Contenu du sommaire : Points de vue sur la Charte européenne des langues ...

Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 33, no 1, mars 2002
Titre du numéro Points de vue sur la Charte européenne des langues ...
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Points de vue sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires

    - Coordonnateur : Gilles Lepesant
    • Introduction - p. 5 accès libre
    • Apport et réception française de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires : approche sociolinguistique - Alain Viaut p. 9 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires est une convention internationale qui a été proposée à l'adhésion des États membres du Conseil de l'Europe en 1992. Son élaboration remontait au début des années 1980 et elle ne put commencer à être mise en application qu'à partir de 1998. Après cette phase d'émergence un peu longue, elle connaît maintenant du succès depuis que de nombreux grands pays, notamment d'Europe occidentale, y ont adhéré, la France étant un des seuls à ne pas l'avoir fait en s'appuyant sur des conceptions de monolinguisme officiel et public très strict. Seul texte international à être aussi spécialisé dans ce domaine, la Charte ne concerne cependant ni les langues de migrants ni les dialectes. Elle a pour but la protection des langues régionales ou minoritaires sans que des territoires leur correspondent forcément. Les conditions d'adhésion sont souples puisque, par rapport à une centaine de dispositions et sur une base incompressible minimale (préambule et parties I et II), la ratification peut être validée à partir de 35 dispositions souscrites. Le résultat déjà observable est celui d'un standard européen en train de se dégager en matière de protection et de promotion de ces langues dans la vie privée et publique.
      The European Charter for Regional or Minority Languages is an international convention proposed, in 1992, for signature to countries belonging to the Council of Europe. Work on drawing it up started in the 1980s, and it went into force as of 1998. After this rather long nascent phase, the Charter has met with success. Several major countries, especially in west Europe, have signed it. France, one of the few exceptions, has based its refusal on a quite strict official and public monolingualism. As the only international convention specialized in this field, the Charter covers neither the languages of migrants nor dialects. It aims to protect regional and minority languages whether or not they correspond to specific territories. The conditions for signing the Charter are flexible: in relation to a hundred or so clauses with an incompressible base (the preamble and sections I and II), ratification is valid if 35 clauses are accepted. As a result of this Charter, a European standard for protecting and fostering regional and minority languages in the private and public spheres is taking shape.
    • Les différenciations régionales de l'espace linguistique en Ukraine - Juliane Besters-Dilger p. 49 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sur le plan linguistique, l'Ukraine se trouve dans une situation très particulière : la langue d'Etat (l'ukrainien) n'est pas la langue qui, actuellement, est majoritairement utilisée par la population puisque c'est le russe qui prime. La répartition des langues russe et ukrainienne, héritée de la longue durée et de la russification linguistique et ethnique de l'Ukraine à l'époque soviétique, a abouti à une polarisation linguistique Est-Ouest qui n'a pu être surmontée jusqu'ici. Le jeune État ukrainien s'est fixé pour objectif la création d'une nation ukrainienne dans laquelle la langue devient un symbole eminent en raison de l'absence d'autres signes caractéristiques d'une nation. Les débats provoqués par les dispositions législatives adoptées et par la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du 5 novembre 1992 illustrent l'enjeu politique capital de ce dossier. Mais pour être stable, un État doit-il nécessairement être un État- nation ?
      The linguistic situation in Ukraine is peculiar: the official language (Ukrainian) is not the language now used by the majority of the population, who speak Russian. The distribution of Russian and Ukrainian is a heritage from the far past and from the linguistic and ethnic "Russification" of Ukraine during the Soviet era. It has led to linguistic polarization along the still current East/West axis. The young Ukrainian state has set the objective of forming a Ukrainian nation where language will become a major symbol given the absence of other signs typical of a nation. The debate spawned by the adoption of laws and by the European Charter for Regional or Minority Languages (5 November 1992) sheds light on the political issues in this question. But does a state, to be stable, have to be a nation-state?
