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Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 3, no 1-2, 1er-3ème trimestre 1987 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - Hily, Simon p. 5-6
Articles
- Attribution, acquisition et perte de la nationalité française : un bilan 1973-1986 - André Lebon p. 7-34 Chaque année, des étrangers et des enfants nés d'étrangers acquièrent ou se voient attribuer la nationalité française ; chaque année aussi, des Français demandent à devenir ou à redevenir étrangers. Combien et comment ? A ces questions qui font actuellement l'objet d'un vaste débat national, le présent document essaie d'apporter des réponses techniques, de nature quantitative, et des données statistiques inédites. On met systématiquement en regard du libellé des articles du Code de la nationalité française entraînant l'attribution, l'acquisition et la perte de cette nationalité, les flux d'individus qu'ils génèrent. Les dénombrements effectués et les estimations proposées débouchent, dans une seconde étape, sur une évaluation de l'apport démographique des étrangers et des enfants nés d'au moins un parent étranger à la population juridiquement française. Il apparaît alors que cette contribution représente, depuis 1977, plus de 100 000 personnes par an et qu 'elle tend à augmenter au cours de la période récente.Every year, foreigners and their children acquire or are given the French nationality while French citizens acquire or get back a foreign nationality. How many are they ? What legal steps do they take ? A nationwide debate is developping in France on these questions. The present document aims at bringing technical and quantitative evidence. Each article of the Code de la nationalité française ruling the attribution, the acquisition and the loss of the French nationality is first quoted and sometimes commented upon ; then the corresponding statistical series is given, most generally for the years 1973-1986. The statistical material and the evaluations also proposed finally lead to an assessment of the demographic contribution of the foreigners (adults and children) to the French population, legally speaking. Since 1977, more than 100 000 people have been thus added every year to the French population, and this flow has tended to increase in the most recent years.
- Migrations définitives vers la France et constitution de la famille - Eva Lelievre p. 35-53 Cet article s'appuie sur une enquête démographique rétrospective dont on a extrait un sous-échantillon d'étrangers ou de naturalisés résidant en France et âgés de 45 à 69 ans en 1981. L'objectif est d'éclairer les influences réciproques de la migration internationale et du cycle de vie familial (mariage, naissances). La méthode utilisée permet de dépasser la traditionnelle recherche de causalité et de quantifier de manière précise des comportements socio-démographiques liés à la migration. En particulier, l'article met en évidence un changement radical : le mariage qui est un frein à la migration pour les femmes nées avant 1915, la favorise au contraire dans les générations ultérieures. D'autre part, on montre que la fécondité des naturalisés (2,64 enfants par femme) se distingue sensiblement de celle des étrangères (3,67) et rejoint donc le niveau national de cette période (2,60 enfants par femme) en quelques années.This article is based on a retrospective demographic survey from which we extracted a sub-sample of aliens or naturalized citizens aged between 45 and 69 and resident in France in 1981. The object of the study is to highlight the reciprocal influences of international migration and the family life cycle (marriage and births). The method used permits us to go beyond traditional research of causality and to quantify precisely the socio-demographic behaviour connected with migration. In particular, the article reveals a radical change : marriage, which is an obstacle to migration for women born before 1915, actually favours migration in later generations. Furthermore, the fecundity of naturalized citizens (2.64 children per woman) is shown to be markedly lower than that of foreigners (3.67) and approaches the national level of that period (2.60) in a few years only.
