Contenu du sommaire : Salariats d'en bas
Revue | Cahiers d'études africaines |
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Numéro | no 245-246, 2022/1-2 |
Titre du numéro | Salariats d'en bas |
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- Le salariat, un objet devenu (trop) discret en études africaines - Étienne Bourel, Guillaume Vadot p. 9-39
- Le travail, les idées et la question sociale dans l'histoire contemporaine de l'Afrique. Entretien avec Frederick Cooper - Guillaume Vadot, Étienne Bourel p. 41-61 Réalisé entre décembre 2021 et février 2022, cet entretien avec l'historien Frederick Cooper revient sur son parcours intellectuel sur plus d'un demi-siècle, depuis ses premiers engagements étudiants à la fin des années 1960 jusqu'à ses considérations sur les études relatives à l'Afrique dans le contexte académique contemporain. Sont discutés ainsi les lignes de force, les continuités et les ruptures, les moments forts et les engagements d'une carrière prolifique, inspirante et/car souvent à contre-courant des modes et tendances dominantes. Cet échange propose tant une prise de recul que des points de vue personnels sur les façons passées et présentes de penser les Afriques et le travail, mais aussi de faire de la recherche, en histoire et dans les sciences sociales plus largement. Il donne l'occasion de saisir un certain nombre de discussions scientifiques, les configurations et possibilités qui en ont résulté, ainsi que les angles morts et biais qu'elles ont générés. Il propose ainsi une contextualisation et un point de vue original sur les études sur le travail en Afrique depuis les années 1960.Conducted between December 2021 and February 2022, this interview with the historian Frederick Cooper looks back on his intellectual journey spanning more than half a century, from his first student commitments in the late 1960s to his considerations on African studies in the contemporary academic context. The main lines, continuities and ruptures, highlights and commitments of a prolific, inspiring and often counter-current career are discussed. This exchange thus offers both a step back and personal perspectives on past and present ways of thinking about Africa and labour, but also of doing research, in history and in the social sciences more broadly. It provides an opportunity to grasp a number of scholarly discussions, the configurations and possibilities that have ensued, as well as the blind spots and biases they have generated. It thus presents a contextualisation and an original perspective on labour studies in Africa since the 1960s.
Produire le salariat : statuts et hiérarchies
- Le salariat hors des sociétés salariales. La mise en forme juridique du mécontentement des travailleurs au Sénégal - Sidy Cissokho p. 63-91 Ce texte rend compte des formes d'appropriation et d'usages stratégiques du statut de salarié au Sénégal. Il mobilise des observations réalisées dans les méandres de l'Inspection du travail et du Tribunal de grande instance de Dakar où ont lieu les audiences liées aux conflits du travail. Il décrit comment le décalage entre la norme juridique issue du Code du travail et les pratiques quotidiennes est construit et mobilisé quotidiennement par les travailleurs et leurs représentants syndicaux lors de conflits avec des employeurs. Le salariat apparaît alors comme une construction symbolique faisant l'objet d'usages beaucoup plus désenchantés que ce que donnent à voir les récits les plus répandus faisant l'histoire politique du mouvement ouvrier dans le contexte industriel européen.This article investigates appropriations and strategic uses of wage labor in Senegal. It mobilizes observations made at the Inspection du travail and the Dakar Tribunal de Grande Instance, where hearings related to labor disputes take place. It describes how the gap between the legal norm resulting from the Code du travail and daily practices is mobilized by workers and their union representatives during conflicts with employers. Wage labor then appears as a symbolic construction that is subject to much more disenchanted uses than in the most widespread narratives of the political history of the workers' movement in the European industrial context.
