Contenu du sommaire : Les nouveaux voisins orientaux de l'Europe élargie
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1042, mars-avril 2004 |
Titre du numéro | Les nouveaux voisins orientaux de l'Europe élargie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 3
- Les marges orientales de l'Union européenne à 25 - Lepesant Gilles p. 4-19 L'élargissement de l'UE à dix nouveaux membres n'est qu'une étape dans le processus de la réunification institutionnelle de l'Europe. En dépit des progrès qu'a engendrés la perspective de l'adhésion pour les Etats candidats, celle-ci ne saurait être l'unique vecteur de la modernisation exportée par l'UE. Une politique de voisinage s'impose donc en substitut ou dans l'attente d'un nouvel élargissement pour les pays qui se retrouvent aux frontières de l'UE. Il s'agit d'une part de l'isthme mer Baltique-mer Noire (Russie, Bélarus, Ukraine, Moldavie) et de l'autre, des pays de la rive Sud de la Méditerranée. Les défis à relever concernent à la fois les disparités économiques et la fragilité des nouveaux voisins. Le but est de limiter les risques de tensions, de parer aux mouvements migratoires et de garantir l'approvisionnement énergétique de l'espace communautaire. Les relations avec la Russie présentent certaines particularités, faites à la fois de coopération et de rivalité. Il ne faut pas en effet qu'elle considère l'élargissement comme une reconquête de territoires qu'elle juge essentiels pour son identité et sa sécurité. Les questions soulevées par la nouvelle stratégie de l'UE sont celles du cadre géographique à retenir, de la convergence des économies et des sociétés concernées et du rôle des nouveaux Etats membres dans ce processus. Le point crucial est bien évidemment celui du modèle à exporter : la relation démocratie - économie de marché n'est peut-être pas aussi évidente à mettre en œuvre qu'il apparaissait au départ. En outre, contrairement à ce qui est le cas lors du processus d'adhésion, où les intérêts nationaux sont relégués au second plan au profit d'un projet commun, ces derniers sont primordiaux dans le cadre d'une politique de voisinage. L'échec de celle-ci pourrait entraîner la création sur le pourtour de l'UE d'une zone frontière gérée selon des préoccupations principalement sécuritaires. Un succès repousserait les limites de l'européanisation.The Eastern Border Areas of the European Union of 25 The enlargement of the EU with ten new members is one more step in the European institutional reunification process. Despite progress made in light of possible membership for the candidate states, this was not the only aspect of modernization exported by the EU. A neighbor policy is necessary for the countries bordering the EU, either as a replacement or as a preparation for a new enlargement. This includes not only the Baltic-Black sea isthmus (Russia, Belarus, the Ukraine, Moldavia), but the south coast of the Mediterranean as well. The challenges to be resolved are a result of the economic disparities between the states as well as their fragility. The goal is to limit tensions, reduce the risks of migration, and to ensure energy supplies to these regions. Relations with Russia are special with a mixture of cooperation and competition. She must not consider the enlargement to be a re-conquest of territories she considers to be essential for its identity and security. EU strategy must deal with an acceptable geographic context, the convergence of the economies and societies involved as well as the role of the new member states in this process. The crucial point is, of course, the model to be exported : the alliance between a market economy and democracy is perhaps not as easy to bring into play as it appeared at its inception. Moreover and contrary to the main concerns of the membership process, where national interests came second to a common project, they take center stage within the context of a neighbor policy. Failure could result in the creation of EU borders managed mainly according to security issues. Success would broaden the expanse of Europeanization.
