Contenu du sommaire : Durkheim au Collège de France (2)

Revue L'Année sociologique Mir@bel
Numéro vol. 72, no 2, 2022
Titre du numéro Durkheim au Collège de France (2)
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Note introductive - Pierre Demeulenaere p. 261 accès réservé
  • Durkheim au Collège de France (2)

    • Note sur les archives - p. 265 accès réservé
    • Simiand au Collège de France : L'apogée de la sociologie économique Durkheimienne - Philippe Steiner p. 267-285 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un premier temps, cet article situe la place de François Simiand au sein de la sociologie durkheimienne. Dans un deuxième temps, il examine les développements nouveaux qu'élabore Simiand pour rendre compte de la crise économique, et les phénomènes économiques de courte période pour lesquels il introduit des typologies nouvelles et des considérations d'ordre psycho-sociologique, comme l'attente, l'estimation, l'interprétation. Enfin, l'article prend en considération ses réflexions sur la monnaie, avec les relations qu'il propose entre la sociologie économique et la sociologie religieuse.
      First, this article situates François Simiand's place within the Durkheimian sociology. Secondly, it examines the new developments that he elaborates to account for the economic crisis, and short term economic phenomena for which he introduced new typologies and psycho-sociological considerations, such as expectation, estimation, and interpretation of economic data. Finally, the article takes into consideration his reflections on money, with the relations he proposed between economic sociology and religious sociology.
    • Lévi-Strauss, disciple inconstant de Durkheim… et de Granet - François Héran p. 287-310 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Comme les jeunes philosophes de sa génération, Claude Lévi-Strauss a d'abord rejeté l'héritage de Durkheim, jugé moralisant et conservateur, avant de saluer ses travaux sur les systèmes de classification. Toutefois, la méthode durkheimienne a fortement inspiré ses travaux à travers la figure de Marcel Granet, auteur en 1940 d'un essai sur les catégories de parenté dans la Chine ancienne qui établit déjà la typologie structurale des formes élémentaires de parenté et dégage ses implications pour le choix du conjoint et la cohésion sociale. Mettant en avant l'influence largement mythique de Roman Jakobson, Lévi-Strauss a minimisé, voire dénigré, l'apport de Granet, et ce, pendant une quarantaine d'années, avant de l'admettre en partie en 1988. L'article explore les motifs de cette attitude et tente de cerner en quoi Lévi-Strauss, via Granet, se situe bel et bien dans le sillage de la philosophie politique de Durkheim.
      Like the young philosophers of his generation, Claude Lévi-Strauss first rejected the heritage of Durkheim, brought back to a conservative moralism, before hailing his work on classification systems. However, the Durkheimian method strongly inspired his works through the character of Marcel Granet, author in 1940 of an essay on kinship categories in ancient China, which already establishes the structural typology of the elementary forms of kinship and describes its implications for the choice of spouse and the social cohesion. Magnifying the influence of Roman Jakobson, Lévi-Strauss minimized, even denigrated, the contribution of Granet, and this, for forty years, before admitting it to some extent in 1988. The article explores the reasons of this attitude and attempts to identify how Lévi-Strauss, via Granet, is indeed in the wake of the political philosophy of Durkheim.
    • L'« allergie » à Durkheim : Raymond Aron et l'épisode de son élection au Collège de France - Pierre Birnbaum p. 311-331 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Raymond Aron a souvent insisté sur ses réserves théoriques à l'égard de la sociologie durkheimienne qu'il considérait comme holiste, et sur sa préférence pour la sociologie de l'action de Max Weber qu'il estimait davantage tournée vers l'histoire et la politique. Dès lors, nous souhaitons d'abord revenir sur la réception, plus que critique, des écrits d'Aron par les héritiers de Durkheim. On se propose ensuite d'analyser le contexte historique et intellectuel de son élection au Collège de France, en avril 1970, où il succède à plusieurs durkheimiens comme Marcel Mauss dont il refuse la conception de la nation considérée comme un tout. On examine les votes successifs des membres du Collège, leurs prises de position, le rôle important dévolu à Claude Lévi-Strauss, et le ralliement final d'Aron à une sociologie durkheimienne à l'égard de laquelle il confesse s'être montré plein d'« injustice ».