- La deuxième génération d'immigrés en Suisse : catégorie ou acteur social ? - Claudio Bolzman, Carlos Garcia, Rosita Fibbi p. 55-72 La problématique de cet article porte sur les critères de démarcation des groupes et les conditions d'émergence d'acteurs sociaux. La comparaison entre la deuxième génération d'immigrés en Suisse et les jeunes issus de la migration en France, permet de mettre en évidence le rôle central de l'Etat dans l'établissement des dénominations, et donc dans le contenu politique des clivages institués. Le passage des tactiques individuelles à l'action collective est conditionné à la fois par la gestion étatique de la migration, et par le fonctionnement du système politique et son interaction avec le champ social. Les conditions sociales des individus faisant partie de la catégorie vont ultérieurement déterminer la possibilité de l'émergence d'acteurs sociaux porteurs de revendications autant identitaires que socio-politiques.This paper is concerned with delimiting characteristic criteria of social groups and the conditions under which groups become social actors. A comparison of the second generation of migrants in Switzerland and the descendants of migrants in France has allowed us to bring to the fore the central us to indicate the role of the State in the creation of political cleavages, in this case, between foreigners and nationals. The migration policy, on the one hand, and the relationship between the political system and the social environment, on the other, are the main factors affecting the transition from the individual approach to migration issues, to collective action. The social conditions of individuals belonging to the category will ultimately determine the rise of new social actors, flghting for both respect of ethnic identity and socio-political rights.
- Nouvelles politiques d'emploi et substitution de la main-d'œuvre immigrée dans les entreprises françaises - Odile Merckling p. 73-95 Les données statistiques récentes montrent une forte réduction de la participation des travailleurs étrangers dans la plupart des secteurs industriels. Mais ce n 'est qu 'au travers d'une large enquête de terrain qu'on peut appréhender la nature exacte des processus à l'œuvre, qu'il s'agisse des modifications dans les politiques d'emploi des entreprises ou des phénomènes de substitution de travailleurs français à des travailleurs immigrés, stricto sensu. L'étude menée en 1985-1986 a porté sur un échantillon d'une cinquantaine d'établissements du BTP, de l'industrie et du tertiaire. Elle révèle des cas de substitution assez fréquents (36 cas), même si la substitution n 'est pas le plus souvent le facteur dominant permettant d'expliquer la régression de l'emploi étranger. Celle-ci résulte tout autant des évolutions dans les structures professionnelles, du changement de nature des activités, etc. On a ensuite cherché à déterminer les motivations et les principales modalités de la transformation des politiques d'emploi des entreprises. En dernier lieu, on a tenté de saisir les implications des processus de substitution en cours sur la manière dont évoluent les stratifications du marché du travail.Recent statistical data show a marked decrease in foreign workers participation in most sectors industrial. Only through a large field survey, it is possible to grasp the precise nature of the processes taking place, whether these modifications of the firm employement policies or the phenomena of substitution of French workers for migrant workers, stricto sensu. The study was carried out in 1985-1986 on a sample of fifty firms in the industrial and the tertiary sectors and in construction. Frequent cases of substitution are revealed through this survey (36 cases) even if in most cases substitution is not the dominating factor accounting for the decrease in the rate of foreign workers employement. This is the combined result of movement in occupational structures, changes in the nature of activities, etc. We then tried to determine why and how industrial employment policies have changed. We eventually tried to understand the consequences of this substitution process on the evolution of labor market stratification.
- Conséquences de l'émigration dans les montagnes du Rif Central (Maroc) - Mohamed Lazaar p. 97-114 Le développement de l'émigration internationale de travail dans le Rif Central est un phénomène récent. L'intensité et l'ampleur des départs enregistrés à partir des années 60 ne sont, en effet, qu 'une simple réponse sociale à la crise de la campagne rifaine qui n 'a cessé de s'aggraver. L'intégration d'une grande partie de la population active dans le courant migratoire international a eu des conséquences démographiques, économiques et spatiales. Les enquêtes directes effectuées dans la province d'Al-Hoceima ont montré à quel point cette dernière est dépendante des transferts financiers considérables des émigrés. Malheureusement ces transferts sont investis essentiellement dans la construction des maisons et non pas dans les secteurs productifs. Cette orientation des investissements, surtout dans les petits centres administratifs, a déclenché depuis quelques années un mouvement de micro-urbanisation. Mais en raison de la marginalité de cette région dans l'espace économique marocain, les transferts productifs de ces émigrés se déplacent vers les régions urbaines de la côte atlantique.The development of international labor migration in the Central Rif is a relatively recent phenomenon. The time-concentrated volume of the departures recorded from the 1960s onwards is merely a societal response to the continually worsening crisis affecting the Rif countryside. The active participation in international migratory currents of a highly substantial portion of the active population has entailed economic, demographic, and space-related changes. Field investigations carried out in the province of Al-Hoceima have demonstrated the extent to which the whole area is in a way dependant upon sizable transfers of money earned by immigrants. Unfortunately, these funds are primarily invested not in productive sectors, but rather in housing construction. Such forms of channelling of investments, especially in small-scale administrative centers, in the last few years have led to a movement of micro-urbanization. However, due to the peripheral character of this region in Morocco 's economic space, the productive transfers of these immigrants are diverted towards the urbanized areas of the Atlantic coast.
