Contenu du sommaire : Genre et protection sociale
Revue | Revue française des Affaires sociales |
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Numéro | no 2-3, 2012 |
Titre du numéro | Genre et protection sociale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Genre et protection sociale
- Présentation du dossier - Jeanne Fagnani, Florence Thibault p. 5-11
- Femmes, mères, épouses et travailleuses : les représentations parlementaires des rôles sexués au travers des débats sur les politiques de conciliation (1965-2010) - Delphine Chauffaut, Sandrine Lévêque p. 12-31 Reposant sur l'analyse des débats parlementaires des lois portant sur le rapport travail-famille depuis les débuts de la Ve République, l'article étudie les représentations des rôles sexués à l'Assemblée nationale. Trois périodes sont délimitées. Lors de la première, qui s'étend jusqu'en 1981, la principale visée de la politique familiale est familialiste et nataliste ; ce point de vue légitime la division sexuelle des tâches et interdit de penser l'égalité : le modèle de M. Gagne-Pain est à son apogée. C'est lors de la deuxième période, de 1981 à 1997, qu'émerge progressivement le concept de conciliation, toujours sous un objectif central de soutien à la natalité, désormais lié à l'activité féminine par un retournement de paradigme. Les politiques sont formellement neutralisées, mais restent dans les faits destinées majoritairement à l'un ou l'autre sexe. Ce constat entraîne, lors de la troisième période (1997-2007), une prise en compte des rapports sociaux de sexe par la loi, qui poursuit désormais des objectifs explicites d'égalité femmes-hommes.Women, mothers, spouses and workers : parliamentarian representations of sexual roles in debates on reconciliation policies (1965-2010). This article is based on an analysis of parliamentary debates devoted to laws involving the work/family relations since the beginning of the Fifth French Republic. It examines the representations of gender specific roles in the country's National Assembly. The authors distinguish three periods. During the first period, up to 1981, France's policy was primarily pro-family and pro-birth ; this approach legitimised a sexual division of labour and did not consider the notion of equality. The model of the male bread-winner was at its peak. During the second period (1981-1987), the concept of “conciliation” progressively emerged (still within a core pro-natality objective), which is now, owing to a paradigm shift, associated with feminine activity. Policies were formally neutralised but still tended to target in fact one gender or the other. In the third period (1997-2007), gender-specific social relations were factored in by the legislation, which now pursues explicit men-women equality objectives.`np pagenum="013"/b`np pagenum="014"/b
- Le genre des États-providence : maternalisme et familialisme en France et au Canada - Yolande Cohen p. 32-51 Les politiques publiques d'assistance aux mères, adoptées au Canada et en France dans la première moitié du xxe siècle, sont analysées ici à partir de l'étude d'associations de femmes, en particulier le Conseil national des femmes françaises (CNFF) et la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB) qui ont porté cette revendication. L'action des minorités religieuses, protestantes et juives, au sein du CNFF, et aux côtés de l'État républicain amorce la sécularisation des politiques d'aide aux mères en France durant la IIIe République. Suivant l'exemple des autres provinces canadiennes, qui se sont dotées de lois sur les pensions aux mères, l'action de la FNSJB en faveur d'une loi protégeant les mères et leurs enfants permet à l'État d'intervenir dans la sphère familiale qui relevait exclusivement du contrôle de l'Église catholique au Québec. L'analyse comparée permet de mieux identifier l'intégration du genre dans la formulation des premières politiques sociales et de cerner le paradoxe de la relation des femmes à l'État. Des stratégies maternalistes des années 1930 aux refus contemporains de l'assignation du care au genre féminin, cet article vise à susciter la réflexion sur l'ouverture d'un espace mixte, dans lequel tant les femmes que les hommes peuvent exercer les différentes fonctions de maternage et de care.Gender in welfare states : maternalism and familialism in France and in Canada. This article offers an analysis of public support policies for mothers enacted in Canada and in France during the first half of the twentieth century. It is based on a study of women's organizations, notably, the French Women's National Council (CNFF) and the National Saint-Jean-Baptiste Federation (FNSJB) which advocated the advent of such support. During the Third Republic, the activities of religious minorities, Jewish or Protestant, within the CNFF and alongside the republican state fostered a secularization of policies designed to support mothers in France. In Quebec, following the example set by other Canadian provinces which adopted laws granting pensions to mothers, the FNSBJ promoted a law protecting mothers and their children – thereby enabling the state to intervene in the family sphere, which was hitherto exclusively controlled by the Catholic church. A comparative analysis shows how the gender concept was formulated in initial social policies and to grasp the paradoxical nature of the relation of women to the state. From maternalist strategies in the 1930s to contemporary voices opposing the exclusive assignment of care to the feminine gender, the article seeks to stimulate reflection on the opening of a mixed space where both women and men can accomplish various mothering and care functions.`np pagenum="033"/b`np pagenum="034"/b
- L'entrée des hommes dans le métier de sage-femme : faire sa place dans un monde professionnel « ultraféminisé » - Béatrice Jacques, Sonia Purgues p. 52-71 Cet article propose de questionner les normes de genre dans la sphère professionnelle de la protection sociale. Les auteurs ont choisi de travailler sur les compétences sexuées auxquelles fait appel le métier de sage-femme et de s'interroger sur l'entrée des hommes, possible depuis 1982, et leur capacité à dénaturaliser les qualités « féminines » qui semblent inhérentes au métier. Elles montrent que le cas des sages-femmes est particulièrement pertinent car il est singulier. Alors que l'hypothèse pouvait être faite que l'ouverture de la profession aux hommes aurait introduit du changement, une certaine inertie du modèle « féminin » qui fonctionne encore comme cœur de métier et le faible nombre d'hommes laissent entrevoir une situation plus complexe. Seules les jeunes sages-femmes, plus centrées sur une définition objective des compétences, semblent pouvoir amorcer une mutation.Men entering the midwife profession : earning a place in an « ultra-feminised » world`/titrebThis article seeks to confront gender norms in the social protection professional sector. The authors chose to analyse gender-specific skills required to be a midwife and to examine the arrival of men in the profession (possible since 1982), assessing their ability to de-naturalise “feminine qualities” which appear as inherent to the trade. In this respect, the case of midwives is particularly relevant as it is unique. One might have assumed, as the profession opened up to men, that the latter would foster change ; nonetheless, a relative inertia of the « feminine » model, which still operates as a core value among midwives, as well as the small number of men, point to a more complex situation. Only younger midwives, who are more focused on an objective definition of skills, appear to be able to trigger a mutation.`np pagenum="053"/b`np pagenum="054"/b
- Du RMI (et de l'API) au RSA, les droits sociaux des femmes à l'épreuve des politiques d'activation des allocataires de minima sociaux - Anne Eydoux p. 72-93 Cet article interroge la prise en compte du genre dans les minima sociaux qu'étaient l'API et le RMI ainsi que dans les dispositifs d'activation des allocataires qui se sont mis en place à partir de la fin des années 1990 jusqu'à la généralisation en 2009 du RSA. Repartant de la diversité des régimes de protection sociale et des modes d'accès des femmes aux droits sociaux, il analyse la manière dont se sont mis en place l'API et le RMI dans un système valorisant les solidarités familiales traditionnelles. Le mouvement d'activation des allocataires de minima sociaux, qui mise sur les incitations individuelles au retour à l'emploi à partir de dispositifs familialisés, apparaît ambivalent au regard des droits sociaux des femmes et insuffisant à lever les freins non monétaires à leur retour à l'emploi.From the RMI (and the API) to the RSA, the social rights of women tested by activation policies targeting minimum-income recipients. This article examines how, in France, gender issues are taken into account by social minimum income schemes such as the single-parent allowance (API), the minimum income allowance (RMI) and other recipient-activation systems implemented since the late 1990s – as well as by the active solidarity income (RSA), which was generalised in 2009. Assessing the diversity of social protection schemes and of women's access to social rights, it analyses how the API and the RMI were set up within a system valuing tradition family solidarity. The activation process aimed at social minimum-income beneficiaries, based on individual back-to-work incentives within family schemes, appears ambiguous in terms of women's social rights and unable to solve the non-monetary problems preventing their return to employment.`np pagenum="073"/b`np pagenum="074"/b
