Contenu du sommaire : Le bâtiment dans la transition énergétique
Revue | Responsabilité et environnement |
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Numéro | no 90, avril 20118 |
Titre du numéro | Le bâtiment dans la transition énergétique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le bâtiment dans la transition énergétique - Mireille Campana, Richard Lavergne p. 3-4
L'énergie dans le bâtiment : état des lieux
- L'énergie et le bâtiment : les données chiffrées pour la France depuis 1950 - Françoise Dupont p. 5-11 Les consommations d'énergie dans le résidentiel et le tertiaire, pour l'essentiel liées au bâtiment, atteignent 45 % de la consommation finale totale en 2015. Après l'amélioration des conditions de logement, dans les années 1950 et 1960, le premier choc pétrolier est à l'origine des politiques d'économies d'énergie successives qui rythment, avec une pause dans les années 1990, l'augmentation des exigences de sobriété concernant le logement neuf, puis, à partir de 2007, la rénovation de l'ancien. Le chauffage, qui est le plus gros poste, a vu sa consommation par logement divisée par 2,5, tandis que les consommations d'électricité spécifique représentaient, en 2015, presque 20 % de la consommation totale en niveau. La tertiarisation de l'économie se traduit par une augmentation de 55 % des surfaces chauffées. La climatisation, qui s'est développée régulièrement, représente désormais un peu moins d'un tiers des surfaces. La consommation de chauffage par mètre carré dans le tertiaire baisse régulièrement, et ce quelle que soit l'énergie : c'est là le fruit des efforts déployés en matière de performance énergétique.Energy and buildings: Statistics for France since 1950Energy consumption in the residential and tertiary sectors – mostly owing to buildings – amounted to 45% of aggregate final consumption expenditures in 2015. After housing conditions were improved during the 1950s and 1960s, the first oil shock in 1973 spawned successive policies for saving energy that, apart from a short period in the 1990s, laid down energy-related requirements for constructing new housing units and, as of 2007, for rehabilitating older buildings. Heating in residential housing, the largest final expenditure, has been divided by 2.5 ; and electricity consumption accounted for nearly 20% of overall consumption in 2015. Given the tertiary sector's growth in the economy, the surface area being heated has increased by 55%. Installed at a regular pace, air-conditioning is now provided in a little less than a third of this surface area. The consumption of heating per square meter in the tertiary sector is steadily decreasing, regardless of the energy source, thanks to the efforts for improving energy performance.
- Allemagne : le bâtiment et l'énergie en chiffres - Sven Rösner, Marie Boyette p. 12-16 Voisins européens, la France et l'Allemagne dressent des états des lieux assez similaires et partagent des objectifs comparables en matière d'efficacité énergétique des bâtiments. Comme en France, les bâtiments sont en Allemagne le premier secteur consommateur d'énergie. L'évolution des réglementations thermiques a permis une baisse des consommations d'énergie et le développement de la chaleur renouvelable dans les bâtiments neufs. Pour autant, la rénovation énergétique reste l'un des potentiels les plus importants pour atteindre un parc de bâtiments presque neutre en carbone. Le gouvernement allemand souhaite ainsi coupler l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments au développement des énergies renouvelables pour décarboner son parc immobilier. Compte tenu des spécificités du marché immobilier allemand et de la structure démographique du pays, le financement de ces mesures constitue outre-Rhin un véritable défi. Dans cet article, nous nous proposons, en premier lieu, de donner un aperçu du parc existant des bâtiments en Allemagne. En deuxième lieu, nous résumerons la stratégie du gouvernement fédéral allemand en matière d'efficacité énergétique des bâtiments.Energy and buildings: Statistics for Germany
The situations of France and Germany are much alike. These two neighbors in Europe are pursuing similar objectives for energy efficiency in buildings. As in France, buildings in Germany are the main consumer of energy. Changes in thermal regulations have led to less energy consumption and the installation of renewable heating sources in new buildings. Nonetheless, the renovation of buildings so as to improve their energy performance also provides a way to make buildings carbon-neutral. The German government wants to pair the improvement of energy efficiency in buildings with the development of renewable energy sources with the aim of “decarbonating” government buildings. Given the German real estate market and the country's demographic structure, funding these measures is a real challenge. After an overview of the stock of buildings in Germany, a short description is made of the federal government's strategy for improving the energy efficiency in this domain. - Énergie et bâtiments : regards sur le reste du monde - John Dulac, Thibaut Abergel p. 17-21 Malgré certains progrès, la demande d'énergie du secteur du bâtiment est en continuelle croissance, tandis que la