- Une enquête nationale égyptienne sur la migration internationale de travail (1974-1985) - Nader Fergany p. 115-130 La question de l'émigration est fréquemment évoquée en Egypte depuis l'essor des flux migratoires vers les pays pétroliers arabes au cours des années 70. Grâce à l'Enquête Egyptienne sur l'Emigration (EES) de 1985, on dispose maintenant d'informations solides sur ce sujet. Au total, 2 millions environ d'Egyptiens, travailleurs et familles, ont émigré entre 1974 et 1985 et 1,5 million se trouvaient à l'étranger au moment de l'enquête. Un chiffre bien inférieur aux estimations courantes. La plupart des émigrants sont des hommes seuls (âgés de 32 ans en moyenne), sans doute à cause des restrictions à l'immigration familiale, et des conditions de vie pénibles dans les pays d'emplois. La majorité est mariée, même si le pourcentage a baissé pendant la période de référence. La proportion de migrants qualifiés a augmenté. Les destinations ont varié au fil des années : l'importance de la Libye et de la Jordanie a diminué en raison des problèmes politiques et économiques locaux, tandis que le Koweit et l'Arabie Saoudite accueillaient un plus grand nombre de travailleurs égyptiens. L'émigration vers l'Irak semble plus faible (500 000) que les estimations habituelles, et elle est composée presque entièrement de célibataires. L'évaluation de l'impact de l'émigration sur l'Egypte est difficile, car ses effets se confondent avec ceux de la politique de « portes ouvertes » qui s'est déroulée en même temps et sans doute de manière plus incisive. L'enquête indique aussi que l'émigration n'a pas créé de comportements économiques nouveaux, même si les foyers émigrants ont pu acheter entre 1974 et 1984 davantage de biens de consommation durables et se constituer un capital plus important. L'émigration a facilité aux intéressés la réalisation d'aspirations par ailleurs très répandues dans la société égyptienne.Emigration has been the subject of considerable speculation and debate in Egypt since large-scale labour migration to the Arab oil-producing countries began in the mid 1970s. Reliable information on the subject is now available from the Egyptian Emigration Survey (1985). After a detailed description of the methodology, preliminary findings of the survey are summarized. In all, roughly 2 million Egyptians emigrated, as workers or their dependents, between 1974 end 1985, and 1,5 million were abroad at the time of the survey, i.e. well below popular estimates. Emigrants tend to be unaccompanied males (average age 32 years), probably because of tight controls on dependents and difficult living conditions in the receiving countries. The majority are nevertheless married, though the proportion has fallen during the reference period. Both workers and their dependents are increasingly well educated. Destinations have changed over the decade: Libya and Jordan have declined in importance, following political and economic upheavals respectively, while Kuwait and Saudi Arabia are now taking larger numbers of Egyptian workers. Emigration to Iraq seems to be more modest than sometimes reckoned (500,000), and almost entirely made up of single males. It is very difficult to assess the impact of emigration on Egypt, especially as its effects merged with those of the « open door » policy, which was developed at the same time and was arguably more influential. The survey suggests that distinctive behaviour patterns cannot be traced to emigration: indeed emigrant households did acquire rather more consumer durables and capital than non-emigrants between 1974 and 1984, but their preferences were almost identical. Emigration has thus simply allowed those concerned to finance widely shared aspirations, admittedly at a some-what higher level, although some non-emigrants have been even more successful in adding to their capital.
