Contenu du sommaire : La Russie, entre héritages et mutations
Revue | La revue internationale et stratégique |
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Numéro | no 68, hiver 2007-2008 |
Titre du numéro | La Russie, entre héritages et mutations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éclairages
- Médias et experts : entre pédagogie et désinformation - Pascal Boniface p. 11 L'intérêt du public pour les questions internationales ainsi que la tendance à tenir compte de l'opinion dans la conduite des relations extérieures ont renforcé la place accordée aux problèmes internationaux dans les médias, et ont suscité un recours aux experts pour éclairer les événements. Cette évolution est positive. Car, si pour certains la rigueur scientifique interdirait de vulgariser en un temps limité un savoir complexe, on peut estimer que la pédagogie passe aussi par les médias. Néanmoins on constate des effets négatifs : le risque de verser dans des analyses simplistes, la tentation de faire appel à l'expert disponible plutôt qu'à l'expert compétent. Mais le reproche le plus important est celui de la désinformation opérée par certains experts. Il est ainsi du devoir des médias d'exercer une vigilance à cet égard.Media and Experts Between Pedagogy and DisinformationThe public interest for international questions and the trend of taking into account public opinion in the conduct of foreign relations have reinforced the place accorded to international problems in the media, and have instigated a call to experts to explain the events. This evolution is positive. If for some people scientific rigor prohibits the popularization of complex knowledge in a short time, the process of popularization can also result from the media. Nonetheless, negative effects do exist, namely the risk of lapsing into overly simplistic analysis, and the temptation to appeal to the available specialist rather than the competent one. The most important reproach, however, concerns the disinformation realized by some experts. Thus, the media has the duty to exercise vigilance concerning this issue.
- Regard sur la Chine - Jean-Luc Domenach p. 17
- Pour une approche profane des conflits de l'après Guerre froide - Georges Corm p. 25 Dans l'actuel monde globalisé, les justifications des conflits font, paradoxalement, de plus en plus appel à des considérations de nature anthropologique, religieuse ou ethnique. Face à cette dérive, il convient de revenir à une analyse profane des conflits, qui cherche à rétablir une connaissance des causes réelles et multiples des guerres. Les facteurs démographiques, géographiques, économiques, politiques, historiques, idéologiques et culturels doivent être pris en compte. Dans cette perspective, il convient de respecter certaines précautions méthodologiques, notamment éviter la vision binaire du monde et la causalité unique, et déconstruire les vocabulaires. Cette approche permet de dresser une typologie des conflits, qui reflète les problèmes sociopolitiques majeurs de ce début de XXIe siècle.For a Secular Approach to Post-World War II ConflictsIn the present globalized world, conflicts are paradoxically more and more justified by anthropological, religious or ethnic considerations. In order to face these excesses, it is necessary to come back to a secular analysis of conflicts, which aims at restoring knowledge of the many and true causes of war. The demographic, geographical, economic, political, historical, ideological and cultural factors have to be taken into account. In this respect, it is important to take certain methodological precautions, especially to avoid the binary vision of the world, a vision of unique causality, and criticizing the vocabulary. Thanks to this approach, it is possible to construct a typology of conflicts, which reflects the major socio-political problems of the beginning of the 21st century.
- Le codéveloppement : un alibi pour des politiques migratoires restrictives - Christophe Courtin p. 43 Concept novateur qui, dans les années 1980, mettait en avant le rôle des diasporas dans les politiques de développement de leurs pays d'origine, le codéveloppement est devenu un alibi à des politiques migratoires restrictives. Or, créer un lien mécanique entre immigration et codéveloppement est une supercherie, notamment dans la mesure où les logiques obéissent à des différences temporelles et où la mobilité est un atout pour le développement économique. Les vraies pistes sont à chercher dans la facilitation de brefs séjours successifs en Europe. De plus, il est nécessaire d'associer les pays du Sud au contenu du codéveloppement, alors que les difficultés quant à sa mise en œuvre sont liées à la mobilisation de l'épargne des migrants et à l'orientation des fonds vers des programmes bénéficiant collectivement aux populations.The Codevelopment : an Alibi For Restrictive Migratory PoliciesThe Codevelopment was, in the 1980s, an innovative concept that pointed out the function of diasporas in the development policies of their native country, and has now become an alibi for restrictive migratory policies. The creation of a systematic link between immigration and Codevelopment is, however, a deception, because the temporal logics are different and mobility is an asset for economic development. The true solutions lay in facilitating brief successive stays in Europe. It is necessary, moreover, to associate the countries of the South with the definition of Codevelopment, whereas the difficulties of the institution of this policy are tied to the mobilisation of the migrant's saving and to its orientation towards beneficial programs for the whole population.