consommation de combustibles fossiles de ce secteur ne faiblit pas. Un manque de signaux politiques forts et certaines barrières financières freinent le déploiement des appareils économes en énergie et des solutions bas-carbone. Pourtant, l'efficacité énergétique pourrait satisfaire la croissance de ce secteur tout en lui permettant de réduire son empreinte carbone. Il est en outre possible de promouvoir l'accès universel à une énergie propre et abordable d'ici à 2030. Enfin, une gestion appropriée de la demande faciliterait l'intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Néanmoins, satisfaire les Objectifs mondiaux pour le développement durable nécessite une transformation en profondeur du secteur. Elle doit être initiée par des engagements politiques forts, des mécanismes de financement innovants et de nouveaux modèles d'affaires pour que les bâtiments puissent participer à la refonte du système énergétique dans son ensemble.Energy and buildings: A look at the rest of the world
Despite some progress, the demand for energy in the buildings sector is rising while the consumption of fossil fuels is not decreasing. Financial barriers and a lack of strong political signals are impeding the rollout of low-carbon solutions that help save energy. However energy efficiency could be compatible with growth in this sector while also reducing its carbon footprint. Support could also be given to universal access to clean, affordable energy by 2030. An effective management of demand would facilitate the integration of renewables in the energy mix. To meet the UN's sustainable development goals however, this sector must undergo a thoroughgoing change, a transformation impelled by strong political commitments, innovative funding schemes and new business models so that the construction industry takes part in overhauling the whole energy system. - L'architecte, ambassadeur de la planète - Didier Lenoir, Dominique Gauzin-Müller p. 22-25 Les sciences proposent aujourd'hui une vision nouvelle de la vie sur la Terre : l'humanité fait partie de la nature et doit respecter ses équilibres pour pouvoir y vivre en sécurité. En chaque lieu et pour chaque besoin d'énergie, il faut choisir la solution la meilleure pour la planète : la transition écologique s'impose et la transition énergétique, qui en est l'un des chapitres, ne peut plus imposer des normes générales. Pour la construction, l'obligation de résultat et le droit à l'erreur remplacent le système administratif actuel devenu inadaptable. L'architecte voit son équipe et ses partenariats se diversifier, comme l'ensemble de l'ingénierie avec laquelle il doit dialoguer. Son rôle devient essentiel pour assurer la synthèse de tous les apports et donner au bâtiment la cohérence et la signification attendues par ses utilisateurs et son environnement.Architects, the planet's ambassadors
Science now proposes a new vision of life on Earth : humanity as a part of nature has to respect natural equilibria in order to live in security on our planet. In each place and for each energy need, the solution must be chosen that is best for the planet. The environmental transition is a necessity ; and the energy transition, one of its aspects, can no longer impose general norms. For the building industry, the obligation of performance and the acceptance of mistakes replace the current administrative system, now incapable of adaptation. Architects realize that their teams and partnerships are diversifying, as is happening in all engineering fields with which they have contact. The architect's role has become essential for integrating contributions from all parties and giving the building industry the coherency and significance expected by its users and environment. - Économies d'énergie : le bâtiment confronté à ses occupants - Marie-Christine Zélem p. 26-34 Le projet de transition énergétique dans le bâtiment s'inscrit dans un imaginaire technologique qui se heurte aux problématiques d'appropriation, d'usages, de comportements, d'apprentissages, de compétences... C'est ce que l'on nomme « la part sociale des projets énergétiques », qui se trouve le plus souvent dissimulée derrière la notion d'acceptabilité sociale généralement invoquée lorsque les technologies sont mal utilisées, ou bien lorsque leurs performances supposées ne sont pas au rendez-vous. Ce texte propose un certain nombre de clés de compréhension de ce qui structure socialement les pratiques énergétiques. Il invite à sortir d'une approche technocentrée, pour aller vers une ingénierie plus sociale.Saving energy: Buildings and their occupants