- L'entrée dans la ville : migrations maghrébines et recompositions des tissus urbains à Tunis et à Marseille - Alain Tarrius p. 131-148 Les pratiques sociales des grands groupes de migrants recomposent, en les unifiant, les éléments urbains éparpillés sur les espaces de plus en plus déconnectés des grandes métropoles. Les rapports sociaux s'inscrivent à des niveaux de plus en plus délocalisés à partir de la mise en œuvre de nouvelles formes de spatialités-temporalités, génératrices de voisinages nouveaux peu liés à ceux suggérés par l'organisation du bâti. Nouvelles formes urbaines qui désorganisent la cybernétique d'un aménagement propre à la ratio étatique. L'auteur analyse, à partir d'une recherche sur la constitution de la grande périphérie tunisoise, l'émergence d'une vaste métropole maghrébine à Marseille. Il met en évidence, dans l'aire marseillaise, d'une part la reproduction des modes de localisation résidentielle tunisois et d'autre part la production de rapports sociaux originaux spécifiant la dynamique des échanges intra-Maghrébins.The social practices of larger immigrant's groups are restructuring the urban elements scattered throughout in the steadily more disconnected spaces within the metropolises, while they unify them. Social relationships take place at more and more delocalized levels through the implementation of new spatial and temporal forms which generate new neighborhoods bearing little relation to the visible housing patterns. New urban forms are then suggested. Starting from a research on the development of the outer periphery, the author analyses the emergence of a big Maghrebian city within Marseilles. He shows both the reproduction of residential patterns found in Tunis and the production of original social relationships, which characterize the dynamics of exchange between maghrebian people.
- Les Suisses à Marseille : une immigration de longue durée - Renée Lopez p. 149-173 Si les Suisses offrent un exemple original d'immigration à Marseille, cela tient au fait qu'ils représentent une migration venue du Nord, alors que la cité phocéenne semble plutôt ouverte aux peuples méditerranéens. C'est aussi une immigration ancienne, que l'on peut suivre dès la fin du XVIe et qui se maintient durablement jusqu 'à nos jours. Cette communauté se distingue par ses aspects socio-professionnels car la présence de négociants et de représentants des professions libérales lui confèrent une image privilégiée. Mais tous les Suisses ne sont pas riches et, au XIXe, nombreux sont les domestiques. Enfin l'appartenance, — pour la majorité d'entre eux —, à la religion protestante et l'existence d'une vie associative extrêmement intense et variée, où l'on met en exergue le patriotisme et la solidarité, précisent le caractère exceptionnel de cette communauté étrangère de la ville de Marseille.The Swiss immigration in Marseilles is original, as it is a migration from the North, whereas the Phocean city is rather open to Mediterranean people. It is also an ancient flow, which can be traced back to the end of the XVIth century and has continued until the present day. The originality of that community is to be found in its socio-professional composition : due to the presence of merchants and of professionals, it is endowed with the image of a privileged group. But all the Swiss are not wealthy, and during the XIXth century many of them were servants. Finally, the fact that many of them are Protestant, together with their extremely intense and diversified associative life, which stresses such values as patriotism and solidarity, reinforce the strong originality of that foreign community in Marseilles.
