Contenu du sommaire : Dette publique et policy mix face à l'incertitude radicale

Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol. XXXVIII, no 2, octobre 2023
Titre du numéro Dette publique et policy mix face à l'incertitude radicale
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  • Foreword : Thoughts on Fiscal Policy - Olivier Blanchard p. 3-14 accès réservé
  • Dette publique, retour de l'inflation et policy mix : qu'enseigne l'expérience contemporaine ? - Chicot Eboué, Patrick Villieu p. 15-62 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'introduction générale au numéro spécial de la RFE, revient sur les grands enjeux liés à la soutenabilité de la dette publique d'une part, et à l'identification d'une combinaison optimale entre politique budgétaire et politique monétaire, d'autre part. À cette occasion, les conditions nécessaires à la soutenabilité de la dette publique sont évoquées, aussi bien pour les pays riches que pour les pays pauvres d'Afrique. La « borne inférieure de taux d'intérêt », qui a prévalu de 2009 à 2020, ayant conduit à la dominance budgétaire, est à l'origine de l'assignation de la politique monétaire à l'objectif intermédiaire de l'endettement public. Il en est résulté une tolérance inflationniste plus grande à partir de 2021, suite aux crises imprévisibles de la Covid-19 et la guerre russoukrainienne. Il en découle la nécessité de redéployer les dispositifs des politiques budgétaire et monétaire, afin d'éviter d'étouffer la croissance, tout en combattant l'inflation. Cette introduction examine les différentes options possibles, dont les réformes des règles budgétaires, le verdissement de la politique monétaire et la coordination budgétaire verticale. Successivement, la contribution des auteurs à ce numéro spécial est évaluée.
    The general introduction to the special issue of The Revue française d'économie devoted to « Public Debt & Policy Mix under radical uncertainty », goes in depth through the various challenges fiscal policy as well as monetary policy do face, since rapid inflation is back in early 2021, as a consequence of the Covid 19 virus spured throughout the world, and Russia invaded Ukraine. Those challenges are related to the conditions of debt sustainability within the former regime of low interest rates (too low for long), and how these conditions are changed within fast growing interest rates and inflation. The past two decades experience is analyzed as well as the future, for rich countries but also for poor african countries. This helps to qualify the fiscal dominance observed from 2003 to 2020, and to give some insights about inflation prospects errors made by the FED or ECB, in 2021 and 2022. Now, to what extent fiscal rules can be changed to stop high growing debt, as well as helping monetary policy to stabilize the economy and fight against inflation? The various options are examined, along the debate about « fix rules versus discretion », on the fiscal counterpart as well as the monetary side. For the euro zone, much is needed to combine a new fiscal policy, and build an integrated fiscal stance, able to cope with the ECB and its monetary stance. Thus, greening monetary policy is under tracks, and could help to fund decarbonation fiscal policy, if a decreasing path of public spending is defined.
  • L'improbable policy mix de la zone euro - Pierre Jaillet p. 63-82 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Le traité sur l'Union économique et monétaire définit un modèle original de policy mix où les politiques budgétaires restent sous l'autorité des États membres alors que la politique monétaire unique est déléguée à la Banque centrale européenne, institution fédérale au cœur de l'Eurosystème. Cet article analyse les limites de ce modèle à la lumière de l'expérience des deux premières décennies d'UEM. Il passe ensuite en revue les différentes phases du policy mix de la zone euro depuis 1999, marquées par des revirements parfois brutaux d'une dominance budgétaire à une dominance monétaire. La dernière partie examine les propositions visant à renforcer la gouvernance économique de la zone euro et à améliorer un modèle de policy mix intrinsèquement instable.
    The Treaty on Economic and Monetary Union defines an original policy mix model in which budgetary policies remain under the authority of the Member States, while the single monetary policy is delegated to the European Central Bank, a federal institution at the heart of the Eurosystem. This article analyses the limitations of this model in the light of the experience of the first two decades of EMU. It then reviews the various phases of the eurozone policy mix since 1999, marked by sometimes abrupt reversals from fiscal to monetary dominance. The final section examines proposals for strengthening economic governance in the eurozone and improving an inherently unstable policy mix.