- La réforme de l'assurance chômage Hartz IV en Allemagne : une atteinte au droit des femmes ? - Brigitte Lestrade p. 94-111 La réforme de l'assurance chômage introduite en Allemagne en 2003 était essentiellement destinée à combattre le chômage, qui avait atteint un niveau tel qu'il menaçait la réélection du gouvernement de Gerhard Schröder. L'objectif essentiel de la réforme Hartz IV étant la lutte contre le chômage, la question de l'égalité hommes-femmes ne s'était pas posée aux concepteurs de la loi. Ce n'est que sous la pression de certains groupes de la société civile que le principe de l'égalité fut inscrit au premier paragraphe de la loi. De plus, les dispositions qu'elle contient ont été formulées de telle sorte qu'aucune mesure ne porte de marqueur relié au genre. Peut-on alors affirmer que la réforme est soucieuse des droits des femmes ? Cela irait probablement trop loin. La volonté d'une formulation neutre se heurte, en effet, aux réalités sociales et culturelles de l'Allemagne contemporaine qui fait la part encore trop belle aux comportements traditionnels. Après une présentation des mesures de la loi Hartz IV et de leur impact sur les femmes au chômage, cette contribution s'interroge sur ses failles, tant dans la conception de la loi que dans son application pratique, susceptibles de porter atteinte aux droits des femmes.The Hartz IV unemployment insurance reform in Germany : an infringement on women's rights ? The unemployment insurance reform introduced in Germany in 2003 was primarily designed to fight joblessness, which had reached a level where it was threatening the re-election of Gerard Schröder's government. Since employment was the main target of Harz IV, the authors of the law did not factor in the men/women equality issue. Only under the pressure of civil society groups was the principle of such equality mentioned in the first paragraph of the Act. As a result, its provisions include no measures involving gender issues. Is it, then, possible to say that Hartz IV respects women's rights ? Such an assertion would be quite exaggerated. The Act's neutral wording does not take into consideration the social and cultural realities prevailing in contemporary Germany, where traditional gender behaviours are still widespread. This contribution describes the Hartz IV measures and their impact on unemployed women. It further analyses the reform's loopholes, both in terms of legal approach and practical application, as well as the risks they involve for women's rights.`np pagenum="095"/b`np pagenum="096"/b
- La prise en charge des questions d'égalité femmes-hommes en Espagne (1975-2012) - Brigitte Frotiée, María Jesús Rodríguez Garcia p. 112-129 En Espagne, aux premières heures du processus démocratique, la question des relations entre genre et protection sociale a tout d'abord été posée dans le cadre de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Cet article propose de retracer ses développements multidimensionnels et multiniveaux depuis la promulgation de la Constitution en 1978 jusqu'à aujourd'hui. Plus précisément, il s'agit de mettre en relief les dynamiques à l'œuvre dans le processus de prise de charge des questions de l'égalité entre les sexes dans ce pays. On expose tout d'abord les conditions de l'émergence de cette prise en charge avant de se focaliser sur l'édification de la politique du care entre normes législatives et services décentralisés. Une attention particulière est ensuite accordée aux évolutions récentes, induites par la loi d'égalité de 2007, sur le plan institutionnel aux niveaux central et local. Si, aujourd'hui, cette loi de 2007 et celle sur la dépendance de 2006 autorisent à dire que l'État social espagnol est « défamilialisé », cette qualification récente peut se révéler fragile à l'heure des politiques de restrictions budgétaires et d'un marché du travail tendu.Dealing with men-women equality issues in Spain (1975-2012). In Spain, at the very beginning of the democratic process, the question of gender relations and social protection was initially raised in terms of equal opportunities for men and women. This article retraces relevant multi-dimensional and multilevel developments in this respect, since the promulgation of the Constitution in 1978 up to the present day. More specifically, it highlights the dynamic processes at work in terms of integrating gender equality issues. The authors first describe the conditions under which these processes emerge and, subsequently, they focus on the construction of a care policy – between legislative norms and decentralised services. Particular attention is then devoted to recent institutional developments, induced by the Gender Equality Law enacted in 2007, at central and local levels. While today, this law as well as the 2006 Law on Dependency tend to show that the social state in Spain is “de-familised”, such recent developments may prove fragile in times of budget constraints and rising unemployment.`np pagenum="113"/b`np pagenum="114"/b
