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Dans un de nos précédents numéros, nous écrivions : « Le monde est en quête d'un langage commun fait de signes pouvant être compris vite et bien. » Cette recherche se poursuit activement, et dans nombre de pays, sous l'égide de l'Icograda (International Conseil of Graphie Design : Association ou Comité international des Associations d'Art graphique). L'article de Margaret Mead que nous publions ci-dessous aborde la question sous son aspect théorique. Sur quels fondements peut-on s'appuyer, et l'anthropologie nous guide, pour qu'un glyphe possède une suffisante généralité ainsi qu'un sens sans ambiguïté, qui le rendent compréhensible en tous pays et dans une marge suffisamment large de durée ? Margaret Mead se fonde ici sur ses travaux et son expérience d'anthropologue. Rappelons que, pour elle, l'évolution des sociétés et le développement des individus reposent sur les phénomènes de culture et d'éducation.

L'étude des processus de création est à l'ordre du jour ; on propose même, pour la qualifier, un terme nouveau : la créatique. L'électronique ne peut naturellement pas rester en dehors de ce mouvement. Pierre Demarne, conseiller scientifique à la compagnie I.B.M. France, expose ici les principes généraux de la création par ordinateur. En fait, cette recherche n'en est encore, relativement, qu'à ses débuts. On peut imaginer que l'ordinateur jouera un rôle décisif dans tout acte créateur futur. On peut aussi prétendre qu'il ne pourra remplir que les tâches matérielles de cet acte créateur, laissant à l'homme la véritable invention. On peut enfin croire que l'ordinateur sera capable de création au sens strict du terme, qu'il pourra trouver entre les éléments qui lui seront fournis des rapports nouveaux ou des séries de combinaisons nouvelles plus subtiles que celles qu'il peut établir actuellement, ou encore fondées sur des données qu'il se serait lui-même choisies. Il laisserait alors à l'homme le seul soin de les trier, de les juger, de les utiliser. Mais est-il possible et souhaitable d'aller plus loin encore ?

Les pages qui suivent sont extraites d'un ouvrage d'Abraham Moles, « Art et ordinateur », qui paraîtra avant la fin de l'année. Nous avons déjà, dans des numéros précédents, parlé de la création artistique par ordinateur. Mais ce chapitre se place dans une perspective plus générale. Sans entrer dans le domaine de tel ou tel art en particulier, il envisage les conditions générales de la création artistique par le moyen de la cybernétique, quel qu'en soit le champ d'application. Il renouvelle ainsi la notion même d'esthétique, envisage le rôle nouveau qu'elle pourrait être appelée à jouer.

« Pour inventer, il faut penser à côté » (Paul Souriau). Deux tendances s'affrontent dans l'histoire de la pédagogie : les uns veulent inculquer des connaissances ; les autres cherchent plutôt à former l'esprit. L'ouvrage récent de Michel Demarest et Marc Druel, intitulé « la Créatique », porte en sous-titre : « psychopédagogie de l'invention », et il appartient manifestement à la deuxième tendance. La créatique n'est-elle qu'un mot nouveau, ou est-ce bien une discipline originale adaptée aux besoins du monde à venir ? C'est ce que Louis Quesnel analyse ici.

Les méthodes audio-visuelles dans l'enseignement constituent, à quelques exceptions près, un fait acquis. Elles n'ont pas à être défendues ou vantées, d'ailleurs elles sont à la mode. Mais, dans notre pays, elles sont aussi en retard. C'est ce qui ressort d'un congrès qui s'est tenu en Hongrie, pour tous les pays de l'Est, et où des observateurs de l'Ouest avaient été invités. L'auteur de cet article, H . Cormary, inspecteur d'académie, chef du département des moyens d'enseignement à l'Institut pédagogique national, l'a constaté et nous l'explique sans réticences. Au-delà du « rideau de fer », les moyens que l'audio-visuel offre à l'enseignement sont utilisés systématiquement et sur une grande échelle. Et si certains emplois de cette méthode sont sinon contestables, du moins peu adaptables à notre pays, il convient néanmoins de souligner qu'en face des réalisations de l'Europe centrale, nous semblons n'en être, nous, qu'au stade de l'expérimentation.

Le siège d'une grande rencontre internationale comme les jeux Olympiques est un lieu privilégié pour l'expérimentation de signes et de symboles pratiques tendant à une valeur universelle. C'est à Tokio, en 1964, qu'on se servit pour la première fois d'un ensemble de pictogrammes destinés à guider aussi bien les athlètes participant aux épreuves que les assistants ou les touristes. Le même système (et les mêmes signes, à peu de chose près) fut reprisa Mexico. Il est de nouveau à l'étude pour servir, après d'importantes modifications et de notables améliorations, aux jeux Olympiques de Munich en 1972. Nous faisons ici le point des travaux en cours en présentant à la fois le sens des recherches et les résultats déjà obtenus.

