Contenu du sommaire : Cosmopolis : de la ville, de l'Afrique et du monde

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 100, décembre 2005-janvier 2006
Titre du numéro Cosmopolis : de la ville, de l'Afrique et du monde
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Cosmopolis : de la ville, de l'Afrique et du monde

    - Numéro conçu et coordonné par Dominique Malaquais
    • Vingt-cinq ans de "Politique africaine". Du pourquoi et du comment - Dominique Malaquais et Roland Marchal p. 7 accès libre
    • Porte de la mer / Bâb Al-Bahr - Tahar Bekri p. 12 accès libre
    • Villes et imaginaires de l'urbain au XXIe siècle
      • Villes flux. Imaginaires de l'urbain en Afrique aujourd'hui - Dominique Malaquais p. 17
      • Reaching Larger Worlds: Negotiating the Complexities of Social Connectedness in Douala - AbdouMaliq Simone p. 38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Négocier les complexités du lien social à Douala. Des cités peuvent être liées les unes aux autres même lorsqu'il existe peu de liens politiques et économiques visibles entre elles. C'est sans aucun doute le cas de l'Afrique centrale. Ce texte consacré à Douala souligne la très faible connaissance que nous avons d'aspects de la vie quotidienne et de la culture urbaine de la capitale économique du Cameroun, à l'instar de celles d'autres villes en Afrique et au-delà. L'auteur, surtout, montre comment les imaginaires de cette ville permettent de penser et de tisser des liens avec d'autres univers urbains dans le monde.
        Cities can be linked to one another even where there are few visible economic or political ties between them. This is indubitably the case in Central Africa. The article focuses on Douala, showing how little studied aspects of its daily life and urban culture link the economic capital of Cameroon to other cities in Africa and beyond. The author's principal interest is in imaginaries of the city as means of gesturing toward and articulating relationships with emerging urban worlds across the globe.
      • « Parle de moi comme je suis ». Représentation d'une cité hybride - Salah M. Hassan p. 54 accès libre
      • Mots choisis. Douala, entre mangrove et macadam - Lionel Manga p. 65 accès libre
      • Notes de fond
        • Variations on the Beautiful in the Congolese World of Sounds - Achille Mbembe p. 71 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
          Variations sur l'idée du beau dans les mondes congolais des sons. Refusant l'opposition entre formes artistiques « savantes » et « populaires », ce texte examine la musique congolaise comme une forme esthétique fonctionnant selon certaines modalités (sons, harmoniques) et relations à l'expérience sensorielle, qui produit des effets particuliers sur l'auditeur, notamment celui de « beauté ». Plus qu'une catégorie, celle-ci est ici la capacité à produire des effets sur les sens. L'auteur décrit la signification esthétique de la musique congolaise comme une « expérience de l'écoute », mais aussi comme un acte social et politique qui renvoie à l'expérience de la résistance et de la résignation ou aux représentations historiques ou personnelles de l'ordre et du désordre.
          Refusing the contrast between “high” and “low” art forms, this text examines Congolese music as an aesthetic form exhibiting particular modalities, sounds, harmonics, and relations to sensorial experience that produce particular effects on the listener; including that of “beauty”. The meaning of musical beauty is not a matter of categorization, but is rather its capacity to produce effects on the human senses. With reference to the historical trajectories of various strains of Congolese music, the author assesses the aesthetic signification of Congolese music as “an experience of listening”, but also as a social and political act that contributes to the performance of both resistance and resignation – or historical and personal experiences of order and disorder.
        • Frime, escroquerie et cosmopolitisme. Le succès du « coupé-décalé » en Afrique et ailleurs - Dominik Kohlhagen p. 95
        • Corps, ville, violence. « Why blackman dey carry shit » - Ntone Edjabe p. 106 accès libre
        • Mots choisis. Le sexe de Matonge - Sony Labou Tansi p. 118 accès libre
    • Petits écrans et grandes chaires : sociétés du spectacle et cultures urbaines
      • Big Brother, l'Afrique te regarde - Sean Jacobs p. 125 avec résumé avec résumé en anglais
        Les réactions à l'émission de télé-réalité “Big Brother Africa ”, produite par M-Net et Multi Choice Africa, et retransmise dans 46 pays recueillant un public de 30 millions de téléspectateurs, ont été du plaisir le plus grand à l'opprobre la plus radicale. Cette série posait la question des relations entre l'Afrique et le monde, mais aussi son interaction avec la globalisation, obligeant à une analyse plus originale.
        Big Brother, Africa is watching you
        The response to Big Brother Africa, a reality TV show produced by South African conglomerate M-Net / Multichoice Africa and broadcast in 46 countries across the continent to an estimated audience of 30 million viewers, has spanned the spectrum from utter delight to complete opprobrium. In Africa and beyond, the show prompted discussions about relationships between Africa and the rest of the world and about the continent's interaction with forces of globalisation. Mainstream approaches to reality TV and, indeed, to globalisation itself prove inadequate in analysing the phenomenon represented by Big Brother Africa.
