Contenu du sommaire : Les industries de défense à l'Est
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1032, février 2003 |
Titre du numéro | Les industries de défense à l'Est |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les industries de défense à l'Est. Avant-propos - p. 3
- Le complexe militaro-industriel russe. Entre survie, reconversion et mondialisation - Gloaguen Cyrille p. 4-17 En 1991, la Russie hérite du gigantesque complexe miltaro-industriel (CMI) soviétique (60 % du PIB). Elle doit alors engager une difficile restructuration de ce secteur où s'entremêlent les enjeux industriels, stratégiques et politiques. Mais la conversion du CMI est avant tout un casse-tête économique et social. L'Etat russe n'a plus les moyens d'entretenir ce mastodonte aux effectifs pléthoriques mais il ne peut ignorer les conséquences sociales de cette indispensable restructuration. D'où l'apparition d'un CMI à deux vitesses : d'un côté un secteur «pour la survie» visant à préserver l'ordre social, de l'autre, un secteur compétitif qui doit s'intégrer au marché mondial. Toutefois, même les entreprises qui se modernisent ne sont pas assurées de survivre. Elles doivent faire face à des problèmes de financement, à la faiblesse de la R&D et à l'exode des cerveaux. Certaines tentent de s'ouvrir à la coopération internationale, mais les investisseurs étrangers demeurent méfiants à l'égard de la Russie. La réforme du CMI est donc loin d'être achevée. Son succès sera fonction du développement économique du pays.The Russian Military Industrial Complex Between Survival, Reconversion and Globalization Russia inherited the gigantic Soviet military-industrial complex (60 % of GNP) in 1991 and has been obliged to commence a difficult reorganization of this sector with its maze of industrial, strategic and political interests. First of all, the conversion of the MIC is an economic and social nightmare. The Russian state no longer has the means to maintain this behemoth with its plethora of employees but is well aware of the social consequences of this inevitable reorganization. This has resulted in a two-tiered MIC : a “survival” sector aimed at preserving social order ; a competitive sector which must integrate into the world market. Even those companies which are modernizing are not, however, assured of survival. They must confront financing problems, inadequate R&D, as well as a brain drain. Some are endeavoring to move towards international cooperation, but foreign investors remain cautious with regard to Russia. MIC reform is far from complete. Its success will depend on the country's economic development.
- Trois « novices » dans l'Otan. Quelles conséquences pour l'industrie ? - Blaha Jaroslav p. 18-28 En 1999, l'Alliance atlantique s'est élargie à trois pays de l'Europe centrale. En novembre 2002, lors du sommet de Prague, elle a décidé de poursuivre dans ce sens en invitant sept nouveaux pays à la rejoindre en 2004. Cet événement est de portée historique, car il signifie la fin du système issu de la Guerre froide, mais sans doute aussi une redéfinition du rôle de l'Otan. Or, tout ce qui brille n'est pas or. Les pays admis en 1999 sont exposés depuis à des réalités que les responsables politiques, un temps dans l'euphorie, oublièrent de mentionner : réductions des effectifs plus fortes que prévues, augmentations obligatoires des budgets de défense pour moderniser leurs armées en voie de professionnalisation, entre autres. Quant au secteur industriel travaillant pour la défense, déjà victime de restructurations ou de privatisations mal maîtrisées et de la perte de nombreux marchés, il est dans l'obligation d'absorber un choc supplémentaire, dix ans après la disparition du Pacte de Varsovie, n'étant pas de taille à affronter la concurrence. En République tchèque, il tente de s'organiser pour parler d'une seule voix, et le gouvernement affirme, bien que tardivement, sa volonté de le soutenir. En Pologne, les autorités réorganisent ce secteur en renforçant les pôles industriels. En Slovaquie, un des futurs membres de l'Alliance, il ne reste plus grand-chose des activités anciennes et la reconversion semble avoir surtout profité aux ventes illégales d'armes. Parallèlement, tous ces pays sont exposés à des contraintes de politique étrangère et aux pressions «amicales» des fabricants euro-atlantiques, lors de la passation de contrats. Vont-ils pencher vers une logique européenne ou bien seront-ils les sous-marins ou les relais des intérêts américains ?Nato Beginners What are the Consequences for Industry ? In 1999, the Atlantic Alliance was extended to include three central European countries. During the November 2002 Prague Summit it was decided to continue on this course and to invite seven new countries to join in 2004. This was an event of historic importance as it signified the end of the Cold War system and certainly a redefinition of Nato's role as well. However, all that glitters is not gold. The countries admitted in 1999 have had to deal with realities that the political leaders in their euphoria neglected to mention : a reduction in personnel greater than forecast, obligatory defence budget increases aimed at modernizing armies on the road to becoming professional, etc. The industrial sector involved in defence, already fallen victim to badly managed restructurations or privatizations and the loss of many markets, has been obliged to absorb an additional shock as, ten years after the end of the Warsaw Pact, it is not able to meet competition. In the Czech Republic, it is endeavoring to assume a unified stance, and the government has confirmed, albeit lately, its intention to provide support. The Polish authorities are restructuring this sector by consolidating industrial centers. In Slovakia, one of the future Alliance members, little remains of the old activities and reconversion seems to have above all profited illegal arms sales. Concurrently, all of these countries are exposed to foreign policy restrictions, as well as «friendly» persuasion on the part of European and Atlantic manufacturers, during contract negotiations. One may ask whether they will be inclined towards a European stance or will they become the fifes or relays for American interests.
