèle de la corésidence en famille nucléaire s'est imposé comme norme dans les sociétés occidentales modernisées. Avec l'émergence de la seconde transition démographique qui a vu la natalité chuter et les séparations augmenter, d'autres modes de cohabitation ont fait leur apparition dans la nomenclature statistique : couples sans enfant, personnes seules, familles monoparentales. La statistique rassemble aujourd'hui toutes les autres formes de corésidence dans la catégorie « ménages complexes », celle-ci étant présentée comme un reliquat prétransitionnel. En Polynésie française, elle représente pourtant plus d'un quart des ménages, soit 6,5 fois plus qu'en métropole. Au premier abord, cette surreprésentation des ménages complexes en Polynésie pourrait s'expliquer par une position différente dans les transitions démographiques, la Polynésie étant selon cette hypothèse dans une phase antérieure des transformations démographiques, relativement à la France métropolitaine. Cependant, dans un territoire archipélagique où l'offre scolaire, les établissements de santé et les rares opportunités d'emploi sont extrêmement concentrées dans les espaces les plus centraux, la co-résidence des membres de la famille représente une ressource de premier plan. Cet article explore les raisons d'une telle surreprésentation en étudiant l'hypothèse de l'archaïsme pré-transitionnel et celle de l'adaptation aux contraintes du territoire, à partir de données ethnographiques collectées dans les années 1920 et 1960 et de données censitaires collectées au XXIème siècle.The nuclear family model of cohabitation has become the norm in modernised Western societies. With the onset of the second demographic transition, with fertility decline and separations increase, other forms of cohabitation have appeared in the statistical nomenclature: childless couples, single persons, single-parent families became the focus of attention, other forms of cohabitation relegated in the 'complex households' category, considered a pre-transitional relic. In French Polynesia, however, it represents more than a quarter of households, i.e. 6.5 times more than in metropolitan France. At first sight, this over-representation of complex households in Polynesia could be explained by a different position in the demographic transitions, Polynesia being, according to this hypothesis, in an earlier phase of demographic transformations, relative to metropolitan France. However, in an archipelagic territory where schooling facilities, health establishments and the rare employment opportunities are extremely concentrated in the most central areas, migrating to attend school, find work and receive treatment is essential and co-residence of family members represents a primary resource. This article explores the reasons for such overrepresentation of the coresidence in complex household by studying both conflicting hypothesis of pre-transitional archaism and that of adaptation to the constraints of the territory, based on ethnographic data collected in the 1920s and 1960s and census data collected in the 21st century.
- Exclusions foncières des cadets et vivier pour Boko Haram : hypothèse et proposition méthodologique - Mehdi Saqalli, Pabamé Sougnabé, Sylvain Ferrant, Fabrice Gangneron Nous proposons ici une réflexion à partir de terrains réalisés dans certains des pays affectés par la violence des sectes fondamentalistes dite Boko Haram. Les enquêtes sur place font apparaître l'existence d'une part importante de jeunes cadets exclus de l'héritage foncier et par là d'un droit à une position sociale, par le jeu d'une croissance démographique forte, de l'absence de réserves foncières et d'un mode d'héritage foncier en pratique réservé au seul aîné mâle. La religion musulmane et son mode d'héritage peuvent être alors perçus comme protecteurs car ils octroient des droits d'héritage à chaque garçon. Or ce mode n'est pas dominant dans l'est Nigérian moins dense. Dans ce contexte, nous posons deux hypothèses :1) la pression démographique dans un système coutumier à héritier unique crée une tension foncière majeure par le nombre d'exclus induits, tension poussant, entre autres facteurs, à une transition vers un mode d'héritage musulman local qui réduit cette tension; 2) cette exclusion structurelle d'une large population crée un « vivier » dans lequel recrute Boko Haram. Dans les circonstances d'insécurité actuelles et l'impossibilité d'enquêter sur le terrain, cet article a pour objet de proposer une méthodologie combinant télédétection et modélisation multi-agent afin de tester ces hypothèses.We here submit a proposal based on various fieldworks carried out in some of the countries affected by the violence of the fundamentalist sects known as Boko Haram. On-site surveys show that, due to strong demographic growth, the absence of land reserves and the fact that land inheritance is in practice reserved for the eldest male, there is a large number of young cadets who are thus excluded from land inheritance and, consequently, from a social position. The Muslim religion and its mode of inheritance can then be perceived as protective because they grant inheritance rights to each boy. However, this mode of inheritance is not dominant in the less dense eastern part of Nigeria. In this context, we posit two hypotheses: 1) demographic pressure in a single-heir customary system creates a major land tension through the number of induced exclusions, a tension that pushes, among other factors, for a transition to a local Muslim mode of inheritance that reduces this tension; 2) Meanwhile, this structural exclusion of a large population creates a "pool" from which Boko Haram recruits. Given the current insecurity and the impossibility of field investigation, this paper aims to propose a methodology combining remote sensing and multi-agent modeling to test these hypotheses.