- Pologne. La politique orientale d'un nouveau pays membre de l'UE - Smolar Alexandre p. 20-26 Résolument tournée vers l'Union européenne dès les lendemains de la chute du mur de Berlin, la Pologne n'a jamais cessé pour autant d'accorder une attention particulière à ses voisins esteuropéens, à commencer par l'Ukraine. Cet intérêt trouve également sa source dans l'histoire et la mémoire collective polonaises. La situation géographique, comme le poids politique et économique de ce pays en ont fait «une puissance régionale», dont l'influence, voire l'aura, se sont momentanément imposées dans les premières années de la transition vers le marché, Varsovie faisant alors figure de pionnière en la matière. Les événements du 11 septembre 2001 ont sensiblement modifié la donne internationale comme régionale ; l'alignement du gouvernement polonais sur la politique extérieure américaine a fait de la Pologne, un allié dévoué de Washington, position qu'il lui a fallu concilier au mieux avec son processus d'adhésion, parfois laborieux, à l'Union européenne. Mais le retour en force de la Russie et surtout le soutien de celle-ci à la lutte contre le terrorisme menée par les Etats-Unis, parallèlement à son dialogue renouvelé avec l'Union européenne, ont nettement amoindri, de fait, le rôle de la Pologne dans la région. Désormais membre de l'UE, placée par conséquent en première ligne des nouvelles frontières de celle-ci, elle ne peut que continuer d'être très concernée par la nouvelle politique européenne de voisinage, ainsi qu'en témoigne le rôle qu'elle s'est efforcée d'avoir dans les travaux ayant préludé à la communication de la Commission sur les nouveaux voisins de l'Europe élargie, du 11 mars 2003.Poland The Eastern Policy of a New EU Member State Resolutely turned towards the European Union after the fall of the Berlin Wall, Poland has continuously paid special attention to its eastern European neighbors, beginning with the Ukraine. This interest also has its roots in Polish history and collective memory. The geographic situation, as well as the political and economic importance of this country had made it a «regional power», whose influence, or aura, was important during the first years of transition to the market as Warsaw was a pioneer in this domain. The events of September 11th, 2001, significantly modified the regional as well as international balance of power. The Polish government's alignment with American foreign policy made Poland Washington's devoted ally, a position that it was obliged to concile as best possible with its often difficult candidacy to the European Union. Russia's strong comeback, and above all, its support to the United Statesled war on terror, as well as its renewed dialogue with the European Union has clearly reduced Poland's role in the region. Now an EU member and consequently placed on the front line of the new borders with Russia, she remains very concerned by the new European neighbor policy, as shown by the role she has endeavoured to play in the preparation for the Commission's March 11,2003 communication on the new neighbors of an enlarged Europe.
- Ukraine - UE. Regain d'intérêt réciproque - Bon Agnès p. 27-38 Deuxième pays de la Communauté des Etats indépendants par sa population et troisième par sa surface, l'Ukraine souhaiterait que son importance stratégique soit prise en compte par l'Union européenne. Elle juge que l'Accord de partenariat et de coopération (APC) signé en 1994 ne constitue plus un cadre adéquat pour ses relations bilatérales avec l'Union et compare avec amertume l'aide qui lui est accordée aux montants financiers alloués à d'autres pays, moins avancés qu'elle sur le plan de la stabilité politique ou du développement économique. L'UE, quant à elle, estime que Kiev n'a pas rempli ses engagements et ne voit pas l'utilité de remplacer l'APC. La proximité de l'élargissement de mai 2004 a toutefois provoqué à Bruxelles une prise de conscience des menaces concernant la soft security qu'engendrera la présence sur sa frontière orientale d'Etats pauvres et instables. L'«Initiative nouveaux voisins» semble ouvrir de nouvelles possibilités de rapprochement et même, à terme, d'intégration économique aux pays qui accepteront de se réformer. L'élection présidentielle ukrainienne d'octobre 2004 revêt dans ce contexte une importance capitale car elle peut permettre l'accession au pouvoir du camp réformateur.Ukraine-EU A Revival of Mutual Interests Ranking second in terms of population and third in terms in size within the Community of Independent States, the Ukraine wants its strategic importance to be taken seriously by the European Union. She considers that the Partnership and Cooperation Agreement (PCA) signed in 1994 does not provide an appropriate framework for bilateral relations with the Union and bitterly compares the aid she has been granted with financial funding allocated to other, less advanced, countries. The EU, on the other hand, believes that Kiev has not fulfilled its engagements and does not see any reason for replacing the PCA. The upcoming May 2004 enlargement is, however, obliging Brussels to consider soft security threats resulting from the presence of poor and instable states on the eastern borders. The «New Neighbours Initiative» seems to offer new possibilities for rapprochement and even the eventual economic integration of countries which agree to undertake reforms. The October 2004 Ukrainian presidential election could become of major importance as far as this is concerned as it could bring the reformist camp into power.