Plans for the energy transition in the building industry have aroused a technological imagination stymied by problems of ownership, uses, behaviors, learning experiences, skills, qualifications, etc. This so-called “social part of energy projects” is normally hidden behind the idea of “social acceptability”, which is generally brought up when technology is poorly used or when a technique's presumed effectiveness is not realized. A few keys to understanding the social aspects that shape energy practices, an invitation to break free from a technocentric approach and move more toward social engineering... - La précarité énergétique, une nouvelle dimension à prendre en compte - Robert Durdilly, Bertrand Lapostolet p. 35-37 Phénomène récent, la précarité énergétique est en constante augmentation. La prise de conscience de son importance et de son impact sur les conditions de vie des ménages modestes et sur leur santé en a fait une préoccupation croissante des acteurs de terrain, puis des pouvoirs publics. Touchant plus de 5,6 millions de ménages en 2013, cette problématique appelle des réponses à la bonne échelle, tant en termes de volume et de ciblage de la rénovation énergétique du parc résidentiel qu'en ce qui concerne les dispositifs d'aide aux personnes les plus touchées. Si l'enjeu de la réhabilitation des logements considérés comme des « passoires thermiques » est prioritaire, la résorption de la précarité énergétique ne réside pas uniquement dans la performance thermique du bâtiment : l'appropriation par les habitants d'usages économes adaptés à leur situation nécessite des démarches spécifiques d'accompagnement et d'information concernant leurs consommations et leur confort de vie.Energy vulnerability, a new dimension to take into account
Energy vulnerability is constantly increasing. Awareness of its impact on the living conditions of poor households and on their health has made this recent phenomenon a growing concern to public authorities. Affecting more than 5.6 million households in 2013, energy poverty calls for responses on the right scale in terms of volume and of the residential housing units targeted for energy efficiency (so as to funnel aid to the neediest). Rehabilitating housing units that are “thermal bridges” is a priority, but reducing energy poverty is not just a matter of the energy performance of buildings. The occupants must adopt practices that save energy and are adapted to their situation. This calls for specific forms of support to occupants and for information on their consumption patterns and level of comfort. - Décarboner le bâtiment, sans oublier ses émissions indirectes - Alain Grandjean, Roman Ledoux, Julie Daunay p. 38-40 Pour lutter contre le dérèglement climatique, la France s'est engagée, il y a plus de dix ans, à diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre (GES), d'ici à 2050 (par rapport à 1990). Cet objectif a été réaffirmé dans la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), et décliné en sous-objectifs de réduction des consommations d'énergie, en particulier fossiles, et de hausse de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie. Il est facile de démontrer que, globalement, la lutte contre le changement climatique repose sur deux leviers clés : la décarbonation des sources d'énergie et la baisse de la consommation d'énergie. Pour autant, dans le bâtiment, la poursuite des objectifs d'efficacité énergétique n'est pas automatiquement alignée sur celle des objectifs de la performance carbone.Making buildings carbon-free without forgetting the indirect emissions of greenhouse gases
To fight against climate change, France made the commitment, more than ten years ago, to reach by 2050 the goal of dividing its greenhouse gas emissions by four (compared with 1990). The TECV Act on the energy transition for green growth in 2015 restated this goal as a set of objectives for reducing the consumption of energy, in particular fossil fuels, and increasing the proportion of energy from renewable sources in household consumption. It is easy to prove that, globally, the fight against climate change has two major levers : “decarbonation” of energy sources and a reduction of energy consumption. Nevertheless, the objectives of energy efficiency in the building industry do not automatically fall in line with objectives measured in terms of carbon neutrality.
- L'énergie et le bâtiment : les données chiffrées pour la France depuis 1950 - Françoise Dupont p. 5-11
Acteurs et utilisateurs
- L'efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment : la vision et l'ambition de la Commission européenne - Mechthild Wörsdörfer p. 41-44 L'Union européenne s'est lancée avec détermination sur le chemin de la décarbonation de son économie, continuant par là même à assumer son rôle de leader sur la question de la transition énergétique, en accord avec les engagements ambitieux auxquels elle a souscrit dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat. Cette transition s'appuiera sur un cadre législatif renouvelé basé sur les propositions soumises par la Commission européenne dans le cadre de son paquet législatif « Énergie propre pour tous les Européens », adopté en novembre 2016. Le secteur du bâtiment, qui est le plus gros consommateur d'énergie de l'Union, pourra, en particulier, s'appuyer sur une version révisée de la directive sur la Performance énergétique des bâtiments, qui donnera la priorité à la rénovation et à la modernisation des bâtiments, notamment au travers d'une promotion accrue du financement de l'efficacité énergétique.Energy efficiency in buildings : The European Commission's vision and ambitions