- Le codéveloppement, grandeur et décadence d'une aspiration généreuse - Christophe Daum p. 49 Le codéveloppement, qui désigne l'implication des populations immigrées dans le développement de leur pays d'origine, est un phénomène récent. Si, dans les années 1980, l'État va s'intéresser, dans la perspective de négociations entre le Nord et le Sud, à la redistribution équitable des richesses ; depuis, l'immigration est devenue un enjeu de politique intérieure et le codéveloppement une réponse associant la réduction de l'immigration et le développement. Le dispositif institutionnel mis en place à partir de 1997 va ainsi osciller entre ces deux objectifs. Avec la création, en mai 2007, d'un ministère de l'Immigration, de l'Intégration, du Codéveloppement et de l'Identité nationale, le contrôle de l'immigration est privilégié et il s'agit d'y associer les États d'origine.The Codevelopment, Greatness and Decadence of a Noble AspirationThe Codevelopment, which points out the implication of immigrated populations in the development of their native country, is a recent phenomenon. In the 1980s the state was interested, within the framework of negotiations between the North and the South, in the equitable redistribution of wealth but since then, immigration has become a domestic policy issue and the Codevelopment an answer associated with the reduction of immigration and development. Thus, the institutional provisions established since 1997 have fluctuated between these two directions. With the creation of the Minister of Immigration, Integration, Codevelopment and National Identity in May 2007, immigration control is privileged and has become a question of associating it with the states of origin.
- Géopolitique de la finance - Yves Jégourel p. 61 Depuis plusieurs mois, les fonds dits « souverains » en raison de leur appartenance étatique alimentent de vives inquiétudes au sein de la sphère politique des pays occidentaux. À la différence des investissements traditionnels, ces fonds sont suspectés de servir des intérêts financiers mais aussi stratégiques qui pourraient menacer la sécurité économique des pays dans lesquels ils investissent. Or, les faits montrent que les liens qui unissent le monde financier au monde politique sont plus larges et plus complexes. Ils ne sont pas propres aux fonds souverains et peuvent porter des intérêts non pas stratégiques, mais au contraire éthiques. Afin de comprendre la nature de ces liens, ainsi que les menaces et les opportunités que la finance fait naître, il convient d'appréhender ce nouveau capitalisme d'État dans sa globalité.Geopolitics of FinanceFor several months, the “sovereign wealth funds”, defined as state-owned funds, have troubled politicians of Western states. Unlike traditional investments, these funds are suspected of serving financial but also strategic interests, likely to threaten the economic security of the countries in which they invest. But the facts prove that the ties between the financial and political world are broader and more complex. They aren't particular to the sovereign wealth funds and could concern not simply strategic interests but rather ethical ones. In order to define not only the nature of these links but also the threats and opportunities induced by the financial sector, it is necessary to examine this new state capitalism in its globality.
