Contenu du sommaire : Prélever, exhiber. La mise en musées
Revue | Cahiers d'études africaines |
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Numéro | Vol. 39, no 155-156, 1999 |
Titre du numéro | Prélever, exhiber. La mise en musées |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Jean-Loup Amselle p. 477
- Présentation - Annie Dupuis p. 479-485
Problématiques générales
- Malaise dans le patrimoine - Nicolas Martin-Granel p. 487-510 Symptôme d'une post-modernité en quête d'un ancrage ancestral regénérateur de valeurs perdues, le patrimoine est une notion consensuelle, tentaculaire, s'étendant dans tous les domaines et dans tous les sens. Pour prendre la mesure de cette extension, il n'est besoin que de feuilleter la presse parisienne sur une période limitée (fin 1996-début 1997) : le patrimoine est impliqué, directement ou indirectement, dans nombre de débats, d'« affaires », petites ou grandes ; légitimant l'idée d'un monde peuplé d'authenticités menacées, il est source de paradoxes, d'ambiguïtés et de malentendus. Importé en Afrique comme le volet culturel de la politique africaine de la France, repris par les intellectuels et les politiques soucieux de construire ou de réconcilier la nation, il se voit détourné de sa vocation culturelle et même retourné contre son idéal unitaire : il propose plusieurs versions de la réalité, indéfiniment réenracinée. Dès lors, la patrimonialisation d'un pouvoir supposé ethniciste n'est plus seulement économique mais aussi bien artistique, mémorielle, religieuse, tribale, voire génétique. Le cas du Congo, évoqué ici en filigrane, est exemplaire de ce malaise.As a symptom of postmodernity looking for ancestral roots so as to revive lost values, there is the consensus in France about the "patrimony", a notion with a range of meanings reaching out into all directions. To gauge this term's extension, one need but scan the Parisan press from late 1996 to early 1997. Directly or indirectly, "patrimony" has a bearing on many debates and affairs, little as well as big ones. By legitimating the idea of a world full of threatened "authentifies", it is a wellspring of paradoxes, ambiguities and misunderstandings. Imported into Africa as part of France's cultural policy, adopted by intellectuals and politicians interested in building or pacifying their nations, it has lost its cultural function and has even turned against its unitary ideal, since it proposes several versions of a reality with ever shifting roots. The "patrimonialization" of a supposedly "ethnicist" power is no longer just economic ; it is also commemorative, artistic, religious, tribal or even genetic. The case of the Congo exemplifies this uncomfortable notion.
- À propos de souvenirs inédits de Denise Paulme et Michel Leiris sur la création du musée de l'Homme en 1936 - Annie Dupuis p. 511-538 Des entretiens réalisés avec Denise Paulme et Michel Leiris, en 1987, à propos de la création du musée de l'Homme en 1936, permettent de souligner la permanence des questions qui surgissent lorsqu'il s'agit de mettre en scène la culture des autres. Ils permettent également de mettre en perspective les mutations d'un établissement sur plus d'un siècle, les questions fondamentales de la constitution des collections et de leur présentation. Ils montrent combien la question de l'art a toujours été centrale, et le rôle que l'ethnologie a joué et joue, malgré elle, dans le commerce des objets d'art dit « primitif ».By looking at the interviews conducted with Denise Paulme and Michel Leiris in 1987 about the 1936 creation of the musee de l'Homme, the museum of ethnology in Paris, we notice that the same questions constantly crop up whenever other people's cultures are to be put on display. This places in perspective both the changes that have occurred in this establishment and the fundamental problems of collecting and displaying objects. The question of art has always stood at the center, and ethnology —in spite of itself— has played and still plays a role in the transactions involving socalled "primitive" artworks.
- Des murs d'Augsbourg aux vitrines du Cap. Cinq siècles d'histoire du regard sur le corps des Khoisan - François-Xavier Fauvelle-Aymar p. 539-561 Les habitants de l'extrémité de l'Afrique ont été très tôt à l'affiche, occupant une place prépondérante dans le regard de l'Occident sur l'Autre : celle d'une population liminaie. Ainsi peut-on suivre sur la longue durée l'histoire des lieux où s'exhibe le corps des Khoisan, aussi bien que celle des glissements du regard sur ce corps. Des placards muraux aux cabinets de curiosités, des jardins d'acclimatation aux musées, l'œil interroge l'appareil, les postures, la morphologie. A travers cette histoire, qui est celle de la construction d'un objet d'une radicale étrangeté, on peut suivre également les variations d'un questionnement ontologique de l'Occident. Le problème de l'authenticité de l'objet est bien sûr central, et s'énonce aujourd'hui dans les mêmes termes, à l'heure de la renaissance d'une identité khoisan.The inhabitants of the southern most part of Africa were, quite early, taken to be objects at which Westerners gazed with curiosity. As a liminal population, they hold a major place in the way the West views Others. The long history of the exhibition places of Khoisan bodies sheds light on shifts in the way the Hottentots and Bushmen were viewed. From murais to showcases, from tropical gardens to museums, we see body postures, poses, and shapes. This history of the construction of a radically strange object brings to light variations in the West's ontological quest. The "authenticity" of objects is a key problem; it is still raised in the same terms now that a Khoisan identity is being revived.
