Contenu du sommaire : Maternités
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 21, 2005 |
Titre du numéro | Maternités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Françoise Thébaud p. 9-16
- Madeleine Rebérioux (1920-2005) - Michelle PERROT p. 5-8
Dossier
- En Grèce antique, la douloureuse obligation de la maternité - Lydie Bodiou, Pierre Brulé, Laurence PIERINI p. 17-42 C'est sur la scène tragique - dans les oeuvres d'Euripide, particulièrement -, face au public masculin de la cité, que les femmes grecques viennent crier la douleur de la maternité. Caisse de résonance de douleurs et de malheurs. De la douleur la plus féminine, celle d'enfanter, bien sûr, mais aussi du malheur le plus féminin : celui d'être apais. Certes, l'homme sans descendance souffre de cette vacuité, mais cette tare d'être sans enfant, c'est seulement pour la femme qu'elle s'étend à tout ce qui n'est pas le statut de félicité, celui de femme eupais. En effet, la femme apais, c'est aussi bien celle dont l'enfant est mort que celle à laquelle on a vite fait d'attribuer la stérilité du couple. C'est aussi celle que son âge, le délaissement dont elle est l'objet, font classer dans la catégorie des femmes vides. Coeur de la vraie vie des femmes, image fortement corporelle, la maternité constitue le pôle d'excellence, le seul vrai but de l'existence. La vierge s'y prépare à remplacer sa mère qui souffre d'abandonner ce en quoi elle s'est réalisée.It is on the tragic stage - particularly in Euripides' dramas - in front of the male audience of the city that Greek women proclaimed their suffering in motherhood. The theater amplified their misfortune and their suffering. They wept, of course, about that most female suffering : childbirth, but also that most female misfortune : to be apais. Obviously, women shared with men the absence of children, but for women this defect of childlessness extended to all that was not the expression of happiness : to be eupais. Indeed, the apais woman included those whose child was dead, as well as the woman whom everybody held responsible for the couple's sterility. Apais women included also those whose age meant they were forsaken by men and situated within the category of empty women. Maternity was at the heart of women's lives, a strongly corporal vision of maternity, that constituted the main goal in a woman's existence. The virgin prepared then that marvelous moment when she would replace her mother who suffered to give up this stage of her life.
- « Sans espoir d'hériter ». Les mères, les enfants et l'État en Toscane, XVIe-XVIIe siècles - Giulia CALVI p. 43-68 A partir d'études de cas et de données chiffrées, l'essai analyse, dans la Toscane des XVIe et XVIIe siècles, les demandes que les mères veuves adressent au Magistrat des Pupilles pour obtenir la tutelle de leurs enfants. Dans une culture juridique fondée sur des stratégies d'héritage agnatique, les femmes et les pouvoirs publics négocient peu à peu un “contrat moral” qui confie aux mères la garde et la tutelle de leurs enfants. Ainsi s'affirme une structure familiale bilatérale qui était sousjacente. L'exclusion des femmes de la transmission patrimoniale est compensée par leur rôle-pivot dans la sphère des responsabilités et des soins.Focusing on specific case studies and on quantitative evidence, this essay analyses widowed mothers' claims for the guardianship of their children vis-à-vis the Court of Wards in early modern Tuscany. Within the dominant juridical culture based on agnatic inheritance strategies, women and state officials gradually negotiate a “moral contract” which entrusts mothers with guardianship and custody of offspring . In time an underlying bilateral structure of family relationships becomes visible. Thus women's exclusion from patrimonial transmission is compensated by their pivotal role in the sphere of responsibility and care.
- Puissance maternelle et pouvoir politique. La régence des reines mères - Fanny Cosandey p. 69-90 Si la loi salique empêche les femmes de régner par elles-mêmes, elle leur confère finalement un pouvoir considérable lors des minorités royales. Incapables d'usurper, les reines mères se voient régulièrement confier le gouvernement en même temps que l'éducation de leur jeune fils à la mort de l'époux. L'amour maternel, inscrit dans le registre des lois naturelles, est un argument régulièrement évoqué, tant pour contrer la naturelle incapacité des femmes à gouverner que les jurisconsultes avancent pour justifier la loi salique, que pour appuyer l'autorité sans pareille des régentes. Mais au-delà d'une rhétorique du pouvoir, le lien filial qui unit mère et fils, lesquels sont aussi reine et roi, permet la reconstitution d'un couple royal qui représente à la fois continuité dynastique et stabilité politique. A ceci près que, dans cette figure du pouvoir reconstituée, le fils procède de la mère quand la reine devait son titre à l'époux. Ainsi, le devoir de maternité imposé à la souveraine permet certes un accroissement de la puissance monarchique, ne serait-ce que par la transmission, au jeune monarque, des héritages maternels et paternels, mais assure aussi à la reine de France une puissance que les bornes imposées par l'institution ne peuvent contenir, en contrôlant, par l'exercice de la régence, la source même de son autorité.
