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Revue | Géoéconomie |
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Numéro | no 70, mai-juin-juillet 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Pascal Lorot p. 5-6
Apartés
- La diplomatie économique, « nouvelle frontière » de la politique française - Jean-Louis Carrère p. 9-22 Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour gagner la bataille de l'emploi ; la diplomatie doit naturellement être mise au service de ce combat, qui se mène à l'intérieur comme à l'extérieur. La mondialisation n'est pas qu'une machine à détruire l'emploi industriel et à favoriser le « dumping » environnemental et social. Avec la montée de classes moyennes de plus en plus nombreuses en Asie et en Afrique, les entreprises françaises ont beaucoup d'atouts à faire valoir. À nous de conquérir ces marchés et défendre nos intérêts, en exigeant la réciprocité. L'Europe ouverte, oui, l'Europe offerte, non ! La priorité à l'économie fait aujourd'hui consensus en France. Pour autant, l'économie ne saurait être le seul horizon de notre diplomatie. La France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, porte une parole qui dépasse le cercle strict de ses intérêts propres. La diplomatie française se détermine sur des critères politiques, au sens le plus noble du terme. Notre offre économique peut, à l'inverse, servir nos objectifs diplomatiques - pour promouvoir une croissance plus verte par exemple. Mais sans développement économique, les fondements mêmes de notre puissance seraient fragilisés à terme. L'enjeu économique est donc aussi un enjeu de puissance et d'influence.The Government is armed and ready to win the employment battle, and diplomacy is a key weapon in its arsenal, both at home and abroad. Globalisation is more than simply a machine that annihilates industrial employment and encourages environment and social “dumping”. With a burgeoning middle class in Asia and Africa, French companies must deploy their assets in a bid to seize the opportunities that this trend presents. It is up to us to conquer these new markets and protect our own interests, and to demand the same in return. Yes to a Europe that's open, but not one that is free ! A consensus has emerged in France, under which the economy is the top priority. Yet the economy cannot be the sole objective of our diplomatic e orts. As a permanent member of the United Nations Security Council, France has influence that goes beyond the narrow scope of its own interests. French diplomacy is founded on political principles, in the noblest sense of the term. e strength of our economy can help to serve our diplomatic objectives, such as the promotion of “greener” growth. Yet without economic growth, the very foundations of our power will become weakened over time. By placing the economy at the centre of our priorities, we are able to consolidate our power and influence.
- La coopération agricole : produisons l'avenir - Philippe Mangin p. 23-37 L'agriculture et l'alimentation se trouvent au cœur de reconfigurations géostratégiques profondes avec des perspectives de croissance importantes du fait de l'accroissement de la population mondiale et de l'explosion de la demande alimentaire qui en découle. Les 2 800 coopératives agricoles, leurs 300 000 adhérents et leur 160 000 salariés, soit 40 % de l'agroalimentaire en France, avec 84,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013, veulent s'inscrire dans cette dynamique. Leur modèle entrepreneurial leur confère de nombreux atouts pour construire des filières fortes afin de faire face à la distribution, gérer la volatilité des prix, compenser des politiques publiques de moins en moins régulatrices et répondre aux attentes sociétales. Pour être mieux connues et reconnues, les entreprises coopératives ont lancé une campagne de communication, « la coopération agricole : produisons l'avenir ».The agriculture and the food are in the heart of deep geostrategic changes with important perspectives of growth because of the increase of the world population and the explosion of the food demand. 2 800 agricultural cooperatives, their 300 000 members and 160 000 employees, with 84,4 billion of turnover in 2013 that is 40 % of the food industry in France, want to join this dynamics. Their business model confers them numerous assets to build strong food industry to face the distribution, manage the volatility of the prices, compensate for less and less regulating public policies and answer the expectations of society. To be better known and recognized, the cooperative companies have launched an advertising campaign, “the agricultural cooperation : let us produce the future”.
