Contenu du sommaire : Historiens français des Etats-Unis.
Revue | Revue française d'études américaines |
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Numéro | no 13, février 1982 |
Titre du numéro | Historiens français des Etats-Unis. |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Jeanine Rovet p. 1 page
- Mythes, traditions et historicité dans l'histoire américaine - Élise Marienstras p. 18 pages Depuis quelques dizaines d'années, les historiens des Etats-Unis s'ouvrent à l'histoire de leur propre culture, découvrant l'enracinement de leurs propres mythes. Dans l'usage que l'Amérique fait des vieux mythes européens, dans le jeu subtil entre l'histoire et le mythe, dans la place très particulière qu'occupent les traditions, les Etats-Unis, s'ils ne sont pas uniques, sont en tout cas exemplaires et différents des vieilles cultures européennes. Seules les nations créées peuvent se comparer à ce modèle dans lequel les traditions sont à la fois issues de mythes et génératrices de mythes.« Myths, Traditions and Historicity in American History. ». For the past few decades, American historians have been turning to the history of their own culture and discovering the roots of their own myths. By the way in which America has applied old European myths, by the subtle interplay between history and myth, by the very special place occupied by traditions, the United States, if they are not unique, nonetheless stand apart from old European cultures. Only newly-forged nations can be compared to the American model, in which traditions both derive from myths and generate them.
- Les débuts de l'histoire américaine en France - Claude Fohlen p. 14 pages Pourquoi cette entrée tardive de l'histoire des Etats-Unis dans l'université française ? Ce n'est qu'en 1917 que fut créée une maîtrise de conférences de « Littérature et civilisation américaines » en Sorbonne et en 1925 que l'École Pratique des Hautes Études créait, pour Désiré Pasquet, une direction d'études pour l'histoire américaine. Après la Seconde Guerre Mondiale, toutes les conditions semblaient réunies pour un « décollage » de l'histoire américaine en France, mais il n'a pas eu lieu : l'absence des liens bilatéraux qu'eussent créés une forte émigration française, l'incompatibilité de traditions intellectuelles, et linguistiques figurent parmi les causes les plus évidentes. Le renouveau dans ce domaine est venu de l'Institut d'Études Politiques de Paris avec l'œuvre et les cours de J.-B. Duroselle.« The Beginnings of American History in France. ». Why was American history so late in coming to French universities ? It was only in 1917 that a lectureship in « American literature and civilisation » was instituted at the Sorbonne ; only in 1925 did the École Pratique des Hautes Études open a post of director of studies for Désiré Pasquet in American history. After the Second World War, circumstances seemed ideal for a « take-off » of American history in France, but it did not occur : among the most obvious explanations, one can cite both the absence of the bilateral links that a strong French immigration would have established and the incompatibility between two sets of intellectual, academic and linguistic traditions. The field was revived by the Institut d'Études Politiques in Paris thanks to J. B. Duroselle's work and teaching.
- Regards français sur les Etats-Unis : de l'observation à l'histoire - Marianne Debouzy p. 10 pages Il existe depuis longtemps en France des commentateurs de la société américaine. Mais comme la société américaine apparaissait comme « moderne » par essence, et en quelque sorte expérimentale, elle était soit un objet d'observation immédiate, soit une ébauche du devenir des sociétés industrielles européennes plutôt qu'un champ d'investigation historique. Il y a aujourd'hui un renouveau d'intérêt pour l'histoire américaine chez les historiens français, qui devraient, à cette occasion, clarifier les concepts d'usage courant en histoire américaine et formuler de nouvelles problématiques.« French Views of the United States : From Observation to History. ». There exists an old tradition of French observers commenting on American society. But, for a long time, because the United States seemed to have produced a « modern », experimental society, it was mostly seen as an object of immediate observation, a blueprint for the future of European industrial societies, not a field for historical investigation. Today there is a renewal of interest in American history among French historians, who, as they explore this field, should attempt to clarify concepts commonly used in American history and to develop new approaches.