- Les enjeux du leadership au Conseil de sécurité : responsabiliser ou contrôler les opérations de paix de l'ONU ? - David Ambrosetti et Mélanie Cathelin p. 69 Au sein du Conseil de sécurité, le leadership reconnu à un État sur un dossier est un élément essentiel pour comprendre les décisions de l'ONU en matière de gestion des conflits armés. Ce rôle social reconnu de façon informelle par les membres du Conseil cristallise les enjeux d'influence diplomatique et de crédibilité propres au travail multilatéral. La diplomatie américaine reste ici incontournable dans la désignation de la délégation leader. Mais elle a également contribué fortement au façonnement de ce rôle de leader au cours des années 1990. D'où l'apparent paradoxe : grâce à l'évolution de ce rôle, l'Administration américaine actuelle, dont le goût pour l'unilatéralisme n'est plus à démontrer, a pu accepter une expansion considérable des opérations de paix de l'ONU, en Afrique subsaharienne en particulier.The Stakes of Leadership in the Security Council : Should the United Nations Peace Operations Be Regulated or Supervised ?Within the Security Council, the leadership entrusted to a state on an issue is essential to understand the decisions taken by the United Nations concerning the management of armed conflicts. This social function, informally acknowledged by the members of the Council, crystallizes the stakes of diplomatic influence and credibility particular to multilateral affairs. In this respect, it is impossible to disregard the role of American diplomacy in the designation of the leader's delegation. Furthermore, this diplomacy also played a large part in the construction and transformation of the leadership's role during the 90's. Hence the apparent paradox : thanks to the evolution of this role, the current American Administration, although no longer inclined to favour unilateralism, has accepted a great expansion of the United Nations peace operations, particularly in Sub-Saharan Africa.
- Médias et experts : entre pédagogie et désinformation - Pascal Boniface p. 11
Dossier : La Russie, entre héritages et mutations
La Russie, une société bloquée ?
- Les éléctions parlementaires russes de décembre 2007 : une nouvelle étape dans la consolidation de l'élite politique au pouvoir - Olga Gille-Belova p. 81 Cet article est consacré à l'analyse du rôle joué par les élections parlementaires dans le fonctionnement de l'élite politique russe, et de l'évolution du personnel parlementaire. Si les premières élections parlementaires en Russie (1993, 1995) ont largement contribué au renouvellement de l'élite politique, les élections suivantes (1999, 2003) ont témoigné de l'emprise croissante des dirigeants de l'exécutif sur la composition du Parlement. Cette évolution s'est reflétée dans le changement du profil des parlementaires. Par ailleurs, le parti pro-présidentiel Russie Unie, dont la domination sur la scène politique russe, acquise lors des dernières élections parlementaires, pourrait sortir encore renforcée des élections de décembre 2007, affiche ouvertement son ambition de contrôler le renouvellement de l'élite politique russe.The Russian Parliamentary Elections of December 2007: a New Step Toward the Reinforcement of the Political Elite in PowerThis article deals with the analysis of the role played by the parliamentary elections in the evolution of both the political Russian elite and the parliamentarians. If the first parliamentary elections in Russia (1993, 1995) have broadly played a part in the re-emergence of the political elite, the following elections (1999, 2003) have underlined the growing ascendancy of the executive authority in the forming of the Parliament. This evolution is reflected in the change in profiles of the parliamentarians. Furthermore, the pro-presidential party, Unified Russia, which dominates the Russian political scene, should likely be reinforced by the elections of December 2007. This party openly declares its ambition to control the renewal of the Russian political elite.
- Russie : la société civile en perdition politique - Françoise Daucé p. 93 Afin d'assurer le passage à la démocratie, les initiateurs de la transition démocratique russe souhaitaient favoriser le développement d'une société civile indépendante et d'un pluralisme politique solide. Les associations progressistes, méfiantes à l'égard de l'engagement politique, voyaient leurs demandes auprès du pouvoir relayées par les partis libéraux. Or, depuis 2000, les relations entre ces partis et la société civile sont menacées par des législations limitant leurs possibilités de coopération. De plus, l'éviction des partis libéraux de la Douma, en 2003, a sapé les relais politiques des militants indépendants. Dans ce contexte, les élections de décembre 2007 mettent en lumière l'aboutissement du processus d'affaiblissement de la société civile indépendante et des partis politiques d'opposition, engagé depuis 2000.Russia : the Civil Society in Political CollapseIn order to guarantee the transition to democracy, the initiators of democratic transition in Russia wished to favour the development of an independent civil society and of a strong political pluralism. Progressive associations, distrustful concerning political engagement, saw their demands concerning power relayed by the liberal parties. Since 2000, however, the connections between these parties and civil society have been threatened by legislation restricting their cooperation. The ousting of the liberal parties of the Duma in 2003 has undermined the political relay of the independent militants. In this context, the elections of December 2007 highlight the successful weakening of the civil society and of opposition parties that has continued since its beginning in 2000.