- Les ventes d'armes de la Russie à la Chine. Aspects stratégiques et économiques - Makienko Constantin p. 29-38 La Chine est le premier client de la Russie en matière d'armements, avec un chiffre d'affaires de deux milliards et demi de dollars en 2002, soit 60 % environ du total. Ces ventes ont permis de maintenir à flot de nombreuses entreprises du complexe militaro-industriel russe, en particulier l'avionneur «Sukhoï» et des chantiers navals, tandis que l'équipement de l'armée chinoise a effectué un bond quantitatif et surtout qualitatif. On peut, sous cet angle, comparer le rôle joué par la Russie à celui qu'a assumé l'Allemagne vis-à-vis de l'URSS dans les années de l'entre-deux-guerres mondiales. Cependant, en dépit des transferts de technologies russes, la Chine n'est pas encore parvenue au niveau élevé de recherche-développement militaire qui lui permettrait de s'équiper elle-même en armements modernes. Prenant le relais de la défunte Union soviétique, elle peut certes envisager à moyen terme (2015-2020) le statut de puissance militaire régionale, sinon mondiale, mais sans pouvoir espérer rattraper les Etats-Unis. Des responsables militaires russes s'inquiètent de voir la Russie contribuer ainsi à la montée en puissance de la Chine, mais cette dernière disposant de la supériorité en matière d'armements conventionnels, elle aurait d'ores et déjà la possibilité d'envahir la Sibérie, hypothèse qui hante les Russes depuis des décennies. Or, ce n'est pas ce type d'équipements que Moscou fournit à la Chine et si elle suspendait ses ventes, elle laisserait la place à ses concurrents, subissant du même coup un manque à gagner considérable.Russian Arms Sales to China Strategic and Economic Aspects China is Russia's leading client in terms of arms sales which reached two and a half billion of dollars in 2002, or 60 % of the total. These sales have enabled the Russian military-industrial complex to maintain numerous companies, in particular the Sukhoi aviation manufacturer as well as naval shipyards, while Chinese military equipment has taken a substantial leap in terms of quantity and quality. Here it is possible to compare Russia's role to that of Germany towards the USSR between the two world wars. However, despite Russian technology transfers, China has still not reached a level of military research and development which would enable it to equip itself with modern armaments. Taking over from the defunct Soviet Union, China could, of course eventually (2015-2020) assume the status of a regional, if not world, military power albeit with no hope of catching up to the United States. Some Russian military officials are disquieted by the fact that Russia is contributing to China's rise in power. As it maintains superiority in conventional armaments, China is most likely already capable of invading Siberia, a fear which has haunted Russia for decades. This is, however, not the type of equipment that Moscow provides to China and, by suspending sales, she would leave the field open to her competitors, and sustain considerable losses.