- Représentations et vécus d'enfants autour de la famille à Cotonou (Bénin) - Bénédicte Gastineau, Agnès Adjamagbo Cet article, porte sur les représentations des familles à Cotonou, capitale économique du Bénin, à partir de dessins réalisés par les élèves de deux écoles primaires de quartiers de la ville au profil socio-économique contrasté. Cette approche, innovante en démographie, rend compte de la manière dont les enfants pensent symboliquement la famille dans laquelle ils évoluent au quotidien mais aussi celle dans laquelle ils se projettent dans leur vie future, à l'âge adulte. Les dessins sont analysés non pas tant comme le reflet de réalités sociales que comme l'expression de normes (en l'occurrence familiales) et de leur plasticité dans le temps et l'espace. Ils soulignent les modèles familiaux dominants et montrent leurs variations selon l'appartenance socio-économique. Au-delà des différences, quelle que soit leur origine sociale, les productions graphiques des enfants reflètent leur engouement pour les modèles de vie inspirés des élites urbaines, marqués par la réussite financière et matérielle. L'analyse de ces dessins collectés en 2012 est l'occasion d'interroger les modes de transmission et de reproduction des familles. Dans cette société mondialisée les vecteurs de normes et de valeurs sont multiples et sont autant de prétextes aux ruptures normatives.This paper focuses on family representations in Cotonou, Benin's economic capital, based on drawings made by pupils of two primary schools located in contrasted socio-economic neighbourhoods. This innovative approach in demography accounts for how children symbolically think about the family in which they evolve on a daily basis, but also the one in which they project themselves in their future life, as adults. The drawings are not analysed as a reflection of social realities but as an expression of norms (in this case family norms) and their plasticity in time and space. They underline the dominant family patterns and show their variations according to socio-economic background. Beyond the differences, irrespective of their social origin, children's graphic productions reflect their passion for ways of life inspired by urban elites which are characterized by financial and material success. The analysis of these drawings collected in 2012 enables to explore the patterns of family transmission and reproduction. In this globalized society, vectors of norms and values are multiple and consist into opportunities for normative breaks.
- Familles à l'épreuve de l'étalement urbain dans l'espace du grand Bamako, Mali - Monique Bertrand Bien étudiés en Afrique subsaharienne, la transformation des familles souligne la lenteur des transitions démographiques dans les pays sahéliens. Elle rappelle l'importance du mariage et des valeurs encore élevées de fécondité urbaine, mais révèle aussi les schémas résidentiels diversifiés dans lesquels s'inscrivent aujourd'hui les familles africaines. L'impact d'une croissance urbaine rapide et d'une population jeune née en ville comptent dans ce changement social. Mais il manque aux études une spatialisation fine des données et la perspective d'analyser une différenciation territoriale croissante. Il leur manque surtout une cartographie élargie, à l'échelle de grandes agglomérations dont le fonctionnement économique s'est libéralisé en quelques décennies.L'article cherche à combler ce manque pour la capitale malienne, en suivant le déplacement des contraintes de logement et de mobilité des ménages vers les périphéries métropolitaines. A l'appui de données d'enquête et des derniers recensements, il mesure les contrastes que suscitent la constitution des ménages et leurs cohabitations résidentielles. Les variables et synthèses proposées permettent ainsi de caractériser les familles entre des processus de densification et d'autres d'étalement urbain. Au sein du district de Bamako, l'opposition des espaces centraux et périphériques cède la place à une nouvelle typologie des quartiers, selon des critères aujourd'hui plus variés que ceux de leur ancienneté et de leur densité. Elle reste cependant structurante dans la circonscription administrative englobante où plusieurs centaines de localités en cours d'urbanisation montrent un dégradé des influences bamakoises, plus souvent que les deux autres modèles spatiaux qui sont examinés pour l'agglomération.The transformation of sub-Saharan African families underlines the slowness of demographic transition in the Sahel countries. Many studies have highlighted the role of marriage and high levels of urban fertility, while African families experience diversified residential patterns nowadays. The impact of rapid urban growth and a young urban-born population are determinant factors of this social change. However, studies lack spatial information and the perspective to analyse increasing territorial differentiation. Above all, they lack broader maps at the scale of large agglomerations whose economic functioning has been liberalised in a few decades.This paper seeks to fill this gap for the capital of Mali by following the shift of housing and mobility constraints towards the metropolitan peripheries. Using survey data and the latest censuses, it measures contrasts arising in households' constitution and residential cohabitation. Various variables characterise families between the two processes of densification and urban sprawl. Within the district of Bamako, the opposition of central and peripheral spaces gives way to a new typology of neighbourhoods according to other criteria than their age and density. However, it remains structural in the surrounding district, where several hundred localities show a gradation of Bamako's influences, more often than the two other spatial models examined for the metropolis.