- De l'art primitif à l'art premier - Jean-Luc Aka-Evy p. 563-582 Dès le début du XXe siècle, parmi les activités qui vont ébranler le paysage culturel occidental, figure celle de l'art dit « primitif ». Dans l'élaboration de ses fins, l'art occidental moderne rencontre des difficultés qui préfigurent les contradictions que connaissent les sociétés européennes. Dans le domaine des arts plastiques, de la musique, du théâtre, de la littérature, des problèmes nouveaux surgissent et reçoivent des solutions inattendues, remettant en cause non seulement certaines théories de l'esthétique occidentale, mais également la pratique de l'institution muséale. La (re)découverte des arts dits primitifs par le monde culturel et artistique européen au début du siècle est l'une des sources fondatrices de cette situation. Notre propos consistera à repérer comment, à la réception et à la mise en valeur des arts non européens dans le discours esthétique occidental, le concept d'art primitif s'est transformé en concept artistique et muséographique. Repérer aussi précisément que possible les indices qui ont présidé à la transmutation de ce concept en art premier et évaluer son implication dans la pratique muséale en Afrique.At the start of the 20th century, the discovery of so-called "primitive" art shook Western culture. In defining its finalities, Western art encountered difficultes that prefigured the contradictions of European societies. In music, theater, literature and the arts, new problems arose; and where handled in new ways that challenged not only Western aesthetic theories but also museum practices. As non-European arts were admitted into Western aesthetics, how did the notion of "primitive art" turn into an artistic and museum concept? And how has this concept evolved into arts premiers ("first arts")? What does this imply for museums in Africa?
- Malaise dans le patrimoine - Nicolas Martin-Granel p. 487-510
L'Afrique dans les musées du monde occidental
- L'Afrique naturalisée - Nélia Dias p. 583-594 II est communément admis que les modes d'exposition des objets dans l'espace des musées ethnographiques nous renseignent tout autant sur les cultures représentées que sur les époques et la culture productrices de ces représentations. Deux techniques expositives dominent de nos jours la présentation des objets africains dans l'espace des musées : le souci de contextualisation avec une dimension ethnographique (musée de l'Homme) et l'approche esthétique (fondation Dapper, musée des Arts africains et océaniens). Cependant, et au-delà de la dichotomie objet ethnographique/objet d'art, force est de constater que dans certains musées, notamment au musée de la Chasse et de la Nature à Paris, nature et culture semblent aller de pair dans la salle d'Afrique. Ainsi, des lances, des armes, des masques et des sculptures sont exposés à côté de têtes d'animaux, d'animaux empaillés, de cornes d'éléphant en ivoire, de peaux d'animaux, le tout présenté sous forme de trophées de chasse. Si nature et culture sont étroitement liées pour ce qui est de l'Afrique, en revanche la salle d'Asie contient essentiellement des objets de culte. À la fin du XXe siècle les objets africains semblent occuper une position inégale face aux productions matérielles des autres régions géographiques : ce sont quelques-uns des aspects de cette situation que cet article entend examiner.The way of displaying objects in folk museums tells us as much about the culture making the exhibit as about the cultures placed on display. Nowadays, museums mainly use two techniques to show African objects: "contextualization" with an ethnological dimension (as in the musée de l'Homme in Paris) and an aesthetic approach (as at the Dapper Foundation and in the musee des Arts africains et oceaniens in Paris). Beyond this art/ethnology dichotomy however, certain museums (for instance, the musée de la Chasse et de la Nature in Paris) seem to fit nature and culture together in the rooms devoted to Africa. Spears, weapons, masks and sculptures are displayed alongside stuffed animals, elephant tusks, hides and skins, ail of which are presented as hunting trophies. In contrast, the Asia room mainly contains religious objects. As the 20th century closes, objects from Asia still seem unequal in position to the material objects from other geographical zones.
- Des mises en scène de curiosités aux chefs-d'œuvre mis en scène. Le Musée royal de l'Afrique à Tervuren : un siècle de collections - Anne-Marie Bouttiaux p. 595-616 La section d'ethnographie du Musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren en Belgique gère, depuis un siècle, une énorme collection d'objets dont le statut a changé avec le temps. Au début, les sculptures n'étaient pas exposées à des fins esthétiques ou scientifiques, elles servaient seulement de décor exotique à la propagande coloniale. Avec le temps, certaines ont reçu la mention « chef-d'œuvre » tandis que les autres furent cataloguées comme témoignages culturels. Le parcours vers l'acquisition d'un statut qui leur donne enfin une place digne de leur intérêt est relaté et ce, au sein d'un musée qui comprend de nombreuses autres sections de sciences humaines et de sciences naturelles.For a century now, the ethnological section of the Royal Museum of Central Africa in Tervuren, Belgium, has managed a vast collection of objects. At the start, sculptures were exhibited for neither aesthetic nor scientific purposes; they merely served as an exotic decor for colonial propaganda. Over time, some of these sculptures have attained recognition as "masterpieces", whereas others have been catalogued as the material evidence of given cultures. The way these objects have acquired status in a museum with many other sections of natural and human sciences is described.