  • Les dettes publiques nécessaires, un point de vue keynésien - Henri Sterdyniak p. 83-113 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les pays avancés, des dettes publiques élevées sont nécessaires car le capitalisme financier induit un déficit structurel de demande ; elles ne coûtent rien tant que les taux d'intérêt sont inférieurs au taux de croissance. Elles satisfont le besoin des ménages et des institutions financières d'un actif sans risque. Leur financement doit toujours être garanti par la banque centrale. Leur soutenabilité n'est pas problématique tant que la politique budgétaire reste flexible. Les traités européens encadrant les politiques budgétaires devraient être remis en cause. Réduire les dettes publiques nécessiterait de repenser la distribution des revenus et d'impulser l'investissement.
    In advanced countries, high public debts are necessary as financial capitalism induces a structural demand deficit; debts are no cost as long as interest rates are below the growth rate. They satisfy the need of households and financial institutions for a risk-free asset. Their financing must always be guaranteed by the Central Bank. Their sustainability is not problematic as long as fiscal policy remains flexible. European treaties paralyzing fiscal policies should be challenged. Reducing public debt would require rethinking income distribution and boosting investment.
  • Pour une politique d'assainissement de la dette publique par la baisse de la dépense publique - François Facchini p. 115-161 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article se place dans une tradition des sciences économiques finalement peu présente en France dans les débats autour de la dette, à savoir la nouvelle économie politique. Il soutient que le gouvernement devrait dégager des excédents budgétaires grâce à une baisse des dépenses publiques pour stimuler la croissance économique et donner ainsi aux acteurs des marges de manœuvre pour s'adapter aux conséquences du dérèglement climatique. Il rappelle, en introduction, l'actualité des débats et explique pourquoi la question posée par la dette publique porte plus sur les bienfaits des dépenses publiques que sur les déficits. Une dette publique n'est pas productive en elle-même. Elle est productive si elle finance des dépenses productives. L'existence d'une courbe de BARS pour la France à hauteur probablement d'un ratio dépenses publiques sur PIB de 30 % et l'échec relatif des conférences internationales pour le climat, conduisent à soutenir une politique d'austérité expansive, antikeynésienne et de vérité des prix sur l'énergie et le marché foncier afin de gérer un problème complexe, le climat, par un système complexe, le prix. Ne pas réduire la dette publique serait, pour ces raisons, réduire la capacité de résilience de l'économie française face aux chocs à venir (climatiques, démographiques, sanitaires et/ou militaires). Privatiser les entreprises publiques et certains services publics et baisser les coûts de production des services publics seraient, au contraire, un moyen de l'accroître et de préserver l'intérêt des générations futures.
    This article applies the results of the new political economy to contemporary debates on public debt. It argues that France should favor an expansive austerity policy, i.e. to generate budget surpluses through lower public spending. The existence of a BARS curve for France, probably at the level of a 30% ratio of public expenditure to GDP, and the relative failure of international climate conferences, lead to support an anti-Keynesian policy, on the one hand, to support economic growth and true prices, and on the other hand, on energy and the land market, in order to manage a complex problem, the climate, through a complex system, the price. Not to reduce the public debt would be, for these reasons, to reduce the resilience of the French economy to future shocks (climatic, demographic, sanitary and/or military). Privatizing public enterprises and certain public services and lowering the production costs of public services would, on the contrary, be a way of increasing it and preserving the interests of future generations.
  • Quel policy mix pour la transition écologique ? - Esther Jeffers, Dominique Plihon p. 163-187 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article présente les modalités d'un verdissement des politiques budgétaire, monétaire et prudentielle permettant de faire face au besoin de financement massif et aux risques majeurs associés au changement climatique. Partant du constat, suggéré par l'expérience récente des crises financière et sanitaire, que la mise en œuvre séparée et indépendante des politiques monétaire et budgétaire nuit à leur efficacité, cette étude montre également le rôle stratégique d'un policy mix vert, assurant la coordination des politiques budgétaire, monétaire et prudentielle face aux défis du changement climatique.