- Les zones économiques spéciales en Pologne - Barys Robert p. 40-46 Les zones économiques spéciales (ZES) ont été mises en place en Pologne entre 1994 et 1997. Au nombre de dix-sept au départ (depuis, deux d'entre elles ont été supprimées), elles ont pour vocation d'assurer le développement des régions où elles sont implantées, et notamment d'y juguler la montée du chômage, grâce à la consolidation du tissu industriel, à la création d'activités nouvelles et à la rénovation des infrastructures. Afin d'y attirer les investisseurs, des exonérations fiscales avantageuses leur sont offertes, moyennant leur engagement d'effectuer un apport en capital compris entre 350 000 et 2 millions d'euros, d'embaucher de 40 à 100 personnes et d'exporter une partie de la production ; enfin, la ZES est souvent en mesure de faciliter les démarches des industriels et de leur fournir d'utiles informations. Si quelques échecs sont à déplorer, comme celui de la zone de Czestochowa, malade des restructurations infligées à l'industrie sidérurgique, l'expérience s'avère dans l'ensemble concluante, notamment eu égard à l'emploi : le projet d'embauche censé se dérouler sur plus de vingt ans a été réalisé à hauteur de plus de 50 % en à peine quatre ans. Toutefois, avec l'entrée de la Pologne dans l'UE, l'existence des ZES, qui est incompatible avec les règles de la concurrence, va être écourtée de quelques années ; tels sont les termes du compromis trouvé par les deux parties à l'issue de discussions particulièrement âpres.Special Economic Zones in Poland Special Economic Zones (SEZ) were set up in Poland between 1994 and 1997. With seventeen at the beginning (two of these have subsequently closed), their role is to ensure the development of the regions in which they are located, in particular to end rising unemployment, by consolidating the industrial fabric, the creation of new activities and the renovation of infrastructure. Advantageous tax breaks are offered in order to attract those investors who promise a capital influx of between 350,000 and 2 million Euros, to employ 40 to 100 persons and to export a part of their production. The SEZ often facilitates formalities and provides useful information. While there have been some failures, such as in Czestochowa which has suffered from steel industry restructurations, results have been mainly positive, particularly in terms of employment. The employment project was intended to take place over twenty years, yet was 50 % complete in just four. With Poland's entry into the EU, however, the SEZ is incompatible with EU rules of competition and will be shortened by several years. These were the terms of the compromise reached after particularly intensive discussions.
- La corruption dans le Sud-Caucase - Kostanyan Amalia p. 47-55 S'il est vrai que la corruption, à différents niveaux, concerne une grande partie des pays, et en particulier les pays en transition, la région du Sud-Caucase est particulièrement touchée par ce fléau qui contribue largement à plomber son évolution politique et économique. Il faut d'abord se demander de quel niveau et de quel type de corruption il s'agit. L'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie se retrouvent aux dernières places dans le classement établi par la Banque mondiale. Le phénomène le plus grave, en l'occurrence, n'est peut-être pas la «petite corruption», celle à laquelle les citoyens se heurtent dans leur vie de tous les jours, mais la «grande corruption», qui frappe le cœur de l'Etat. Quelles sont les principales raisons de cette situation ? Certes, on évoque le passé soviétique, mais il ne suffit pas à expliquer les différences dans ce domaine entre les pays issus de l'URSS. Les spécificités culturelles ne sont, semble-t-il, qu'un alibi avancé par les acteurs de la corruption eux-mêmes. La situation géographique de la région, qui éveille les appétits d'Etats puissants et, dans le cas de l'Azerbaïdjan, l'abondance des ressources énergétiques, ne laissent pas non plus de jouer un rôle déterminant. Il faut également mentionner la faiblesse de l'Etat et les insuffisances de la législation, en dépit des multiples déclarations d'intention des autorités en place. Il existe, certes, des initiatives gouvernementales, mais leur application est problématique, car l'administration, mal payée, donc corruptible, n'est pas en mesure de l'assumer. Le rôle des ONG n'est pas négligeable en la matière, de même que celui de la presse, mais leurs interventions sont encore insuffisantes. Il serait à souhaiter également que les institutions financières internationales s'impliquent également davantage. Cependant, tant que la population elle-même ne se sentira pas véritablement concernée et ne cessera pas de considérer ce phénomène comme inévitable, donc de le tolérer, il est vain d'espérer des progrès quelque peu sensibles dans ce domaine.Corruption in the South Caucasus While a great many countries, in particular those in transition, are involved in differing levels of corruption, those of the South-Caucasus have been especially afflicted by this plague which has contributed largely to hindering their political and economic development. We must first enquire as to the level and nature of the corruption involved. Armenia, Azerbaijan and Georgia are at the bottom of the World Bank's list. Perhaps the more serious aspect is not everyday «lowlevel corruption», but corruption on a grand scale which strikes at the heart of the State. In analyzing the reasons for this situation one may, of course, invoke the Soviet past, but this does not suffice to explain the differences between the ex-Soviet countries. The region's geographic position, which has whetted the appetite of the powerful nations and, in the case of Azerbaijan, the abundance of energy resources, also play a significant role. Weak government and inadequate legislation may also be mentioned, despite the many declarations of intent on the part of the authorities. There have, of course, been some government initiatives but their application has been problematic because the badly-paid, hence corruptible, civil service, has not been able to implement them. The NGOs have played an important role, as has the press, but their actions remain insufficient. Greater implication on the part of international financial institutions would also be welcomed. However, as long as the population itself does not feel really implicated and continues to regard the phenomenon is inevitable and, thus, to tolerate it, it is useless to hope for any observable progress in this area.
- Portrait . Narodni Parlament : Une ONG serbe à Leskovac - Heimerl Daniela p. 56-58
- Repères. L'Est et l'Union européenne février 2003 - Rucker Laurent p. 59-60
- Entendu et lu - p. 61-65