- Les masques dogon : de l'objet au musée de l'Homme à l'homme objet de musée - Anne Doquet p. 617-634 À travers l'évolution des masques dogon depuis leur entrée au musée de l'Homme dans les années 1930 jusqu'à aujourd'hui, cet article met en lumière le processus de muséification du village de Sangha, haut pôle touristique et ethnologique du pays dogon (Mali). Envisagé dans les recherches muséographiques et ethnographiques comme objet-témoin et non pour lui-même, le masque s'est trouvé, en dépit de son dynamisme, réduit à l'illustration traditionnelle et figée d'un mythe fondateur. L'auteur montre comment ce mode d'appréhension s'est par la suite prolongé dans les regards successifs posés sur l'objet ~~in situ~~, notamment ceux des ethnologues et des touristes. Elle analyse ensuite le devenir actuel des danses masquées à Sangha, où la dimension dynamique de l'objet est occultée au profit d'une fixité qui offre l'image d'un musée animé.From Dogon masks to the people through the evolution of Dogon masks since they entered the Musee de l'Homme (Paris) in the 1930s till today, light is shed on how the village of Sangha, a high place of tourism and ethnology in Dogonland (Mali), has turned into a museum. Seen in research in the museum and ethnological sciences as objects bearing witness to a culture and not for themselves, these masks have, despite their dynamism, been reduced to illustrating tradition as part of a founding myth. The masks in situ are still seen in this way by ethnologists and tourists. Dances with the masks in Sangha are analyzed: the dynamic dimension of these objects is kept from view, and what is shown is the fixed image of a "live" museum.
- L'objet de la traduction : notes sur « l'art » et l'autonomie dans un contexte post-colonial - Annie E. Coombes p. 635-658 Cet article analyse deux expositions qui se sont tenues en Angleterre en 1995 : « Africa : Art of Continent » à la Royal Academy of Arts, et « Siyawela : Love, Loss and Liberation in Art from South Africa » à l'Art Gallery de la ville de Birmingham. Il explore la façon dont les deux expositions traitent de la réaffirmation du pouvoir rédempteur de l'art et du fait que les deux sont fondamentalement présentées comme des événements commémoratifs. La première est consacrée au pouvoir et à la créativité des civilisations anciennes, lesquelles ont été niées par l'arrogance colo- niale, et l'autre au pouvoir et au triomphe de l'humanité sur la barbarie de l'apartheid. Par ailleurs, il s'agit dans les deux cas d'expier le passé colonial. Cependant, même si ces deux expositions doivent être comprises comme des représentations de l'histoire, et comme le désir d'un avenir post-colonial, l'une réalise cet objectif par le biais du déplacement, du démanbrement et de l'amnésie en recourant à la ressource de l'autonomie de l'art et de la culture, tandis que l'autre le réalise à travers la personnification et la commémoration.This article is an analysis of two exhibitions held in Britain in 1995 : "Africa: Art of a Continent" at the Royal Academy of Arts, and "Siyawela: Love, Loss and Liberation in Art from South Africa" at the Birmingham City Art Gallery. It explores the way in which both exhibitions are invested with reinstating the redemptive power of art and the fact that both are fundamentally staged as commemorative events. The one to the power and creativity of ancient civilisations once denied by colonial presumption and the other to the power and triumph of humanity over the barbarism of apartheid. In another sense they are both atonements for the colonial past. The paper argues however, that if both exhibitions are understood as representations of history, and as appeals to a postcolonial future, one performs this through displacement, dismemberment and amnesia via recource to the autonomy of art and culture and the other performs this through embodiment and commemoration.
- La constitution de la collection africaine au musée d'Ethnographie de Hongrie - Edina Földessy p. 659-679 La constitution des fonds du musée d'Ethologie de Hongrie provient d'objets collectés d'une manière non systématique, presque accidentelle, dépendant des moyens financiers et du contexte politique qui a marqué différentes périodes de l'histoire de la Hongrie. Certains facteurs, comme l'ouverture ou la fermeture des frontières, les destinations privilégiées des voyageurs, etc., déterminèrent la constitution de la collection africaine. Jamais le musée n'a eu l'occasion de monter et mener une expédition scientifique sur le continent africain. Ce sont les marins, les missionnaires, les chasseurs ou les collectionneurs de métier, les employés des Etats coloniaux, médecins, journalistes, coopérants qui figurent parmi les donateurs et vendeurs d'objets. Le fait que les pièces provenaient essentiellement d'Afrique orientale et d'Afrique du Sud, les objets rituels relevant de l'art africain, tels que les masques, les statues et les figurines sont représentés dans une moindre proportion que les objets d'usage quotidien, les armes ou les parures. Les études africaines, en Hongrie, continuent à privilégier l'Afrique orientale et le territoire des anciennes colonies allemande, belge et portugaise de l'Afrique centrale et de l'Afrique du Sud.In the Hungarian Museum of Ethnology, objects were collected in a nonsystematic, accidental way, depending on the Museum's finances and on the political context during various periods of Hungarian history. Factors such as the opening or closing of borders, the areas travelers preferred visiting, the degree of education and training of travelers, etc., have shaped the Museum's African collection. The Museum never had the chance to send a scientific expedition to Africa. Sailors, missionaries, hunters, traders, employees working for colonial powers, art collectors, doctors and joumalists acquired the objects in the Museum's collection. Eastern and southern Africa are best represented in the collection. Ritual objets, such as masks and sculptures, are less well-represented than ustensils, weapons and ornaments. African studies in Hungary continue to focus on eastern Africa and the former German, Belgian and Portuguese colonies.