- Des hommes forts mais dociles ? La salarisation du secteur de la sécurité locale comme révélateur de la hiérarchisation des masculinités à Lagos (Nigéria) - Lucie Revilla p. 93-122 Le secteur de la sécurité locale à Lagos fait figure de « cas-limite » pour penser les dynamiques de salarisation des services et remettre en cause les définitions normatives du salariat. En tâchant de ne pas amalgamer trop vite virilité et masculinité, cette contribution s'attache à décrire les pratiques de hiérarchisation des masculinités à l'œuvre dans le travail de sécurité à l'échelle locale. Si les expressions viriles et la force physique sont valorisées par les notables qui emploient des travailleurs de sécurité, elles justifient aussi l'assignation de certains hommes à une position subalterne. D'autres, en connotant leurs pratiques de travail d'une valeur morale et en les assimilant à la possession d'un savoir, obtiennent une meilleure rémunération. Enfin, la hiérarchisation des masculinités a des conséquences sur les recompositions du foyer des travailleurs de sécurité.The local security sector in Lagos represents a “limiting case” for thinking about the dynamics of salarization and for questioning the normative definitions of wage-earning labor. While trying to differentiate virility and masculinity, this article attempts to describe the hierarchical practices of masculinities at stake in security work at the local scale. While virile expressions and physical force are valued by the local patrons, they also justify assigning some security workers to subaltern positions. By giving their work practices a moral value and associating them with the possession of knowledge, others obtain better remuneration. Finally, the hierarchization of masculinities has consequences for the security workers' household recomposition.
- Labour, Incorporated: Dependent Contracting and Wageless Work in Africa's “Responsible” Mines - Matthieu Bolay, Filipe Calvão p. 123-151 Cet article examine le recours croissant à la main-d'œuvre artisanale par les sociétés minières dans les mines de cobalt en République démocratique du Congo. Il suggère que le passage du statut de mineurs autonomes à celui de travailleurs indépendants présage d'une rupture radicale dans les modes de production extractifs contemporains. Sous la bannière de « l'exploitation minière responsable », cette forme de contractualisation dépendante favorise des relations de travail sans salaire (salariat déguisé) par un accès légal aux sites miniers en contrepartie du monopole des entreprises sur la production artisanale. En décrivant les racines et les mécanismes qui sous-tendent ces partenariats entre coopératives et sociétés minières, nous analysons la reconfiguration des relations entre travail et capital autour de trois caractéristiques clés : le rôle des coopératives en tant que plateformes de travail ; le contrôle des entreprises extractives sur les marchés locaux et le déploiement des régimes discursifs et technologiques de responsabilité et de traçabilité.This article examines the growing corporate reliance on artisanal labour in the cobalt mines of the Democratic Republic of Congo. This shift from autonomous miners to corporate contractors, we suggest, holds historical significance and augurs a radical break with contemporary modes of extractive production. Under the banner of “responsible mining,” this form of dependent contracting fosters wageless relations in exchange for legal access to mining sites and corporate monopoly over artisanal production. By analysing the roots and mechanisms underlying these cooperative-corporate partnerships, we describe this emergent relation between labour and capital around three key features: the role of cooperatives as labour platforms, corporate control over local markets, and the deployment of discursive and technological regimes of responsibility and traceability.
- Qu'est-ce qu'un « travailleur africain » ? Marché, coercition et mobilité en Afrique équatoriale française (1911-1940) - Ferruccio Ricciardi p. 153-182 Cet article étudie les formes de mise au travail (recrutement, encadrement, distribution) de la main-d'œuvre « indigène » au sein d'une concession de production d'huile de palme, au Congo français, entre 1911 et 1940. Il s'intéresse en particulier aux modalités de catégorisation qui visent ces travailleurs dans le cadre de politiques de mobilisation de la main-d'œuvre parallèles et concurrentes, mises en place à la fois par les sociétés privées et l'administration coloniale. La façon dont administrateurs coloniaux, patrons et maîtres s'efforcent de définir ce qu'est un « travailleur africain » permet de rendre compte non seulement des enjeux de gouvernementalité mais aussi d'interroger les logiques de hiérarchisation sociale et ethnoraciale qui participent à l'institution des relations de travail dans le contexte colonial. Il en résulte que la logique de marchandisation du travail, notamment à travers l'introduction du contrat de travail, n'est pas le levier principal dans la transformation capitaliste de ces relations. Y contribuent également d'autres dispositions du pouvoir colonial (notamment les pratiques d'identification censées assurer le contrôle de la mobilité ainsi que les politiques de stabilisation de la main-d'œuvre) qui entrent en tension avec les formes de défection et d'accommodement déployées par les travailleurs locaux.This article examines the logic of deployment (recruitment, management, distribution) of “indigenous” labour within a palm oil production concession in the French Congo between 1911 and 1940. It focuses on how these workers were categorised in the context of parallel and competing labour mobilisation policies implemented by both private companies and the colonial administration. How colonial administrators, employers, and masters attempted to define what an “African worker” was made it possible to account not only for issues of governmentality but also to question the logic of social and ethnic-racial hierarchisation that participated in the institution of labour relations in the colonial context. As a result, the commodification of labour, notably through the introduction of the labour contract, is not the main lever in the capitalist transformation of labour relations. Other provisions of colonial power (in particular identification practices supposed to ensure the control of mobility and labour stabilisation policies) also contribute to this transformation and come into tension with the forms of defection and accommodation developed by local workers.