The European Union has resolutely set out on the road to “decarbonate” its economy, thus remaining in the role of leader in the energy transition. This falls in line with the ambitious commitments made as part of the Paris Climate Agreement. For this transition, the European Commission is undertaking a legislative reform based on its package of new measures, “Clean Energy for All Europeans”, adopted in November 2016. Of interest to the building sector – the biggest energy consumer in the EU – the Directive on the Energy Performance of Buildings has been modified to assign priority to renovating and modernizing buildings, in particular through more funding for energy efficiency. - Les outils mis au service des pouvoirs publics pour promouvoir l'efficacité énergétique dans les bâtiments - Gilles Aymoz p. 45-48 L'État a fixé des objectifs ambitieux de réduction des consommations énergétiques non seulement de l'habitat, mais également des bâtiments industriels et tertiaires, qui voient ainsi fortement impactées les modalités de leur construction (ou de leur rénovation).L'atteinte de ces objectifs nécessite des mesures visant à informer, mobiliser et accompagner les acteurs, en particulier les professionnels du bâtiment et les ménages, avec une attention particulière portée à ceux en situation de précarité énergétique.Les enjeux sont d'avancer des arguments qui soient en concordance avec les véritables préoccupations des particuliers, de faciliter l'accès des propriétaires concernés à des financements appropriés, ainsi que d'inciter les professionnels à adapter leurs offres et à améliorer leurs compétences et la qualité de leurs prestations.L'importance de ces enjeux conduit à une large intervention des pouvoirs publics, tant au niveau national que territorial. Dans cet article, nous passerons en revue, de façon succincte, une partie des outils dont disposent les pouvoirs publics pour favoriser la rénovation de bâtiments anciens, en nous focalisant, ici, plus particulièrement sur l'enjeu principal que constitue le parc de logements privés.The tools at the service of public authorities for boosting the energy efficiency of buildings
The French government has set ambitious objectives for reducing energy consumption not only in housing but also in buildings in the secondary and tertiary sectors of the economy. This has a heavy impact on the conditions for constructing or renovating buildings in these sectors. To reach these objectives, measures must be taken to inform, motivate and accompany the parties concerned, in particular professionals in the building trades and households (with special attention for those characterized by energy poverty). How to advance arguments that address the genuine concerns of the people affected ? How to make it easier for homeowners to obtain appropriate funding ? How to motivate professionals to adapt their offers by improving their qualifications and the quality of their services ? Given the importance of these issues, public authorities, both national and regional, are led to intervene. The tools are succinctly described that they can use to promote the rehabilitation of old buildings, in particular private housing units. - Évaluation de la Réglementation thermique de 2012 - Mireille Campana, Michel Jean-François, Anne Florette, Didier Pillet p. 49-54 L'évaluation de la RT 2012 montre que l'objectif de consommation très ambitieux fixé par le Grenelle de l'Environnement (50 kWhep/m2/an) a été atteint grâce à des équipements plus performants et plus complexes – pompes à chaleur et chaudières à condensation – et à une meilleure coordination des acteurs de l'enveloppe et des systèmes, qui a pu s'appuyer sur des actions publiques en formation, en information et en soutien à l'innovation.En matière d'énergie utilisée, ont été constatés des effets « majoritaires », avec une prédominance du gaz, dans le logement collectif, et celle des pompes à chaleur, dans les maisons individuelles. En matière de confort, des problèmes de surchauffe en été ont également été relevés, même dans des bâtiments bien isolés.Des surcoûts en matière d'enveloppe et d'équipements ont été observés, qui seraient compensés (même si sur ce point nous manquons encore un peu de recul) par des coûts d'utilisation moins élevés.Une meilleure prise en compte du pilotage actif de certains équipements en tenant compte de la puissance consommée en énergie non renouvelable (bien adaptée à l'équilibre du réseau) pourrait permettre de réintroduire des équipements de chauffage électriques moins complexes et d'autoriser une utilisation plus large de la climatisation. Cela pourrait également aider au déploiement des énergies renouvelables (EnR), notamment du solaire.An assessment of the 2012 thermal regulations
