Contenu du sommaire : Agricultures à l'Est
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1034, avril 2003 |
Titre du numéro | Agricultures à l'Est |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Agricultures à l'Est. Avant-propos - p. 3
- Russie. Droit foncier et stratégies agricoles - Cordonnier Christophe p. 4-14 La loi du 24 juillet 2002, entrée en vigueur le 27 janvier 2003, marque un tournant dans l'émergence d'un véritable marché foncier en Russie. Libéralisant et simplifiant les transactions portant sur le foncier agricole, elle exclut toutefois de la possession des terres les non Russes ou les entreprises majoritairement contrôlées par des capitaux étrangers, auxquelles elle laisse la possibilité de les louer. Cette réforme intervient à un moment où l'agriculture connaît un rebond de production et de productivité avec, il est vrai, de fortes différences selon les régions et ce, alors que les aides publiques ont considérablement baissé. Dans ce contexte, alors que le développement des fermes privées subit un tassement sensible, un noyau de grandes fermes collectives, transformées en sociétés par actions, a réussi à s'adapter aux nouvelles règles du jeu. Face à la chute des intrants aux prix trop élevés, elles contribuent à faire de l'agriculture russe la plus écologique au monde ! Elles se sont en outre dotées de réseaux de distribution et de valorisation de leurs produits, parfois avec l'appui de sociétés étrangères. Ce rebond a été encouragé du fait de la crise financière de 1998, entraînant un phénomène de substitution aux importations devenues trop onéreuses à la suite de la dévaluation du rouble : la production agro-alimentaire a ainsi augmenté de 30 % entre 1998 et 2001. La production agricole a connu, elle aussi, une progression spectaculaire (20 %), permettant à la Russie d'exporter des céréales pour la première fois depuis l'époque tsariste, au point de menacer les positions de l'Union européenne. C'est alors qu'entrent en scène les «oligarques», magnats du pétrole ou des non-ferreux, qui rachètent des exploitations en faillite pour créer des agro-holdings. Mais la Russie ne pourra pas faire l'économie d'une politique des marchés agricoles qui se confond largement avec l'intégration du pays dans l'OMC. Elle devra aussi favoriser l'émergence d'une classe d'entrepreneurs agricoles et reconstituer un système national de crédit.Russia
New Property Laws and Agricultural Policies
The Law of 24 July 2002 came into effect on 27 January 2003, marking a turning point in the emergence of a real property market in Russia. Liberalizing and simplifying agricultural real estate transactions, it prohibits land ownership by foreigners or by companies in which foreign capital holds a majority stake. This reform is taking place at a time when agricultural output and productivity are bouncing back, albeit sharply differentiated according to region, and at a time when public aid has been considerably reduced. In this context, the development of private farms has substantially declined and a kernel of large collective farms, transformed into share companies, has been able to adapt to the new rules of the game. As high prices have reduced the amount of agricultural input used, these have contributed to making Russian agriculture the most ecological on the planet! They have also benefited from a distribution network and product promotion, often aided by foreign firms. This recovery was also the result of the 1998 financial crisis which required substitutes for imports which had become unaffordable after the devaluation of the ruble : agri-foods production increased spectacularly (20 %) enabling Russia to export grains for the first time since the Czarist epoch, to the extent that she threatened the position of the European Union. It was at this time that the oil and non-ferrous “oligarch” magnates came on the scene purchasing bankrupt farms to create agro-holdings. Russia's trade policy must conform to WTO precepts. She must also encourage the creation of a class of agricultural entrepreneurs and reconstitute a national credit system. - Sud-Caucase. Diversités et complémentarités des campagnes - Ardillier-Carras Françoise p. 15-27 Les trois pays du Sud-Caucase ont été particulièrement frappés dans leur économie agricole au lendemain de la disparition de l'URSS, avec une forte chute de la production et du cheptel. Ils bénéficiaient en effet de l'exclusivité sur le marché soviétique pour des produits «méridionaux» de qualité, désormais face à la concurrence internationale. En outre, dans un contexte de déstabilisation politique, la tâche de nourrir la population devenait vitale et la place relative de l'agriculture s'est considérablement développée, en quelque sorte «par défaut», au détriment d'autres secteurs de l'économie. La mise en oeuvre de la privatisation, à des rythmes variés selon les pays − très rapides en Arménie, plus lents en Géorgie et surtout en Azerbaïdjan − a entraîné des déséquilibres supplémentaires en raison de la trop petite taille des exploitations. Sur le plan des spécialisations agricoles, les trois pays forment un tout et s'ils parvenaient à résoudre leurs problèmes politiques, ils pourraient présenter un front commun sur les marchés extérieurs. Leurs atouts résident dans des productions de qualité − fruits, légumes, vin, thé, tabac − dont le développement est soutenu par les institutions financières internationales et le programme Tacis de l'Union européenne. Le label de qualité est un concept nouveau pour des agriculteurs encore habitués à raisonner en termes de quantité, mais on voit d'ores et déjà apparaître certains produits pouvant y prétendre. Les industries de transformation sont un autre pivot de la renaissance, à condition de rénover l'outil de production, de recréer des réseaux de distribution et de conquérir des marchés.South Caucasus Diversities and Similarities in the Countryside
