Contenu du sommaire : Engendrer un espace transnational : la Chine en tant qu'État diasporique à forte capacité et les diasporas chinoises
Revue | Perspectives chinoises |
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Numéro | no 2022/4 |
Titre du numéro | Engendrer un espace transnational : la Chine en tant qu'État diasporique à forte capacité et les diasporas chinoises |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Engendrer un espace transnational : la Chine en tant qu'État diasporique à forte capacité et les diasporas chinoises - Mette Thunø p. 3-5
- Qiaoxiang 2.0 : la République populaire de Chine et la gouvernance de la diaspora au niveau local - Martina Bofulin p. 7-16 Le présent article étudie les récentes transformations de la gouvernance diasporique au niveau local, notamment la nouvelle approche plus intégrée des Chinois émigrés qui a été mise au point dans des lieux qui connaissent depuis longtemps de forts mouvements d'émigration. Ces « villes d'origine des Chinois d'outre-mer », ou qiaoxiang, établissent activement un dialogue avec leurs expatriés depuis des décennies, mais les initiatives et les stratégies pour établir ce dialogue ont récemment changé en raison de politiques du gouvernement central, d'une augmentation des migrations de retour et de l'utilisation généralisée des technologies de l'information et de la communication. En s'appuyant sur l'étude de cas du district de Qingtian dans la province orientale du Zhejiang, cet article étudie les différentes façons selon lesquelles le gouvernement local entre en contact avec ses administrés à l'étranger, en se concentrant sur les activités dans les domaines des affaires juridiques et de l'administration publique, des investissements, de la transformation numérique, de la diplomatie publique, de la restructuration urbaine locale et de la réponse à la pandémie de Covid-19. Mes conclusions mettent en évidence des innovations et expérimentations au niveau local plutôt qu'une application passive de politiques centrales, et attirent l'attention sur la nécessité d'une analyse plus approfondie du rôle de l'État dans la mobilisation de la diaspora.
- Les organisations de « nouveaux migrants » et le(s) État(s) diasporique(s) chinois au XXIe siècle : le cas du Japon - Els van Dongen p. 17-28 En Chine, au cours des deux dernières décennies, les gouvernements locaux se sont investis dans la mise en place d'associations de « nouveaux migrants » à l'étranger, qui ont progressivement été mises au service d'objectifs économiques et diplomatiques. En s'appuyant sur l'étude du cas de la création de l'Association des nouveaux Chinois d'outre-mer et immigrés d'origine chinoise au Japon (New Overseas Chinese and Ethnic Chinese Association in Japan, ou NOCECAJ) en 2003, une fédération d'associations, cet article soutient que la plupart de ces nouvelles associations implantées au Japon ont œuvré spécifiquement au recrutement de talents dans le domaine des STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) à l'échelle régionale. Elles ont également servi des objectifs en matière de diplomatie publique et, plus récemment, soutenu les ambitions affichées par l'État chinois de se montrer « serviable » et « à l'écoute ». Enfin, elles ont œuvré à l'amélioration des relations sino-japonaises, marquées par une histoire mouvementée. Cet article défend l'idée que, malgré ces efforts d'unification et de cooptation, l'investissement croissant des gouvernements locaux et des bureaux de mobilisation de la diaspora à l'échelle provinciale et municipale nous incite à repenser l'« État diasporique » comme un ensemble complexe et mouvant d'interactions entre un large éventail d'acteurs diasporiques intervenant à plusieurs niveaux. Cherchant à dépasser à la fois le « transnationalisme d'État » et la « gouvernance en réseau », il postule qu'une approche par « assemblage » est plus à même de nous aider à saisir les méandres de la mobilisation de la diaspora chinoise au XXIe siècle.
- Réseaux du care durant le Covid-19 : l'État chinois transnational, sa diaspora et au-delà - Maggi W. H. Leung p. 29-39 Cet article examine la politique, les notions et les actions du care qui ont caractérisé l'État chinois transnational pendant la pandémie de Covid-19. S'appuyant sur une analyse des politiques et des médias, des observations participantes et des entretiens qualitatifs auprès de 21 Chinois résidant aux Pays-Bas, il identifie trois réseaux du care : de la diaspora vers la Chine, de la Chine vers la diaspora et de la Chine vers le monde. Les résultats illustrent la façon dont la pandémie a fourni une tribune où les liens émotionnels, le patriotisme et la responsabilité morale ont été exprimés, cultivés et contestés. Ces éléments engendrent, à leur tour, des conséquences sur le programme économique et politique de l'État chinois transnational.