      Raymond Aron was always quite reluctant to acknowledge the value of Durkheim sociology seen as holistic, ahistorical and far from any internal conflictual dimension. He felt closer to Max Weber sociology of action based on the actor's values intention. Then, many Durkheim's heirs were quite hostile to Aron sociological writings. Therefore, his election in April 1970 at the Collège de France, where many Durkheimians have been elected before him, as Marcel Mauss whom he rejects conception as a whole of the Nation, can be seen as a meaningful event. In this article, we describe this election, the votes of each member, the oral presentations, the important role played by Claude Lévi-Strauss, and how finally Aron was unanimously elected after confessing that his analysis of Durkheim sociology was not entirely “fair.”
    • À la recherche de l'unité de la sociologie : Boudon interprète de Durkheim, une mise en perspective - Pierre Demeulenaere p. 333-363 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la manière dont Raymond Boudon a interprété la théorie d'Émile Durkheim. Il souligne le fait que Boudon l'a réduite à une théorie des croyances et qu'il a négligé l'insistance de Durkheim sur la pression sociale qui découle de l'appartenance à des groupes et s'exprime par l'adhésion à des normes sociales culturelles particulières et à des rituels. L'article se propose alors de montrer qu'une telle intégration à des groupes peut apparaître comme le résultat typique de situations de dilemme social, et être ainsi interprétée sur la base d'une méthodologie « individualiste ».
      This paper analyzes the way Raymond Boudon has interpreted Émile Durkheim's theory. It stresses the fact that Boudon has reduced Durkheim's theory to a theory of beliefs, neglecting therefore Durkheim's emphasis on social pressure exerted through the belonging to groups and expressed by following cultural social norms and social rituals. The paper attempts consequently to highlight the role of such group integration and relates it to a typical outcome of social dilemma situations that can be interpreted as well in an “individualist” framework.
    • Bourdieu fut-il durkheimien ? : L'héritage indirect de Durkheim au Collège de France - Jean-Louis Fabiani p. 365-386 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Il est possible d'analyser la stratégie de Pierre Bourdieu comme l'intégration du projet durkheimien dans une construction synthétique qui dépasse les limites inhérentes à chaque conceptualisation particulière et qui constitue le point de vue de tous les points de vue. Nous mobilisons ici la notion de tradition latente pour rendre compte de la proximité des attitudes scientifiques et politiques respectives de Bourdieu et Durkheim. Nous nous efforçons ensuite de montrer que l'ambition théorique de Bourdieu s'appuie sur une stratégie de réappropriation sélective qui réévalue en permanence la pertinence du concept durkheimien de société. Cet article vise à contribuer à l'histoire de nos disciplines sans se limiter à des comparaisons textuelles, comme continuent de le faire les philosophes. En multipliant les allers et retours entre les textes et leurs contextes, il s'agit d'esquisser une sociologie historique appuyée sur l'analyse des stratégies de reconnaissance dans un univers hautement compétitif.
      Beyond contextual differences, one can analyze Bourdieu's strategy as the integration of Durkheim's endeavor into a synthetic construction that surpasses the limits inherent to any conceptualization and that constitutes the point of view of all the points of view. In the first part, the notion of latent tradition is mobilized to account for the proximity of Durkheim and Bourdieu's scientific and political attitudes. The second part is an attempt to show that Bourdieu's theoretical ambition is based on a strategy of selective reappropriation that permanently reassesses the relevance of Durkheim's concept of society. This article aims to contribute to our disciplinary history without limiting ourselves to textual comparisons, as philosophers keep on doing. By moving back and forth from texts to contexts, the stake was to sketch a historical sociology grounded on the analysis of recognition strategies in a highly competitive universe.
    • Conclusion - Pierre-Michel Menger p. 387-397 accès réservé
    • Durkheim au Collège de France : Notes et documents - Christophe Labaune p. 399-433 accès réservé
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