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Revue 20 & 21. Revue d'histoire Mir@bel
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 90, avril-juin 2006
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Retour sur la fascisme français. La Rocque et les Croix-de-feu - Michel Winock p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Deux ouvrages récents, l'un dirigé par Michel Dobry, l'autre dû à Robert Soucy et traduit de l'anglais, entendent remettre en question la thèse des historiens français qui ont minimisé ou relativisé le phénomène fasciste dans la France des années 1930. Michel Winock répond à ces contradicteurs, en fixant son attention sur les Croix-de-Feu et le parti social français, l'enjeu principal du débat, et sur l'histoire desquels un important dépôt d'archives au Centre d'histoire de la Fondation nationale des sciences politiques a été fait naguère – et complété récemment par la famille du colonel de La Rocque. Il montre en quoi l'originalité des Croix-de-Feu ne peut être identifiée à un mouvement fasciste.
    — Two recent works, one edited by Michel Dobry, and the other by Robert Soucy, translated from English, challenge the French historians' approach that minimized or nuanced the fascist phenomenon in 1930s France. Michel Winock answers these challengers and focuses on the Croix-de-Feu and the French social Party – the main stakes of the debate – and on history. A major archival deposit was made, added to recently by Colonel La Rocque's family, at the Centre d'histoire de la Fondation nationale des sciences politiques (History Center of the National Political Science Foundation, Sciences-Po). Winock shows that the Croix-de-Feu cannot be identified as a fascist movement because of its specificity.
  • Mon père était Croix-de-feu - Jean Boissonnat p. 29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pour enrichir les archives de son grand-père – récemment versées à la Fondation nationale des sciences politiques – Hugues de la Rocque a réalisé quelques entretiens avec des personnalités ayant milité ou connu le milieu des Croix-de-Feu. Afin d'illustrer l'article de Michel Winock présent dans ce même numéro, nous publions un extrait de l'interview de Jean Boissonnat. Né en 1929, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, Jean Boissonnat a dirigé le service économique de La Croix (1954-1967) avant de fonder L'Expansion où il a, à partir de 1967, exercé des fonctions dirigeantes.
    — To add to his father's archives – recently given to the Centre d'histoire de la Fondation nationale des sciences politiques (History Center of the National Political Science Foundation, Sciences-Po) – Hugues de la Rocque carried out several interviews with people who were active in or who knew the people of and around the Croix-de-Feu. In order to illustrate Michel Winock's article in this same issue, we are publishing an extract of Jean Boissonnat's interview. Born in 1929, graduate of Sciences-Po Paris, Jean Boissonnat was the director of the economic department of the newspaper La Croix (1954-1967), before founding L'Expansion, where, as of 1967, he was one of the directors.
  • L'engagement des harkis (1954-1962). Essai de périodisation - François-Xavier Hautreux p. 33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), l'armée française recourt massivement à des soldats supplétifs algériens. Après l'indépendance algérienne, certains d'entre eux s'installent en métropole et prennent le nom générique de « harkis ». Ils forment depuis une communauté distincte des « pieds-noirs » et des Français issus de l'immigration. L'histoire des harkis pendant la guerre reste néanmoins en grande partie méconnue et source de tensions. De 1954 à 1962, la réalité de ces soldats a connu une évolution méritant une étude plus poussée, jusqu'au tragique été 1962 où des milliers d'entre eux furent tués. Évolution des effectifs bien sûr, qui augmentent sans cesse jusqu'en 1960, mais également évolution dans l'emploi : à de simples auxiliaires militaires se substitue un temps l'espoir d'un front politique « musulman » opposé au Front de libération national. Ce sont ces évolutions que retrace cet article, des premiers engagements, le plus souvent dans l'improvisation, jusqu'aux accords d'Évian et à l'indépendance de l'Algérie.
    — During the Algerian war, 1954-1962, the French army turned massively to Algerian auxiliary soldiers. After Algerian independence, some of them settled in mainland France and took the generic name of « harkis ». Since then they form a distinct community from the « pieds-noirs » and the French of immigrant origin. The history of the harkis during the war remains largely unknown and a source of tensions. From 1954 to 1962, the reality of these soldiers came to light and called out for a more in-depth study, and then in the tragic summer of 1962, thousands of them were killed. A constant increase in the forces, of course, until 1960, but also one in employment : simple military auxiliaries yielded the place to the fleeting hope for a « Muslim » political front against the NLF. This article examines these changes : the first, usually improvised engagements, up until the Evian agreements and Algerian independence.