- Le salariat hors des sociétés salariales. La mise en forme juridique du mécontentement des travailleurs au Sénégal - Sidy Cissokho p. 63-91
La diversification des conditions salariées
- Construire la confiance : Les pratiques conjointes de compensation du salaire dans le secteur de la sécurité privée au Cameroun - Yves Dieudonné Bapes Ba Bapes p. 183-205 Au Cameroun, les compléments de salaire sont des modalités durables de la rémunération dans le secteur de la sécurité privée marqué par une précarité structurelle. Ces compléments de salaire se construisent dans le cadre d'une relation réciproque employeurs/employés assimilable à un système de prestations sociales. La présente contribution interroge la construction de la confiance dans les échanges économiques. Il s'avère que dans l'espace consacré à la production des compléments de salaire, les calculs et les valeurs morales se côtoient de manière originale. Au demeurant, en permettant une médiation entre les registres formels et informels du salariat, la confiance remplit une fonction de régulation de ces transactions complémentaires.In Cameroon, wage supplements are a sustainable form of remuneration in the private security sector, which is marked by structural insecurity. These wage supplements are developed as part of a reciprocal employer/employee relationship comparable to a social benefits system. This paper questions the construction of trust in economic exchanges. As it turns out, in the space devoted to producing wage supplements, calculations and moral values coexist inventively. Moreover, by allowing mediation between formal and informal registers of wage employment, trust fulfils a regulatory function in these complementary transactions.
- Une agriculture familiale de plus en plus dépendante du salariat ? Les travailleurs saisonniers dans l'agriculture familiale sénégalaise (régions des Niayes et du Delta) - Pierre Girard, Esther Laske, El Hadji Malick Sylla, Jérémy Bourgoin, Moussa Sall p. 207-239 Le Sénégal connaît une demande croissante en travail saisonnier dans le secteur agricole. Dans le cadre de l'agriculture familiale, ce phénomène résulte d'une différenciation socioéconomique au sein de l'agriculture familiale induite par des décennies de soutien de l'État à des modèles productifs agricoles particuliers. Cet article analyse le travail saisonnier à partir de l'expérience des salariés agricoles, socialement et politiquement invisibilisés, pour comprendre dans quelle mesure cette activité façonne leur trajectoire biographique, contribue à leurs moyens d'existence et à ceux de leur famille. À partir d'un matériau collecté en 2018 et 2019 dans les régions du delta du fleuve Sénégal et des Niayes, nous montrons que les conditions de travail précaires de cette main-d'œuvre saisonnière, exclusivement masculine dans les zones étudiées, limitent les moyens d'existence et les possibilités d'accumulation ainsi que les capacités d'action collective de ces travailleurs.Senegal is experiencing an increasing demand for seasonal labour in the agricultural sector. In the context of family farming, this phenomenon results from a socio-economic differentiation induced by decades of State support for specific agricultural production models. This article analyses seasonal work from the perspective of seasonal workers, often socially and politically invisibilised. It aims to understand how this activity shapes their biographical trajectory and contributes to their livelihoods and those of their families. Based on data collected in 2018 and 2019 on seasonal workers in the Senegal River Delta and Niayes regions, we show that the precarious working conditions of this seasonal labour force, which is exclusively male in the areas studied, constraints livelihoods and accumulation as well as the collective action capacities of these workers.