- La microsociété des Turcs à Berlin - Czarina Wilpert, Ali Gitmez p. 175-198 Les auteurs examinent trois niveaux d'organisation sociale à l'intérieur de la société turque de Berlin qui montrent le rôle de l'ancrage et des ressources culturelles dans la construction de l'identité collective d'un groupe en situation de migration. Ce sont : les réseaux sociaux des filières migratoires, le développement d'un tissu économique spécifique, et les associations formelles fondées par les Turcs de Berlin. Les réseaux sociaux révèlent les transpositions des modes d'interaction de la société turque sur un sol étranger et la manière dont la première génération tente de conserver ce fonctionnement à travers l'endogamie familiale, villageoise et ethnico-religieuse. L'instauration d'une infrastructure complexe de biens et de services sert de base économique a un mode de vie turc en répondant aux besoins culturels et sociaux, traditionnels ou nouveaux de cette population. Les associations formelles avec leurs différentes idéologies sont le reflet des conflits toujours actuels provoqués par la création d'une société laïque et uniculturelle en Turquie. La complexité des ressources culturelles, des réseaux et des aspirations pose en définitive un certain nombre de problèmes pour la construction de cette identité collective des Turcs à l'étranger.This article examines several forms of social organization among Turkish migrants in Germany. It is assumed that the particular context of guestworker migration creates a substratification of foreigners within German society. The nature of the Turkish subsociety in Germany evolves as an interactive process influenced by the conditions of the treaty-regulated guestworker policy and by the nature of Turkish society itself. The latter include a number of contradictory forces which have corne to the fore during international migration and settlement. In this article we discuss three levels of social organization among Turkish migrants which give insight into the anchorage and variability of cultural resources available for the construction of collective identity. These are: the informal social networks of the chain migrants, the development of a Turkish economic infrastructure and the formal associations established among Turks in Berlin. The informal social networks illustrate how patterns of social interaction may carry over from experiences in Turkey, and how first generation parents attempt to preserve these ties through family, village or ethno-religious group endogamy. The establishment of a complex infrastructure of goods and services provides an economic basis for a Turkish way of life in Germany, meeting new and traditional cultural and social needs. Formal associations and their ideologies reflect unresolved conflicts with respect to the achievement of a secular and monocultural society within Turkey. The complexity of resources, networks, and aspirations to be found among Turks abroad poses a number of problems for the construction of a collective identity.
- Survival in spite of the law : Surinamese entrepreneurs in Amsterdam - Jeremy Boissevain, Hanneke Grotenbreg p. 199-222 Les entrepreneurs surinamais doivent faire face à une série de lois gouvernementales et régionales réglementant la création d'une entreprise. Ils sont soumis au paiement de l'impôt sur le revenu, de la taxe sur la valeur ajoutée et des cotisations de Sécurité sociale (ces dernières sont régies par 9 lois différentes). Il existe des lois spéciales pour les enfants qui vivent et travaillent avec leurs parents : on est tenu de payer l'impôt sur le revenu et les cotisations de retraite et de chômage sur les salaires des enfants de plus de 15 ans. Mais beaucoup d'entrepreneurs surinamais ne peuvent respecter ou ne respectent pas la loi pour des raisons culturelles et structurelles, liées en grande partie aux pratiques importées du Surinam. Certains étaient persuadés que les lois hollandaises étaient les mêmes que celles du Surinam. Certains (les Chinois ou les immigrés plus âgés d'origine indienne) ont un problème de langue. L'information sur la réglementation concernant la création d'entreprises autonomes est déficiente. Les religions et le fonctionnement rigide de la procédure d'exemption constituent aussi des obstacles. Il existe plusieurs techniques de « survie ». Il est formellement possible de faire enregistrer une entreprise au nom d'une personne qui possède la licence ou le diplôme requis ou bien de la faire enregistrer comme une entreprise « non soumise à licence ». Certains entrepreneurs louent un diplôme ou empruntent celui d'une connaissance qui fait ostensiblement partie de l'entreprise. Pour échapper à l'imposition, ils peuvent aussi « mettre fin » à leurs activités. Ils résilient leur inscription au registre et recommencent ailleurs sous un nouveau nom. On évite quelquefois de payer « trop d'impôts » en tenant deux comptabilités séparées. Pour éviter des coûts de personnel trop élevés, certains entrepreneurs utilisent de la main-d'œuvre temporaire. Une des façons d'intervenir sur la loi hollandaise est de faire pression sur le parlement : en 1977, les organisations musulmanes nationales et inter-ethniques ont réussi à faire adopter par le gouvernement