The agricultural economy of the three countries of the South Caucasus was especially affected by the fall of the USSR, marked by a sharp decline in production and cattle raising. They had benefited from their exclusive position in the Soviet market for quality “southern” products and are now confronting international competition. Moreover, political destabililization has confronted them with the vital task of feeding their populations and importance of agriculture to the economy has developed considerably, by default as it were, to the detriment of other economic sectors. Privatization which has proceeded at different speeds depending on the country − very rapidly in Armenia, more slowly in Georgia and even more so in Azerbaijan − has resulted in additional imbalances as farms remain quite small. The three countries together could provide a complete range of agricultural specialities if they could present a unified face to outside markets. Their advantages lie in their quality produce, fruits, vegetables, wine, tea, and tobacco, which are being developed with aid from international financial institutions and the European Union's Tacis program. The label of quality is a new concept for farmers in the habit of reasoning in terms of quantity, but “quality” products are already beginning to appear. Processing industries are playing a key role in this renaissance but it will be necessary to renovate production equipment, recreate distribution networks and conquer markets. - Pologne. Profils d'agriculteurs - Bafoil François, Guyet Rachel, L?Haridon Loïc, Tardy Vladimir p. 28-46 Les travaux théoriques étayés par les résultats d'une enquête réalisée dans sept powiats de Pologne permettent de classer les exploitations agricoles dans cinq catégories bien différentes : les micro-exploitations de moins de 5 hectares qui, tout en regroupant la moitié de la population paysanne du pays, ne lui assurent pas de revenus suffisants pour vivre décemment ; les petites exploitations un peu mieux loties, mais qui, faute de pouvoir investir, n'ont guère d'avenir au-delà du moyen terme ; les exploitations moyennes qui ont commencé à se spécialiser dans une filière ou une autre et semblent les plus attractives pour les investisseurs étrangers ; les grandes exploitations de plus de 30 hectares où la productivité est proche de celle de leurs homologues en Europe et les exploitations patronales, issues des fermes d'Etat, dont les terres et les équipements ont généralement été rachetés par leurs anciens responsables et qui représentent des concurrentes sérieuses pour les agriculteurs de l'Union européenne. Dans ce tableau, deux cas paraissent particulièrement problématiques. D'une part, les exploitations les plus petites semblent être en mesure de se maintenir à flot si elles ajoutent à leur activité principale une spécialisation dans des cultures bien spécifiques ou l'agrotourisme ou si encore leur propriétaire et/ou des membres de sa famille exercent un autre emploi dans l'agriculture ou en dehors de ce secteur ou bénéficient d'une pension de retraite ou d'invalidité. D'autre part, avec la montée du chômage, la terre est devenue un refuge pour de nombreux laissés pour compte de la transition vers l'économie de marché. Or, ce phénomène de «démodernisation» a pour conséquences, non seulement la présence de poches de pauvreté, mais aussi le peu de terres mises en vente, ce qui pénalise les grandes exploitations désireuses d'étendre leur superficie.Poland Differencies in the Farming Community
Theoretical work supported by the results of a study conducted in seven powiats of Poland has made it possible to classify agricultural farms into five very different categories : small lots of less than 5 hectares which, while accounting for half of the country's peasant population, do not provide income sufficient to ensure a proper standard of living; small holdings which are more profitable but which, lacking the power to invest, have no real future; medium-sized holdings which have entered into single sector specialization and which seem to be the most attractive to foreign investors; large holdings of over 30 hectares with productivity close to that of their European counterparts, as well as commercial holdings converted from state farms whose land and equipment were generally bought by the previous managers which are serious competitors for farmers in the European Union. Two cases seem to be particularly problematic. The smallest holdings seem to be capable of staying afloat if they produce an additional special crop, go into agro-tourism, or if the owner and/or some family members hold another job within agricultural or in another sector in order to benefit from a pension or disability insurance. Rising unemployment has, on the other hand, provided a refuge for many of those who have been left behind in the transition to a market economy. This phenomenon of “demodernization” has resulted not only in pockets of poverty, but also in very little land being put up for sale, which has been to the detriment of large holdings wishing to increase in size. - Les aides européennes aux PECO. Vers une meilleure affectation des fonds ? - Hapiot Aude, Slim Assen p. 48-60 Depuis leur sortie du communisme, les PECO ont bénéficié de plusieurs types d'aides de la part de l'UE. Ainsi, celle-ci a, dès juillet 1989, mis en place un programme d'assistance multilatérale, Phare. D'abord destiné aux seules Pologne et Hongrie, il a été très vite étendu aux autres PECO, puisque sa vocation était d'accompagner la transition vers l'économie de marché. L'aide apportée par son intermédiaire de 1990 à 1997 a cependant souffert d'une excessive centralisation des procédures de décision et d'attribution des fonds et, surtout, de la faiblesse des montants alloués eu égard aux besoins (en moyenne, 0,8 % du PIB en PPA). Lui a succédé, en 1997, l'aide à la préadhésion destinée à soutenir les réformes institutionnelles en vue de l'intégration à l'UE et le programme Phare a été complété, à partir de 2000, par deux autres instruments ayant pour objectif d'aider les pays candidats à s'aligner sur les normes européennes : Ispa (environnement et transports) et Sapard (agriculture et développement rural). Toutefois, cette assistance est insuffisante (0,3 % du PIB en PPA des pays bénéficiaires) et est inégalement répartie entre les pays. Enfin, une fois qu'ils seront entrés dans l'UE, les PECO bénéficieront des aides prévues dans le cadre de la politique régionale et distribuées via quatre canaux (Fonds structurels ou européens) auxquels s'ajoute le Fonds de cohésion. Mais là encore, les nouveaux venus seront pénalisés dans la mesure où, en proportion des populations respectives, ils recevront moins que les membres actuels, même si ces allocations sont supérieures à celles, spécifiques, qu'ils auront obtenues jusqu'alors.European Aid to Eastern and Central Europe Towards a Better Allocation of Funds ?