- Vivre et travailler dans une enclave chinoise au Cameroun : Les ouvriers d'un « grand chantier de l'émergence » - Gérard Amougou, Antoine Kernen, Fabien Nkot p. 241-263 Au Cameroun, les « grands chantiers de l'émergence » servent à consolider le régime du président Paul Biya, mais représentent également de nouvelles opportunités d'emplois salariés sous contrat dans un pays marqué par leur rareté. En s'appuyant sur les récits d'ouvriers camerounais du barrage de Lom Pangar, cet article rend compte de la tension entre les avantages d'un emploi salarié et stable et la réalité du travail dans cette enclave chinoise caractérisée par des conditions de travail difficiles, des salaires bas et le maintien d'une grande précarité de l'emploi. Cette tension est renforcée par une organisation « raciale » du travail. Ainsi, quelle que soit la fonction des employés camerounais (manœuvres, conducteurs de machine, techniciens ou encore ingénieurs), ils sont toujours en position d'infériorité face aux employés chinois. Comme, dans les chantiers des entreprises chinoises au Cameroun, le nombre de travailleurs expatriés est beaucoup plus important qu'au sein des entreprises étrangères opérant dans le même secteur, chaque employé camerounais ou presque est sous les ordres directs d'un chef chinois. Dès lors, si les grèves dénoncent les conditions de vie et de travail sur le site, les récits que nous avons récoltés reviennent souvent sur les conflits, les bagarres et les frustrations engendrés par cette organisation raciale du travail.In Cameroun, the “major structuring projects for emergence” aim to consolidate the regime of President Paul Biya. However, they also represent new opportunities for salaried employment under contract in a country marked by their scarcity. Based on the accounts of Cameroonian workers at the Lom Pangar dam, this article reports on describes the tension between the advantages of a stable salaried employment and the reality of work in this Chinese enclave, marked by difficult working conditions, low wages, and the maintenance of a high level of job insecurity. This tension is reinforced by a “racial” organization of work. Indeed, whatever the function of Cameroonian employees (laborers, machine operators, technicians, engineers), they are always in an inferior position compared to the Chinese employees. Knowing that in a Chinese construction site in Africa, expatriate Chinese workers represent between 15 and 25 % of the workforce depending on the phase of the project, almost every Cameroonian employee has a direct Chinese boss. Therefore, if the strikes denounce the living and working conditions on the site, the stories we have collected often refer to the conflicts, fights, and frustrations generated by this racial organization of work.
- Un salaire qui « change la vie » ? Normes salariales et économie morale dans le contexte urbain d'Antananarivo (Madagascar) - Zoé Tinturier p. 265-290 À travers le cas des politiques de salarisation mises en place au sein d'un programme alimentaire financiarisé à Antananarivo, cet article interroge l'impact des normes salariales qui se succèdent sur les modes de hiérarchisation locale. Tout en observant la manière dont le dispositif d'aide s'inscrit dans des trajectoires individuelles et participe à les infléchir, l'article s'intéresse à la manière dont le dispositif est investi par les individus en position subalterne. En se concentrant sur la trajectoire de deux salariées, il cherche à saisir comment ce mouvement intersubjectif participe à (re)définir une économie morale entre elles et leurs employeur.euse.s. Il montre qu'au fur et à mesure de l'autonomisation de l'espace de travail, le dispositif tend à rompre les implicites de ce contrat et participe à forger de nouveaux horizons et styles de vie.This article examines the impact of successive wage norms on local hierarchies through the wage policies implemented within a financialised aid programme in Antananarivo. While observing the way in which the aid scheme is inscribed in individual trajectories and helps to influence them, the article also looks at how individuals in a subaltern position engage in the scheme. By focusing on the trajectory of two employees, it seeks to understand how this intersubjective movement participates in (re)defining a moral economy between them and their employers. It shows that as empowerment increases, the system tends to break the implicit terms of this contract and helps to forge new horizons and lifestyles.