- L'évolution de la géographie du divorce en Belgique et les effets des migrations des divorcés récents - Yoann Doignon, Thierry Eggerickx, Jean-Paul Sanderson En Belgique, les études sur le(s) divorce(s)/divorcé(e)s selon une approche démographique sont rares et celles portant sur sa dimension spatiale, notamment en lien avec les migrations internes, quasi inexistantes. L'objectif de cet article est de tenter de combler au moins partiellement cette lacune, en analysant l'évolution de la distribution spatiale des divorcés en Belgique depuis 1970 d'une part, et les caractéristiques des migrations des nouveaux divorcés d'autre part, tout en mettant en lien les deux phénomènes. Cette recherche repose sur l'exploitation des données exhaustives des recensements de la population de 1970 et 1981 et de la base DEMOBEL construite par Statbel (Statistique Belgium). Celle-ci comprend les informations démographiques du Registre national belge pour la période 1991-2017 couplées avec les données des recensements de la population de 1991, 2001 et 2011.La cartographie des divorcés en Belgique et de son évolution depuis 1970 a mis en évidence un phénomène de diffusion spatiale, marqué dans la première partie du processus par la géographie culturelle et de la sécularisation, et par une diffusion au sein de la hiérarchie urbaine. Cette géographie des divorcés peut aussi être modelée par leurs migrations. Les résultats des analyses mettent néanmoins en évidence un fort ancrage local des nouveaux divorcés, qui restent le plus souvent dans leur environnement local à la suite du divorce. De plus, les communes qui accueillent le plus de nouveaux divorcés migrants ont tendance à être également les communes où les divorcés sont surreprésentés, confirmant ainsi que les migrations des nouveaux divorcés tendent plutôt à renforcer les structures spatiales existantes.In Belgium, studies on divorce with a demographic approach are rare and those on its spatial dimension, especially in relation to internal migration, are almost non-existent. The objective of this article is to try to fill this gap, at least partially, by analysing the evolution of the spatial distribution of divorced people in Belgium since 1970 on the one hand, and the characteristics of the migration of newly divorced people on the other hand, while linking the two phenomena. This research is based on the exploitation of exhaustive data from the 1970 and 1981 population censuses and the DEMOBEL database constructed by Statbel (Statistics Belgium). The latter includes demographic information from the Belgian National Register for the period 1991-2017 coupled with data from the 1991, 2001 and 2011 population censuses.The mapping of the divorced in Belgium and its evolution since 1970 has highlighted a phenomenon of spatial diffusion, marked in the first part of the process by cultural and secularisation geography, and by a diffusion within the urban hierarchy. This geography of the divorced may also be shaped by their migration. Nevertheless, the results of the analyses highlight a strong local anchoring of the newly divorced, who most often remain in their local environment following the divorce. Moreover, the municipalities that receive the most newly divorced migrants also tend to be the municipalities where the divorced are over-represented, thus confirming that the migration of newly divorced people tends to reinforce existing spatial structures.