  • Accroître ou réduire ? L'administration des États successeurs de l'URSS : un point de vue historique comparatiste sur le niveau des effectifs - Stephen Velychenko p. 77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'étude quantitative effectuée ici donne à penser qu'une administration centrale nombreuse était un des facteurs de la modernité qui manquait dans cette partie du monde. Le nombre absolu et le rapport par habitant d'administrateurs, de militaires et de policiers de l'Empire tsariste et de l'URSS sont comparés aux mêmes données calculées pour une sélection d'États nationaux et empires européens. Les chiffres indiquent que la Russie impériale et l'URSS comptaient, entre 1897 et 1991, moins d'administrateurs par habitant que les États nationaux européens, mais qu'elles possédaient davantage d'administrateurs et de troupes que les colonies européennes. Ce n'est que dans les années trente que l'Armée rouge est devenue, proportionnellement au nombre d'habitants, la plus grande armée du monde et seulement après les années vingt que l'actuelle Fédération de Russie a commencé à compter davantage d'administrateurs par habitant que la Russie tsariste et les territoires soviétiques non russes. Alors que la répartition par habitant des forces armées et de la police dans les régions non russes, par opposition à la Grande Russie, a varié considérablement avant et après 1917, il semble que la Grande Russie, avant les années trente, et contrairement aux autres métropoles impériales, n'avait pas plus de forces de police ou d'administrateurs que toutes ses possessions périphériques. La taille de l'administration étant, d'après notre étude, relativement petite dans la région qui nous intéresse, il ne paraît pas raisonnable de suggérer, à tous les pays post-soviétiques, les réductions de personnel souhaitables uniquement pour des Etats industriels avancés. Par ailleurs, des mesures éventuellement souhaitables pour la Fédération de Russie ne conviendraient pas nécessairement aux États non russes nouvellement indépendants.
    His quantitative study suggests that a large central administration was a missing element of modernity in this part of the world. Aggregate totals and ratios of central government administrators, soldiers and police in relation to the population in the Tsarist Empire and the USSR are compared with those from selected western European national states and empires. From 1897 to 1991, Russian ruled Eurasia had fewer administrators per capita than European national states but more troops and administrators than European colonies. Only in the 1930s did the Red Army become the largest military force per capita in the world. And only after the 1920s did today's Russian Federation begin to have more administrators per capita than non-Russian territories in the Tsarist and Soviet empires. Whereas, compared to Great Russia, non-Russian regions had quite variable per capita distributions of police and troops before and after 1917, Great Russia (unlike other imperial centers) apparently did not have more police or administrators than its peripheral possessions prior to the 1930s. Given the government's relatively small size, it seems unreasonable to suggest, for all post-Soviet countries, staffing reductions only suitable for advanced industrial societies. Furthermore, policies perhaps suitable for the Russian Federation should not automatically be considered appropriate for the newly independent non-Russian states.
  • La censure à l'époque de la perestroïka : le passé surmonté ? De la symbiose forcée à la scission inévitable - Ioulia Zarestskaïa p. 113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le rapport entre les intellectuels et la censure à l'époque de la perestroïka est significatif pour comprendre les six années de pouvoir de M. Gorbatchev (1985- 1991). L'analyse révèle la vraie nature de la glasnost : celle-ci n'était pas édifiée sur la liberté d'expression, mais visait davantage à améliorer le système en s'appuyant sur l'intelligentsia. L'évolution du rapport entre intellectuels et censure montre que le système n'est plus pérenne, et que la glasnost, en permettant l'accès à la vérité historique, lui a fait perdre sa légitimité. L'époque de la perestroïka est marquée par la mentalité soviétique, qui se manifeste autant dans les actes de la censure que dans 1! attitude des intellectuels. Le développement de la glasnost et l'affaiblissement de la censure auront exigé de ces derniers un travail permanent sur eux-mêmes pour surmonter le réflexe d'autocensure et dépasser l'héritage soviétique.
    The relation between intellectuals and censors during the perestroika helps us understand the six years from 1985 to 1991 when M. Gorbatchev held power. Such an analysis brings to light the true nature of glasnost: rather than being based on freedom of speech, it was intended to mobilize the intelligentsia in order to improve the system. As can be seen through the changes in relations between intellectuals and censors, the system was not durable; and glasnost, by opening access to historical truth, stripped the system of its legitimacy. During the perestroika, the "Soviet mentality" prevailed in both acts of censorship and the attitude of intellectuals. As glasnost developed and censorship eased up, intellectuals were forced to constantly work on their own attitudes so as to overcome their self- censorship reflex and move beyond the Soviet era.
  • Les migrants transnationaux : une nouvelle figure sociale en Roumanie - Swanie Potot p. 149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article traite des migrations transnationales temporaires pratiquées par les classes moyennes roumaines. Il montre comment, dans le contexte de la « transition » post-socialiste qui semble ne pas aboutir, les migrations momentanées de travail vers des pays riches apparaissent, à côté d'autres tendances migratoires, notamment pendulaires ou liées au « commerce de la valise », comme une stratégie particulière d'adaptation à la crise. S'appuyant sur différentes études statistiques, l'auteur constate que cette pratique est de plus en plus usitée par les jeunes citadins diplômés. Fondée sur une enquête menée auprès de ce public dans une ville moyenne proche de Bucarest, l'analyse se focalise sur la constitution des réseaux nécessaires à la mise en œuvre de ces mouvements informels à travers l'Europe. Elle montre alors qu'au-delà d'un projet initial ponctuel et exceptionnel, la migration tend à devenir, pour des individus possédant un capital social transnational de plus en plus vaste, une occupation à plein temps. La dernière partie de l'article examine la position sociale de ces migrants en Roumanie. Partageant leur existence entre une installation confortable sur place et une succession de « stages » de labeur à l'étranger, ils adoptent dans leur ville d'origine un comportement et des pratiques spécifiques à leur condition ascendante, dessinant ainsi les contours d'une nouvelle catégorie sociale.