- Le musée d'Anthropologie et d'Ethnographie Pierre-le-Grand à Saint-Pétersbourg - Vladimir Arseniev p. 681-699 Comment définir un musée ethnographique, quelle est sa mission, quelle vocation a-t-il face à l'humanité, à la société, face aux cultures réelles visées par l'activité et les intérêts de la mise en musée ? Curiosité, expression de l'expansion culturelle d'un système impérial, aspiration à l'intégration dans une entité culturelle universelle laquelle oblige à une certaine responsabilité ? La politique de la formation des collections relève-t-elle d'une spontanéité ou de l'occasion à saisir, d'une éventualité face à la « clairvoyance » du scientisme ? La personnalité du collecteur et l'« œuvre de collecter » ont-elles un rôle à jouer ? Collecter signifie-t-il « influencer » le milieu culturel ? Les « textes » et les « contextes » nous plongent dans le périple des objets. Nous livrons là quelques aveux d'un collecteur « sur le terrain africain ».How to define a museum of ethnology, its assignments and roles in relation to society and the real cultures placed on display? Curiosity? An empire's cultural expansion? The aspiration to integration in a universal culture? Is the policy guiding the collection of objects spontaneous, a matter of seizing not-to-be-missed opportunities? How does the collector's personality corne into play? What does the act of collecting involve? Does this act itself "influence" a culture? "Texts" and "context" lead us to focus on the itineraries of the objects as they end up in exhibits. A few confessions by a collecter about the "African fiels".
- From the Diorama to the Dialogic : A Century of Exhibiting Africa at the Smithsonian's Museum of Natural History - Mary Jo Arnoldi p. 701-726 The article begins with a brief history of anthropological collections of African material culture at the Smithsonian from the 1860's to the present. It, then, analyses the history of permanent African exhibits at the Smithsonian and the relationship of each exhibit to specifie anthropological theories. The museum's first permanent exhibit was on view from the end of the 19th century to the 1960's. Its second permanent exhibit opened in the late 1960s and was closed in 1992 amid public controversy. The final section of the article examines the development of the current permanent exhibition, African Voices, which is schedulted to open in late 1999. It explores the issue of representation of Africa and Africans in public museums and examines the development process for the new exhibit. This process has involved the active participation of various stakeholder communities in the conceptualization and realization of the exhibition.
- L'Afrique naturalisée - Nélia Dias p. 583-594
Monde africain et musée
- Musées et colonisation en Afrique tropicale - Anne Gaugue p. 727-745 En Afrique tropicale, les premiers musées, créés au début du siècle par les colons portugais et britanniques, furent conçus comme des lieux destinés à favoriser la mise en valeur des territoires conquis et à célébrer la colonisation européenne. A partir des années 1940, le musée devient un centre de recherches sur les cultures et l'histoire africaines, pour permettre une meilleure connaissance des peuples africains et faciliter ainsi les politiques coloniales. L'image de l'Afrique diffusée par ces expositions différait d'une colonie à l'autre. Défini essentiellement comme un lieu de recherche, le musée était dans les territoires français et belges, une mise en scène de l'ethnographie coloniale, fondée sur les divisions ethniques. Dans les colonies anglaises de Gold Coast (actuel Ghana) et du Nigeria. C'est à la fin des années 1950, lorsque l'indépendance paraît inéluctable, que le projet d'ouvrir un musée à Accra et Lagos apparaît; lieu de valorisation du patrimoine africain, cette institution est alors destinée à favoriser l'émergence d'une conscience nationale. En revanche, dans les colonies de peuplement d'Afrique australe (Namibie, actuels Zambie et Zimbabwe), le musée fut utilisé pour représenter la supériorité des civilisations européennes.The first museums in tropical Africa, created in the early 20th century by Portuguese and British colonists, were designed as showcases for the colonization and development of the conquered lands. As of the 1940s, museums became centers for research on African cultures and history with the aim to better understand local peoples and thus facilitate colonial policies. The image of Africa diffused in exhibitions differed from colony to colony. Basically defined as a place of research, museums in French and Belgian colonies presented colonial ethnography's view of ethnie divisions. In the British colonies of the Gold Coast (Ghana) and Nigeria, as independence seemed inevitable in the late 1950s, plans were made to open museums in Accra and Lagos as places for promoting the African heritage; these museums were thus destined to favor the emergence of a national conscience. In settlers' colonies in southern Africa (Namibia, Zambia and Zimbabwe), museums were used to display the superiority of European civilization.
- Les ambiguïtés d'une expérience privée : réflexions libres sur le musée en Afrique - Tshikala Kayembe Biaya p. 747-765 En Afrique, le musée traverse une crise profonde, conséquence des politiques et des paradigmes qui l'ont imposé sur le continent. Cette crise théorique l'empêche de « s'autochtoniser » pour mieux servir ses premiers consommateurs. Cette contribution est une réflexion libre qui porte sur une somme d'expériences intra- et extra-« muséales » d'Africains (proches, amis, vendeurs d'ceuvres d'art, conservateurs, collectionneurs...) rencontrés dans plusieurs villes d'Afrique et d'Occident. L'analyse de ces diverses expériences vécues et rapportées à l'auteur permet de mettre en évidence les contradictions qui traversent et qui nourrissent d'une part le musée et ses pratiques actuelles, d'autre part la perception qu'en a le consommateur local et national. Cette contribution s'interroge également sur les politiques culturelles nationales. Elle questionne la collaboration « muséale » entre le Nord et l'Afrique en prenant pour exemple une exposition itinérante entre le musée de la Civilisation du Québec et les musées d'Afrique de l'Ouest francophone, expérience à laquelle l'auteur a contribué.In Africa, museums are in the throes of a crisis as a consequence of policies and paradigms. Crisis keeps it from becoming "native"' in order to better serve its first consumers. This analysis of the experiences inside and outside museums that Africans (friends, art merchants, curators, collectors) have had in several African and Western cities sheds light on the contradictions running through museums and their practices and through the perception of local and national consumers. Questions are raised about national policies in matters of culture and about the cooperation between museums in the North and in Africa on the basis of an itinerant exhibition, in which the author took part, that traveled between the Museum of Civilization in Quebec and museums in French-speaking western Africa.