      • Nigerian Video: the Infrastructure of Piracy - Brian Larkin p. 146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Vidéocassettes nigérianes et infrastructure de la reproduction pirate. À Kano, centre économique du Nord-Nigeria, le piratage audiovisuel fait partie intégrante de l'« architecture organisationnelle » de la globalisation. Plutôt que de revenir sur les aspects négatifs de cette activité, comme d'autres le font, l'auteur met l'accent sur le fait que cela a créé une nouvelle industrie caractérisée par des formes nouvelles de reproduction et de distribution et, finalement, qu'elle est devenue une forme tout à fait légitime de production audiovisuelle. L'auteur analyse aussi comment les faiblesses technologiques (images floues et son distordu) ont transformé les attentes des spectateurs.
        In Kano, the economic center of northern Nigeria, media piracy is part of the “organizational architecture” of globalization. Rather than focusing on the negative characteristics of piracy, as others do, the author highlights its creative aspects: the fact that it has resulted in the birth of a new industry based on novel forms of reproduction and distribution and, ultimately, has given rise to wholly legitimate media forms. The author also considers the impact of technology breakdown (blurred images, distorted sound) on audience reception of these forms.
      • Les « humanités » contribuent-elles à l'humanisation ? - Femi Osofisan p. 165 accès libre
      • Mots choisis. Chansons haoussa - p. 171 accès libre
    • Plastiques : formes urbaines
      • Voir la ville invisible - Allen F. Roberts et Mary Nooter Roberts p. 177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les musées, au sens classique, sont souvent des espaces de violence épistémologique. Les musées de l'ère coloniale tendaient notamment à justifier la mainmise européenne. Les musées informels de l'après-colonisation, dans les interstices du tissu urbain, tendent, eux, à casser les rigidités : multipliant astuces et simulations polymorphes, qui contournent l'ordre établi, ils sont par nature instables et éphémères. Le sort des fresques de Papisto Boy à Dakar, dans le bidonville de Bel-Air rasé en 2002, en offre l'exemple. Mais cette réinvention de la ville a contribué à confirmer l'authenticité hybride de Dakar.
        Seeing the Invisible City
        Museums, taken in the classical sense, are often spaces of epistemological violence. Most notably, museums of the colonial period tended to justify European domination. The informal museums of the post-colonial era, which merged in the interstices of urban life, tended to break down rigidities. By multiplying techniques and polymorphic simulations, which undermined the established order, these interventions are by definition unstable and ephemeral. The frescos by Papisto Boy, which embellished the shantytown of Bel-Air, in Dakar, only to be razed in 2002, are an example of this instability. But this reinvention of the city confirms the hybrid authenticity of the city of Dakar.
      • A Bird Cloaked in Guns. Post-Conflict Sculpture from Maputo - Dana Elmquist p. 198 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Un oiseau drapé de fusils. Des armes importées d'Union soviétique, d'Europe occidentale et des États-Unis, utilisées par la Renamo et le Frelimo, ont servi de matériaux à des sculpteurs du Mozambique urbain pour produire des œuvres engagées. Ces sculptures ne renvoient pas seulement à la guerre aujourd'hui achevée, mais aussi à la structure sociale et politique actuelle du pays. Cet article analyse l'œuvre d'un des sculpteurs de Maputo les plus importants de sa génération, Fiel dos Santos, le concepteur d'une œuvre célèbre, L'Oiseau qui veut survivre.
        Weapons of Soviet, Western European and American origin, once used by Renamo and Frelimo, have been recycled by sculptors in urban Mozambique to produce politically engaged works of art. These sculptures reference the country's recent war-torn past and shed light on its present-day social and political structure. The following article focuses on the work of Maputobased sculptor Fiel dos Santos, one of the most important creators at work in this genre and the creator of “The Bird that Wants to Survive”.
      • Exil et imagination créatrice - Olu Oguibe p. 214 accès libre
      • Mots choisis. Vieux / Baay goor gi - Talla Sylla p. 227 accès libre
    • Techniques de soi : cités et subjectivation
      • Portraits of Modernity: Fashioning Selves in Dakarois Popular Photography - Hudita Nura Mustafa p. 231 avec résumé avec résumé en anglais
        Recadrer la modernité. Les collections de photographies sont choses communes dans les foyers dakarois aujourd'hui. Liées à la pratique du sañse par lesquelles les femmes sénégalaises forment leur identité sociale, elles constituent une forme importante de capital social. Cet article entend montrer comment le corps et le soi, un temps assujettis par l'imaginaire colonial, ont été à nouveau revendiqués et transformés grâce à des stratégies postcoloniales d'auto-invention. Les photos de personnes bien habillées, plutôt que de refléter une « domination coloniale » ou une « crise postcoloniale », renvoient à des schèmes directement liés aux pratiques de la richesse, du transnationalisme et du charisme.