- Seconde partie de carrière, régime de retraite et inégalités de sexe : Le cas suisse - Magdalena Rosende, Céline Schoeni p. 130-147 Cet article propose de mettre en exergue les enjeux sexués de la seconde partie de carrière à partir du cas helvétique. Il prend en considération les logiques structurelles (protection sociale et évolution de l'emploi) qui facilitent ou entravent le maintien sur le marché du travail des personnes de 50 ans et plus. Resitué dans le contexte européen – et plus particulièrement français – d'incitation politique au vieillissement actif, l'examen de l'emploi et du système de retraite révèle l'effet de la division sexuelle du travail sur les trajectoires d'activité rémunérée des seniors. L'article montre que les réformes récentes du système de protection sociale contribuent à recomposer et à renforcer les inégalités de genre durant cette étape de la vie active.Second half of career, retirement schemes and gender inequalities. Drawing on the Swiss example, this article seeks to highlight gender issues involved in second halves of careers. It takes into account structural patterns (social protection and employment schemes) that may help persons over age 50 from remain on the labour market – or, conversely, jeopardise their efforts to do so. Examined in a European – and more specifically, French – context of political incentives designed to promote active ageing, employment patterns and retirement schemes reveal the impact of the sexual labour division on remunerated activity trajectories of seniors. The authors show that recent social protection reforms tend to recompose and reinforce gender inequalities within this active age group.`np pagenum="131"/b`np pagenum="132"/b
- L'entrée en dépendance des personnes âgées : quelle prise en charge pour quelles différenciations sociales et sexuées ? : Une comparaison France-Suède - Anne-Marie Daune-Richard, Ingrid Jönsson, Magnus Ring, Sophie Odena p. 148-168 L'article présente les résultats d'une recherche qui, comparant le soutien aux personnes âgées dépendantes en France et en Suède, examine les différenciations sociales et sexuées dans l'usage que font les individus des outils que leur offrent les politiques publiques. Après avoir décrit les systèmes de soutien aux personnes âgées, on présente les résultats d'une enquête qualitative. Sont ainsi examinées des trajectoires de prise en charge de la dépendance, depuis la manifestation de ses premiers signes jusqu'à sa reconnaissance institutionnelle par l'octroi d'une aide publique. Considérant l'entrée en dépendance comme un processus accompagné par des aides et des aidant(e)s relevant des sphères publique et privée, on interroge l'organisation de cet accompagnement : dans la trajectoire d'entrée en dépendance, qui fait quoi et à quel moment ? L'enquête met alors en évidence des différenciations et des inégalités de sexe et de classe nettement plus marquées en France qu'en Suède.When elderly persons become dependent : What type of care for what social and gender differences ? This article presents the results of research comparing the assistance provided to dependent elderly persons in France as well as in Sweden, and examines social and gender differences in how they use the tools offered to them by public policies. After describing support systems for the elderly, the authors present the results of a qualitative survey. Thus, they examine dependency long-term care trajectories, from initial symptoms to institutional recognition via the grant of public aid. Considering a person's “entry-into-dependence” as a process involving such aid and the intervention of “care givers” (belonging both to the private and public sectors), the authors question the organization of such assistance : in the “entry-into-dependence” trajectory, who does what, and when ? The survey subsequently highlights the fact that differentiations as well as gender and class inequalities are far more pronounced in France than in Sweden.