According to a recent assessment of the thermal regulations introduced in 2012 in France, the very ambitious objective set for consumption (50 kWhep/m2/year) by the “Grenelle of the Environment”, which assembled officials and organizations for a wide-ranging discussion on environmental issues. This success can be set down both to more efficient and complicated equipment (heat pumps, condensing boilers) and to better coordination among stakeholders. This coordination came from public interventions in support of training programs, information services and innovation. This report observed a “majority effect” with regard to the sources of energy, namely a preference for natural gas in apartment buildings but of heat pumps in houses. Problems of overheating were pointed out, even in well-insulated buildings. Cost overruns were also observed, but they might be offset by lower costs as the new equipment is used (even though it is not now possible to verify this). By paying more attention to the “piloting” of certain types of equipment and by taking into account the kilowatts consumed from nonrenewable sources (adapted to load management on the electricity grid), it might be worthwhile to more often allow less complicated electric heating devices and air-conditioning. This could contribute to rolling out renewables, in particular solar power. - Vers une réglementation environnementale pour les bâtiments neufs - Romain Gaëta, Laurent Guldner, Florian Piton, Laetitia Priem, Aloïs Thiébaut p. 55-61 Afin de pouvoir réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre de la France, il est nécessaire d'agir sur le secteur du bâtiment, qui est le plus gros consommateur d'énergie parmi l'ensemble des secteurs économiques.La réglementation thermique 2012, actuellement en vigueur, a permis de fixer un objectif ambitieux de réduction des consommations énergétiques pour les bâtiments neufs construits après 2012 en généralisant les bâtiments basse consommation. Par le biais de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte, une trajectoire encore plus ambitieuse a été fixée à l'horizon 2020, avec la construction de bâtiments à énergie positive et à haute performance environnementale.Afin de permettre la montée en compétences de l'ensemble des acteurs de la construction dans ce domaine et de préparer la future réglementation des bâtiments neufs, qui ne sera donc pas uniquement énergétique mais également environnementale, la France a lancé, en novembre 2016, l'expérimentation « Énergie positive, Réduction carbone » (l'expérimentation E+C-).Environmental regulations for new buildings
To sharply lower greenhouse gas emissions in France, actions must be undertaken on the buildings sector, the biggest energy consumer among all sectors of the economy. The 2012 thermal regulations, now in effect, set an ambitious objective for reducing the energy consumption of new buildings. The 2015 TECV Act on the energy transition for green growth has raised the objective set for 2020 : the construction of “energy-positive” buildings with a high level of “environmental performance”. To raise the level of qualifications in the building trades, France launched in November 2016 the experiment “Positive Energy, Carbon Reduction”. It will help prepare future regulations for new buildings that will be not just about energy but also about the environment. - Energy transition of Europe's building stock. Implications for EU 2030. Sustainable Development Goals - Yamina Saheb, Heinz Ossenbrink, Sandor Szabo, Katalin Bódis, Strahil Panev p. 62-67 Energy transition of the EU building stock, from being an energy waster to being highly energy efficient and an energy producer, is a prerequisite for Europe's carbon neutrality, as well as for meeting Europe's Sustainable Development Goals (SDGs). Achieving these targets requires shifting the emerging energy renovation market from a market of step-by-step and shallow energy renovation financed by grants to a market of industrialized and holistic energy renovation leading to zero energy buildings financed by long-term loans. This paradigm shift is an opportunity for the construction industry to improve its productivity by industrializing the energy renovation process through the use of modern production technics and innovative technologies as well as business models. The industrialization of energy renovation will lead to cost reduction, making zero energy buildings affordable for all EU citizens, regardless of their income.
- La mobilisation des réglementations thermiques au service de la transition énergétique - André Pouget p. 68-74 Depuis 1982, POUGET Consultants (une équipe de 50 personnes réparties sur deux sites, Paris et Nantes) s'implique au quotidien, avec passion et détermination, dans la réalisation de chantiers de construction et de rénovation. Dès la conception de ces projets, ces troubadours de la non-énergie interviennent, mus par leur obsession de toujours plus de sobriété (énergie, émissions carbone...), pour concevoir des bâtiments durables, confortables à vivre...Après une brève rétrospective des réglementations thermiques qui se sont succédé dans le bâtiment depuis 1974 jusqu'à nos jours, nous énoncerons un ensemble de propositions qui sont autant de trajectoires vers l'atteinte de la cible 2050, dans laquelle il est toujours question (nécessairement) d'une plus grande sobriété en tant que passage obligé sur la voie de la transition énergétique, en jouant sur une performance environnementale accrue et sur un recours plus large aux énergies renouvelables. Enfin, nous développerons notre point de vue sur la nécessité, dans l'optique d'une double réduction « consommation d'énergie/émissions de carbone », d'une harmonisation des approches « construction/rénovation » et d'une simplification des méthodes devant permettre de mutualiser les interventions et de créer de la valeur grâce à une massification progressive des opérations de rénovation.Notre contribution à ce numéro de Responsabilité et environnement résonne avant tout comme une volonté de notre part de partager notre expérience (de près de quarante ans) de la maîtrise d'œuvre en matière de rénovation énergétique.Placing thermal regulations at the service of the energy transition