  • Le Secours populaire français dans la guerre d'Algérie. Mobilisation communiste et tournant identitaire d'une organisation de masse - Axelle Brodiez p. 47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Appréhender la guerre d'Algérie au prisme du Secours populaire, organisation de masse chargée de la solidarité, permet de réévaluer la participation du parti communiste français à la lutte anticolonialiste. L'engagement communiste prend de nouvelles formes – moins étudiées et parfois novatrices : de la solidarité juridique aux militants du Front de libération nationale et aux soldats réfractaires, à une solidarité humanitaire aux populations regroupées. Si le parti communiste français fut certes lent à prendre position pour l'indépendance, il n'en fut pas moins, avec ses organisations de masse, l'un des premiers à dénoncer les tortures, les condamnations à mort ou les camps de regroupement. Cette période est parallèlement celle d'un tournant difficile dans la conception même de l'organisation de masse, scellant le refus par le Secours populaire de la « courroie de transmission » et posant les germes de son autonomisation.
    — Dealing with the Algerian war through the prism of the Secours populaire, a mass organization responsible for solidarity, makes it possible to assess the French Communist party's participation in the anti-colonialist fight. The article deals with the often innovative implementation of the communist engagement, its legal solidarity with NLF militants and with soldiers resistant to humanitarian solidarity with rounded-up populations. While it is true that the French Communist Party was slow to stand up for independence, it – with its mass organizations – was nevertheless one of the first ones to denounce the torture, death sentences or refugee camps. At the same time, this period marked a difficult turning point in the very conception of the mass organization, sealing the Secours populaire's refusal to be the transmitter and establishing the premices of its autonomy.
  • Police judiciaire et pratiques d'exception pendant la guerre d'Algérie - Emmanuel Blanchard p. 61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En juillet 1953, la création de la brigade des agressions et violences (BAV) apparaît comme une victoire pour ceux qui, depuis la Libération, n'ont jamais admis la dissolution de la brigade nord-africaine (BNA) de la préfecture de police de Paris. L'étude de la BAV, entre 1953 et 1962, montre que ce service (dont les prérogatives évoluent au cours de la période) était défini non en fonction de ses attributions, mais par la population dont il avait la charge. Cette police coloniale au cœur de la capitale a cependant refusé certaines des évolutions prônées par le préfet Papon au nom de la « guerre contre-révolutionnaire » qui visait le Front de libération nationale.
    — In July 1953, the creation of the Aggression and Violence Brigade (BAV) was seen as a victory for those who never accepted the break-up of the North African Brigade (BNA) of the Paris Police Prefecture. Studying the BAV between 1953 and 1962 shows that this department, whose prerogatives changed throughout the period, was defined not in function of its attributions but by the population it was in charge of. This colonial police in the heart of the capital did refuse some of the changes Prefect Papon advocated in the name of the « counter-revolutionary war » against the NLF.
  • Conflit de mémoires autour du cimetière de Bergen-Belsen - Jean-Marc Dreyfus p. 73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dès 1945, et suivant une pratique établie après la première guerre mondiale, l'administration française se mit à rechercher les corps des combattants français morts au champ d'honneur. Cette pratique fut élargie aux victimes de la déportation. Une mission de recherche fut mise sur pied, qui travailla sur les sites des différents camps de concentration en Allemagne. Une convention bilatérale fut signée en 1954 entre la France et l'Allemagne, pour permettre la poursuite des exhumations. En 1958, alors que les travaux devaient commencer au cimetière du Hohne, à côté de Bergen-Belsen, en Basse-Saxe, l'association des survivants juifs du camp s'y opposa vivement. L'affaire prit immédiatement une tournure diplomatique, et vit s'opposer diverses politiques de la mémoire, diverses traditions funéraires. Des autorités religieuses, mais aussi des médecins légistes et des juristes s'affrontèrent sur ce cas et diverses tentatives furent faites, sans succès, pour trouver un compromis. La controverse ne fut finalement tranchée que onze ans plus tard, par une décision de la commission d'arbitrage de Coblence.
    — Starting in 1945 and following a post WWI-practice, the French administration sought to find the bodies of French soldiers that died on the battlefield. This practice was extended to deportation victims. A search mission was set up to work on the various German concentration camp sites, and a bilateral convention was signed in 1954 between France and Germany to allow the exhumations to continue. In 1958, when the work was supposed to begin in the cemetery of Hohne, next to Bergen-Belsen, in Lower Saxony, the Jewish survivors' association of the camp were violently against it. The affair immediately became diplomatic, and various memory policies and funeral traditions were in opposition. Religious authorities but also forensic pathologists and lawyers clashed on this case and many attempts were made to find a compromise, in vain. The controversy was finally settled eleven years later, by a ruling of the Coblence Arbitrage Commission.
