Contenu du sommaire
Revue | Etudes anglaises |
---|---|
Numéro | Volume 67, Juillet-septembre 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- This wyde world, which that men seye is round : Movement and Meaning in The Franklin's Tale - Marie-Françoise Alamichel p. 259-273 Le Franklin annonce que son conte est un lai, c'est-à-dire une ballade accompagnée de musique dont l'action se passe en Bretagne. Chaucer montre que la mutabilité et le déséquilibre régissent le monde. Le conte repose, en effet, sur des métaphores structurelles de mouvement. La première est celle du balancier, de déplacements contraires tels que l'aller et le retour, le haut et le bas, le plan large et le gros plan, le proche et le lointain. La seconde est celle du mouvement circulaire : rondes dansées, chaînes, roue de la Fortune, course des astres. Comment contrecarrer ces forces, aller de l'avant, progresser ? Les personnages du conte ne savent nullement suivre une ligne droite. Un lai implique une quête familiale et sociale. Par conséquent The Franklin's Tale n'est pas un lai : il n'y a ni héros ni héroïne, les relations familiales n'y jouent aucun rôle, il n'y a pas de voyage initiatique puisque rien n'est à découvrir : tout s'oppose et tout tourne en rond. Si le Franklin affirme que son conte est un lai, le lecteur peut affirmer le contraire.The Franklin defines his tale as a lay as it is a rhyming ballad accompanied by music. Its plot takes place in Brittany. The tale is based on two metaphors of movement. The first is a motion, that of the constant swing of a pendulum moving in opposite directions as well as up and down, contrasting wide angle shots with close-ups. The second is that of the circle: carols, chains, wheel of fortune, phases of the moon. Because the characters seem incapable of advancing in a straight line, the question arises of whether it is really possible to move forward and to steadily make one's way. It is difficult to state who the hero or the heroine is, and the characters oscillate to and fro, go round in circles, never set off on a long and straight path on some self examination or in search of family relations. Though the Franklin asserts his story is a lay, the pendulum swings the other way with the reader asserting it is not one.
- More flies in amber or, of Topicalities, Dictionaries and Poetics in Love's Labour's Lost - Gisèle Venet p. 274-289 Il n'y aucune preuve matérielle qu'une « école de la nuit » comme « l'academia de los Nocturnos » à Valence, active de 1591 à 1594, ou que le dictionnaire Beehive de Baret (1580) dont un exemplaire, annoté peut-être de la main de Shakespeare, a été récemment acquis par deux antiquaires (2014), aient eu quelque incidence sur l'écriture de Peines d'amour perdues et soient autre chose que « des mouches prises dans l'ambre ». Pourtant la poétique qui sous-tend l'éloge de la « dame brune » ou la satire du pédantisme ou des lettrés grâce aux mots des dictionnaires montre que l'esthétique maniériste de la pièce appartient à la même sphère d'influence. Berowne pourrait dire : « Nous sommes tous des Nocturnos ».There is no “ocular proof” that either a “school of night,” the “academia de los Nocturnos,” active in Spain from 1591 to 1594, or a dictionary, Baret's Beehive (1580), with annotations that could have been Shakespeare's in a copy recently bought by two American antiquarians (2014), have any direct relevance with the writing of Love's Labour's Lost and could be more than “flies in its amber.” Yet the poetics underlying the praise of the “dark lady” or the satire of pedantry and literacy relying on words fresh from dictionaries do prove that the Mannerist poetics of the play belong to the same sphere. Berowne could have said: “We are all Nocturnos.”
- False impression[s] : Writing in The Importance of Being Earnest - Alexandra Poulain p. 290-301 Cet article s'intéresse aux textes qui prolifèrent dans The Importance of Being Earnest et font rebondir l'intrigue, et montre que le traitement dramaturgique de l'écriture est au cœur des préoccupations esthétiques et politiques de la pièce. Les nombreux documents écrits qui interviennent dans Earnest sont impuissants à remplir la fonction qui leur est communément attribuée, celle d'authentifier la réalité. Au contraire, la pièce suggère que l'écriture est première, et que c'est elle qui crée la réalité. L'écriture est ainsi dotée d'une puissance subversive, et potentiellement émancipatrice. Il n'est donc guère surprenant que Jack, qui n'a pas de parents connus et qui crée lui-même son identité en l'écrivant, s'attire les foudres de Lady Bracknell, qui se tient à la place du Père absent et incarne la Loi. On suggérera cependant qu'en dépit du conservatisme qu'elle affiche, son discours repose sur une série d'ambiguïtés qui tout à la fois invalident et, subrepticement, réhabilitent le pouvoir de l'écriture et le processus d'auto-création qu'elle rend possible, et font une place au désir d'affranchissement des jeunes protagonistes à l'intérieur des structures rigides de la société victorienne.This article looks at the proliferation of texts which sustain the action in The Importance of Being Earnest, and argues that Wilde's dramatic style of writing is central to both the play's aesthetics and politics. The many written texts in Earnest fail to perform their commonly assigned function of documenting reality. Rather, the play suggests that writing comes first and creates—or, to use Wilde's preferred equivocal term, “produces”—reality. Writing is thus implicitly endowed with a subversive, potentially emancipatory power. Unsurprisingly, Jack, who lacks a known parentage and writes himself into existence, attracts the ire of Lady Bracknell, who stands in the place of the absent Father and embodies the Law. This paper suggests, however, that for all her averred conservatism, her discourse nourishes a double entendre which both disqualifies and, covertly, rehabilitates the power of writing and the practice of self-fictionalising, by accommodating the libertarian impulses of the young protagonists within the rigid structures of Victorian society.