Since 1982, Pouget Consultants, a team of fifty persons at two locations (Paris and Nantes), is eagerly and decidedly involved at worksites for constructing and renovating buildings. Starting at the phase of design, these “advocates of non-energy” intervene – motivated by the pursuit for ever more “sobriety” (energy consumption, CO 2 emissions, etc.) – to imagine sustainable buildings that are comfortable to live in. Following a brief review of successive thermal regulations since 1974, proposals are made about the paths for reaching the goals set for 2050. These proposals still (necessarily) insist on more sobriety and on actions targeting “environmental performance” and renewables. To reduce both energy consumption and CO 2 emissions, it is necessary to harmonize the approaches to construction/renovation and simplify the methods for pooling interventions and creating value thanks to a gradual “massification” of renovation projects. Pouget Consultants shares its nearly forty years of experience in designing and managing energy renovation projects. - Les barrières à l'investissement dans l'efficacité énergétique des bâtiments en France - Isabelle Camilier-Cortial, Alexis Loublier, Arthur Souletie, Étienne Perrot p. 75-79 La rénovation thermique des bâtiments résidentiels constitue un levier essentiel de la transition énergétique et de la réduction de notre facture énergétique. Dans ce contexte, nous nous proposons d'estimer le niveau du gisement en matière d'économies d'énergie que représente le secteur résidentiel français. Nous montrerons qu'il existe un gisement de rénovations thermiques rentables pour les ménages compris entre 32 et 51 TWh, hors prix du carbone. Plusieurs obstacles (défaillances de marché ou certains biais cognitifs) peuvent empêcher l'exploitation de ce gisement.La mise en place d'un prix du carbone augmenterait le niveau du gisement rentable, mais ne serait pas suffisante pour déclencher tous les investissements rentables. En effet, certaines rénovations rentables du point de vue socioéconomique ne le sont pas d'un point de vue privé, ce qui peut justifier la mise en place de subventions ciblées sur ce gisement potentiel d'économies d'énergie.The barriers in France to investment in the energy efficiency of buildings
The thermal renovation of residential housing is a major lever for the energy transition and for reducing energy bills. What potential does residential housing hold for saving energy in France ? Several barriers (market shortcomings and cognitive biases) might keep us from tapping this potential, which is shown to be profitable for households : from 32 to 51 TWh (without counting “carbon costs”). Restrictions on loans are examined in relation to the hopedfor gains and the differences between owners and renters. Establishing a price for CO would make this profitable 2 potential even more attractive, but it would not suffice to trigger the necessary investments. Some renovation projects are profitable from a socioeconomic but not from a private viewpoint ; and this justifies subsidies that target this potential for saving energy. - Comment l'intervention publique peut-elle augmenter le nombre et la qualité des rénovations dans le parc immobilier français pour en réduire les consommations d'énergie et les émissions de GES ? - Hadrien Hainaut, Ian Cochran, Benoît Leguet p. 80-84 L'État a fixé d'ambitieux objectifs de performance énergétique pour les bâtiments, en particulier les logements privés. Ces objectifs se traduisent par d'importants investissements, de l'ordre de 15 milliards d'euros par an. Mais les incitations aujourd'hui en place ne parviennent à générer que la moitié des investissements nécessaires, dont une majorité dans des interventions dispersées et qui prennent mal en compte l'objectif d'efficacité énergétique. Pour qu'il y ait passage à l'acte, il faut réunir la motivation et les moyens, et offrir aux ménages les opportunités d'une réalisation concrète de leurs projets de rénovation. Seule une combinaison d'outils réglementaires, économiques et financiers est en mesure d'y parvenir, en réformant les outils existants ou en créant de nouveaux mécanismes, au niveau national comme au niveau local.How can public interventions increase the number and quality of renovations of housing units in France so as to reduce energy consumption and greenhouse gas emissions?The government's ambitious objectives for the “energy performance” of buildings, in particular private housing units, call for major investments, approximately €15 billion/year. Current incentives have proven capable of raising but half of this amount, and most of these funds go to dispersed interventions with little heed for energy efficiency. A will and a way are necessary to meet these objectives. Households have to be offered the opportunities for concretely realizing home improvements. This can be achieved only through a combined use of regulatory, economic and financial tools. Existing tools must be overhauled ; and new ones, created at the national and local levels.