- The impact of shift migration on the intra-family life of residents of villages and small towns in Russia. On the example of the Republic of Bashkortostan - Guldar Akhmetova (Khilazheva) Dans l'article, sont exposés les résultats des recherches sociologiques, qui révélaient les changements ayant lieu aux familles russes contemporains suite à la participation des hommes (époux) dans la mobilité circulatoire – l'une des formes de la migration temporaire professionnelle.L'auteur effectue une étude comparative des relations intrafamiliales dans les deux catégories des familles. Dans la première, les maris se déplacent régulièrement en dehors de leurs localités (groupe pilote ou familles des migrants de rotation); dans la deuxième, les époux ne sont pas impliqués à la migration temporaire (groupe témoin ou familles «ordinaires»).L'étude a été réalisée dans l'une des régions russes les plus peuplées – Bachkortostan, dont le choix est déterminé par le taux de participation élevé de ses habitants à la mobilité circulatoire, surtout dans les villages et les petites villes. L'enquête des ménages a été réalisée en 2018 dans deux petites villes et cinq zones agricoles du Bachkortostan, situées à la frontière des autres régions et ayant un niveau bas du développement social et économique.Les résultats de l'étude ont confirmé les hypothèses sur l'impact de la migration temporaire professionnelle à la formation des relations singulières trans-locales entre les membres de la famille lors des missions de l'époux (phénomène de soi-disant « participation sociale dans le contexte de l'absence de présence physique »); à la transformation des relations intrafamiliales des habitants des villages et de petites villes, ce qui provoque l'affaiblissement des orientations sexospécifiques et des clichés du comportement des hommes et des femmes ; sur différentes conséquences de la mobilité circulatoire pour ses participants – tant positives que négatives; sur la prédominance du caractère forcé de la participation des familles à la mobilité circulatoire.The article presents the results of a sociological study, during which were revealed the changes occurring in contemporary Russian families because of participation of men (spouses) in shift migration, one of the forms of temporary employment. The author conducts a comparative analysis of intra-family relations in two categories of families. In the first, husbands regularly leave for temporary work outside their settlement (experimental group or families of shift migrants); in the second, the spouses are not involved in temporary migration (control group or «ordinary» families). The study was conducted in one of the largest in terms of population Russian regions – Bashkortostan, the choice of which is due to the high level of participation of its inhabitants in rotational migration, especially in villages and small towns.The families' survey was conducted in 2018 in two small towns and five rural districts of Bashkortostan, located on the border with other regions, and having a low level of socio-economic development. The results of the study confirmed the hypotheses of temporary labor migration influence on the formation of peculiar translocal relations between family members during the husband's stay away (the phenomenon of so-called «social presence against the background of physical absence»); on the transformation of intra-family relations of villages and small towns residents, which led to weakening of traditional men and women gender attitudes and stereotypes of behavior attitudes; on different consequences of shift migration for its participants – both positive and negative; on the predominance of forced participation of families in shift migration.
- « On se voit ce week-end ! ». Bi-résidence hebdomadaire et vie conjugale : le cas des professeures des écoles de l'académie de Lyon - Juliane Deloffre À partir d'une recherche qualitative sociologique auprès de dix couples hétérosexuels dont la femme, professeure des écoles, est en situation de mobilité professionnelle hebdomadaire, cet article propose de questionner l'impact de la bi-résidence féminine sur la vie conjugale. Cette étude a permis l'identification de trois profils conjugaux selon l'adaptation des conjoints à cette mutation professionnelle féminine dans le cas du professorat des écoles de l'académie de Lyon. L'enquête, menée dans le cadre d'un mémoire de recherche de master 2, offre un échantillon restreint de cette situation. Cependant, elle permet d'inscrire la bi-résidence professionnelle féminine d'un métier non mobile dans le champ des études en sciences sociales sur l'imbrication vie professionnelle - vie conjugale. Ainsi, elle donne accès à la construction de leur vie de couple par les conjoints à travers le prisme des rapports sociaux de classe et de genre, permettant d'élargir les résultats amenés par les études sur la mobilité professionnelle en sociologie de la famille et du genre.This article is based on qualitative sociological research of ten heterosexual couples in which the female partner of the couple is a schoolteacher in the educational area in and around Lyon, France and who for professional reasons, is obliged to have separate weekday accommodations near her workplace and separate from her partner. The article studies the impact of the women having dual residency on the life of the couple. It also categorizes the couples into three types according to the ways the couples adapt to their situations. This study, which was originally conducted for a master's thesis, indeed uses a small sampling size. However, the findings are significant as they provide new insights on female bi-residency to the field of social science in the category of work-life balance. This study explores various topics such as the couples' living arrangements, the evolution of their parental plans, and their social class and gender relations. This qualitative study effectively shows that the management of these situations is a family affair.