- Moldavie. Laboratoire de la nouvelle stratégie européenne - Lynch Dov p. 39-48 Après une longue période de quasi-indifférence, la Moldavie fait l'objet de l'attention de l'Union européenne et des Etats-Unis. Les modestes résultats obtenus par le mécanisme de l'Accord de coopération et de partenariat, mais surtout l'élargissement à huit pays de l'Europe centrale et orientale, le 1er mai 2004, ont obligé l'UE à revoir ses relations avec la Moldavie. La communication sur l'Europe élargie présentée par la Commission européenne en 2003 constitue une tentative de redéfinition des rapports de l'UE avec ses futurs nouveaux voisins à l'Est. L'objectif est d'intégrer ces derniers dans l'espace européen sans les faire entrer dans l'UE. La Moldavie pourrait constituer un laboratoire de cette politique. L'UE, conjointement avec les Etats-Unis, a également décidé de prendre une part active au règlement du conflit qui oppose Chisinau à la république séparatiste de Transnistrie. Toutefois, les résultats de cette nouvelle politique européenne sont mitigés. D'une part, l'attitude à l'égard de l'UE du Président moldave, V. Voronine, demeure ambiguë. D'autre part, cette politique suscite inquiétude et résistance à Moscou. Elle a entraîné un refroidissement des relations entre la Russie et la Moldavie et une tension avec Bruxelles, comme l'a montré l'échec de la réunion de l'OSCE. Un an après son lancement, la nouvelle politique de l'UE à l'égard de la Moldavie soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.Moldavia A Laboratory for the European Neighbor Policy After a long stretch of nearindifference, Moldavia has come to the attention of the European Union and the United States. The modest results of the Partnership and Cooperation Agreement, and, more importantly, the May 1,2004 addition of eight central and eastern European countries have obliged the EU to reconsider its relations with Moldavia. The Communication on an Enlarged Europe presented by the European Commission in 2003 marks an attempt to redefine relations between the EU and its future eastern neighbors. The aim is to integrate the latter within the European area without bringing them into the EU. Moldavia could be a testing ground for this policy. The EU as well as the United States have also decided to play an active role in conflict between Chisinau and the separatist republic of Transnistria. This new European policy has, however, had mitigated results. On one hand, the attitude of the Moldavian president, V. Voronin, remains ambiguous ; on the other, this policy has caused concern and resistance in Moscow. It has resulted in a chill in relations between Russia and Moldavia and tension with Brussels, as borne out by the failure of the OSCE meeting. One year after its inception, the EU's new Moldavian policy has raised more questions than provided answers.
- Voyage sur la nouvelle frontière de l'UE - Chomette Guy-Pierre p. 49-58 Avec son élargissement à l'Est, le 1er mai 2004, l'Union européenne va voir sa nouvelle frontière orientale coïncider avec celle qui, durant le régime communiste, délimitait l'empire soviétique de l'Europe centrale et orientale. Celle-ci, à la grande satisfaction de tous, était devenue facile à franchir après la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l'URSS. Ce n'est plus le cas sur cette frontière, pas plus que sur toutes les autres séparant les nouveaux entrants ou candidats de leurs voisins orientaux. En effet, sous la pression de l'UE, tous ces pays ont rendu plus difficiles les conditions d'entrée sur leur territoire, imposant passeports et visas. L'auteur, qui a parcouru en compagnie d'un photographe les 7 000 kilomètres de cette nouvelle frontière, de la Turquie jusqu'à l'Estonie, fournit de nombreux témoignages, souvent faits d'inquiétudes et d'incompréhension. Le commerce transfrontalier, par exemple, source de revenus complémentaires, a fortement diminué. Roumains et Moldaves sont de nouveau séparés, après avoir goûté à la libre circulation et aux retrouvailles familiales. Les Hongrois font la chasse aux Ukrainiens qui cherchent à s'introduire clandestinement dans leur pays, alors que les Polonais ferment encore souvent les yeux sur la vente en contrebande par les Biélorusses de cigarettes et de bouteilles de vodka...A Voyage to the New Borders of the European Union With its May 1,2004 enlargement towards the east, the European Union's eastern borders will resemble those dividing the Soviet Empire and central and eastern Europe during the communist era. To the great satisfaction of all, central and eastern Europe had become more accessible after the fall of the Berlin wall and the dismantling of the USSR. This is no longer the case on this border, nor on the others separating the new members or candidates from their eastern neighbors. Under EU pressure, all have made it more difficult to enter their territory, imposing passports and visas. The author, who, along with a photographer, covered the 7,000 kilometers of this new frontier from Turkey to Estonia, provides testimonies reflecting concern and misunderstanding. For example, transborder trade, a source of supplemental income, has declined sharply. Rumanians and Moldavians are separated once again after having enjoyed free circulation and family reunions. The Hungarians are hunting Ukrainians who are endeavouring to entry their country illegally, while the Poles are often still turning a blind eye to contraband cigarettes and vodka sales by the Belarussians.
