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Cet article décrit une utilisation de l'analyse de l'activité pour construire un espace de parole en situation de formation initiale en travail social. Cet espace accueille et assume les vécus des étudiants-stagiaires comme induits par l'activité même et incarnés dans celle-ci, en deçà des jugements normatifs qui fondent, selon Dejours, la dynamique de la reconnaissance, et en deçà des controverses professionnelles visées par la Clinique de l'Activité pour régénérer le métier.

Outillé d'une conception située, post-ethnométhodologique et pragmatique de l'action et d'une conception du langage qui accorde une place centrale au pouvoir de l'énonciation, cet article saisit dans le détail du déroulement d'une activité éducative auprès d'une adulte en situation de handicap psychique, comment concrètement se heurtent et s'articulent dans le cours du déroulement d'une interaction informelle un travail d'autonomisation et un travail de construction d'une relation.

Les usagers du travail social qui cumulent les indices de vulnérabilité (jeunes en difficulté, pauvres, personnes à la marge de la société) se plaignent parfois de ces professionnels qui ne les comprennent pas, volontiers autoritaires et moralisateurs ou tout simplement désabusés. Cet article se propose d'analyser sous l'angle culturel et cognitif l'émergence du décalage. Cette approche plus « anthropologique » est complétée d'une analyse plus macro qui met en relation « décalage culturel » et dérive instrumentale des services publics. La conclusion nous conduit vers une connaissance pluridisciplinaire des usagers qui tourne résolument le dos au « psychologisme » ou à la surmédicalisation. Elle plaide pour des actions plus politiques, citoyennes et collectives. En profondeur de champ : un croisement des cultures de paix et de résistance.

L'animation socioculturelle caractérise des métiers de l'État social situés entre « vocation » et « profession ». Avec la crise, son centre de gravité s'est déplacé du « culturel » vers le « social ». Justifiée par des formes d'engagement (éducation populaire, etc.), la dynamique des emplois « occasionnels », conjuguée à la progression du nombre d'animatrices « périscolaires », a profondément renouvelé et précarisé la main-d'œuvre. L'animation illustre les multiples visages de l'insécurité sociale avec un masque à deux faces : d'une part du militantisme et des formes d'engagement pour autrui, d'autre part des formes d'activités en deçà (au-delà ?) de l'emploi.

Le mal-être au travail des assistants sociaux est fréquemment analysé à l'aune de l'imposition des techniques de la nouvelle gestion publique. Cependant, la spécificité du « métier » qu'est la relation d'aide aux personnes est généralement ignorée dans cette approche. Nous montrons que l'analyse des témoignages faisant état de ce mal-être au travail nécessite de prendre en compte l'impact des réformes politiques qui changent profondément la nature du travail social.

Cette contribution s'intéresse aux pratiques de placement vers l'emploi exercées par des professionnels actifs dans des organismes de placement publics ou privés en Suisse pour des personnes « handicapées ». À partir de l'analyse d'une institution de formation spécialisée dans le domaine de l'assurance-invalidité mise en perspective avec d'autres organismes de placement, il ressort que les pratiques des professionnels tendent à se focaliser sur l'adaptation du demandeur d'emploi aux normes et attentes des employeurs potentiels. Pourtant, nous pensons que plusieurs actions à divers niveaux sont nécessaires pour une prise au sérieux du terme de placement, comme une mise en relation et une adaptation réciproque entre le demandeur d'emploi et l'employeur potentiel. Les travailleurs sociaux ont aussi un rôle à jouer dans ces actions de placement.

Jusqu'à présent en Europe, la pauvreté infantile a rarement fait l'objet d'analyses. Ce phénomène, dont le taux est pourtant plus élevé que le taux général de pauvreté de la population de l'Union européenne (19 % des enfants sont pauvres contre 16 % de l'ensemble de population), attire manifestement peu l'attention. Les politiques visant aujourd'hui à réduire la pauvreté des enfants semblent pour le moment inefficaces. L'exemple des politiques entreprises dans deux régions européennes (Île-de-France et région de Mazovie) à l'égard des enfants en situation de pauvreté démontre que trois éléments sont à prendre en compte : la formulation du problème politique, la mise en œuvre des politiques, ainsi que le niveau de coopération entre les différents acteurs.

Les violences au sein du couple requièrent des mesures sur différents niveaux, dont l'aide aux victimes et auteurs. Cet article se propose d'analyser le discours de 14 hommes ayant participé à un programme pour auteurs. Les résultats montrent que ces derniers viennent de tous les horizons socioculturels et sont pour la plupart engagés dans une relation durable. Au fil des séances, ils précisent les actes perpétrés et une responsabilité dans la prévention de la récidive. La participation à un programme spécialisé facilite le dévoilement et la responsabilisation, deux compétences clés pour cesser durablement les violences.

Cet article présente un dispositif d'échanges de « bonnes pratiques » à destination des métiers « de l'humain » (assistants sociaux, éducateurs, thérapeutes, enseignants, directeurs d'institutions sociales...) basés sur le compagnonnage. Ce dispositif trouve son origine dans le constat d'une crise du contexte dans lequel ces métiers sont actuellement amenés à exercer, ainsi que dans le constat de la complexification de ces métiers. L'apprentissage par le voyage se présente comme une réponse innovante à cette complexification et à ce contexte de crise ainsi que comme un outil de décentrement permettant de combler ce qu'une formation « classique » ne peut apporter. L'objectif de l'article est avant tout descriptif. Nous présentons dans un premier temps le projet ECEtt-Convergence, son origine et la manière dont il est concrètement mis en œuvre. Le deuxième temps de notre article rappelle ce qu'est le compagnonnage et les enjeux de cet apprentissage spécifique. Dans un troisième temps, nous présentons quelques résultats d'un questionnaire d'évaluation administré aux professionnels belges ayant réalisé un ou plusieurs stages dans le cadre de ce dispositif.

Dans le cadre du projet européen Ecett-Convergence, une bonne centaine de travailleurs sociaux sont partis à l'étranger découvrir des bonnes pratiques. Le point de départ fut l'acceptation de l'incertitude et de la mobilité. Quels sont les enjeux de cette pensée nomade pour des professionnels chargés de gérer la misère dans ce monde qui change ? Des praticiens-réflexifs et acteurs sociaux des secteurs de l'insertion, des assuétudes, de l'aide à la jeunesse ou de la santé ont pris l'option de la créativité. Je rends compte de leurs réussites, de leurs questionnements ainsi que des limites de la démarche.