- Exploring women's mobilities and family transformations in Laos. Historical perspectives and mirrored ethnographic insights - Pascale Hancart Petitet, Souvanxay Phetchanpheng Au Laos, la mobilité était principalement masculine. Les codes sociaux traditionnellement assignés aux femmes ont longtemps contribué à limiter leur déplacement à long terme et loin de leur famille. Au cours des dernières décennies, la féminisation de la migration a été observée et ses impacts sociaux et sociétaux doivent être examinés. La migration féminine a modifié la dynamique intergénérationnelle et a un effet profond sur les structures et les relations familiales. Comment le changement dans l'organisation du travail affecte-t-il la vie quotidienne et défie-t-il le modèle familial qui a dominé jusqu'au début des années 1990 ? Comment l'augmentation croissante de la mobilité de certaines femmes dans le travail modifie-t-il les rôles traditionnellement assignés aux femmes ? Les données ethnographiques nous invitent à repenser la construction contemporaine des codes familiaux et des normes de parenté induites par la localisation des économies mondialisées.In Laos, mobility was mainly a male practice. Social codes traditionally assigned to women have limited their long-term movement away from their families. In recent decades, the feminization of migration has been observed and its social and societal impacts need to be examined. Female migration has changed intergenerational dynamics and has a profound effect on family structures and relationships. How does the change in the organization of work affect daily life and challenge the family model that dominated until the early 1990s? How does the growing increase in the mobility of some women in the workplace alter the roles traditionally assigned to women? Ethnographic data invite us to revisit kinship and gendered norms under the emergence of globalized economies and its localized social forms.
Varia
- Une ville plus gaie ? Pratiquer la ville et s'y rencontrer entre hommes via les applications de rencontres géolocalisées - Clément Nicolle Cet article a pour objectif d'étudier l'impact des applications de rencontres gays sur la pratique et la perception de l'espace urbain des hommes qui les utilisent. Grindr et ses concurrentes s'appuient en effet sur une géolocalisation extrêmement précise, offrant aux individus la possibilité d'interagir sur la base de leur proximité spatiale. Alors que les rencontres entre hommes sont historiquement marquées par des territorialités fortes, autour des lieux communautaires commerciaux ou des multiples lieux de drague et de sexualité, les applications géolocalisées permettent de se rencontrer dans une gamme d'espaces et de temporalités bien plus larges à travers l'espace urbain. Elles questionnent également le rapport à l'espace des homosexuels, marqué par de multiples injonctions hétéronormatives. À partir d'une enquête par questionnaire et d'une série d'entretiens, l'article montre que l'usage de ces applications reconfigure la perception de l'espace urbain, le fait de pouvoir voir et interagir avec d'autres hommes un peu partout diminuant, sans les faire disparaître, la force des injonctions hétéronormatives vécues au quotidien. Si la ville semble devenir plus gay-friendly aux yeux des usagers, cela ne se traduit pas nécessairement dans la géographie des rencontres : celle-ci est en effet marquée par une logique de proximité qui resserre les interactions autour des espaces du quotidien, ainsi que de multiples logiques d'évitement, reconfigurant ainsi, à l'intérieur de la ville, les limites entre les espaces perçus comme propices et ceux perçus comme défavorables aux minorités sexuelles.This article aims to study the impact of gay dating applications on the practice and perception of urban space of the men who use them. Grindr and its competitors rely on extremely precise GPS-location, offering gay men the possibility to interact on the basis of their spatial proximity. While encounters between men have historically been marked by strong territorialities, around commercial community venues or multiple cruising places, geolocated applications allow men to meet in a much greater number of spaces and temporalities across urban space. It also questions the relationship of gay men to space, characterised by multiple heteronormative injunctions. Based on a questionnaire survey and a series of in-depht interviews, the article shows that the use of these applications reconfigures the perception of urban space, the fact of being able to see and interact with other men just about everywhere diminishing, without making them disappear, the strength of the heteronormative injunctions experienced in everyday life. Although the city seems to be becoming more gay-friendly in the view of its users, this is not necessarily reflected in the geography of encounters: meetings are marked by a logic of proximity which tightens interactions around everyday spaces, as well as multiple logics of avoidance of specific places. This is reconfiguring, within the city, the limits between spaces perceived as friendly to sexual minorities and those perceived as hostile.
- Une ville plus gaie ? Pratiquer la ville et s'y rencontrer entre hommes via les applications de rencontres géolocalisées - Clément Nicolle