- Les ouvrier.ère.s du thé au Kenya et au Burundi : des précaires privilégié.e.s ? - Chloé Josse-Durand, Éric Ndayisaba p. 291-318 Cet article s'intéresse au travail ouvrier dans les plantations et usines de thé au Burundi et au Kenya, où le secteur théicole constitue l'une des principales sources d'emploi rural. Les plantations agroindustrielles comme les petites propriétés paysannes emploient un effectif important d'ouvrier.ère.s, femmes et hommes, pour exécuter l'ensemble des tâches nécessaires à la production du thé, de la cueillette à sa transformation industrielle. À travers le recours à l'ethnographie, cette étude basée sur une soixantaine d'entretiens vise à analyser les conditions générales du travail ouvrier en milieu rural. Elle met en évidence des logiques d'encadrement très rapprochées de la main-d'œuvre, les difficiles conditions de travail et la précarisation de l'emploi ouvrier. L'article se concentre sur les dynamiques d'embauche de femmes et de jeunes hommes éduqués dans un contexte socioéconomique où l'emploi ouvrier est perçu comme privilégié malgré les formes de précarisation liées à ce statut.This article focuses on the workers of the tea plantations in Burundi and Kenya, two countries where the tea sector is one of the main sources of rural employment. The agro-industrial plantations and the (smaller) farms employ a large number of workers—women and men—to carry out all the tasks involved in tea production, from plucking to industrial processing. Based on an ethnographic approach, this study relies on over sixty interviews conducted to shed light on the working conditions of agricultural workers in rural settings. It highlights the authoritarian management of the workforce of the tea-producing areas, the difficult working conditions, and the precariousness of employment. It also emphasises the hiring dynamics of educated women and young men in a socio-economic context where being employed as an agricultural worker is still perceived as a privilege despite the forms of casualisation associated with this status.
- Wage Labor and Social Inequality in Kinshasa's Informal Economy: A Class Analysis - Héritier Mesa p. 319-340 Cet article explore les trajectoires sociales de certains « travailleurs informels » et les dynamiques d'inégalité qu'elles mettent en évidence. L'étude examine comment la structure des relations de travail révèle les relations de classe et, plus largement, les positions sociales inégales au sein de l'économie informelle. La recherche s'appuie sur des données ethnographiques recueillies sur trois formes d'activités génératrices de revenus à Kinshasa : le commerce ambulant de pain, la friperie et l'agriculture urbaine. Si l'accès au capital offre à certains la possibilité de développer avec succès une activité génératrice de revenus rentable, c'est l'accès limité à diverses formes de capital qui contraint beaucoup d'entre eux à vendre leur force de travail — souvent avec un pouvoir de négociation affaibli — à ceux qui possèdent le capital. À l'inverse, certains acteurs ont réussi à surmonter la contrainte des formes de relations de travail asymétriques au sein de l'économie informelle et à s'assurer une vie relativement décente malgré leur position précaire.This article explores the social trajectories of some “informal workers” and the dynamics of inequality they highlight. The study investigates how the structure of labor relations reveal class relations and unequal social positionalities more broadly within the informal economy. The research draws from ethnographic data collected about three forms of income-generating activities in Kinshasa: street bread, second-hand clothing, and urban agriculture. While access to capital offers some the opportunity to successfully develop a profitable income-generating activity, the limited access to various forms of capital constrains many to sell their labor power—often with weakened bargaining power—to those in possession of capital. Conversely, some actors have successfully overcome the constraint of the forms of asymmetric labor relations within the informal economy and secured a relatively decent living despite their precarious position.