- La maternité sociale et le Mouvement Populaire des Familles durant les Trente Glorieuses - Geneviève Dermenjian, Dominique LOISEAU p. 91-105 L'Action catholique spécialisée a donné naissance pendant le deuxième tiers du XXe siècle au Mouvement populaire des familles (MPF) et à ses dérivés. Ces Mouvements se donnaient pour but la formation et la promotion du monde ouvrier par lui-même, notamment par le biais de la famille. Les mères de famille au foyer prenaient en charge les intérêts de leur quartier et de toutes les familles ouvrières, assumant ainsi une maternité sociale. Elles organisaient des délégations auprès des mairies, créaient et géraient des services (Femmes de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale, services de machines à laver, travailleuses familiales pendant les trente glorieuses…). Le modèle d'action du MPF entre en déclin avec la modernisation du pays puis, dans les années 1970 avec l'accès généralisé des femmes au travail.
- Mères contre la dictature en Argentine et Bolivie - Jean-Pierre Lavaud Les dictatures militaires latino-américaines des années 1960 à 1980 ont suscité des résistances civiles au nom du droit à la vie et, plus généralement, des droits de l'homme. Les femmes ont été à l'avant-garde de ces combats en Argentine et en Bolivie. Après avoir brièvement présenté ces deux résistances non-violentes, on avancera ici quelques hypothèses relatives à l'engagement collectif de ces femmes en tant que mères et à la réussite de leur entreprise de mobilisation. On discutera notamment les présentations qui font exclusivement reposer la protestation collective sur des caractéristiques liées au genre, en distinguant le discours performatif qui l'accompagne de l'explication de celle-ci.The Latin-American military dictatorships from the 1960's to 1980 generated civil resistance in the name of the right to life, and, more generally, human rights. Women were at the forefront of the struggles in Argentina and Bolivia. After a brief presentation of these two movements of nonresistance, the article offers a number of hypotheses concerning the collective mobilization of these women as mothers and the success of their mobilization efforts. Particular attention will be paid to those movements that represented collective protest based only on gender characteristics, distinguishing the performative discourse accompanying these protests from the explanations offered.
- En Grèce antique, la douloureuse obligation de la maternité - Lydie Bodiou, Pierre Brulé, Laurence PIERINI p. 17-42
Regards complémentaires
- La maternité des déesses grecques et les déesses-mères : entre mythe, rite et fantasme - Vinciane PIRENNE-DELFORGE p. 129-138 Une première partie montre que, dans la Théogonie d'Hésiode, le terme de « mère » s'applique surtout à des déesses dont la relation à l'enfant est dramatisée au-delà de la seule référence généalogique. Une deuxième partie analyse les raisons de l'attribution du titre de « mère » à la déesse Athéna à Élis, par comparaison avec la situation d'Athènes. Une brève conclusion revient sur le fantasme d'une « Déesse-mère » générique en contexte grec.The first part shows how, in the Hesiodic Theogony, the word « mother » is applied to goddesses who construct a specific attachment to their children, above and beyond the genealogical link. The second part considers why at Elis, Athena was called « mother », comparing this situation with Athens. A brief conclusion comes back to the historiographical illusion of a generic « Mothergoddess » in the Greek world.
- Maternitas dans la tradition latine - Paul TOMBEUR p. 139-149 Maternitas est un terme qui n'apparaît dans aucun dictionnaire de l'antiquité. Il en est de même pour l'époque proprement patristique. Seules les bases de données informatiques intitulées Thesaurus formarum totius latinitatis et Library of latin texts (CLCLT 5) révèlent l'emploi le plus ancien : il date du milieu du IXe siècle (vers 858) et est dû à Jean Scot Erigène. Celui-ci transpose le terme grec mètris et la signification est « terre natale ». Le terme maternitas signifiant « maternité » semble bien être une création des XIe-XIIe siècles et son emploi demeure relativement rare au cours du moyen âge. C'est au XIIe siècle également qu'apparaît pour la première fois le concept de « langue maternelle ». On constatera à ce sujet que les traductions de textes latins peuvent fournir des informations erronées, ce qui montre la nécessité de recourir toujours au texte original. Il est piquant de constater que paternitas ne fait pas, lui non plus, partie du vocabulaire de la latinité antique et que fraternitas n'apparaît qu'au second siècle.The term “maternitas” does not appear in any of the dictionaries of antiquity. The same goes for the strictly patristic era. Only the two electronic databases “Thesaurus formarum totius latinitatis” and “Library of Latin texts” (CLCLT 5) reveal the earliest usage of the word. It dates from the middle of the 9th century A.D. (ca. 858) and is attributed to John Scotus Eriugena. “Maternitas” renders the Greek term “metris” meaning “native country”. The term “maternitas” meaning “maternity” seems in fact to be a 11th-12th century creation ; its usage is fairly rare during the Middle Ages. In the 12th century the concept of “mother tongue” appears for the first time. This illustrates that translations of Latin texts can provide false information and it is always necessary to return to the original text ; it is intriguing to note that the term “paternitas” also does not belong to the vocabulary of Latin antiquity and the term fraternitas is used for the first time in the second century A.D.