- Manageable Past: Time and Native Culture at the Dundo Museum in Colonial Angola - Nuno Porto p. 767-787 Quels sont les rapports existant entre représentation culturelle et exploitation coloniale ? Les rapports entre savoir scientifique et sens commun sont-ils rendus par les musées coloniaux ? Comment l'analyse du musée peut-elle contribuer à l'étude des communautés coloniales ? Ce texte aborde ces questions par l'analyse ethnographique du développement du musée du Dundo, en Angola coloniale. Propriété de la Diamang (la Compagnie des diamants d'Angola), le musée du Dundo est devenu un important centre scientifique pour les études de la période coloniale portugaise. Centré sur sa formation, ce texte montre comment des notions de temps constituent un terrain commun soit pour la représentation museale des peuples de la Lunda soit pour son exploitation en tant que force de travail Keywords/Mors-c/és Angola native culture muséum Portuguese colonialism tem po rali ty/Ango/a colonisation portugaise culture indigène ethnographie musée temporalitéWhat are the relationships between cultural representation and colonial exploitation? What kind of reports between scientific and commonsensical knowledge were set forward by colonial museums? How may museum analysis contribute to the study of the colonial communities? The text intends to deal with these questions by means of an ethnographical approach to the development of the Dundo Museum, in colonial Angola. Property of the Diamang (the Diamonds Company of Angola), the Dundo Museum became an important scientific centre of Portuguese colonial studies. Dealing with the settling period of the Dundo Museum, this text explores how notions of time become a common ground both to the museum representation of Lunda Peoples and to their exploitation as labour force.
- Les musées publics et privés au Cameroun - Madeleine Ndobo p. 789-814 Cet article tente une aventure unique et quelque peu audacieuse pour dire clairement les problèmes auxquels sont confrontés les institutions muséales et le patrimoine culturel camerounais. À partir de l'analyse des deux grands projets de musées connus et de quelques textes juridiques, il y a lieu de constater, avec l'auteur, une sorte de complicité tacite, ou plutôt une complaisance désagréable chez les pouvoirs publics, et cela face aux questions de fond qui minent les projets culturels dans ce pays. Au Cameroun aujourd'hui, il ne serait pas exagéré de parler d'un patrimoine en « péril ». Au-delà de la diversité des démarches muséologiques, l'auteur cherche à montrer que c'est aussi la complexité du substrat social, culturel, voire politique, avec ses a priori idéologiques, qui ne rend pas aisée l'éclosion des actions susceptibles de conduire les Camerounais vers l'idéal d'une identité culturelle nationale. N'est-il donc pas temps de replacer les projets de fondation, ainsi que le destin des musées au Cameroun, dans une perspective très grande qui prenne en compte le rôle effectif, sinon les initiatives des communautés régionales, autant que ce qui pourrait être une vraie politique d'aménagement du territoire par les pouvoirs publics ?What problems do cultural archives and museums face in the Cameroon? Analyzing a few big museum projects and legal texts reveals an unspoken agreement, or an unpleasant complaisance, among public authorities in handing the questions undermining the country's cultural projects. Is it not overstating it to say that the country's heritage is in danger. The complexity of the social, cultural and even political substratum with is a priori ideological views make it hard to develop actions for leading Cameroonians toward the ideal of a national cultural identity. Is it not time to place museum projects in a very broad perspective so as to take into account regional communities' roles and initiatives and the government's policy for local development?
- L'ethnologue « gênant », ou les vicissitudes du projet de création du Musée national du Cameroun - Francesco Pompeo p. 815-827 Les vicissitudes du projet pour la création du Musée national du Cameroun, racontées à travers l'expérience directe de l'auteur, mettent en relief une série de paradoxes et de contradictions. La dimension spécifique de la mise en œuvre du musée, dans le cadre de la politique nationale, montre un « refoulement » des catégories ethniques ainsi que leur rôle dans l'histoire tourmentée du pays africain, à travers une approche écologique et en faisant référence à l'ethnographie classificatoire.The many tumabouts in the plans for creating a National Museum in Cameroon, as told out of the author's direct experiences, sheds light on a series of paradoxes and contradictions. Since the museum is being set up as part of a national policy, ethnie categories have been "repressed", as well as the role of ethnie groups in the country's troubled history.
