Contenu du sommaire : Informer : former ou déformer ?

Quatre dossiers propédeutiques constituent ce numéro : – Réflexions épistémologiques en sciences de gestion. Une tribune libre ouvre notre interrogation sur la constitution des connaissances valables, comme le prônait Piaget. Il y a là le rappel de cette nécessité qu'il convient de mettre en avant régulièrement dans ce domaine toujours actuel de la science de gestion. – Responsabilité sociale des entreprises qui déborde sur la responsabilité sociétale des organisations au sens le plus large, introduit l'éthique des affaires dans le monde économique. – Ressources humaines : Cette appellation induit une analyse de pratiques où les relations interpersonnelles ne limitent pas l'approche à un simple constat que l'entreprise, dispose du personnel nécessaire à son fonctionnement. – Réflexions sur la gestion financière : Si Jean Bodin énonçait qu'il « n'est de richesse que d'hommes », il n'en considérait pas moins dans les six livres de La République de 1576, que la monnaie constituait un élément fondamental dans l'esprit d'une théorie globale de l'organisation de la société à l'instar d'Aristote. La gestion financière s'inscrit donc dans ici en toute logique.

Le questionnement épistémologique, dit ontologique, relatif à la forme et à la nature de la réalité et opposant les réalistes aux constructivistes apparaît aujourd'hui aporétique. D'une part, il est radicalement décrié. De l'autre, il semble indépassable restant une référence majeure. Pour sortir de ce dilemme, il est proposé d'insérer la critique du réalisme dans la critique des idéologies et de renouveler les questionnements épistémologiques organisateurs des sciences de gestion. Pour ce faire, les spécificités de la gestion ont été considérées pour aboutir à trois modèles épistémologiques, dénommés explicitatif, évaluatif et théorique. Ils semblent constituer les principales orientations, à ce stade non exhaustives, entre lesquelles un choix mérite d'être opéré dans toute recherche en gestion.

L'article aborde la problématique de l'évaluation de la performance individuelle des enseignants-chercheurs. Il propose une analyse et une discussion sur un critère couramment utilisé au niveau international : l'indice h, basé sur le niveau de publication et de citation d'un auteur. Cette étude, qui se focalise sur la discipline « Sciences de gestion et Management » au sein des établissements publics (Universités) et privés (Écoles de Management), aura un double objectif : offrir aux enseignants-chercheurs un outil descriptif d'appréciation du panorama des différents niveaux de performance en France ; permettre une comparaison à l'international.

Bien que le concept de performance soit relativement flou (J. St-Pierre et L. Cadieux, 2011) tous s'accordent à dire que l'analyse de la performance ne peut plus se limiter aux seuls aspects financiers et économiques devant inclure notamment la dimension sociale et environnementale (A. Renaud et N. Berlan, 2007 ; J. Margolis et J. Walsh, 2003). Le lien entre les pratiques RSE et la performance des entreprises est largement couvert par la littérature scientifique, toutefois aucune étude ne se penche sur les PME belges. La présente recherche contribue à ce champ d'étude peu développé en analysant l'influence du pilier social de la RSE sur la performance économique et financière des PME belges. À partir d'une base de données en panel de 1 314 PME belges sur la période 2012-2020, des régressions GLS à effets aléatoires sur deux mesures de performance (ROA et ROE) ont permis notamment de révéler le rôle clé de la formation.

La digitalisation de la RSE est une préoccupation majeure dans la stratégie des entreprises. Cependant, peu de travaux appréhendent cette problématique dans le contexte des PME actives dans les pays en voie de développement. L'objectif de cet article est d'analyser le niveau de digitalisation de la RSE dans les PME sénégalaises. Par une approche qualitative exploratoire, nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de 13 dirigeants de PME sénégalaises. Les résultats indiquent que la digitalisation de la RSE reste faible et se manifeste par la publication de rapports détaillés relatifs aux activités de la RSE, l'utilisation d'outils numériques dans la chaine de production (drones, applications, logiciels, machine à tri des ordures), l'intégration du digital dans le travail des ouvriers ainsi que l'utilisation du web.

