Contenu du sommaire : Amérique centrale, fragilité des démocraties
Revue | Problèmes d'Amérique Latine |
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Numéro | No 73, été 2009 |
Titre du numéro | Amérique centrale, fragilité des démocraties |
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Amérique centrale, fragilité des démocraties
- Dossier coordonné par Gilles Bataillon- Amérique centrale, fragilité des démocraties - Gilles Bataillon p. 7
- Où en est l'intégration centre-américaine ? - Philippe Létrilliart p. 9 L'article examine la construction régionale centre-américaine, dans ses dimensions institutionnelle et économique, à partir, principalement, des modèles européen et nord-américain. Il s'agit plus particulièrement de comprendre pourquoi la multiplication des institutions et des engagements de nature politique ne renforce que marginalement l'effectivité des politiques publiques des états de la sous-région. De la même façon, l'approfondissement de l'intégration économique, si elle offre des résultats en termes commerciaux, ne débouche pas sur une amélioration décisive en matière sociale. Dans ce contexte, les petits états de l'isthme semblent miser sur un régionalisme ouvert pragmatique afin de compenser leurs faiblesses face aux grands acteurs régionaux.This article deals with the regional construction in Central America, in its institutional and economic dimensions, mainly on the basis of European and North American models. What is particularly at stake is to understand why the multiplication of institutions and political commitments only strengthens marginally the effectiveness of States public policies in the sub-region. As well, despite of its commercial results, the deepening of the economic integration doesn't lead to decisive social improvements. In this context, the small States of the isthmus seem to bet for a pragmatic open regionalism in order to compensate their weaknesses in front of the great regional actors.
- Aux marges de la démocratie : 22 ans de processus électoraux au Guatemala - Willibald Sonnleitner p. 37 Comme le révèlent les dernières élections générales de 2007, la démocratisation guatémaltèque est prisonnière de nombreux paradoxes et dilemmes. Sans aucun doute, la transition d'un régime autoritaire légitimé par des élections « de vitrine », à un régime plus ouvert et pluriel, a contribué à la pacification de la vie politique, après 36 ans de guerres internes. Cependant, de nombreuses continuités avec le passé limitent ses portées, dont une importante abstention, une atomisation et une personnalisation exacerbées de l'offre partisane, et une insolite volatilité du vote. Ces pièces, qui semblent conformer un véritable casse-tête électoral, ne sont pas complètement désarticulées lorsqu'elles s'observent depuis l'échelle locale, mais elles manquent actuellement de dynamiques structurées et intégrées au niveau national. à quoi servent, alors, les élections au Guatemala ? Peuvent-elles « fonctionner » d'une manière « démocratique » dans l'absence d'un état de droit, avec des institutions défaillantes et délégitimées, avec un système de partis éclaté et avec une citoyenneté passive, dépolitisée et démobilisée, désarticulée et incomplète?The guatemalan democratization encounters many paradoxes and dilemmas as the last general elections of 2007 reveal undoubtedly, the transition from an authoritarian government legitimated by elections of sorts to a more open and plural government, contributed to the pacification of political life after 36 years of internal wars. However, the consequences of these elections are limited by many continuities, among which a large abstention, an atomization and a heightened personalization of the partisan offer, and an unusual volatility of vote. These elements, which seem to create a real election headache, set out some coherence when they are observed on a local scale but structured and integrated dynamics currently miss them at the national level. So, what are the elections used for? Would they succeed in a democratic way in the absence of a constitutional state, with no legitimated and shaky institutions, with a system of confused parties and with a passive, depoliticized and demobilized, inconsistent and incomplete citizenship?