- L'armée russe et les jeunes, la matrice d'un rapport à l'État - Eva Bertrand p. 101 Alors que la population russe est confrontée à des choix politiques à l'occasion des élections présidentielles, se pose la question du rapport des Russes à leurs institutions et plus particulièrement à l'armée. En effet, une armée de conscription place la relation entre l'État et le citoyen au cœur de la problématique militaire. Ce rapport souligne une attitude ambivalente de la population russe face à ses institutions : rejet massif du service obligatoire par la jeunesse et crise actuelle du recrutement militaire, mais également large imprégnation des valeurs et pratiques militaires de la société. Cette dualité, révélatrice d'une société complexe, repose à la fois sur les carences structurelles de l'appareil de défense et sur l'impossibilité pour le gouvernement de réformer l'armée.The Russian Army and the Youth : Basis of the Relationship Between the Citizen and the StateWhile the Russian population is about to face critical political decisions in the next presidential elections, the relationship between the Russians and their institutions, and more precisely the Army, is being questioned. Indeed, the system of compulsory military service places the relationship between the State and the citizen at the very centre of the military issue. This relationship emphasizes the ambivalence of the Russian population towards its institutions : the youth broadly rejects military conscription and the Army fails to recruit soldiers ; but at the same time military values and practices are essentially ingrained in the identity of Russian society. This duality reveals the society's complex nature and it is at the root of both the structural deficiency of the system of defence and the inability of the government to reform the Army.
- La xénophobie et son instrumentalisation politique en Russie. L'exemple des skinheads - Marlène Laruelle p. 111 En quelques années, la Russie est devenue le premier pays au monde pour son nombre de skinheads, environ 50 000 individus. Tout d'abord largement inorganisé, le mouvement skinhead s'est institutionnalisé dans la deuxième moitié des années 1990. Son essor s'explique par sa capacité à dépasser les clivages doctrinaux en recentrant ses actions sur la xénophobie et la peur des migrants. À travers ce thème porteur, les skinheads ont pu tisser des liens avec les partis politiques officiels, répondre au malaise social de certaines couches de la population, et conforter le sentiment, largement partagé, que les migrants constituent une menace à l'équilibre national et économique du pays. Le mouvement skinhead s'inscrit donc dans un contexte plus global qui explique en partie la complaisance politique et juridique dont il bénéficie.Xenophobia and Its Political Use in Russia : the Example of the SkinheadsIn only a few years, Russia has become the world's leading country in the number of skinheads about 50,000 individuals. The skinhead's movement, which was at first very unorganized, has become more structured in the second half of the 1990s. Its rapid growth is due to its capacity to go beyond doctrinal splits, by refocusing its actions on xenophobia and the fear of migrants. With this strong message, the skinheads have been able to develop close ties with official political parties, have responded to the social unrest of certain classes of the population, and have reinforced the broad feeling that migrants are a threat to the national and economic stability of the country. The skinhead movement is thus in the domain of a more global context, which partly explains the political and juridical complacency from which it benefits.
- L'émigration des pays de la CEI vers la Russie : enjeu de politique intérieure et extérieure ? - Adeline Braux p. 121 Depuis 1989, la Russie a accueilli plus de 10 millions de migrants sur son sol, tous pays d'origine confondus. Alors que dans les années 1990 la gestion des flux migratoires n'était qu'un problème parmi d'autres, cette problématique est devenue dans les années 2000 un enjeu politique, social et économique majeur. Compte tenu de la décrue démographique qui affecte déjà son volume de main-d'œuvre disponible, la Russie ne pourra se passer de l'immigration. À l'heure actuelle, les flux en provenance de la CEI restent les plus dynamiques et contribuent à entretenir le lien entre l'ancien Centre et ses périphéries. Ils sont aussi à l'origine d'évolutions qui ont une influence non seulement sur les relations entre la Russie et son « étranger proche », mais également sur la politique intérieure russe en matière d'immigration.Emigration from the CIS to Russia : Domestic and International Stakes ?Since 1989, Russia has received on its soil more than 10 million migrants from various countries. If immigration was only a secondary issue in the 1990s, it has now become one of the main political, social and economical stakes. Because of the demographic decline, which is already affecting the amount of available workforce, Russia will not be able to do without immigration. Nowadays, the flows from the Community of Independent States (CIS) are the most dynamic and play a part in maintaining the link between the old centre and its peripheries. Moreover, they are at the origin of evolutions, which influence not only the relations between Russia and its “close foreigner”, but also Russian domestic policy concerning immigration.