    This article shows how fiscal, monetary, and prudential policies can be made green in order to address the massive financing needs and major risks associated with climate change. Based on the observation, which is indicated by the recent experience of the financial and health crises, that the separate and independent implementation of monetary and fiscal policies is detrimental to their effectiveness, the paper also shows the strategic role of a green policy mix ensuring the coordination of fiscal, monetary, and prudential policies when facing the challenges of climate change.
  • Dette publique et policy mix climatique : l'éclairage des modèles macroéconomiques stocks-flux cohérents - Jacques Mazier, Luis Reyes p. 189-219 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'article examine l'apport des modèles stocks-flux cohérents (SFC) à la définition d'un policy mix vert facilitant la mise en œuvre d'une politique de transition climatique. Dans une première partie, les modèles SFC traditionnels sont utilisés pour évaluer si les politiques monétaires non conventionnelles peuvent accroître les marges de manœuvre budgétaires et contribuer ainsi au financement du coût élevé de la transition climatique. Dans une seconde partie, l'approche est élargie aux modèles SFC mondiaux ou nationaux intégrant la dimension environnementale. Certaines modalités d'un policy mix vert (quantitative easing vert, politique sélective du crédit, mesures fiscales, dépenses publiques plus actives) sont examinées dans ce cadre.
    The paper examines the contribution of SFC modelling to the definition of a green policy mix that would facilitate the implementation of a climate transition policy. First, traditional SFC models are used to assess whether unconventional monetary policies can increase the budgetary leeway and contribute to finance the high cost of the climate transition. Second, the analysis is extended to national or world SFC models that integrate the environmental dimension. Some of the various aspects of a green policy mix (green QE, selective credit policy, fiscal measures, active public spending) are discussed in this framework.
  • Public Debt and Financial Stability in Africa : Prolegomena for Setting-Up a Regional Financial Safety Net for the Continent - Emmanuel Pinto Moreira p. 221-258 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article analyse la nouvelle vague d'endettement de l'Afrique et les limites des initiatives récentes de résolution de la dette. L'initiative de suspension du paiement du service de la dette et celle du cadre commun de traitement des dettes ne semblent pas être à la hauteur des défis que posent l'accumulation rapide de la dette africaine au cours de la décennie écoulée, le changement de sa structure et les risques financiers qui en découlent. L'article appelle à la création d'un mécanisme régional de stabilité financière (MRSF) capable d'adresser les questions de résolution, de gestion et de prévention de la dette africaine. Il présente aussi les caractéristiques principales de ce mécanisme. Cependant, il convient de noter qu'une série de questions fondamentales doivent être résolues pour une mise en œuvre efficace de ce mécanisme. Ces questions sont les suivantes : comment la structure financière de ce mécanisme sera-t-elle établie ? Quel rôle devraient jouer les pays non-régionaux, notamment les pays développés dans la structure de gouvernance et le processus de décision de ce mécanisme ? Quelle sera la relation entre ce mécanisme et les institutions africaines existantes, notamment le Fonds monétaire africain (FMA) et la Banque centrale africaine (BCA), dont la création est annoncée depuis plus de 20 ans, et pourtant toujours différée ? Quel rôle devrait jouer le Fonds monétaire international (FMI) et quelle relation le mécanisme devrait avoir avec le FMI ?
    This paper analyses Africa's new wave of debt crisis and the limitations of the recent debt resolution initiatives. The Debt Service Suspension Initiative (DSSI) and the Common Framework for Debt Treatments have not been up to the challenge of the rapid debt accumulation over the past decade, its changing structure, and the associated financial risks in Africa. The paper then calls for the creation of a regional financial safety net (RFSN) for debt resolution, management, and prevention on the continent. The key features of this RFSN are presented. Yet, few critical strategic issues would need to be addressed to ensure effective implementation of this RFSN. Few questions that arise are: How the financial structure of this RFSN will be setup? What role (if any) should non-regional members, in particular advanced countries will play in the governance structure and decision-making process of this RFSN? What would be the relationship between this RFSN and existing financial institutions in Africa, including the African Development Bank, the African Monetary Fund, and the African Central Bank, whose creation is announced for more than twenty years, but is not implemented yet? What role and what would be the relationship with the International Monetary Fund (IMF)?
  • Conclusion générale - Chicot Eboué, Patrick Villieu p. 259-265 accès réservé