Cette recherche examine l'impact sur le succès de carrière objectif et subjectif du radicalisme tempéré. Se fondant sur 21 cas de professionnels confrontés à la marchandisation de leur activité dans le secteur associatif français, ce travail qualitatif montre l'existence de quatre profils de succès de carrière. Mobilisant les concepts de courage et de compétences politiques fondant le radicalisme tempéré, il apparaît que le premier a une relation négative avec le succès de carrière objectif et positive avec le succès de carrière subjectif. Les autres ont une relation positive avec le succès de carrière objectif. Le lien avec le succès de carrière subjectif n'est pas établi. L'urgence à agir apparaît comme un facteur contextuel questionnant le développement des compétences politiques et conduisant à limiter les deux formes de succès de carrière. En analysant le lien entre le radicalisme tempéré et le succès de carrière, cette recherche étudie une réalité ignorée jusqu'ici en soulignant la capacité du radical tempéré à prendre son autonomie de la reconnaissance organisationnelle de son travail.

Bien que la recherche sur les entreprises familiales concerne en majorité les effets de la succession sur la performance, les travaux portant sur l'innovation post-succession sont peu explorés. Ce travail met en évidence la relation entre l'innovativité du successeur et la performance et introduit le capital spirituel comme modérateur. Sur la base des données d'enquêtes provenant de 390 PME familiales ayant connue la transmission, l'analyse factorielle ainsi que la modélisation par les équations structurelles montrent que la capacité d'innovation du successeur influence la performance des PME familiales transmises. Les résultats de la modération soulignent que l'abondance du cœur modère positivement la relation entre l'innovativité et la performance, et inversement les œuvres de la foi du successeur n'ont pas d'effet positif sur cette relation. Les résultats invitent les propriétaires d'entreprises familiales à considérer les différentes voies susceptibles d'accroitre la performance en prenant en compte le rôle des attitudes et des comportements individuels des entrepreneurs.

La recherche en sciences de gestion s'est peu intéressée à l'accompagnement des Très Petites Entreprises (TPE) par les experts-comptables, particulièrement dans le cadre du risque de défaillance. La plupart des travaux de recherche se sont aussi surtout focalisés sur une approche plutôt prédictive que préventive du risque de défaillance. C'est dans ce contexte que s'inscrit le présent article, ayant pour objectif d'étudier comment les experts-comptables accompagnent les TPE dans leur démarche de prévention du risque de faillite. Notre méthodologie de recherche s'appuie sur douze entretiens réalisés auprès d'experts-comptables et de TPE accompagnées par des experts-comptables. Cela nous permet de proposer une méthodologie d'accompagnement s'appuyant sur l'utilisation d'un outil de gestion : le tableau de bord. L'expert-comptable s'appuiera sur cet outil de gestion pour faire prendre conscience à la TPE de ses difficultés et lui permettre de se mettre en mouvement pour éviter la défaillance.

Le Mobile Money, développé par les opérateurs Télécoms, a rencontré un grand succès, positionnant ces entreprises comme une menace majeure pour les banques. Cependant, malgré cette concurrence, les banques ont su maintenir leur résilience face à ces services. Cette recherche vise à comprendre les stratégies mises en œuvre par les banques du Burkina Faso (BF) pour faire face au développement du Mobile Money. L'étude a été réalisée sur la base de 15 entretiens semi-directifs auprès de six banques au BF et l'analyse effectuée à l'aide de Nvivo12. Les résultats indiquent que la résilience des banques du BF découle de quatre principales stratégies : le partenariat stratégique, la reconversion de l'activité bancaire, l'influence des décideurs et la bancarisation de masse dont l'usage et le contenu sont tributaires du contexte. La connaissance produite par ce texte contribue à éclairer les décideurs de banques dans l'élaboration de leurs plans stratégiques à l'ère du numérique.

La structure financière des entreprises est un puzzle en constante évolution. Ce sujet présente des intérêts tant théoriques que pratiques. D'un point de vue théorique, il offre un terrain fertile pour explorer les modèles financiers, des paradigmes classiques aux tendances contemporaines de la finance comportementale, des crises, du numérique et de la question du développement durable. D'un point de vue pratique, la structure financière est au cœur des préoccupations des gestionnaires et des investisseurs, influençant directement la stabilité financière des entreprises et leur capacité à investir. Cependant, des défis persistent notamment le choix entre dette et capitaux propres, les spécificités des contextes comme celui des économies africaines avec le poids du secteur informel et enfin, l'impact des théories financières traditionnelles. Cette exploration des paradigmes financiers offre un aperçu de l'évolution de la pensée financière jusqu'à présent, avec des implications majeures pour l'avenir.