    In the context of the never-ending post-Communist "transition", temporary labor migrations by members of the Romanian middle classes toward wealthy countries are taking place, along with other migratory trends that reflect a pendulum movement or are linked to the "suitcase trade", as a particular strategy for adapting to the recession. Various statistical studies prove that more and more young city-dwellers with an education are doing this. Based on a survey of this population in a middle-sized town near Bucharest, this analysis focuses on the formation of the networks necessary for the operation of these informal movements throughout Europe. Beyond their initial plans of an occasional or temporary sort, ever more individuals with a transnational social capital tend to take part in such migrations, which become a full-time activity. The social position of these migrants is examined. Dividing their lives between a comfortable installation in Romania and a succession of "periods" of work outside the country, these migrants adopt, in their hometown, behaviors and practices related to their rising mobility. We thus see a new social category take shape.
  • La sécurité en Europe centrale et orientale : un système en cours de changement - Roger E. Kanet et Nouray V. Ibryamova p. 179 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La fin de la guerre froide a mis un terme à une période de division nette de l'Europe entre l'Est et l'Ouest, l'un étant étroitement lié, pour la sécurité ou pour d'autres desseins, à l'Union soviétique et l'autre aux États-Unis. Avec l'effondrement du Pacte de Varsovie en 1991 et la hâte de ses anciens membres à intégrer des structures d'organisation jusque-là occidentales, la définition de « l'Europe » est devenue imprécise. L'Occident a réagi en promouvant l'élargissement vers l'est aussi bien de l'OTAN que de l'Union européenne car il y voyait, entre autres objectifs, un moyen d'étendre la « zone de paix » à l'Europe du Centre et du Sud-Est. La préoccupation et l'opposition que l'extension de l'OTAN suscitaient en Russie étaient largement ignorées par Washington et ses alliés. Depuis les attaques terroristes du 1 1 septembre 2001 aux États- Unis, la Russie du président Poutine a mis une sourdine à ses revendications et mène une politique de collaboration avec les États-Unis et l'Europe occidentale.
    The end of the Cold War concluded a period of clear division of Europe into east and west, each closely tied for security and other purposes to the Soviet Union or the United States. The collapse of the Warsaw Pact and the scramble of its former members to enter into Western organizational structures called into question the very definition of "Europe". The Western response has been a commitment to enlargement eastward of both NATO and the European Union, as a means of extending the "zone of peace" into Central and Southeastern Europe, among other objectives. Russia's concerns and opposition to NATO expansion were largely ignored by Washington and its allies. Since the terrorist attacks in the United States of September 2001, Russia under President Putin has muted its concerns and pursued a policy of collaboration with the United States and Western Europe.
  • Les privatisations à l'Est : une question de marchandage politico-économique - Daniel Labaronne p. 205 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans cet article, nous proposons une économie politique de la privatisation dans les économies de l'Est en transition. Nous opposons à l'hypothèse normative standard de l'État bienveillant une conception plus réaliste qui repose sur l'hypothèse de l'État imparfait. Cette hypothèse nous permet de conduire une analyse positive du comportement des acteurs politiques engagés dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques de privatisation. Nous endogénéisons les stratégies nationales de privatisation en les faisant dépendre des interactions existantes entre les acteurs politiques et les groupes de pression. Nous défendons l'idée que les choix politiques initiaux en matière de privatisation ont affecté la poursuite des réformes économiques, la nouvelle élite issue des privatisations accélérant ou bloquant les réformes en fonction de ses intérêts particuliers. Nous nous interrogeons sur les facteurs susceptibles de limiter à la fois l'espace discrétionnaire des élus et l'influence des groupes de pression dans la définition des politiques publiques de transition.
    This article proposes a political economy of privatization in eastern Europe during the transition period. The normative, standard hypothesis of a welfare state is contrasted with a much more realistic conception based on an imperfect state. Thanks to this hypothesis, a positive analysis is made of the behavior of the political actors involved in defining and implementing public privatization policies. National privatization strategies are made endogenous by taking them to be dependent on existing interactions between political actors and pressure groups. Initial political choices made about privatization have affected the way economic reforms have been carried out, as the new elite produced by privatization has sped up or blocked reforms as a function of its own interests. Questions are raised about the factors that could, in the definition of public policies during the transition era, limit both the margin of maneuver for elected officials and the influence of pressure groups.
  • Revue des livres