- L'affaire Zoilamérica Narváez contre Daniel Ortega ou la caducité de "l'homme nouveau" - Delphine Lacombe p. 73 Le 2 mars 1998, Zoilamérica Narváez dénonce publiquement Daniel Ortega, son père adoptif, commandant de la révolution sandiniste et ex-président de la République, pour des viols perpétrés à son encontre dès l'âge de 11 ans. Cette mise en accusation déclenche une controverse sans précédent dans l'opinion publique nicaraguayenne. Elle met en scène la « famille révolutionnaire », la mémoire du régime sandiniste et toute une série d'acteurs, qui par leurs interventions dans la presse en faveur d'Ortega ou bien de Narváez feront de l'affaire un moment singulier de débats publics tant sur les violences sexuelles et l'inceste que sur l'exercice du pouvoir politique au cours du régime sandiniste. L'article décrit les formes de l'indignation après les témoignages de Zoilamérica. Il analyse l'épreuve politique que ces témoignages entraînent pour les acteurs se réclamant du sandinisme. Il montre comment un travail de sensibilisation contre les violences sexuelles est mené par l'action collective féministe. Il relate les étapes judiciaires nationales et internationales de l'affaire en montrant comment Daniel Ortega a fait en sorte d'échapper à la justice pénale. Dix ans après le début de la controverse, il en analyse pour finir ses résonnances actuelles.On March 2, 1998, Zoilamérica Narváez publicly denounced Daniel Ortega, her adoptive father, comandante of the Sandinista Revolution and ex President of Nicaragua, for sexual abuse perpetrated against her beginning when she was 11 years old. This accusation provoked an unprecedented controversy in Nicaraguan public opinion. It shed a new light on the “revolutionary family”, the memory of the Sandinista regime and a series of important actors, all of whom, through their expressions to the media either in favor of Ortega or in favor of Narváez, made this controversy a singular moment of public debate on sexual violence and incest and the exercise of power during the Sandinista regime. This article describes the manifestations of indignation were sparked by the testimony of Zoilamérica Narváez. It analyzes the “political proof” that this testimony contains for those actors that identify as Sandinistas. It describes efforts by the feminist collective to raise awareness of the struggle against sexual violence, and details the stages of the national and international judicial process, exposing the ways in which Daniel Ortega avoided justice. Ten years later, this work analyzes the repercussions of this controversy on Nicaragua today.
- Le gouvernement a polarisé le pays et la crise économique rend un dialogue national urgent - Dora María Téllez p. 101 Comment le Nicaragua doit-il faire face à la crise économique ? Loin de chercher à rassembler les Nicaraguayens au travers d'un dialogue national associant les différentes forces politiques et sociales ou de décider de mettre à profit l'aide de la coopération internationale, Daniel Ortega a fait l'option de mesures attentistes visant avant tout à consolider sa domination et celle de ses alliés libéraux en s'appuyant sur l'aide provenant du Venezuela. Considérant que ces choix sont les mêmes que ceux qui conduisirent à l'échec du projet sandiniste dans les années 1980, Dora Maria Tellez prône à l'inverse un aggiornamiento inspiré des pratiques des gauches démocratiques latino-américaines tant au Chili, qu'en Uruguay et au Brésil. Elle appelle aussi ce faisant aussi à des solutions réformistes très semblables à celles imaginées par le nouveau président de la République au Salvador, Mauricio Funes.How should Nicaragua cope with the economic crisis ? Far from uniting the Nicaraguan through a national dialogue that would gather political and social actors, or taking advantage of the internal cooperation, Daniel Ortega has chosen a wait-and-see policy that just serves to strengthen his own influence, as well as his liber allies' too, thanks to Venezuela's aid. By stating that these options have already lead the sandinista project to a failure in the 80s, Dora Maria Tellez is advocating for an aggiornamiento inspired by latino-american left-wing democratic experiences, such as chilean, uruguayan and brazilian ones. That's why she's yearning for reformist solutions similar to what the salvadorian President, Mauricio Funes, is implementing.
Varia
- "Alzarse" : les formes d'une pratique depuis l'époque des palenques jusqu'à l'extinction des derniers groupes de guérilleros anticastristes - Vincent Bloch p. 115 L'objet de cet article est, à partir d'une analyse historique, de décrire la complexité des alzamientos (« prises de maquis ») qui survinrent à Cuba entre 1959 et 1965, en réfléchissant sur la façon dont s'y sont entremêlés des pratiques ancrées dans les temps longs de l'histoire locale, des registres de l'action politique participant du « système des concurrents pour le pouvoir », et des enchaînements séquentiels qui ont déplacé les affrontements vers un terrain idéologique, puis vers des représentations fantasmagoriques.This article aims to describe, through a historic analysis, the complexity of the alzamientos (“uprisings”) that took place in Cuba between 1959 and 1965 by reflecting on the way in which they intermingled practices anchored in long-term history, registers of political action attached to the “system of competitors for power” and a sequence of events that shifed the confrontations toward an ideological terrain and then toward phantasmagoric depictions.
- "Alzarse" : les formes d'une pratique depuis l'époque des palenques jusqu'à l'extinction des derniers groupes de guérilleros anticastristes - Vincent Bloch p. 115