- La muséification sur place - Tilo Grätz p. 829-843 Dans cet article, j'ai essayé d'aborder les aspects symboliques et surtout les aspects politiques qui sont souvent négligés dans les descriptions de la création d'un lieu culturel en Afrique. La construction d'une tata-musée était une initiative issue du projet formulé par deux entrepreneurs politiques locaux, mettant en œuvre les ressources de l'État, le budget de la sous-préfecture et celles offertes par un programme de création d'emplois à l'échelle nationale. L'institution du musée était donc prise en charge par certaines personnalités de la commune qui l'exploitent et l'utilisent dans le but d'accroître leur prestige social. La création de ce musée communal fait partie d'une initiative soutenue par les représentants de l'État. Elle doit être envisagée comme le témoignage de la volonté des entrepreneurs intellectuels locaux de revaloriser les héritages culturels. La remise à l'honneur des « traditions » fait également partie d'un nouveau partage des identités locales, développé surtout par des associations de développement et par des politiciens, chefs de parti, qui ont besoin d'un soutien au niveau local et qui, de cette façon, cherchent à renforcer les liens avec leurs électeurs.The symbolic and especially political aspects corne under discussion that are often neglected in descriptions of the creation of cultural institutions in Africa. The initiative to build a multi-storey museum came out of plans drawn up by two local politicians. It involved funds from the state, the subprefecture's budget and a national program for creating jobs. Local personalities used the museum to boost their own prestige. Setting up this local museum was part of an initiative supported by the state's representatives. It should be seen as evidence of local intellectuals' willingness to promote the cultural heritage. This enhancement of "tradition" involved a new "sharing" of local identities, as worked out mainly by politicians and party heads, who, needing local support, sought to reinforce ties with voters.
- Les musées : la construction de l'identité nationale nigériane en pays yoruba - Hélène Joubert p. 845-873 Cet article traite du rapport entre l'institution muséale et la notion d'identité à travers l'étude de trois musées nationaux de l'aire culturelle yoruba : Lagos, Ife et Esie. Le musée se présente au Nigeria comme un élément de prise de conscience nationale d'un héritage culturel pouvant faire contrepoids aux tentatives sécessionnistes en cherchant à restaurer le lien avec une culture ancestrale qui renvoie aux anciens empires, royaumes et cités-États. Il s'agit aussi de briser le mythe de la colonisation comme entreprise de pacification et d'unification, et de la faire percevoir, au contraire, comme force de division en se référant à des bases historiques. Les découvertes archéologiques effectuées pendant la période coloniale mais aussi les trésors conservés par les souverains ont créé, par leur action conjointe, les possibilités d'un sentiment de racines communes dépassant les identités ethniques.The relation between museums and the notion of identity is studied through three national museums in the Yoruba area in Lagos, Ife et Esie. In Nigeria, museums are a mean for developing the national consciousness of a cultural heritage so as to impede secessionist attempts by trying to restore ties with an ancestral culture ranging back to ancient empires, kingdoms and city-states. The archeological discoveries made during the colonial era and, too, the treasures kept by sovereigns create, together, possibilities for a feeling of common roots reaching beyond ethnie identities.
- Un musée royal au début du XIXe siècle en Ashanti : l'Aban - Claude-Hélène Perrot p. 875-884 Trois quarts de siècle avant la colonisation, le roi des Asante, Osei Bonsu, créa un musée dans le seul édifice de pierre de Kumasi, la capitale. Ce musée, décrit au milieu du XIXe siècle par plusieurs visiteurs européens, était conçu à la gloire de la royauté. Les Britanniques le firent sauter en 1874.Three quarters of a century before colonization, the Asante king Osei Bonsu set up a museum in the only stone building in Kumasi, his capital. This museum, described in the mid-19th century by several European visitors, was intended to glorify the royalty. The British blew it up in 1874.
- La " Maison du pays ". L'exposition du patrimoine dans les musées privés d'Afrique de l'Ouest et du Cameroun - Marguerite de Sabran p. 885-903 Depuis le début de l'époque coloniale, les tenants des pouvoirs traditionnels ont été à l'initiative ou ont soutenu la création de musées dont la plupart possèdent un statut d'établissement privé. Aujourd'hui, collectivités locales, associations ethniques, autorités religieuses et artistes s'investissent à leur tour, de façon autonome, dans la création de musées. Le plus souvent, ces musées ont d'abord pour objectif d'affirmer l'autorité ou l'identité des hommes ou des groupes qui sont à l'origine de leur création. Mais se rapprochent-ils du sentiment patrimonial existant dans les sociétés africaines ? Le sens accordé, à travers les expositions, au patrimoine qu'ils conservent et l'image qu'ils donnent de la communauté ou du groupe dont ils présentent la culture, montrent que rares sont ceux qui s'éloignent des modèles du musée occidental véhiculé par les musées nationaux.From the start of the colonial era, traditional powerholders undertook to set up, or supported setting up, museums most of which were private establishments. Nowadays, local and religious authorities, ethnie associations, and artists are, in turn, creating museums—usually and mainly with the intention of promoting the authority or identity of the founders, whether persons or groups. But do these museums have a feeling, such as exists in African societies, for a cultural heritage? Given both the meaning, as seen through exhibitions, assigned to the objects they store and the image they present of the group or community whose culture they display, very few of them depart from the Western museum model as conveyed by national museums.