        Photographic collections are commonplace in contemporary Dakarois households. Linked to the practice of “sañse”, whereby Senegalese women craft their social personae, they are an important form of cultural capital. This essay examines such portraiture to show how bodies and selves, once subjugated within a colonial imaginary, have been reclaimed and reformed through postcolonial strategies of self-invention. Photographs of well-dressed persons, rather than simply instancing “colonial domination” or the “postcolonial crisis”, represent agents who deliberately engage with practices of wealth, transnationalism, and charisma.
      • Liberté de style. Cultures de consommation chez les jeunes de Johannesburg - Sarah Nuttall p. 248 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Johannesburg est la quintessence de la métropole africaine. Une dimension essentielle de cette cité dans l'ère post-apartheid est « Y », une culture centrée sur la jeunesse (« youth ») qui embrasse la mode, la musique, la publicité. Cette culture est revendiquée au-delà des frontières de classe, d'instruction et de couleur, et rompt avec le passé par l'adoption d'une manière d'être sophistiquée. Inspirée un moment par la culture noire américaine du hip-hop et, comme elle, hostile à l'assimilation, la « culture Y » et ses attributs publicitaires mettent l'accent sur les styles de vie transraciaux de la jeunesse urbaine, différents de ceux rencontrés à Johannesburg il y a vingt ans.
        Free Style: Youth Cultures of Consumption in Johannesburg
        Johannesburg is the epitome of the African metropolis. Akey aspect of the city in the post-apartheid era is “Y”, an advertisement, fashion and music-driven youth culture. “Y” appeals to the young across confines of class, education and race, breaking with the past in the adoption of an elaborated stylistics of sensation and singularisation. At once inspired by Black American Hip-Hop culture and opposed to assimilation by it, “Y” and the adverts that define it emphasize cross-racial lifestyles adopted by urban youth that are strikingly different from those encountered in Johannesburg a mere 20 years ago.
      • Soumaïla : Le Tailleur de Bamako - Alioune Ba et Revue noire p. 272 accès libre
      • Mots choisis. Cœur blanc : prologue à l'hystérie / Whiteheart: Prologue to Hysteria - Lesego Rampolokeng p. 274 accès libre
    • Mets et mots : de la construction de la nation
      • Cuisines africaines : cuisiner la nation - Igor Cusack p. 281 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Ce texte analyse le développement de cuisines africaines en relation avec la construction nationale. De nombreux acteurs sont impliqués : les États et leurs élites, des segments des anciens appareils coloniaux, des écrivains spécialistes de « cuisines ethniques » et de guides touristiques, des auteurs afro-américains, des universitaires africanistes, des expatriés et des membres de la diaspora rentrés ou non au pays, des concepteurs de sites Internet. L'auteur considère ainsi la notion de « cuisine nationale » et s'interroge sur la place des femmes dans la conception de la nation africaine qui prend forme de cette manière.
        African Cuisines : Cooking the Nation This paper examines the development of African cuisines in relation to the nation-building project. Many actors are involved in this work including states and their elites, various government bodies belonging to the old colonial powers, writers on “ethnic” cuisines and travel guides, African-American writers, African Studies academics, expatriates and settlers, returning members of diasporas, and designers of web-pages. The author looks at the notion of “national cuisine”, then asks how these developments might be implicated in building a gendered concept of the African nation.
      • Reading Khartoum - Nada Hussein Wanni p. 302 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Lire Khartoum. Comment décrypter dans l'histoire de Khartoum ses poètes et ses narrateurs ? À la multiplicité de cette capitale, une conurbation dont les divisions relèvent autant de l'histoire que de la géographie, répondent les tensions récurrentes sur les usages de l'arabe classique et dialectal. À la difficile émergence d'une citoyenneté commune répond l'exigence d'une expression propre qui se distingue du monde arabe, tout en étant le creuset d'une pluralité des cultures populaires soudanaises.
        How should one apprehend and interpret the poets and narrators of the history of Khartoum? In the multiplicity of this capital city – an urban sprawl whose divisions arise from both historical and geographic contingencies – we find recurrent tensions over the usage of classical Arabic and its dialects. With the laborious rise of the idea of common citizenship came also the exigency for a specific form of expression, distinct from the Arab world and yet the crucible of a plurality of popular Sudanese cultures.
      • À vos mangues ! - Françoise Vergès p. 315 accès libre
      • Mots choisis. École culinaire saveur et art / Escola de culinária Sabor e Arte - Jorge Amado p. 323 accès libre