- L'affaire Khodorkovski. Ou l'économie politique de la nouvelle Russie - Cordonnier Christophe p. 60-71 Le président de l'une des premières sociétés pétrolières russes, Ioukos, oligarque réputé l'homme le plus riche du pays, a été arrêté le 25 octobre 2003 et emprisonné. Il est accusé d'escroquerie et d'évasion fiscale. Cette action, manifestement commanditée par le Kremlin, a plusieurs motifs. Il s'agit de le sanctionner pour être sorti de son rôle d'acteur économique et s'être positionné sur la scène politique. Bien qu'il se soit enrichi de façon relativement trouble, notamment grâce à des réseaux liés à la «famille» Eltsine, il a cherché ensuite à donner de lui l'image d'un «Monsieur Propre» et a rompu le contrat tacite passé lors de l'arrivée à la présidence de V. Poutine en 2000, selon lequel les pouvoirs politique et financier doivent être strictement séparés. Par ailleurs, la stratégie de M. Khodorkovski concernant le développement de sa firme, et plus généralement du secteur de l'énergie, était en contradiction avec les objectifs du Kremlin, compte tenu de l'ouverture que représente pour ce pays le projet des Etats-Unis de ne plus seulement s'approvisionner en énergie au Proche-Orient. Enfin, il défend un modèle de développement, essentiellement fondé sur l'exploitation de la rente pétrolière, et qui a montré ses limites, ce que les dirigeants russes ne peuvent ignorer. La mise à l'écart de cet oligarque signifie-t-elle une nouvelle orientation de la politique économique ? Une autre voie, conciliant nationalisme et libéralisme, pourrait consister dans la «renationalisation» de la rente procurée par les matières premières, pour être redistribuée au profit du plus grand nombre.The Khodorkovsky Affair Or New Russian Political Economy The President of Yukos, one of Russia's leading oil companies, an oligarch reputed to be one of the richest men in the country, was arrested in October 25th, 2004 and imprisoned. He is accused of fraud and tax evasion. There are several reasons for this action, clearly sponsored by the Kremlin. It was necessary to punish him for exceeding his role as an economic player and entering the political arena. Although he became rich in a relatively equivocal manner, particularly through networks linked to the Yeltsin «family», he subsequently endeavoured to put forward an image of himself as «Mr. Clean», breaking off the tacit agreement to keep political and financial power separate, entered into with V. Putin's arrival to power in 2000. Moreover, M. Khodorkovsky's strategy for his company's development as well as for the energy sector in general, contradicted Kremlin objectives, in light of opportunities presented by the United State's plans to no longer limit its energy supplies to the Near East. Finally, he supports a development model based essentially on the exploitation of oil revenues, which has revealed its limitations, something which the Russian leadership can not dismiss. Does the exclusion of this oligarch signify a new orientation in economic policy? Another direction, conciliating nationalism and liberalism, could mean «re-nationalizing» raw materials revenues for redistribution to a greater number.
- Crise politique en Lituanie. Le président Paksas frappé de destitution - Bayou Céline, Blaha Jaroslav p. 72-81 Depuis octobre 2003, la Lituanie est secouée par une crise politique d'une ampleur sans précédent : Rolandas Paksas, le jeune Président, élu en janvier 2003 à la surprise générale, est accusé d'avoir violé la Constitution et le serment afférent à sa fonction. Lancée par le département de la Sécurité d'Etat, l'affaire concerne des probables liens entre certains conseillers de R. Paksas et le crime organisé, notamment russe. En outre, on reproche au Président d'avoir fait financer sa campagne électorale par un homme d'affaires lituano-russe soupçonné d'avoir fait commerce d'armes à destination d'un pays frappé d'embargo. Une enquête parlementaire a rendu ses conclusions en décembre, confirmant six chefs d'accusation à l'encontre du Président, et une procédure de destitution a été lancée, le 8 mars 2004, fait sans précédent en Europe. Loin de baisser les bras, R. Paksas nie les accusations portées contre lui et, à ce titre, refuse de se retirer, assurant même, qu'en cas de destitution, il briguera un nouveau mandat, comme l'y autorise la Constitution. Mais il apparaît en fait que le Président, plus que l'objet du «Paksasgate», en est plutôt l'instrument : cette affaire révèle avant tout un pays aux prises avec des intérêts politiques internes divergents et des influences extérieures contradictoires. Le 6 avril, il a été destitué.Political Crisis in Lithuania President Paksas Impeached Since October 2003, Lithuania has been shaken by political crisis of unprecedented scope : Rolandas Paksas, the young president elected to the surprise of all in January 2003, has been accused of violating the Constitution and the oath of office. Launched by the State Security Department, the affair concerns the probable links of R. Paksas' advisors to organized, particularly Russian, crime. The President is, moreover, accused of having had his election campaign financed by a Lithuanian-Russian businessman suspected of arms trade with an embargoed nation. A parliamentary inquest presented its conclusions in December, confirming six counts of accusation against the President, and an impeachment process, an unprecedented event in Europe, began on March 8, 2004. Far from giving up, R. Paksas denies the accusations and has subsequently refused to resign, affirming that even if impeached he will go for another term, as authorized by the Constitution. It appears, however, that the President, more than an object of «Paksasgate» is rather the cause : this affair has above all revealed a country in the grip of diverging domestic political interests and contradictory foreign influences. On April 6, he was empeached.
Portrait
- Un pionnier du renouveau des recherches sur la Russie impériale et soviétique - Kerblay Basile p. 82-85
Repères
- L'Est et l'Union européenne. Février-Mars 2004 - Rucker Laurent p. 86-88
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- Entendu et lu - p. 89-93