Un nouvel aplomb sur la scène internationale ?
- Comment la Russie voit-elle le monde ? Éléments d'analyse d'une politique étrangère en mutation - Laure Delcour p. 133 Depuis plusieurs années, la Russie est plus présente et plus offensive sur la scène internationale. L'emploi d'une rhétorique très ferme, l'usage de l'arme énergétique et l'opposition à l'Occident sont fréquemment interprétés à travers le prisme du retour à la puissance perdue. Pourtant, ces crispations reflètent davantage une crise d'adaptation et une politique étrangère hybride qu'une rupture dans le rapport au monde. Dans ce contexte, le recours à des rapports de force ou méthodes de déstabilisation éprouvées du temps de l'URSS s'apparente à un réflexe. Alors que la diplomatie russe repose sur des fondements – la vision d'un monde multipolaire, la conscience d'une spécificité – peu susceptibles de changer, l'attention portée à de nouveaux instruments (l'image, la langue) reflète une quête d'influence plus que de puissance.How Does Russia See the Wolrd ? Analysing a Changing Foreign PolicyOver the last few years, Russia has become more involved and offensive in the international arena. The use of firm rhetoric, the political power stemming from natural resources and opposition to the Western world are frequently interpreted as a return to lost power. Nevertheless, the Russian tensions reflect a helplessness and an adaptation crisis rather than a profound change in the relationship to the world. In this context, the resort to force or methods of destabilization can be analysed as a reflex remaining from the time of the USSR. Whereas Russian diplomacy is based upon principles – its vision of a multilateral world, the awareness of a specificity –, little susceptible to change, the attention accorded to new instruments (image, language) reflects a search for influence rather than for power.
- Une nouvelle doctrine militaire pour une nouvelle Russsie - Isabelle Facon p. 143 Depuis 2005, la Russie a engagé un débat visant à repenser sa doctrine militaire. La discussion révèle les orientations quant à l'évolution de la politique étrangère et de sécurité russe. Elle est en particulier l'expression d'une politique extérieure en rupture avec l'Occident. Les Russes refusent l'unilatéralisme américain, reprochent à l'OTAN d'étendre son champ d'intervention géographique et fonctionnel. Ils ressentent aussi un malaise face à l'avance technologique des armées occidentales et ont le sentiment que l'Occident est source de « menaces non militaires », en soutenant, par exemple, les « révolutions de couleur ». Par ailleurs, le débat est le reflet d'évolutions internes à la Russie, notamment la tentative des militaires de regagner le terrain politique qu'ils ont perdu sous Vladimir Poutine.A New Military Doctrine for a New RussiaSince 2005 Russia has opened a debate with the aim of reconsidering its military doctrine. The discussion underlines the evolution of Russian foreign and security policy and is, in particular, an expression of a political split with the Western world. Russia refuses American unilateralim and reproaches the geographical and functional extension of NATO. They feel uneasy about the technological advancement of Western armies and consider the Western world as a source of “civilian threats” citing for example its support for the “coloured revolutions”. Furthermore, the debate reflects internal evolutions in Russia, notably the attempt of military figures to regain the political ground lost under Vladimir Putin.