Dans un numéro précédent, Gabriel Veraldi commentait la question troublante posée, dès 1953, par T. M. Higham : la Communication est- elle une vache sacrée ? ou, autrement dit, une pseudo-discipline inventée par les psychologues, sociologues, etc., produits en surnombre depuis un demi-siècle ? Tout en écartant cette hypothèse insuffisante, il soutenait néanmoins que la Communication avait pris une allure peu scientifique de panacée, de solution universelle à l'ensemble des problèmes de civilisation. Plus, même : le développement d'une Communication « généralisée, multilatérale, écrite et orale » serait un objectif généreux, peut-être, mais en contradiction avec les exigences de la biologie humaine et globale. L'article ayant suscité des réactions diverses, nous avons demandé à l'auteur de préciser son point de vue.

II semble que commence à s'accomplir pour McLuhan un phénomène courant et qui affecte de nombreux philosophes Platon, Hegel, Marx... On en parle sans les avoir lus et l'on se réfère d'autant plus à eux qu'on les connaît moins. L'auteur n'est donc plus un sujet de réflexion, mais l'objet d'une mode : sa position devient fragile. Après une période d'autorité quasi incontestée, voici donc McLuhan sinon tout à fait mis en doute, mais déjà suspecté. Sera-t-il « tout mauvais » après avoir été « tout bon »? Il nous a semblé nécessaire, ne serait-ce que pour nous, de faire une sorte de mise au point, à la fois de l'œuvre de McLuhan et de ce qui semble être aujourd'hui son influence réelle : aujourd'hui, sans préjuger de ce qu'elle pourrait être demain. Nous ne prétendons pas faire une mise au point définitive, mais prendre, en quelque sorte, leur mesure, ici et maintenant.

Le texte que nous donnons ci-dessous reprend l'essentiel d'un cours télévisé proposé par M. Jean Cloutier, directeur du Centre audio-visuel de l'université de Montréal. Son sujet, l'« audio-scripto-visuel », constitue une analyse des chances de l'écrit à l'ère de la télévision et, plus exactement, examine la façon dont le texte s'est peu à peu visualisé sous l'influence des nouveaux environnements nés du monde moderne, et notamment la télévision. Il a donné lieu à l'un des plus brillants exposés de la Semaine graphique de Lurs d'août 1970.

« Les émissions de radio qui ont été les plus marquantes n'ont pas toujours été des succès de public », dit Michel Lancelot. Et, sans doute aussi, les émissions les plus suivies n'ont-elles pas toujours été les plus significatives. Mais il semble que, depuis un an ou deux peut-être, les plus grands succès en matière de radio soient aussi les meilleures émissions, dans le sens où ce sont celles qui font le moins de concessions pour élargir leur public. C'est aussi ce que déclarait en substance Jean Farran. Nous avons donné la parole à Michel Lancelot pour qu'il explique « Campus », émission qui a eu, sur Europe n° 1 , une moyenne d'écoute d'un million deux cent mille auditeurs, et qui, lors de « Campus spéciaux » tels que celui sur la peine de mort et qui, lors de « Campus spéciaux » tels que celui sur la peine de mort et celui de Martin Luther King, a atteint sept millions huit cent mille auditeurs. A propos de son émission, Michel Lancelot nous dit ses conceptions d'une radio moderne. Cet article était déjà en pages lorsque nous avons appris que Michel Lancelot, à la mort de Lucien Morisse, avait décidé de ne plus animer Campus. Ses propos n'en prennent que plus de relief.

En 1836, Emile de Girardin, en lançant son journal « la Presse », inventait la presse moderne. Prix de vente peu élevé (cela a changé), roman-feuilleton (la formule a évolué) et petites annonces. Ces dernières n'ont fait que se développer : la place qu'elles occupent aujourd'hui, et surtout dans les quotidiens, est privilégiée : elles assurent entre 50 et 60 % des recettes publicitaires et drainent une fraction non négligeable de lecteurs. Mais elles assurent une autre fonction, qui, pour être moins apparente, n'en est pas moins réelle : elles sont la source la plus sûre et la plus souple de l'information économique intérieure. Sur ce sujet, voici le compte rendu d'un entretien enregistré que nous avons eu avec André Giraud, directeur général des Petites Annonces à Régie-Presse, et Monique Bercault, attachée à la direction de la Promotion à Régie- Presse.

II y a quinze ans, la publicité découvrait la possibilité de publier des pages entières de reportages et de nouvelles se confondant avec le corps du journal pour donner plus de force et de crédit au message de l'annonceur. C'était l'innovation des « informations industrielles » dont Geo-Ch. Véran donna l'exemple en réalisant, pour le Bazarde l'Hôtel-de-Ville, ses premières pages de publicité rédactionnelle. Ancien journaliste, Véran avait étudié aux États-Unis cette technique de l'information publicitaire que les Américains nomment la « publicity » et il l'introduisait en France en créant la première Agence de Relations publiques cherchant ouvertement à intéresser les journaux à la vie des entreprises. Aujourd'hui, une nouvelle orientation se manifeste dans les recherches du marketing et elle conduit les activités commerciales et industrielles à dépasser l'information pour aborder l'enseignement. La production va-t-elle affirmer cette tendance vers la « publicité éducative » pour accroître et développer les satisfactions du consommateur ? C'est ce que suggère cet article où, par ailleurs, on voit se manifester l'existence de ce « secteur quaternaire » qu'annonçaient les économistes et qui n'a pas tardé, sous la poussée des ordinateurs, à devenir une réalité.