- L'île de la Réunion et les enjeux de l'émancipation - Didier Robert, Didier Lucas p. 39-51
- La pensée « Maginot » - Alain Boublil p. 57-68 La France a peur de la mondialisation alors qu'elle dispose de tous les atouts pour en bénéficier. Pire, certains imaginent que la solution serait l'isolement, le protectionnisme, la dévaluation ou la sortie de l'euro. Ils voient dans les Français qui s'expatrient, quelque en soit le motif, une atteinte aux « forces vives » de la France. C'est le retour de la « pensée Maginot », comme cette « ligne » qui devait nous protéger contre une invasion allemande, qui se révéla inefficace et qui fut la cause de la pire défaite de l'armée française. Le protectionnisme aboutirait à un résultat désastreux : perte d'emplois dans les secteurs exportateurs, hausse des coûts et baisse de la qualité nos propres productions. La sortie de l'euro, provoquerait une remontée des taux d'intérêt et nous obligerait à rembourser notre dette extérieure au prix fort. Quant à nos ingénieurs qui sont présents sur des chantiers de par le monde ou à nos cadres qui exercent des responsabilités dans les plus grandes entreprises mondiales, leur présence à l'étranger ne constitue pas une perte pour notre pays, comme le pensent les nostalgiques de la ligne Maginot, mais une contribution essentielle au rayonnement international de la France.France is afraid of globalization even hough it has all the resources to take advantage of it. The worst is that some people imagine isolation as a solution, through protectionism, devaluation and even an exit from the eurozone. They consider expatriation as a weakening factor for the country. “Maginot way of thinking” is back and as wrong as the idea that this fortification line would protect the country from German invasion and which was at the origin of the defeat of the French Army in 1940. Protectionism would cause huge economic damages: job losses in the export sector, costs rises and a drop in the quality of our products. Exit from eurozone would provoke interest rate rise and would force France to reimburse its external debt at a higher cost. Regarding our engineers, who work on public works projects all around the world and our managers who occupy high functions in major international companies, the fact that they left France to fulfill their professional obligations is not a loss for France, as Maginot line nostalgic persons believe, but an essential contribution to France international prestige.
- La diplomatie économique, « nouvelle frontière » de la politique française - Jean-Louis Carrère p. 9-22
Village global
- Afrique : le grand réveil - Christian Gambotti p. 71-84 Le grand réveil de l'Afrique est une évidence. La première indépendance que connaît l'Afrique, celle des années 1960, est une indépendance politique, certes nécessaire, mais insuffisante. L'entrée dans le XXIè siècle marque pour la plupart des 54 pays africains le début d'une deuxième vie, fondée sur l'indépendance économique. Mais, l'Afrique est un continent de 54 nations, avec 54 situations particulières. Les matières premières participent, de façon prépondérante, au grand réveil de l'Afrique. Il est alors nécesaire de sortir de la malédiction des matières premières en créant une industrie locale de transformation. En 2014, les investissements étrangers en Afrique vont battre des records et devenir, avec 80 milliards de dollars, la première source d'apports financiers extérieurs. Nouveau moteur de la croissance mondiale, l'Afrique possède des ressources naturelles, ses propres besoins sont colossaux et les progrès accomplis en matière de gouvernance politique sont réels.The big awakening of Africa is an evidence. The first independence that Africa has known, in 1960, is an political independence, admittedly an independance but still insufficient. The beginning of the 21st century mark for most of the 54 African countries the start of a second life, based on economical independence. But, Africa is a continent of 54 nations, therefore there are 54 specific situations. The raw materials participate, in a prominent way, to the big awakening of Africa. So it is necessary for Africa to come out of the raw materials curse by creating a local industry of transformation. In 2014, the foreign investments in Africa are in fact going to break the record and become, with 80 billion dollars, the first source of financial contribution. The new key driver of an economic growth, Africa possess natural resources, its own needs are enormous, the accomplished progress in terms of political governance are real.