- Les relations russo-américaines : les questions stratégiques au coeur de toutes les tensions - Charlotte Lepri p. 153 Les récentes tensions entre la Russie et les États-Unis au sujet du boucliers antimissiles ou de l'élargissement de l'OTAN vers l'Europe de l'Est trouvent leurs origines dans les fondements de leurs politiques étrangères. L'intégrité du territoire et la sécurité nationale sont primordiales pour les Américains, tandis que la Russie, ne bénéficiant pas de frontières naturelles, cherche à se protéger en maintenant son influence sur l'espace post-soviétique et en empêchant les États-Unis d'y empiéter. Toutefois, une nouvelle confrontation entre les deux pays n'est guère envisageable. En effet, pour renforcer sa place sur la scène internationale la Russie a besoin des États-Unis, tandis que pour les Américains la Russie n'est plus la principale menace. De plus, les enjeux globaux rendent nécessaire la coopération entre les deux États.Relations Between Russia and the United-States : the Strategic Questions at the Heart of the TensionsThe recent tensions between Russia and the United-States concerning missile shield installations and the enlargement of NATO towards Eastern Europe have their origins in the basics of their separate foreign policies. The integrity of the territory and national security are essential for the Americans ; while Russia, without the benefit of natural boundaries, looks to protect itself by maintaining its influence in post-soviet areas and by preventing the United-States from impeding this process. Nevertheless, a new confrontation between the two countries is hardly foreseeable. In fact, to reinforce its place in the international arena Russia needs the United-States, whereas Russia is no longer a principal threat for the Americans. Moreover, global issues necessitate cooperation between the two states.
- La Russie et l'OMC : un intérêt réciproque mais des enjeux contradictoires - Sylvie Matelly p. 165 La Russie négocie son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis quinze ans. La durée de ces négociations souligne la difficulté des Russes à convaincre de la réalité de la transition de leur économie vers une économie de marché. Plusieurs facteurs expliquent la lenteur de ces négociations. Outre la procédure d'adhésion qui reste longue et complexe, l'entrée à l'OMC exige une série de réformes. Certains secteurs d'activité, en particulier celui de l'énergie, mais aussi l'automobile et l'aéronautique, doivent s'ouvrir à la concurrence. Le principe de réciprocité et la clause de la nation la plus favorisée doivent être appliqués. Les questions de contre-façons ou encore de normalisation sanitaire sont également importantes. Enfin, des raisons indépendantes aux négociations russes peuvent aussi peser sur l'agenda.Russia and WTO: a Reciprocal Interest but Contradictory IssuesFor fifteen years, Russia has negotiated its membership to the World Trade Organization (WTO). These long-term negotiations underline the difficulty faced by the Russians in proving the reality of the economic transition towards capitalism. Several factors explain the slowness of these negotiations. Beyond the long and complex membership procedure, entry into WTO requires a series of reforms. Certain sectors of activity have to be liberalized, in particular that of the energy, motor, and aeronautics industries. The reciprocity principle and the most favoured nation clause must be enforced. The issues of illegal copies and of compliance with sanitary standards are also important. Finally, some reasons independent of Russian negotiations may also impact the agenda.
- L'Europe et la diplomatie énergétique du pouvoir russe. Défiances et dépendances - Céline Bayou p. 175 La relation énergétique entre la Russie et l'Europe est ambiguë. L'UE, dont environ un quart du gaz et du pétrole consommés est russe, craint une trop grande dépendance à l'égard de la Russie. Cette situation ne la gênait pas jusqu'à ce que, au milieu des années 2000, la politique énergétique de Vladimir Poutine se durcisse, affaiblissant sa confiance envers les Russes. L'UE s'est alors saisie de la question de la sécurité des approvisionnements énergétiques, traditionnellement laissée à l'appréciation des États. Toutefois, la diversité des intérêts des Européens entrave l'élaboration d'une stratégie énergétique commune. Selon la Russie, qui se déclare plus dépendante encore de ses clients européens, les craintes de l'UE sont largement injustifiées. La Russie entend ainsi agir pour se défaire de cet assujettissement.Europe and the Energy Diplomacy of Russian Power : Defiance and DependenceThe energy relation between Russia and Europe is ambiguous. The EU, of which 25 % of the gas and petrol consumed is Russian, is afraid of too large of a dependency on Russia. This situation has become troublesome since the middle of the 2000s, when the energy policy of Vladimir Putin hardened and consequently weakened European confidence in the Russians. The EU has thus been concerned with the security of its energy supply, which was traditionally left to the competence of the states. Nevertheless, the diversity of European interests hampers the elaboration of a common energy strategy. For Russia, which declares itself even more dependent on its Europeans customers, the EU's fears are largely unjustified. Russia thus intends to break away from this subordination.
- Comment la Russie voit-elle le monde ? Éléments d'analyse d'une politique étrangère en mutation - Laure Delcour p. 133