  • Fêtes nationales et régime dictatorial au Brésil - Maud Chirio p. 89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le régime militaire brésilien (1964-1985) repose selon l'historiographie dominante sur la « doctrine de la Sécurité nationale », qui suppose l'imminence d'une guerre révolutionnaire contre le communisme. Cette interprétation univoque omet l'importance d'une culture politique de longue durée des militaires au pouvoir, où l'armée est présentée comme historiquement modératrice du jeu politique et protectrice de la Nation contre les extrêmes, ce qui situe le coup d'État dans la continuité de l'histoire nationale. 1964 est donc moins une rupture qu'un aboutissement, celui d'un « destin de grandeur » du Brésil dont l'armée est le garant. Cette image du rôle de l'armée brésilienne est la base d'une stratégie de légitimation historique et nationale du régime militaire. Elle se traduit par un ensemble de politiques symboliques étudiées dans cet article, notamment la sacralisation des symboles nationaux et une inflation sans précédent des célébrations des fêtes patriotiques telle que la commémoration de l'indépendance. Celles-ci ont pour rôle, outre de placer le régime dans la tradition nationale, de construire l'image paradoxale d'un pouvoir démocratique et populaire. L'étude de la mise en scène des commémorations de l'indépendance permet donc de mieux comprendre l'ambiguïté de la dictature brésilienne : justifiée par la supériorité morale et intellectuelle des militaires, seuls à même de guider la nation, elle ne parvient pas à se départir d'une légitimation démocratique et populaire.
    — The Brazilian military regime (1964-1985), according to the dominant historical record, is based on the « national security doctrine », which supposed the imminence of a revolutionary war against communism. This unambiguous interpretation neglects the importance of a longstanding political culture of power in the hand of the military, in which the army is presented as being a historically moderating force on the political scene and protective of the Nation against extremes, which places a government overthrow in the continuity of national history. 1964 is thus less than a breaking point than an end result, that of Brazil's « great destiny », with its army as its guarantee. This image of the Brazilian army role is the basis of a strategy of historical and national legitimacy of the military regime. It was developed by a set of political symbols studied in this article, in particular, elevating national symbols to the sacred and inflating patriotic holiday celebrations like the commemoration of independence to the highest. Their role, aside from placing the regime in the national tradition, was to construct the paradoxical image of a democratic and popular democracy. The study of the staging of the independence commemorations makes the ambiguity of the Brazilian dictatorship understandable : justified by the moral and intellectual superiority of the military, the only ones able to guide the nation, it was not able to depart from a democratic and popular legitimacy.
  • Nixon et le vote juif. La campagne présidentielle de 1972 - Pauline Peretz p. 109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1972, plusieurs dirigeants communautaires sympathisants de Richard Nixon eurent l'idée de l'aider à faire valoir ses atouts auprès des électeurs juifs. En dépit de la fidélité traditionnelle des Juifs au parti démocrate, le président pouvait exploiter un certain nombre d'avantages : un candidat démocrate mal aimé, le tournant conservateur pris par une partie de la communauté et, surtout, les bénéfices d'une politique étrangère très favorable à Israël. La Maison Blanche résista pourtant à la mise en œuvre d'une stratégie juive définie par l'équipe de campagne. Cette stratégie aurait nécessité de satisfaire une autre préoccupation de la communauté, obtenir du Kremlin le respect du droit des Juifs à émigrer, et de prendre le risque de menacer la détente. En vue des élections, Nixon dut donc se contenter de neutraliser l'amendement Jackson-Vanik liant commerce avec l'URSS et émigration, parce qu'il était susceptible de le mettre en porte-à-faux par rapport à la communauté.
    — In 1972, several Jewish Nixon sympathizers wanted to help him tout his qualities to Jewish voters. In spite of the Jews' traditional loyalty to the Democratic party, the president could put forward some advantages : an unloved democratic candidate, a conservative bent taken by some of the Jews, and above all, the benefits of an Israel-favorable foreign policy. The White House did resist though implementing a Jewish strategy worked out by the campaign team. This strategy would have necessitated another concern of the Jews, that of getting the Kremlin to respect the right of Jews to emigrate, and of risking the détente. For the elections Nixon had to settle for neutralizing the Jackson-Vanik amendment linking trade with the USSR and emigration because it could have compromised him with the Jews.