- L'agriculture et les filières du café et du cacao : une ambition pour le Gabon - Léon-Paul N'Goulakia p. 85-94 Le Gabon s'est longtemps contenté de vivre au rythme d'une économie de la rente que lui procuraient le pétrole, les mines ou les forêts. La diversification de l'économie gabonaise est devenue une nécessité pour répondre au dé de l'après-pétrole. Or, le Gabon importe aujourd'hui 85 % de ses besoins alimentaires et 95 % de sa consommation de viande. Un « retour à la terre », à travers une véritable révolution agricole, s'impose. L'ambition est alors de donner au Gabon toute sa place dans l'industrie mondiale du café et du cacao en réhabilitant d'anciennes plantations et en en créant de nouvelles. Il est important de faciliter, dans ces filières, l'éclosion d'une industrie locale de transformation. La vision productive nouvelle qui caractérise les filières du café et du cacao ne peut être dissociée d'une vision sociale avec un impact réel sur la création d'emplois et l'augmentation des revenus, donc sur la réduction de la pauvreté.For a long time, Gabon contented itself with living at the pace of a rent-based economy depending on oil, mines and forests. The diversification of the Gabonese economy has become afinecessity to answer to the challenge of post-petroleum age. Indeed, Gabon imports today 82% of its food needs and 95% of its meat consumption. A «going back to land», through an actual agriculture revolution, is necessary. The ambition is therefore to give to Gabon its place in the global industry of coffee and cocoa by restoring old plantations and by creating new ones. It is important to facilitate, in those fields, the blooming of a local industry of transformation. The productive vision that characterize the fields of coffee and cocoa can't be separated from a social vision which will have a real impact on the creation of jobs and income increase, and therefore poverty reduction.
- L'emprise de Moscou sur la République de Moldavie : état des lieux - Nicolas Trifon p. 95-110 Ni l'héritage soviétique en matière de frontières, la question des minorités, pas plus que les pressions et les chantages ne sauraient expliquer la dépendance de la République de Moldavie à l'égard de Moscou. Le voisin russe conserve encore un pouvoir d'attraction trop souvent sous-estimé. Aussi la Fédération de Russie a-t-elle le pouvoir de bloquer le rapprochement en cours de la République de Moldavie avec l'Union européenne sans que l'Union eurasiatique fasse pour autant figure d'alternative satisfaisante à moyen ou long terme.The Republic of Moldova's dependence on Moscow cannot be explained solely by the Soviet legacy of frontiers, nor by the issue of minorities, nor even by political pressure and blackmail. The Russian neighbour's power of attraction is still too often underestimated. This is why the Russian Federation has the power of impeding the current endeavours of the Republic of Moldova to draw closer to the European Union, while the Eurasian Union is far from being a satisfactory alternative in the medium or long term.
- L'Amérique à l'heure du MacCarthisme technologique - Robin Rivaton p. 115-130 Avec un taux de chômage élevé et une croissance faible du marché du travail, le néo-luddisme a prospéré aux États-Unis. Les gains de productivité engendrés par l'automatisation croissante est la cause des problèmes d'emploi et de la montée des inégalités. L'accélération du progrès technologique ne fera que renforcer ces tendances négatives.With U.
S. unemployment remaining stubbornly high and job growth anemic, a neo-Luddite narrative has taken hold. According to this line of thinking, high productivity driven by increasingly powerful IT-enabled machines is the cause of U.S. labor market problems and the rise of income inequalities. Accelerating technological change will only make those problems worse.
- Afrique : le grand réveil - Christian Gambotti p. 71-84
Horizons
- Investir en France : faits, enjeux, et perspectives - Pascal Faure p. 133-146 La mondialisation met en concurrence forte les territoires pour attirer les investissements et les compétences les plus porteuses de création de valeur et d'emplois. L'article décrit des tendances actuelles et trace des perspectives longues, à l'échelle mondiale, européenne, française. Il décrit les dispositions prises jusqu'en 2013 en faveur de l'attractivité du territoire français, et le tournant pris depuis par le pacte de responsabilité et l'amorce de la réduction des charges et de la complexité administrative, ainsi que de la réingénierie des services publics nationaux et locaux. Il décrit ensuite des dispositions prises en faveur de la croissance endogène des entreprises en France.Globalization induces sharp competition between territories and policies to attract investments and skills devoted to value and job creation. The paper analyses current trends and long term perspectives, at worldwide, European, and French level. It describes the policies devoted to improve France's attractiveness for investments until 2013, and the turning point of the new French government to alleviate the tax burdens through the “pacte de responsabilité”, to simplify regulations, and to foster a reengineering of public services both at national and local levels. Last, it describes policies devoted to endogenous growth of firms in France.