un décret qui autorisait l'abattage rituel dans un certain nombre de grands abattoirs, ce qui mit fin à l'abattage clandestin. En outre, les Musulmans furent autorisés à ouvrir des boucheries après avoir passé un simple examen pratique. On peut aussi combattre l'application arbitraire de la loi en allant devant un tribunal. Enfin, le travail des chercheurs est un facteur qui contribue à la (ré)interprétation de la loi. Par exemple, le Ministre des Finances est en train de prendre des mesures pour mettre fin à l'inégalité du coût de la TVA qui est de 5 % sur les produits de première nécessité consommés par les Hollandais et de 19 % sur les produits « exotiques » surinamais. Après avoir mis le doigt sur la faiblesse du système d'information des services gouvernementaux, des brochures explicatives ont été rédigées en plusieurs langues et un conseiller spécial pour les minorités a été engagé.There are a number of cultural and structural reasons why many Surinamese entrepreneurs cannot or do not comply with the rules. Many of thèse are related to practices brought from Surinam. Some assumed that the Dutch regulations were the same as those in Surinam. Some (Chinese and older Hindustanis) have a language problem. There is a short-fall in the information about self-employment regulations. Religion and the inflexible operation of the exemption procedure also form obstacles. There are a number of « survival » techniques. It is possible to register formally the enterprise in the name of a person who possesses the required license or diploma or to register the enterprise as one which is « license free ». Some entrepreneurs rent a diploma or borrow one from an acquaintance who ostensibly forms part of the enterprise. To avoid tax assessment some entrepreneurs « terminate » their activities; they drop out of the register and start up elsewhere under a new name. « Too much tax » is sometimes avoided by keeping a double set of books. In order to avoid heavy personnel costs some entrepreneurs use casual labour. One way to modify the Dutch law is to put pressure on the parliament: the result of national and interethnic Muslim organisations was that in 1977 government decreed that ritual slaughtering could be carried out in a number of large slaughter houses which put an end to the clandestine slaughtering. Moreover, permission was given to Muslims to open butchers' shops if they passed a simple practical examination. A second way is to fight the arbitrary application of the law by means of a court case. Activities of researchers is a final factor contributing to the (re)interpretation of the law. For example, the Dutch Ministry of Finance is now taking steps to resolve the discrepancy between the five percent value added tax for basic commodities for Dutch consumers and the 19 per cent tax for Surinamese « exotic » basic commodities. After pointing to the inadequate operation of government 's advisory services, advisory pamphlets were prepared in several languages and a special minority advisor employed.
- Class relations and racism in Britain in the 1980's - Robert Miles p. 223-238 Il est courant de suggérer que les personnes d'origine antillaise ou asiatique en Grande-Bretagne se situent dans une seule et même position dans la structure de classe britannique. On postule, ou bien que tous occupent une situation subordonnée à l'intérieur de la classe ouvrière britannique, ou bien qu'ils constituent une sous-classe, à l'extérieur et « en dessous » de la classe ouvrière. Cet article conteste ces deux points de vue. Il démontre d'une part que les Asiatiques et les Antillais sont représentés, bien que très inégalement, dans toutes les classes sociales et d'autre part qu'il existe des variations importantes selon leur origine nationale et leur sexe. L'auteur démontre également que le racisme est un déterminant important de cette répartition différenciée, et de la position des Antillais et des Asiatiques dans les systèmes de relations politiques et idéologiques. En conclusion, l'auteur propose une conception de la situation de classe qui reconnaît cette complexité.It is commonly suggested that people of Caribbean and Asian origin in Britain occupy a single position in the British class structure. Either it is argued that they all occupy a subordinate position within the British working class or that they all constitute an underclass, outside and "underneath" the working class. This paper challenges both conceptions. It shows that, within economic relations, Asian and Caribbean people are distributed, although very unevenly, across the main classes and that there are significant variations according to national origin and sex. However, it also argues that racism is an important determinant of this differential distribution and that racism is a central factor in the position of Asian and Caribbean people in political and ideological relations. It concludes with a conception of class location which acknowledges these complexities.
- Attribution, acquisition et perte de la nationalité française : un bilan 1973-1986 - André Lebon p. 7-34
Chronique législative, lere partie
- Réfugiés et demandeurs d'asile en Europe - Jacqueline Costa-Lascoux p. 239-266
- Livres reçus - p. 267-268