- L'efficacité énergétique : mode d'emploi - Myriam Maestroni p. 85-88 Au cœur des enjeux de la transition énergétique, sobriété et efficacité énergétiques font l'unanimité, mais supposent une démarche globale encore loin d'être aussi structurée qu'elle devrait l'être...Energy efficiency: A user's guide
At the core of issues related to the energy transition, there is unanimity about “sobriety” and “energy efficiency”. But these values suppose a global approach that is far from being as clear as it should be... - Les grandes orientations sont tracées, il faut à présent les suivre - Jean Bergougnoux, Jean-Pierre Hauet p. 89-94 Le secteur des bâtiments est responsable, en France, de 43 % des consommations finales d'énergie et de 31 % des émissions de CO2. Les énergies fossiles (gaz et fuel) sont à l'origine de 70 % de ces émissions. Il y a donc un effort considérable à entreprendre pour atteindre les objectifs de réduction des consommations et des émissions de gaz à effet de serre fixés par la loi relative à la transition énergétique.Cette évolution ne se fera pas spontanément, des politiques publiques sont donc nécessaires pour orienter les décisions des investisseurs et des consommateurs. Mais le dispositif réglementaire, incitatif et fiscal, est aujourd'hui d'une trop grande complexité ; son efficacité est faible, car les signaux qu'il envoie ne correspondent plus aux priorités actuelles, en particulier à l'impératif de la décarbonation.Face à cette situation, nous proposons ici de revisiter ce dispositif, en trois étapes : 1) tirer les conséquences des objectifs majeurs de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte, 2) identifier et promouvoir des solutions performantes au regard de ces objectifs et, enfin, 3) mettre en place un dispositif approprié en matière d'incitations et de réglementations.Major orientations have been set, now to follow them...
In France, buildings represent 43% of final energy consumption and 31% of CO2 emissions. Fossil fuels (natural gas and heating oil) account for 70% of these emissions. A considerable effort must, therefore, be made to reach the goal of reducing both energy consumption and greenhouse gas emissions. This goal, set in the TECV Act on the energy transition for green growth in 2015, will not be reached spontaneously. Public policies are needed to orient investors' and consumers' decisions. The current regulatory system, based on incentives and taxes, is much too complicated. Nor is it very effective, since the signals it sends no longer correspond to priorities, in particular for carbon neutrality. This system is reviewed in order to : 1) draw the consequences of the major objectives set in the aforementioned act of law ; 2) identify and promote solutions effective for reaching these objectives ; and 3) set up an appropriate system of incentives and regulations.
- L'efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment : la vision et l'ambition de la Commission européenne - Mechthild Wörsdörfer p. 41-44
Perspectives technologiques
- Le bâtiment, entre idéal et réalité : les facteurs clés du succès de la transition énergétique - Étienne Crépon, Hervé Charrue p. 95-98 Acteur majeur du changement climatique, révélant des interactions multiples avec le système urbain, le bâtiment peine cependant à concrétiser sa nécessaire mutation. Trois raisons à cela : 1) le parc, ancien, est peu ou mal connu ; 2) les innovations restent sectorielles, incrémentales, et faiblement systémiques, et, enfin, 3) la capacité de production du secteur et la qualité de celle-ci restent insuffisantes au regard des objectifs de rénovation 2050 et des performances escomptées.On peut identifier trois axes majeurs pour une rénovation du parc bâti qui soit massive, performante et intégrée, visant l'optimisation du système urbain dans ses différents usages : l'installation d'un observatoire de l'existant et du neuf pour identifier les besoins d'innovation spécifiques qu'appelle un usage efficient dudit parc ; une évaluation des performances socioéconomiques et techniques réelles de la rénovation aux échelles du bâtiment, du quartier et de la ville durables ; et, enfin, le développement d'une approche industrielle allant des composants et des systèmes jusqu'au bâtiment, dans l'optique de l'accroissement de la performance économique des acteurs du secteur, de la qualité et de la performance des réalisations, de l'instauration d'une filière professionnelle revalorisée et donc attractive. La transition numérique, via le traitement de la donnée (dans son acception la plus large), le développement d'outils d'analyse, de simulation, d'optimisation, de formation... – tous numériques –, est l'innovation de rupture que le secteur se doit de ne pas manquer, sans pour autant perdre ce qui est son essence même, à savoir : sa capacité d'adaptation dans la durée, une capacité de résilience qui est le gage de sa pérennité.The construction industry between ideals and reality: The key factors for the success of the energy transitionAs a major player in climate change and given its many interactions with urban systems, the building industry is having difficulty undertaking the called-for changes for three reasons. First of all, little is known about the stock of old housing units ; and the existing information is unsatisfactory. Secondly, innovations are incremental, and not very systemic, since they are limited to the sector. Finally, this sector's production capacity and quality are still insufficient when measured against the objective set for housing renovations by 2050 and the hoped-for results. Three major axes for a massive, integrated, efficient renovation of housing units are proposed so as to optimize the various uses of the urban system : 1) the installation of an observatory of the stock of housing units and of plans for new housing in order to identify the need for specific innovations related to the uses of housing units ; 2) an assessment of the socioeconomic and technical “performance” of housing renovations on the scale of the sustainable building, neighborhood and city ; and 3) the development of an industrial approach ranging from components and systems to buildings in view of increasing the economic performance of stakeholders in this sector, the quality and efficiency of buildings and the attractiveness of an industry as value is restored to it. The digital transition – owing to data processing (in the broadest sense), analytics, simulations, optimizations, training (all digital ?) – is the breakthrough innovation that the building industry must grasp but without losing its essential ability to adapt in time, its resilience, which guarantees its durability.