- 1994-2014 : quelle organisation de l'intelligence économique d'entreprise en France ? - Didier Lucas, Nicolas Moinet p. 147-158 L'intelligence économique française fête cette année son vingtième anniversaire officiel. Depuis 1994 et la sortie du rapport Martre, les pratiques se sont diffusées et ont évoluées. Après avoir donné un panorama historique de l'organisation de l'intelligence économique dans les entreprises française, il apparaît intéressant de les caractériser selon trois types : « dynamique intégrée », « pratiques isolées » et « fonctions disséminées ». Cette typologie permet de mieux appréhender cette dynamique au sein des organisations et d'insister sur les deux maillons faibles généralement rencontrés : l'analyse et le management des connaissances.French competitive intelligence is officially celebrating its 20th birthday this year. Since 1994, and the publication of the Marte report, practices have evolved and spread. After reviewing the history of competitive intelligence and its organisation in French firms, it seems interesting to characterise them according to three types: “integrated dynamic”, “isolated practices”, and “disseminated functions”. is typology allows a better understanding of this dynamic within organisations, and underline two weak links that can generally be encountered: analysis and knowledge management.
- La nouvelle ère industrielle : une opportunité pour la France - Max Blanchet p. 159-173 Pour sortir de la crise, la France a soudainement découvert ne pouvoir plus compter sur son industrie. Une industrie que nos voisins - dont l'Allemagne - ont conservé. Une industrie qui seule permettra à notre économie d'exporter, de créer des emplois qualifiés, de réduire les déficits et de rétablir la croissance, et de sortir enfin de la spirale de déclin qui menace notre pays. Serait-ce déjà trop tard ? Non, il est permis d'être optimiste : au-delà des forces bien connues de la France, certains signaux faibles se font jour, parmi lesquels une prise de conscience partagée du besoin de faire quelque chose pour l'industrie française. L'ambition de ce propos est d'ouvrir la voie à une nouvelle conquête industrielle, sans chercher à importer un “modèle” idéal.In overcoming the economic crisis, France has suddenly realized it can no longer rely on its industry. An industry that our neighbors — including Germany — have preserved. An industry that will alone enable our economy to export, create qualified jobs, reduce deficits and restore growth, and finally emerge from the spiral of decline looming ahead of our country. Could it already be too late? No, there is room for optimism: beyond the well-known strengths of France, some low signals can now be perceived, amongst which a shared awareness of the urge to do something for the French industry. The goal of this paper is to pave the way towards a new industrial conquest, without trying to simply import an ideal “model”.
- Pour une géoéconomie de l'information - Pascal Junghans p. 179-193 Internet devient un sixième continent où le seul bien produit est l'information. Les données que chacun produit - quelques 35 000 exabytes en 2020, soit l'équivalent de 9 000 milliards de DVD - en visitant des sites se transforment en une ressource de première importance. Elle est susceptible d'une analyse géoéconomique reposant sur trois piliers. D'abord, l'analyse des pouvoirs. Ils basculent peu à peu vers un monde multipolaire. Ensuite, la mise en évidence d'une nouvelle économie qui, à partir de l'analyse des données, permet de mieux cibler ses clients, de mieux investir, de mieux enseigner. Enfin, le temps long. Il permet de tracer l'histoire de cette nouvelle économie qui repose sur des structures anciennes notamment psychologiques. C'est dans ces fondamentaux qu'il faut chercher le devenir de l'économie de l'information.Internet becomes the sixth continent where the information is the only good produced. The data which each produces by visiting sites – 35 000 exabytes more or less in 2020, that is the equivalent of 9 000 billion DVDs – are transformed into a resource of first importance. A geoeconomic approach, based on three points, may draw a future. First, the powers. They fall over little by little towards a multipolar world. Then, the new economy which, from the data analysis, allows to target better the customers, to invest and teach better. And, finally, the long time. He allows to draw the history of this new economy which is rested on old structures, in particular psychological. It is in these fundamental that it is necessary to look for the future of the economy of the information.
- Investir en France : faits, enjeux, et perspectives - Pascal Faure p. 133-146
Lu
- Lu - p. 197-219