- L'européanisation des Etats-Unis vue par les Français (1870-1914) - Jacques Portes p. 13 pages Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale le thème de l'américanisation de l'Europe est devenu un lieu commun : ce thème était déjà utilisé à la fin du dix-neuvième siècle pour exprimer une sorte de peur. Mais après la guerre contre l'Espagne en 1898, un thème inverse fit son apparition en Europe : les États-Unis n'étaient plus un modèle de démocratie agraire, ils s'européanisaient. D'une part, aux yeux des Français, ils se germanisaient, d'autre part, aux yeux du socialiste comme du catholique conservateur, l'impérialisme et l'agitation ouvrière des années 1890 rapprochaient les États-Unis de l'Europe, de la France. Pour le socialiste, en Amérique ou en France, la même logique capitaliste était à l'œuvre ; pour le conservateur, l'Europe menait l'évolution des nations, et l'Amérique ne pouvait que suivre. Ce thème de l'européanisation des États-Unis avait des échos outre-Atlantique, chez les anti-impérialistes. Ce concept est donc révélateur d'un état d'esprit, de part et d'autre de l'Atlantique, à l'époque du « Gilded Age ».« The Europeanization of the United States as Seen by the French (1870-1914). Since the Second World War, the Americanization of Europe has become a commonplace theme : it was already present at the end of the nineteenth century as an expression of a sort of fear. But after the Spanish-American War of 1898, the reverse theme appeared in Europe : the United States were no longer a model of agrarian democracy ; they were on the road to Europeanization. For the French, the United States were becoming Germanized. Moreover, for socialists and conservative Catholics alike, imperialism and the working-class agitation of the 1980's drew the United States closer to Europe, and so to France. For the socialist, the same logic of capitalism was at work in both America and France ; for the could do was to follow. The theme of the Europeanization of the United States had repercussions on the other side of the Atlantic, in anti-imperialist circles. It is therefore a concept that helps to reveal perceptions on both sides of the Atlantic during the « Gilded Age. »
- Les Etats-Unis et la « nouvelle histoire » - Jeanine Rovet p. 7 pages La « nouvelle histoire » a boudé le Nouveau Monde. Les raisons de l'absence du thème américain chez les historiens des Annales sont multiples. La curiosité historique s'est d'abord tournée vers le passé européen, dont elle a restitué l'épaisseur et l'étrangeté. Les États-Unis avaient une histoire trop courte et d'une transparence presque totale à l'économie ; histoire dont ils refusaient eux-mêmes le fardeau. Le marxisme qui a conduit tant d'intellectuels français à l'histoire les détournait des États-Unis. La découverte par les Américains eux-mêmes de la complexité, du malheur historiques ; les échanges culturels autour — par exemple — de l'œuvre de Philippe Ariès ; tout contribue à remettre les États-Unis dans le « territoire de l'historien ».« The United States and the 'New History'. » The « New History » has kept away from the New World. There are many reasons for the absence of America from the work of the Annales historians. Their intellectual curiosity focused first on the European past, whose density and singularity they reconstructed. The United States had too short a history, which economics nearly alone sufficed to explain ; moreover, the Americans themselves refused to shoulder the burden of their past. Marxism, which led so many French intelectuals to the pursuit of history, deterred them from the United States. The discovery by the Americans themselves of the complexity and tragedy of history, the cultural exchanges centered, for example, on the work of Philippe Aries — all these factors have helped to put the United States back into the « historian's territory. »
- Émigrer, croire, devenir américain : l'exemple des colonies du Centre au XVIIIe siècle - Annette Becker p. 6 pages Le Réveil religieux, c'est l'espoir d'une thérapeutique contre le mal moral dont souffrent les colonies américaines. La prédication itinérante de George Whitfield a été le catalyseur dès 1739, mais les « Américains » dans leurs conditions socio-culturelles précises ont fait l'essentiel. C'est une révolution par rapport à l'organisation paroissiale : on va prêcher chez les autres, quelle que soit leur église ou leur origine ethnique.« Emigration, Faith and the Making of Americans : The Example of the Middle Colonies in the Eighteenth Century. » In their flight from Europe, the immigrants turned to America for salvation. The Great Awakening was seen as the promise of remedy against the moral disease that affected colonial Americans. The itinerant preaching of George Whitfield acted as a catalyst as early as 1739, but it was the « Americans », in their particular social and cultural setting, who played the leading role. The Awakening marked a radical departure from traditional parish structures : preachers took their message to other communities, regardless of their church or ethnic origins.