  • Philippe Ariès, entre traditionnalisme et mentalités. Itinéraire d'un précurseur - Guillaume Gros p. 121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Auteur de L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien régime (1960) et de L'Homme devant la mort (1977), Philippe Ariès (1914-1984) s'est affirmé comme un grand historien des mentalités au cours des années 1970. Pourtant, les principaux thèmes de son œuvre sont issus de son premier grand livre Histoire des populations françaises, publié dès 1948, ouvrage qui doit beaucoup au contexte intellectuel de l'Occupation et à la culture politique de son auteur. Né dans une famille royaliste, Philippe Ariès fut profondément influencé par Charles Maurras et par son militantisme à l'Action française dans les années 1930. Bien qu'en phase avec l'idéologie de la Révolution nationale, il opte alors pour une « histoire des structures ». Après 1945, ce choix épistémologique devient un choix existentiel et solitaire exprimé dès 1954 dans Le Temps de l'Histoire, sur le registre de la confession. Paradoxalement, la révolution culturelle de Mai 68 apporte un éclairage nouveau à son livre sur l'enfant qui, après un réel succès aux États-Unis, lui permet de conquérir enfin, grâce à la maison d'édition du Seuil, une légitimité en France.
    — Philippe Ariès (1914-1984) is the author, amongst other works, of Centuries of Childhood (1960) and L'Homme devant la mort (1977). He established himself as a pre-eminent historian of mentalities (mentalités) during the 1970s. The main themes of his life's work however, are apparent in his very first book, Histoire des populations françaises, published in 1948. This early work owes much to the intellectual context of the Occupation of France and the political culture of its writer. Born to a royalist family, Ariès was deeply influenced by Charles Maurras and Maurras' political activism in l'Action Française in the 30's. Although Ariès agreed with the ideology of the « Révolution Nationale », he finally chose to adopt an « history of structures » (« histoire des structures ») as a guiding philosophy. After 1945, the epistemological choice he had made as an historian became an existential and solitary choice as a person, expressed in the confession style he adopted in Le Temps de l'Histoire. Paradoxically, the cultural revolution of May 1968 allowed for a new perspective on Ariès'book on the child, published in France by Seuil. Its publication in France, which came after the book's significant success in the United States, finally allowed Ariès to gain legitimacy in France.
  • Mise en scène médiatique de la mort de Chaban-Delmas (novembre 2000) - Christian Delporte p. 141 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article attire l'attention à la fois sur les modalités, les normes, les codes de l'information et sur les conditions dans lesquelles les médias sont amenés à définir la dimension historique du personnage public à l'instant traumatique que constitue sa mort. L'exemple retenu est celui de Jacques Chaban-Delmas, dont le décès survient le 10 novembre 2000. L'angle privilégié est celui de la comparaison, par le croisement des sources fournies par la presse écrite, la radio et la télévision. Trois temps sont ainsi dessinés. Le temps de l'annonce, d'abord, où s'affirme l'hégémonie de l'audiovisuel et s'éclaire le fonctionnement du système médiatique ; le temps de l'émotion, ensuite, qui met en exergue le caractère consensuel du rituel médiatique ; le temps de l'analyse, enfin, au cours duquel les journaux prenant le pas sur la radio et la télévision, s'appliquent à discuter voire contester l'unanimité première. Ce sont les journaux qui fixent la dimension historique du disparu, perçue au travers des infléchissements d'un parcours, mais aussi au travers des liens et des affrontements entretenus avec les « grands ». Ainsi, en quelques jours, les médias construisent le système de représentations d'un personnage ; un système bâti sur les normes purement médiatiques et dont dépend une large partie de sa postérité.
    — The article emphasizes the arrangements, norms, conventions, and conditions that the media establish to define the historical dimension of a public person's death at the traumatic instant that his/her death constitutes. The example given is Jacques Chaban-Delmas' death, November 10, 2000. The angle chosen is that of comparison, by the cross-referencing of the sources provided by the written press, the radio and television. There were three periods : the time of the announcement first, in which the audiovisual's hegemony is asserted and in which the media system's workings are seen ; the time of emotion that shows up the media ritual consensus ; the time of analysis, in which the newspapers, overtaking the radio and television, discuss and even contest the unanimousness of the audiovisual. It is the written press that settles the historical dimension of the deceased, grasped through the shifts of an itinerary, but also through the links and clashes with the « greats ». Thus in a few days the media construct a system of representations of a person, a system built on purely media norms and on which his/her posterity largely is based.