Articles
- Écouter la Chine nouvelle : la société Art-Tune Records, propagande culturelle et transfert musical à Hong Kong au début de la guerre froide (1950-1960) - Sabrina Y. Tao p. 41-50 Cet article explore la façon dont la société Art-Tune Records (Yisheng changpian gongsi 藝聲唱片公司), entreprise privée basée à Hong Kong et travaillant officieusement pour la China Records Factory, elle-même créée par la République populaire de Chine (RPC), a permis la circulation de musique chinoise vers Hong Kong et les communautés sinophones d'outre-mer dans les années 1950 et 1960. Malgré la censure politique du gouvernement colonial et les sanctions imposées par les États-Unis, Art-Tune a cherché à remastériser et à reproduire les enregistrements de la China Records Factory, en déployant des stratégies de dépolitisation et en accentuant leur sinité. La société a également produit sur disques vinyle des versions multirégionales et plurilingues pour nourrir la sympathie des auditeurs envers la culture chinoise et le nouveau régime de la RPC. Le succès de cette diffusion de la musique de la RPC à l'étranger a contribué à nourrir une pratique intermédiatique dynamique, avec la réutilisation de la musique socialiste chinoise dans les films d'arts martiaux hongkongais. Cet article étudie la transformation de la musique socialiste d'un moyen de propagande en un symbole de la Chine, capable de transcender les clivages géopolitiques de la guerre froide pour toucher les membres de la diaspora chinoise.
- La frontière fantasmée de la République de Chine : l'évolution des représentations de la Mongolie au sein de la Commission des affaires mongoles et tibétaines - Alessandra Ferrer p. 51-61 En 2017, la Commission des affaires mongoles et tibétaines (CAMT) a été dissoute après 68 ans de fonctionnement à Taïwan. Comment cette institution anachronique a-t-elle évolué, à mesure que la République de Chine (RdC) se démocratisait ? Une analyse du corpus publié par cette organisation montre qu'elle a conservé, jusqu'à la fin du régime militaire en 1987, une orientation chauviniste centrée sur les Han et visant à civiliser la « frontière » au moyen d'une politique de développement et de réformes. Au XXIe siècle, la rhétorique de la CAMT a mis davantage l'accent sur les échanges bilatéraux et internationaux. Ses publications ont continué cependant à souligner la supériorité relative du développement taïwanais par rapport à celui de la Mongolie, même si l'adhésion à la « sinité » politique s'est estompée. Alors que le gouvernement de la RdC a adopté de plus en plus le « multiculturalisme » taïwanais au début du XXIe siècle, l'histoire de la CAMT met en lumière un aspect significatif et négligé de l'évolution des discours sur l'identité nationale.
- Le restaurant « ethnique » : migration, ethnicité et authenticité de la nourriture à Shanghai - Shajidanmu Tuxun p. 63-72 À partir d'un travail de terrain dans des restaurants proposant une cuisine du Xinjiang à Shanghai, cet article s'intéresse au mécanisme social de négociation de l'authenticité gastronomique. Portant essentiellement sur la façon dont des facteurs tels que le capital, l'ethnicité et le lieu influent sur la définition et la contestation de l'authenticité de la « cuisine ethnique », cette recherche situe le marché de la cuisine du Xinjiang, en plein essor, dans un contexte plus large de migration, de mondialisation et de consumérisme. Elle analyse en outre un ensemble de définitions concurrentes de l'authenticité utilisées par la direction, les employés et les clients des restaurants sur les sites de production, de présentation et de consommation. L'évolution des restaurants du Xinjiang témoigne de la reproduction et de la transformation des représentations culturelles en valeur économique potentielle et révèle de quelle manière les conceptualisations du lieu et de l'ethnicité prennent des formes particulières axées sur le marché. Les revendications disputées d'authenticité de la cuisine du Xinjiang et la création d'une garantie d'authenticité dans les restaurants font écho à l'imaginaire des populations locales sur le Xinjiang, à la politique en matière d'identité ethnique en Chine et au développement de l'économie de marché dans un contexte de migration.
- Écouter la Chine nouvelle : la société Art-Tune Records, propagande culturelle et transfert musical à Hong Kong au début de la guerre froide (1950-1960) - Sabrina Y. Tao p. 41-50
Comptes rendus de lectures
- ZHOU, Chenshu. 2021. Cinema Off Screen : Moviegoing in Socialist China. Berkeley : University of California Press. - Xiaoning Lu p. 73-74
- ZHU, Qian. 2022. River-sand Mining : An Ethnography of Resource Conflict in China. Leyde : Brill. - Jing Vivian Zhan p. 74-75
- HSIAU, A-chin. 2021. Politics and Cultural Nativism in 1970s Taiwan : Youth, Narrative, Nationalism. New York : Columbia University Press. - Tanguy Lepesant p. 76-77
- AMAR, Nathanel. 2022. Scream for Life : l'invention d'une contre-culture punk en Chine populaire. Rennes : Presses universitaires de Rennes. - Grégoire Bienvenu p. 77-78
- BYLER, Darren. 2022. Terror Capitalism : Uyghur Dispossession and Masculinity in a Chinese City. Durham : Duke University Press. - Andrew B. Kipnis p. 79-80