- Construire la confiance : Les pratiques conjointes de compensation du salaire dans le secteur de la sécurité privée au Cameroun - Yves Dieudonné Bapes Ba Bapes p. 183-205
Notes et documents
- Quand croissance de production ne rime pas avec amélioration des conditions de vie. Notes sur les salarié.e.s agricoles de Balessing (Ouest Cameroun) - Joel Boris Jiometio Tchinda, Hervé Tchekote, Thérèse Moulende p. 341-360 Grand bassin de production caféière jusqu'à la fin des années 1980, le groupement de villages de Balessing, dans l'Ouest Cameroun, est aujourd'hui un important bassin de production maraîchère. Cette mutation a entraîné le recours croissant au salariat comme stratégie de production au sein des exploitations agricoles de la localité. Ce texte documente ce phénomène en s'intéressant aux conditions de vie et de travail des salarié.e.s en question. Il montre que, si le salariat agricole contribue à la croissance de la production agricole de cette localité à travers la hausse des rendements et une amélioration substantielle des revenus des producteurs, il ne garantit pas pour autant la stabilisation d'une meilleure situation socioéconomique pour les travailleurs et travailleuses.A major coffee production area until the end of the 1980s, the Balessing group of villages in West Cameroon is now an important market garden production area. This change has led to increasing wage labor as a production strategy on the local farms. This paper documents this phenomenon by looking at the living and working conditions of the employees in question. It shows that, although agricultural wage labor contributes to the growth of agricultural production in this locality through increased yields and a substantial improvement in producers' incomes, it does not guarantee the stabilization of a better socio-economic situation for the workers.
- Quand croissance de production ne rime pas avec amélioration des conditions de vie. Notes sur les salarié.e.s agricoles de Balessing (Ouest Cameroun) - Joel Boris Jiometio Tchinda, Hervé Tchekote, Thérèse Moulende p. 341-360
Analyses et comptes rendus
- Baumann Eveline. — Sénégal, le travail dans tous ses états - Jean Copans p. 361-365
- Bellucci Stefano & Eckert Andreas (eds.). — General Labour History of Africa. Workers, Employers and Governments, 20th-21st Centuries - Étienne Bourel, Guillaume Vadot p. 365-369
- Benarrosh Yolande (dir.). — Le travail mondialisé au Maghreb. Approches interdisciplinaires - Gaia Gondino p. 370-373
- Bernault Florence. — Colonial Transactions. Imaginaries, Bodies, and Histories in Gabon - Étienne Bourel p. 373-376
- Bouvier Pierre. — La longue marche des tirailleurs sénégalais. De la grande guerre aux indépendances - Jean Copans p. 377-379
- Breman Jan, Harris Kevan, Kwan Lee Ching & van der Linden Marcel (eds.). — The Social Question in the Twenty-First Century: A Global View - Emir Mahieddin p. 380-384
- Callebert Ralph. — On Durban's Docks. Zulu Workers, Rural Households, Global Labor - Jean Copans p. 384-390
- Coyle Rosen Lauren. — Fires of Gold. Law, Spirit, and Sacrificial Labor in Ghana - Cristiano Lanzano p. 390-394
- Driessen Miriam. — Tales of Hope, Tastes of Bitterness: Chinese Road Builders in Ethiopia - Cheryl Mei-ting Schmitz p. 394-397
- Feldman Nehara. — Migrantes : du bassin du fleuve Sénégal aux rives de la Seine - Jean Copans p. 397-403
- Hendriks Thomas. — Rainforest Capitalism. Power and Masculinity in a Congolese Timber Concession - Étienne Bourel p. 403-412
- Mercier Paul. — Dakar dans les années 1950 - Bocar Niang p. 413-415
- Mususa Patience. — There Used to Be Order. Life on the Copperbelt After the Privatisation of the Zambia Consolidated Copper Mines - Étienne Bourel p. 415-418
- Rubbers Benjamin (ed.). — Inside Mining Capitalism. The Micropolitics of Work on the Congolese and Zambian Copperbelts - Hélène Blaszkiewicz p. 419-421
- Schler Lynn, Bethlehem Louise & Sabar Galia (eds.). — Rethinking Labour in Africa, Past and Present - Miles Larmer p. 421-424
- Ungruhe Christian, Röschenthaler Ute & Diawara Mamadou (dir.).— Dossier « Working for Better Lives : Mobilities and Trajectories of Young People in West and Central Africa », Cadernos de Estudios Africanos - Alizèta Ouédraogo p. 424-427