Since their emergence from communism, the countries of eastern and central Europe have benefited from several types of EU aid. For example, in July 1989, the latter implemented Phare, a multilateral assistance program. At first aimed at Poland and Hungary, it was very rapidly extended to other countries in this area as its goal was to aid in the transition to a market economy. However, the aid it provided from 1990 to 1997 was hampered by over-centralization in terms of decision-making, the allocation of funds, and, in particular, funding which was insufficient to meet requirements (on the average 0.8% of the GDP in PPP). This was superseded in 1997 by pre-membership aid aimed at supporting institutional reforms with a view to EU integration, and the Phare program came to an end during 2000 with the introduction of two other instruments aimed at aiding candidate countries to align with European standards: ISPA (environment and transport) and Sapard (agriculture and rural development). This assistance is, however, insufficient (0.3% of the GDP in PPP in the receiving countries) and has been unequally distributed between the countries. Once they have entered into the EU, the countries of eastern and central Europe will benefit from aid allotted with the framework for a regional policy which is distributed via four channels (European or structural funds), to which are added Cohesion Funds. Here again, they will receive less than the current members even if these allocations are greater than the specific subsidies they have obtained to date. - La région russe de Sverdlovsk. La présence étrangère : l'exemple d'une coopération à deux vitesses avec la France - Semenova Tatiana p. 61-71 Les relations économiques et commerciales franco-russes sont unanimement reconnues comme n'étant pas au niveau du dialogue bilatéral politique et culturel. Pour pallier ce manque, les dirigeants des deux pays favorisent donc depuis quelques années l'établissement de liens directs entre régions et collectivités territoriales. Ainsi, la région de Sverdlovsk, qui bénéficie de nombreux atouts économiques, a mis en place un cadre institutionnel et juridique conforme à la loi fédérale, qui lui a permis d'attirer nombre d'investisseurs et partenaires étrangers. Or, la comparaison entre la présence économique et commerciale française dans cette région et celle de ses principaux concurrents occidentaux est largement défavorable à la France. Tant en ce qui concerne les flux d'échanges commerciaux, que les investissements directs, la présence de représentations d'entreprises et d'établissements officiels, la coopération décentralisée ou les flux touristiques, la France accuse en effet un retard notable, d'autant plus étonnant que ce pays assure une présence culturelle très active et variée. Le danger est que ces initiatives culturelles, si elles ne peuvent pas à l'avenir s'appuyer sur la présence économique, risquent de rester stériles et de s'étioler.The Russian Region of Sverdlovsk Foreign Presence : A Two-Speed Cooperation with France
It has been unanimously accepted that french-russian economic and trade relations are not at the level of their bilateral political and cultural dialogue. Over the last few years, the leaders in the two countries have favored the creation of direct links between regions and territorial agencies to make up for this lack. Thus the Sverdlovsk region, which benefits from numerous economic advantages, set up an institutional and legal framework in conformity with federal law, which has enabled it to attract numerous foreign investors and partners. A comparison of the French economic and commercial presence with that of its main western competitors in this region shows that the former is at a large disadvantage. France has substantially fallen behind in terms of trade flow, direct investment, company and official offices, decentralized cooperation and tourism, which is all the more surprising in light of its very active and varied cultural presence. The danger is that these cultural initiatives risk coming to naught without the support of an economic presence. Portrait
- Rolandas Paksas : un Président « voltigeur » pour la Lituanie - Bayou Céline p. 72-74
Repères
- L'Est et l'Union européenne avril 2003 - Rucker Laurent p. 75-76
Entendu
- Entendu - p. 77-78