- L'innovation dans le secteur du bâtiment dans les programmes européens de financement de la R&D - Antoine Dugué, Germain Adell p. 99-103 La recherche financée dans le cadre de l'Union européenne est structurée par les programmes cadres, et également, depuis 2009, par quelques partenariats public-privé contractuels organisés autour de l'industrie et de toute sa chaîne de valeur. Le PPP Energy Efficient Buildings, géré par l'ECTP (European Construction Technology Platform), porte un programme spécifique au « bâtiment ». Cet instrument est encadré par des feuilles de route coconstruites par toutes les parties prenantes, ce qui assure la pertinence des priorités de recherche et des thèmes des appels à projets annuels. Ceux-ci, très compétitifs, représentent des opportunités majeures pour le développement des nouvelles technologies et pour leur validation dans le cadre d'opérations pilotes, partout en Europe. Cette activité est tout autant nécessaire au maintien de la compétitivité européenne qu'elle est structurante, en visant l'objectif de l'excellence. NOBATEK/INEF4, l'Institut pour la transition énergétique (ITE) de la construction durable en France, est un des acteurs majeurs de ce PPP, et ses projets coordonnés sont des exemples des thématiques priorisées, ces dernières années.How EU programs for funding R&D take account of innovations in the buildings sector
Research is financed under the EU's framework programs and, since 2009, via a few public-private partnerships (PPPs) involving industry and its value chain. The partnership Energy Efficient Buildings, managed by ECTP, contains a program specific to the building industry. This PPP is organized through roadmaps that all stakeholders have helped design – a guarantee of the relevance both of its research priorities and of its offers of contracts for funding annual programs. These very competitive offers provide major opportunities for developing new technology and validating the results through pilot programs anywhere in Europe. This activity is necessary to maintain the EU's competitive edge and to orient this industry toward the goal of excellence. NOBATEK/INEF, a major partner in this PPP, has coordinated projects on topics related to the EU's priorities.
- Le bâtiment, entre idéal et réalité : les facteurs clés du succès de la transition énergétique - Étienne Crépon, Hervé Charrue p. 95-98
Hors dossier
- Bilan énergétique de la France en 2016. Données définitives - p. 104-107 Même s'il reste à un niveau historiquement élevé, le taux d'indépendance énergétique de la France métropolitaine baisse de deux points en 2016. En effet, la production primaire baisse de 4,8 % en raison d'arrêts prolongés de centrales nucléaires, tandis que la consommation primaire décroît plus modérément de 1,6 %. Compte tenu de températures moins douces en 2016 qu'en 2015, la baisse de la consommation primaire corrigée des variations climatiques atteint même 3,2 %. Elle trouve son origine à la fois dans la diminution des pertes de transformation (liée à celle de la production nucléaire) et dans celle de la consommation finale. Ainsi, si la consommation se stabilise dans les transports, elle baisse légèrement dans le résidentiel et, de manière plus marquée, dans l'industrie et le tertiaire, à climat constant. La facture énergétique des ménages, malgré la hausse de leur consommation réelle, reste stable grâce à la baisse des prix du gaz et des produits pétroliers et au ralentissement de celui de l'électricité. La consommation d'énergie primaire des départements d'outre-mer (DOM) s'élève à 3,6 Mtep, elle est en hausse de 0,5 %.
- Bilan énergétique de la France en 2016. Données définitives - p. 104-107