- L'enfant et la famille dans l'histoire sociale américaine depuis Philippe Ariès - Lucia Bergamasco-Lenarda p. 8 pages II s'agit de faire le point sur un des rares cas précis d'influence culturelle de l'historiographie française sur l'historiographie américaine : celui des prologements aux Etats-Unis de l'œuvre de Philippe Ariès. Les œuvres de John Demos, Kenneth Lockridge, Philippe Greven doivent leur problématique à la fertilité des thèses d'Ariès comme à la découverte de la démographie historique. Elles ont profondément modifié la vision que les Américains se font de leur passé colonial.« The Child and the Family in American Social History since Philippe Ariès. » This article examines one of the rare cases of a specific cultural influence of French historiography on American historiography : the impact in the United States of the work of Philippe Ariès. The studies by John Demos, Kenneth Lockridge and Philip Greven owe their conceptual approach no less to the richness of Aries's ideas than to the discovery of historical demography. The work of Ariès has deeply influenced the way Americans perceive their own colonial past.
- Le Général Simon Bernard, ingénieur militaire aux Etats-Unis (1816-1831) - Françoise Planchot p. 12 pages En 1816, le général français Simon Bernard, après avoir servi comme aide de camp de l'Empereur, part aux Etats-Unis, où pendant quinze ans il va élaborer, en tant qu'assistant de l'ingénieur en chef du génie, le système de défense des frontières maritimes puis participer à la conception d'un vaste réseau de communications intérieures tels que le Chesapeake & Ohio Canal, Chesapeake & Delaware Canal et la route nationale Washington-La Nouvelle Orléans.« General Simon Bernard, military engineer in the United States (1816-1831). » In 1816, the French General Simon Bernard, after having served as aide-de-camp to Napoleon, left for the United States, where, for fifteen years, as assistant to the chief engineer of the Corps of Engineers, he planned the defense system of the maritime borders and then took part in the development of a wide network of internal communications such as the Chesapeake & Delaware Canal and the national road from Washington to New Orleans.
Document
- « Europe is a pair of colored glasses to one studying his own civilisation » - Michael Kammen p. 6 pages
Comptes rendus de lecture
- Mario T. Garcia, Desert immigrants: the Mexicans of el Paso, 1880-1920 - Marcienne Rocard p. 2 pages
- Malcolm Bradbury and Howard Temperley ed., Introduction to American Studies - Pierre Mélandri p. 2 pages
- C. Vann Woodward ed., Mary Chestnut's Civil War - Pierre Lépinasse p. 2 pages
- Paul K. Conkin, Prophets of Prosperity: America's First Political Economists - Jean Heffer p. 2 pages
- Kathleen Woodward éd., The Myths of Information: Technology and Post Industrial Culture - Anne-Marie Bidaud p. 2 pages
- Hélène Trocme, Les américains et leur architecture - Alain Chassagnol p. 1 page
- Le facteur religieux en Amérique du Nord, N° 2. — Apocalypse et autres travaux : Actes du Colloque du CEC-CRAA (Centre d'Etudes Canadiennes, Centre de Recherche sur l'Amérique anglophone), 10 et 11 octobre 1980 - Nicole Dubois p. 2 pages
- Robert Burbage, La Presse aux Etats-Unis, quotidiens et groupes de presse - Jean Rivière p. 1 page
- Josette Rey-Debove et Gilberte Gagnon, Dictionnaire des les mots anglais et américains en français - Jean Rivière p. 3 pages
- Robert-Collins Junior Dictionnaire français-anglais, anglais-français SNL + Le Robert - Jean Rivière p. 1 page
- C. Peter Wagner, Our Kind of People — The Ethical Dimensions of Church Growth in America - Robert Rougé p. 2 pages
- Benjamin Henry Latrobe : The Journals 1799-1820, From to New Orleans, ed. C. Carter II - Hélène Trocme p. 2 pages
- Frank Browning and John Gerassi : The American Way of Crime, from Salem to Watergate, Traduction française (par Jean Pierre Carasso) : Le crime à l'américaine - Pierre Lépinasse p. 2 pages
- Henry Nash Smith, Democracy and the Novel - Jean Rivière p. 2 pages
- Gregg Press : Halting the Inevitable - p. 2 pages
- Résumés des articles / Abstracts - p. 6 pages