- Musées et colonisation en Afrique tropicale - Anne Gaugue p. 727-745
Vers de nouvelles muséologie
- La violence muséale : aux origines d'un discours ambigu - Ibéa Atondi p. 905-921 À partir de deux exemples récents (1998), relatifs aux ensembles culturels Kongo et Batéké, nous proposons de cerner deux ordres de contraintes à l'origine de la structuration du discours anthropologique sur l'art. Le premier est relatif à la difficulté d'identifier les instances compétentes en matière de vérification et de régulation des discours anthropologiques sur l'art. Le second concerne la dépendance des chercheurs vis-à-vis des institutions chargées de gérer le patrimoine artistique. Dans la conversion d'un savoir anthropologique élaboré par des scientifiques en une connaissance commune diffusée auprès du grand public, il n'est pas certain que les critères de convertibilité soient eux-mêmes scientifiques. Ce sont donc des obstacles à la fois d'ordre historique, psychologique (phénomène d'autocensure) et épistémologique qui sont ici envisagés.Two recent examples (1998) taken from the Kongo and Bateke cultural zones are used to identify two types of factors that shape anthropological discourse about art. The first has to do with the difficulty of identifying qualified "authorities" for verifying and regulating these discourses; the second, with academies' dependance on institutions responsible from managing the artistic heritage. When academics convert anthropological knowledge into a popular knowledge diffused toward the general public, the criteria of convertibility themselves may not be scientific. Historical, epistemological and psychological (the phenomenon of self-censorship) obstacles are dwelt on herein.
- L'art africain au musée des Arts d'Afrique et d'Océanie : collections et perspectives pour le musée du quai Branly - Etienne Féau p. 923-938 Le musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie, héritier de l'ancien musée de la France d'Outre-mer, quittera en 2004 le beau bâtiment construit pour l'exposition coloniale de 1931 et rejoindra le nouveau musée des Arts et des Civilisations (appellation encore provisoire) que le président Jacques Chirac a souhaité créer à Paris, quai Branly. Après un bref historique de cette institution et une présentation panoramique de ses collections, seront exposées les préoccupations actuelles des conservateurs dans l'optique du futur musée : tout d'abord le chantier des collections, qui permettra d'opérer une fusion historique entre les collections du maao et celles du musée de l'Homme, puis la problématique de la présentation, qui permettra de mettre en commun les approches qui relevaient jusqu'alors de l'esthétique, de l'histoire de l'art et de l'ethnologie, et enfin la question, encore insuffisamment débattue, du partenariat avec les institutions patrimoniales africaines.In 2004, the National Museum of African and Oceanian Art, the heir of the former Museum of Overseas France, will leave the beautiful building constructed for the 1931 Colonial Exhibition and join the new Museum of Arts and Civilizations (a name not yet definitive) that President Jacques Chirac wants to create on Quai Branly in Paris. Following a short history of this institution and an overall description of its collections, the current preoccupations of curators are examined in the perspective of the future museum: the problem of the collections, since those of the musée des Arts d'Afrique et d'Oceanie will merge with those of the musée de l'Homme; the problems related to designing exhibitions so as to combine approaches having to do with aesthetics, art history and ethnology; and the question, which has not yet been sufficiently debated, of partnerships with African institutions.
- Une expérience muséographique en Afrique de l'Ouest. Le musée de Mengao (Burkina Faso) - Bertrand F. Gérard p. 939-949 Le musée de Mengao (Burkina Faso) a été réalisé en 1981 par la chefferie du village en collaboration avec un ethnologue. Il avait pour but de préserver un héritage ancestral sans susciter de conflit avec la communauté musulmane majoritaire. La dimension mémoriale des objets présentés n'y relève pas d'un savoir scientifique, mais du discours contemporain des vieux, afin de préserver l'exigence d'une transmission dans cette société soumise à la double exigence de la modernité et des contraintes de la conversion.The museum at Mengao (Burkina Faso) has been created in 1981 by the village chief in cooperation with an anthropologist. Its aim was to preserve an ancestral legacy without provokating conflict with the muslim majority. The memorial dimension of the objects displayed does not define it as a scientific knowledge but rather as the contemporary speech of the elders seeking to mountain the tradition in a society submitted to the constraint of modernity on one hand and of conversion on the hand.
- Publics des musées africains : les visiteurs de l'exposition «Vallées du Niger» à Conakry (République de Guinée) - Rachel Suteau p. 951-978 De janvier 1994 à mars 1998, l'exposition d'œuvres archéologiques intitulée « Vallées du Niger » a été présentée dans six pays africains. Après la présentation des objectifs des concepteurs de l'exposition et des outils utilisés pour recueillir des informations concernant son impact auprès des visiteurs africains, l'auteur présente, à titre d'exemple, les résultats obtenus en République de Guinée. Plusieurs constats sont mis au jour : la très forte affluence des visiteurs guinéens ; le caractère élitaire de ces visiteurs ; la satisfaction générale vis-à-vis de l'ensemble de l'exposition (concepts et œuvres), résultat du réel intérêt accordé aux vestiges laissés par l'Histoire ; le souhait réitéré de voir d'autres expositions se dérouler au Musée national de Sandervalia ; le caractère pédagogique et «édifiant» qu'une telle exposition peut prendre aux yeux de tous. Cet article insiste sur le fait que la connaissance des visiteurs et de leurs avis est indispensable dans la conception et la réalisation d'expositions. Il fait également figure de preuve du réel intérêt des Africains vis-à-vis de l'art et des musées si tant est que le choix d'œuvres visibles y est de qualité.From January 1994 to March 1998, "Niger Valleys", an archeology exhibition, ran in six African countries. The objectives of those who designed the show are presented, along with the methods used to gather information about its impact on African visitors. The results obtained in Guinea are used as an example: the high attendance by Guinean visitors; the elitist nature of these visitors; general satisfaction with the show as a whole (concepts and works presented), the genuine interest shown in archeological vestiges; the repeated desire to have other exhibitions organized at the National Museum; the educational and "edifying" nature of such a show for everyone. Knowledge of the visitors and of their opinions is indispensable for designing and organizing exhibitions. This study proves the real interest Africans have in art and museums whenever the works shown are of quality.
