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Jean-Pierre Digard : Perspectives anthropologiques sur l'Islam. Après avoir défini de quelle anthropologie il entendait parler ? non pas d'une anthropologie de l'Islam, mais d'une anthropologie-méthode qui permet de situer cette religion dans le contexte total des sociétés qui s'en réclame, ? l'auteur dresse un rapide bilan de l'insuffisance tant de l'ethnologie en milieu musulman que de l'islamologie classique sur son propre terrain. Puis, après avoir rappelé quelques caractéristiques essentielles de l'Islam, à la fois religion et civilisation, il explore, à titre d'exemple, trois domaines où l'anthropologie lui semble susceptible d'apporter à l'islamologie une contribution originale : 1°) les décalages entre norme et pratique, et les différences d'impact de cette religion en fonction des genres de vie, des catégories socio-économiques ; 2°) les représentations, très variées et parfois même contradictoires, que se font de l'Islam les acteurs sociaux ; 3°) des diverses « fonctions » sociales de cette religion.

Françoise Raison : Ethnographie missionnaire et fait religieux au XIXe siècle. Le cas de Madagascar. Les missionnaires, précurseurs dans les rassemblements de documents antérieurs à la constitution du champ scientifique de l'ethnographie, ont souvent une excellente connaissance ethnographique du terrain mais, acteurs dans la vie du groupe travaillant sur la langue et assurant la scolarisation, ils poursuivent un travail de « désymbolisation » (Michelet) . Ils n'en sont pas moins fascinés par rites et mythes où ils reconnaissent un héritage commun de symboles caractérisant une religion patriarcale parente du judaïsme. Après avoir découpé de manière arbitraire un « champ religieux » selon des critères ethnocentriques (ex. : la coupure magie-religion) , ils se heurtent au retour d'éléments « non religieux » à l'intérieur des pratiques chrétiennes des convertis. L'isolement du champ religieux leur interdit de trouver un sens à ces pratiques qui tombent alors dans le domaine des résistances au christianisme.

Nicole Echard : La pratique religieuse des femmes dans une société d'hommes : Les Hausa du Niger. Dans la société hausa du Niger où la dominance masculine est incontestable coexistent trois types de pratiques religieuses. La femme est presque totalement exclue de deux d'entre elles : l'islam et l'ancienne religion animiste. Par contre, elle est organiquement associée au culte de possession lequel est à participation mixte dans la plupart des provinces hausa. L'élaboration symbolique de l'ensemble de la production d'imaginaire se faisant au sein du culte, y compris donc celle provenant des femmes, est faite par les agents du culte qui sont des hommes. D'une manière plus générale en Afrique Occidentale le seul lieu réel et institutionnalisé de la pratique religieuse des femmes apparaît comme étant celui de la possession. D'où un certain nombre de questions à propos de la relation entre femme et possession.

Jacques Gutwirth : Ethnologie et fait religieux aujourdhui : présentation d'un dossier. Cette présentation situe le contexte ? une session d'étude de l'Association française de sociologie religieuse ? dans lequel prennent place les contributions et la « table ronde » qui suivent. Elle analyse, à propos de deux films (de G. Le Moal et J. Rouch), le rôle du cinéma ethnographique, ainsi que des contributions non présentées dans le dossier : de J. Gutwirth, les traits de la méthode ethnologique et sa validité épistémologique ; de M. Godelier, des réflexions sur l'origine des religions ; de F. Héritier, un système de représentations selon une perspective structuraliste. Divers points des autres études et de la « table ronde » sont relevés et rapportés les uns aux autres. L'auteur constate que l'ethnologie devrait connaître en France une reconversion bénéfique vers l'étude du religieux et de bien d'autres aspects de la société moderne et urbaine.

Jean-Pierre Courtial : Note sur l'analyse des données. Un dialogue entre méthodologue et chercheur semble nécessaire. L'analyse des hypothèses sous-jacentes aux programmes d'analyse mathématique conduit à distinguer deux types de démarches : une démarche proche des modèles mécanistes et de l'analyse causale, une démarche fondée sur l'analyse des ressemblances ou similarités. C'est au moment de l'évaluation des objets de la recherche qu'il convient d'opter pour l'une ou l'autre selon qu'on cherche à élaborer un modèle, à représenter un espace d'objets définis par leurs caractéristiques, ou au contraire à représenter un espace homogène d'objets à partir de proximités mesurées directement.