- Quelques réflexions sur le système de protection sociale et la question du genre aux États-Unis - Charlotte Muller p. 169-183
Regards sur la régulation de l'aide à domicile
- Présentation du dossier - Bénédicte Galtier, Marie Wierink p. 185-193
- Allocation personnalisée d'autonomie à domicile : quels restes à charge pour les bénéficiaires ? - Mélanie Bérardier p. 194-217 Le financement des besoins en matière de prise en charge de la dépendance des personnes âgées est réparti entre différents acteurs (l'État, l'assurance maladie, les collectivités locales, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie...). L'allocation personnalisée d'autonomie (APA) est une des aides publiques les plus importantes dans ce domaine. Le conseil général évalue les besoins d'aide de la personne à domicile et notifie un plan d'aide. Le montant total de l'aide ne peut pas dépasser un certain plafond, modulé en fonction du niveau de dépendance de la personne. Le conseil général finance une partie et l'autre partie est à la charge du bénéficiaire en fonction de ses ressources (ticket modérateur). Les besoins des personnes âgées sont donc connus à travers ces plans, mais pour les personnes dont les besoins excèdent les plafonds, l'ensemble des besoins et des dépenses n'est pas observable. C'est le cas d'un quart des personnes, cette proportion augmente avec le niveau de dépendance. Cet article propose de prolonger par une méthode économétrique les montants des plans au-delà des plafonds et ainsi d'estimer les dépenses et les restes à charge des personnes âgées : les montants moyens seraient en moyenne de 400 euros par mois pour les personnes les plus dépendantes alors que le ticket modérateur est actuellement de 170 euros en moyenne et de 100 euros pour les personnes les moins dépendantes alors que le ticket modérateur est de 60 euros. Dans trois cas sur quatre, le reste à charge simulé excède 60 % des ressources des bénéficiaires.The French ambient personalised autonomy allowance : What additional non-reimbursed fees for recipients ? In France, the financing of dependency care for elderly persons is distributed between different actors (the state, local communities, the National Solidarity Fund for Autonomy, etc.). The Ambient Personalised Autonomy Allowance (APA) is one of the major relevant assistance schemes. The General Council evaluates the needs of persons living at home and notifies an assistance plan. The total sum allocated cannot exceed a ceiling depending on his or her level of dependency and any additional fees (ticket modérateur) are paid by the recipient according to his or her resources. Hence, the needs of elderly persons are identified thanks to these plans but for those whose needs exceed the ceiling, overall needs and expenses cannot be observed. Such is the case with one fourth of them (the ratio increases with the level of dependency). The authors use an econometric approach to project the sums identified in the plans beyond the ceilings and to evaluate the expenses and additional fees paid by elderly patients : average amounts are estimated at 400 monthly Euros for the most dependent persons (while their ticket modérateur is 170 Euros) and 100 Euros for the least dependent (while their ticket modérateur is 60 Euros). In three cases out of four, this additional non-reimbursed fee exceeds 60 % of the recipient's resources.