  • Droites et gauches dans la vie politique française. Réflexions sur un affrontement pluriel - Gilles Richard p. 155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les concepts de « droite » et de « gauche » sont indispensables pour comprendre la vie politique française mais d'un usage bien délicat pour deux raisons principales : la pluralité des droites et des gauches tout d'abord, la pluralité des clivages droite(s)/gauche(s) ensuite. Se juxtaposent, sans se superposer, plusieurs « lignes de front ». Une opposition ancienne entre tenants du « pouvoir personnel » et républicains. Une opposition, les républicains l'ayant emporté dès la fin du 19e siècle, entre partisans et adversaires de la laïcité. Une opposition enfin autour de la nature « sociale » ou non de la République, cela tout au long du 20e siècle. Depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980, une nouvelle question centrale a émergé dans le débat public : celle de l'intégration de la nation française dans l'Union européenne. D'où l'éclatement des partis et du système partisan, et le brouillage des clivages droites/gauches traditionnels depuis une vingtaine d'années. Comment interpréter dès lors les résultats du référendum sur le Traité constitutionnel européen en mai 2005 ?
    — The concepts of « right » and « left » are indispensable to understand French political life, but they are also delicate to use for two main reasons : first, the multitude of rights and lefts, and second, the multitude of the right-left splits. Juxtaposed but not overlapping are several « front lines », an old opposition between holders of « personal power » and republicans. One opposition between partisans and opponents of secularism was won by the republicans at the end of the 19th century ; another concerning whether the nature of the Republic was « social » or not that occurred throughout the 20th century. Since the late 1970s and the early 1980s a new issue emerged in the public sphere : France's integration into the European Union. Which explains the breaking up of the parties and the party system and the confusion of the traditional right-left splits in the past twenty years. How can the 2005 referendum results of the European constitutional treaty be interpreted in light of this ?
  • Pour une histoire de la diplomatie économique de la France - Laurence Badel p. 169 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Informer, négocier, soutenir l'exportation, ces missions au cœur de la diplomatie économique de la France connaissent de profondes mutations depuis la fin des années 1980. Il importe donc de connaître la manière dont elles se sont structurées après la première guerre mondiale sous l'impulsion du ministre du Commerce et de l'Industrie Étienne Clémentel et de mettre au jour la spécificité de l'approche française qui a longtemps lié fonctions régaliennes et fonctions commerciales au sein d'un même dispositif public.
    — Informing, negotiating, and helping exports are the missions at the heart of French economic diplomacy that have gone through enormous changes since the late 1980s. It is important to know how they were structured following WWI under Étienne Clémentel, the Commerce and Industry minister and to update the French specificity that linked royal and commercial functions within the same public set-up.
  • Philippe Pétain en taille-douce. Portrait d'un homme par ses correspondants (1914-1921) - Violaine Challéat et Emmanuel Pénicaut p. 187 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les fonds d'archives relatifs à la personne de Philippe Pétain sont répartis entre les Archives nationales et le Service historique de la Défense. Celui-ci vient de classer une série de correspondance adressée au général pendant la première guerre mondiale qui permet de mieux étudier la naissance de la popularité de ce personnage et la construction de son image. Restreint d'abord à ses proches, le cercle des correspondants s'élargit progressivement jusqu'au printemps 1916. Dès lors, la personne de l'héroïque défenseur de Verdun est l'objet de l'admiration de la France entière, qui s'adresse spontanément à lui : admiratrices, enfants, soldats ou officiers généraux, étrangers, personnalité du monde politique, tous confient dans leurs lettres espoirs, craintes, suppliques ou observations. Le contenu de ces lettres est une nouvelle illustration de la façon dont les Français ont vécu la Grande Guerre et sont attachés à l'un de ses plus brillants chefs militaires.
    — Maréchal Philippe Pétain's personal papers are kept by both the National Archives (Paris) and by the Service historique de la Défense (Vincennes). This service has recently organized about four thousand letters written to Pétain during the first World War. This correspondence allows for a comprehensive study of how Pétain became increasingly popular and how his image was created in France. The first letters are from his own entourage but the circle of correspondents progressively widened until the spring of 1916. From that point « the heroic defender of Verdun » became an object of veneration for French people, many of whom wrote to him directly : female admirers, children, soldiers and officers, foreigners, and politicians – all of whom confided their hopes, fears, petitions or observations to him. The content of these letters offers a unique way of understanding the French experience of the Great War and the attachment they developed to one of their most brilliant military leaders.
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