- La violence muséale : aux origines d'un discours ambigu - Ibéa Atondi p. 905-921
Chronique bibliographique
- Quel passé pour les Khoisan ? Représentations, mémoire, héritages - François-Xavier Fauvelle-Aymar p. 979-985 À partir de quelques ouvrages récents portant sur la représentation des Khoisan (dans la muséographie, les collections photographiques et folkloristes), on s'interroge ici sur la résurgence d'un intérêt pour le passé de ces populations longtemps évacuées de l'histoire sud-africaine. À l'heure où s'affichent de nouveaux enjeux, la critique du regard permet de reposer la question de l'historicité des formations ethniques. Elle est aussi une invitation à s'interroger sur les conditions de production des savoirs et des représentations, et à enquêter sur les modes de diffusion et de fixation des images produites.On the basis of a few recent publications on how museums presented the Khoisan in photo collections and folkloric exhibitions, questions are raised about the renewed interest for this peoples past, which, for a long time, was kept out of view in the regions history. Now that new issues are arising, a critical view can, once again, inquire into the "historicity" of ethnic groups. It can lead us to look at the conditions wherein knowledge and images are produced and to search for the ways images are fixed and diffused.
- De l'objet animé à l'objet de musée - Annie Dupuis p. 987-991 L'ouvrage accompagnant l'exposition de Neuchâtel « L'art c'est l'art » permet d'unir dans cette formule les positions les plus opposées concernant la définition de ce qu'est ou de ce que n'est pas ce que l'on nomme « l'art africain ». C'est en effet à partir de cette définition que se justifient les manières de le mettre en scène. L'introduction de la dimension historique et la révision de la notion de tradition indissociable de celle de création permettent de sortir de l'impasse d'un art « hors du temps » et ouvre la voie à de nouvelles muséologies.The official publication for the exhibition « L'art c'est l'art » in Neuchâtel présents fully opposite positions on defining what is and is not « African art ». The definition serves to justify the ways of showing this art. Introducing the historical dimension and revising the notion of tradition (inseparable from that of creation) opens a way of the dead end of « timeless » art.
Analyses et comptes rendus
- Arts des Congo. Célébrer la vie, affirmer son rang, influer sur le destin, vivre avec les Morts. - Préface de Maxime Ndebeka ; Introduction de Jean-Claude Quirin - Atondi Ibea p. 993-994
- Ardouin, Claude Daniel. - Museums &ampamp; Archaeology in West Africa - Oslisly Richard p. 994-995
- Bidima, Jean-Godefroy. - L'Art négro-africain - Taffin Dominique p. 995-996
- Castelli, Enrico (sous la direction de). - Immagini e colonie - Boëtsch Gilles p. 996-997
- Clifford, James. - Routes, Travel and Translation in the Late Twentieth Century - Martin-Granel Nicolas p. 997-1001
- Colleyn, Jean-Paul &ampamp; de Clippel, Catherine. - Bamanaya. Un' art di vivere in Mali/Bamanaya. Un art de vivre au Mali - Conrad David p. 1001-1004
- Coquet, Michèle. - Arts de cour en Afrique noire - Atondi Ibea p. 1004-1005
- Dupré, Marie-Claude &ampamp; Féau, Etienne. - Batéké. Peintres et sculpteurs d'Afrique centrale - Atondi Ibea p. 1005-1008
- Hallier, Ulrich W. - Felsbilder früher Jägervölker der Zentral-Sahara. Rund köpfe, Schleifer, Gravierer, Punzer, Untersuchungen auf Grund neuerer Felsbildfunde in der Süd-Sahara - Dupuy Christian p. 1008-1011
- Lamidi Olonade, Fakeye &ampamp; Haight, Bruce M., with Curl, David H. - Lamidi Olonade Fakeye. A Retrospective Exhibition and Autobiography - Joubert Hélène p. 1011-1014
- Morton, Barry. - Pre-Colonial Botswana. An Annotated Bibliography and Guide to the Sources - Creusat Laurence p. 1014-1015
- Muller, Jean-Claude. - Collections du Nigeria. Le quotidien des Rukuba - Jonkers Danielle p. 1015-1017
- Poulot, Dominique. - Musée, nation, patrimoine 1789-1815 - Dias Nélia p. 1017-1021
- Serrures dogon, jeux de formes. - Film V02093 1/1. Paris, CNRS Audiovisuel, Cinémathèque, 1999 - Doquet Anne p. 1021-1023
- Slaoui, Abderrahman. - L'affiche orientaliste. Un siècle de publicité à travers la collection de la Fondation A. Slaoui - Pouillon François p. 1023-1024
- Stenou, Katérina. - Images de l'autre. La différence : du mythe au préjugé - Boëtsch Gilles p. 1024-1026
- Ouvrages reçus - p. 1027-1029
- Quel passé pour les Khoisan ? Représentations, mémoire, héritages - François-Xavier Fauvelle-Aymar p. 979-985
Index annuel
- Ouvrages recensés - p. 11-14