- Tarification publique et normalisation des processus de production dans le secteur de l'aide à domicile pour les personnes âgées - Agnès Gramain, Jingyue Xing p. 218-243 Une enquête conduite dans six départements permet d'étudier la mise en œuvre de la tarification des services d'aide à domicile pour personnes âgées. À l'intérieur du cadre fixé par la loi, la pratique générale consiste à arrêter un tarif horaire de financement qui correspond à un coût de revient théorique calculé à partir des budgets prévisionnels déposés par les services d'aide, « redressés » par des normes locales portant sur le processus de production. Ces normes, plus ou moins explicites, concernent l'affectation des charges communes, la structure de la main-d'œuvre, l'organisation du temps de travail et les frais de déplacement. La tarification apparaît donc comme un outil de normalisation des processus de production par incitation budgétaire. Cependant, l'observation des pratiques révèle que ces normes s'appliquent avec une rigidité variable, témoignant à la fois de la difficulté, pour les tarificateurs, d'obtenir des informations leur permettant de fixer des normes pertinentes et du manque de légitimité de ces normes dans un contexte où les objectifs politiques potentiellement contradictoires, tels que la qualité des prestations et celle des emplois, ne sont pas clairement affichés par les différents pouvoirs publics.Public pricing and standardisation of production processes in home care services for elderly persons. A survey conducted in six French departments reveals pricing practices in home care services for old-age persons. Within the current legal framework, the general rule is to set an hourly financing rate corresponding to a theoretical total cost based on the draft budgets submitted by home care services “readjusted” according to local production process standards. Such standards, which are more or less explicit, apply to the allocation of common expenses, the structure of the labour force, the organisation of working time, and commuting expenses. Hence, pricing appears as a standardisation tool for production processes, via budgetary incentives. Nonetheless, such standards are applied more or less strictly. Indeed those who set rates have problems collecting information enabling them to define relevant standards. On the other hand, these standards suffer a lack a legitimacy in a context of potentially contradictory political objectives – such as quality of services versus quality of jobs –, all the more so as these objectives are not clearly stated by public authorities.`np pagenum="119"/b`np pagenum="220"/b
- Contraintes de temps et pénibilité du travail : les paradoxes de la professionnalisation dans l'aide à domicile - François-Xavier Devetter, Djamel Messaoudi, Nicolas Farvaque p. 244-268 L'enquête statistique menée en 2008 par la DREES auprès des intervenants à domicile permet d'analyser de manière précise les conditions de travail et les emplois du temps de ces salariés. Les constats déjà établis à partir d'enquêtes monographiques de durées de travail hebdomadaires et quotidiennes assez faibles sont confirmés. Mais il ressort également qu'elles sont associées à une emprise du travail importante. Accéder à un temps de travail effectif proche d'un temps complet s'accompagne ainsi de nombreuses pénibilités en termes de contraintes temporelles et de conditions de travail. La comparaison entre les différents modes d'intervention permet d'identifier les interactions à l'œuvre pour expliquer ce lien particulier entre la professionnalisation des emplois et les conditions de travail : les facteurs associés à une logique de professionnalisation (qualification, spécialisation auprès de personnes fragiles, ancienneté, etc.) apparaissent liés à des conditions de travail plus difficiles.Time constraints and difficult working conditions : paradoxes in the professionalisation of home care services. A statistical survey conducted in 2008 by DREES (French Directorate of Research, Studies, Evaluation and Statistics), targeting home support workers, allows for a precise analysis of their working conditions and time schedules. Relevant assessments previously drawn from monographic surveys revealing rather low working hours are confirmed. Hence, when these workers access quasi full-time jobs they experience many difficulties in terms of temporal constraints and working conditions. By comparing different forms of intervention, it is possible to identify interactions liable to explain the specific link between the professionalisation of these jobs and their strenuous working conditions : factors associated with professional streamlining (qualification requirements, specialisation with vulnerable persons, seniority, etc.) clearly appear related to increasingly difficult working conditions.`np pagenum="245"/b`np pagenum="246"/b
- La régulation de l'aide à domicile : un point de vue de santé publique - Jean-Claude Henrard, Michel Naiditch p. 269-274
Notes de lecture critiques
- Notes de lecture critiques - p. 275-284