- the other side of dailiness : Alice Munro's Melding of Realism and Romance in Dance of the Happy Shades - Marta Dvorak p. 302-317 Cet essai montre la compression de deux modes esthétiques antinomiques dans l'œuvre d'Alice Munro. Il traite des stratégies par lesquelles l'auteur fond réalisme littéraire et la tradition du roman médiéval, en interrogeant la manière avec laquelle l'écrivaine force le gothique et le grotesque à s'insérer dans les codes du réalisme, également violenté. Il est démontré que ce bricolage postmoderne soutenu par un dialogue avec des pré-textes adhère au mode transnational de réalisme mythique par lequel il prend sens.I address Alice Munro's compression of two antithetical aesthetic modes, notably the strategies allowing the author to merge literary realism and the ancient romance. Engaging with her wrenching of the Gothic and the grotesque into the parameters of the equally wrenched realist tradition, I demonstrate that her postmodern bricolage buttressed by gestures of affiliation to pre-texts participates in and is illuminated by the transnational mode of mythic realism.
- Le village chaosmique d'Alice Munro - Héliane Ventura p. 318-331 Cet article se concentre sur trois nouvelles d'Alice Munro publiées en 2004, « The Juliet Trilogy », dans le volume intitulé Runaway pour explorer les modifications, tant formelles que conceptuelles, que subit le récit villageois britannique du XIXe siècle lorsqu'il est reterritorialisé sur le sol canadien à l'époque contemporaine et simultanément déterritorialisé par sa comparaison au monde antique et romantique. Par l'élucidation des références picturales, littéraires et cinématographiques qui parcourent la trilogie et par l'analyse de la relation qu'elles entretiennent avec les nouvelles, il s'agira de mettre en lumière les passages transcodés d'un milieu à un autre, les communications de milieux et les coordinations d'espaces-temps hétérogènes qui caractérisent ce conte du XXIe siècle. L'élargissement du noyau de référence sera envisagé comme instaurant un rythme-chaos ou « chaosmos », néologisme emprunté à Joyce que Deleuze et Guattari dans Mille Plateaux associent à une dynamique de devenir, de rencontre et de brouillage de frontières. La démonstration portera sur la réversibilité ambivalente des pôles dysphoriques et euphoriques entre lesquels le village chaosmique se déploie.This article focuses on three short stories by Alice Munro published in 2004, “The Juliet Trilogy”, to explore the transformations that the nineteenth-century British village story undergoes when it is reterritorialized on Canadian ground in contemporary times and simultaneously deterritorialized through comparison with the world of the Antiquity and the Romantic period. Through the elucidation of pictorial, literary, and cinematographic references, and through the examination of the relationship between texts and images, it purports to highlight the transcoded passages from one plane to another, the communication between planes, and the coordination of heterogeneous chronotopes which characterize this twenty-first-century tale. The aggrandizement of the original kernel will be contemplated as inaugurating the rhythm of chaos or “chaosmos,” a neologism originally coined by Joyce and founded, according to Deleuze and Guattari in A Thousand Plateaus, upon dynamics of becoming, of encountering and of erasing limits. The demonstration hinges upon the ambivalent reversibility of the euphoric and dysphoric poles between which the chaosmic village is deployed.
- A United Kingdom Ireland, the Union, and Government Responses to the Great Famine - Christophe Gillissen p. 332-347 L'Union entre la Grande-Bretagne et l'Irlande, votée en 1800, ne prit jamais véritablement racine en Irlande, dont la réalité sociale était difficile à réconcilier avec le caractère protestant et impérial du Royaume-Uni. La politique menée par le gouvernement pendant la Grande famine de 1845-1851 contribua de manière significative à saper la légitimité de l'Etat britannique en Irlande. En effet, à quelques exceptions près, les ministres britanniques refusèrent d'étendre le principe de la solidarité nationale à l'île voisine, estimant que la catastrophe était avant tout un enjeu régional, dont les Irlandais étaient seuls responsables. Du point de vue irlandais, cette attitude fut perçue comme une rupture du contrat de 1800, ouvrant la voie à la fin de l'Union quelques décennies plus tard.The 1800 Act of Union failed to take root in Ireland, where social realities were difficult to reconcile with the Protestant, imperial nature of the United Kingdom. Government relief measures during the Great Famine of 1845-51 played a significant part in the British State's loss of legitimacy in Ireland: with the exception of Robert Peel, British ministers refused to apply the principle of national solidarity to the neighbouring island, considering that the catastrophe was a regional issue for which only the Irish were responsible. That was widely perceived in Ireland as a breach of the 1800 contract, thus paving the way towards the end of the Union a few decades later.
- This wyde world, which that men seye is round : Movement and Meaning in The Franklin's Tale - Marie-Françoise Alamichel p. 259-273
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 348-380
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 381-382