- Ne pas être mère : l'autodéfense d'une Florentine vers 1400 - Ann CRABB p. 150-161 La vaste correspondance de Francesco Datini (marchand de Prato de la fin du XIVe), sa femme Margherita et ses proches apporte un éclairage sur le fardeau qu'est l'absence d'enfant mais aussi sur les possibilités ainsi ouvertes de s'accomplir autrement. Dès le début de son mariage, la grossesse fut attendue avec impatience puis anxiété par Margherita. L'enfant ne venant pas, ses lettres révèlent des modes de défense, le plus souvent indirects, usant d'un langage sarcastique. Son argument principal est que c'est la volonté de Dieu. Pourtant, son désir d'exceller à tenir une large maisonnée, à dicter puis écrire elle-même des lettres souligne un désir de démontrer des talents autres que ceux qu'aurait nécessités sa maternité.The extensive correspondence remaining from the late fourteenth-century Tuscan “merchant of Prato” Francesco Datini, his wife Margherita, and others in their circle sheds light on the burdens of childlessness but also on the way childlessness could leave room for other achievements. Early in her marriage, Margherita and those around her eagerly and then anxiously awaited her pregancy. When it failed to occur, her letters reveal the way she defended herself from criticism, most often indirectly, and usually with a sarcastic tongue. Margherita's strongest argument was that it was God's will. However, this essay argues, her desire to excel at managing a very large household, at dictating letters and at writing autograph letter point to a wish to demonstrate her talents beyond what she would have needed to do as a mother.
- À « l'ombre du Père » ? L'autorité maternelle dans la première moitié du XVIIIe siècle - Julie DOYON p. 162-173 Du renforcement de la « monarchie paternelle » à l'existence d'un « empire des mères », la confrontation des sources du droit civil et des archives criminelles du Châtelet, au premier XVIIIe siècle, donne une vision complexe des rapports noués entre l'expérience de la maternité et l'exercice de l'autorité. Statutairement, les mères légitimes sont associées, sur un mode mineur ou de plein droit dans le cas du veuvage et de l'institution tutélaire, à l'exercice de l'autorité paternelle. Mais en débordant ces catégories juridiques admises, en les utilisant à leur avantage ou en les contournant, les mères de la société parisienne se révèlent plus autoritaires que tendres, usant des prérogatives du patriarche, tout en revendiquant l'existence d'une sphère d'autorité purement féminine, dont elles assurent d'ailleurs, avec leurs filles, la reproduction. Par le biais des statuts octroyés ou des rôles assumés, les mères jouissent ainsi de pouvoirs, qui participent de l'institution paternelle et de la culture féminine.From the development of « paternal monarchy » to the existence of a « maternal empire » : the confrontation of civil law sources and the criminal archives of the Châtelet in the early XVIIIth century offers a complex vision of the relationship that developed between the experience of maternity and the exercise of authority. In legal terms, legitimate mothers who were widows were associated either marginally or completely within the institution of tutelage with the exercise of paternal authority. Mothers within Parisian society went beyond the accepted juridical categories, and used or abused them to their own advantage, thus behaving in more authoritarian than tender fashion, using the prerogatives of the patriarch, while insisting at the same time on their solely feminine sphere of authority. Thanks to the existence of statutes and the roles these allowed women to take, they used power that associated them with the paternal institution and woman's culture.
- La Leche League : des femmes pour l'allaitement maternel (1956-2004) - Gilza SANDRE-PEREIRA p. 174-187 La Leche League est une association dont le but est d'aider les femmes à réussir l'allaitement au sein de leurs enfants. Cet article analyse les permanences et les changements de son discours depuis 1956. Il souligne les manières opposées dont elle est perçue et le rôle qu'elle peut jouer aujourd'hui dans les débats sur la maternité en France.This article deals with La Leche League association, whose goal was to help women in breastfeeding. More specifically, it focuses on continuities and change in the League's discourse over its nearly fifty years of existence. It underlines the opposing ways this association was perceived and the role that it can play today in the debates on motherhood in France.
- La maternité des déesses grecques et les déesses-mères : entre mythe, rite et fantasme - Vinciane PIRENNE-DELFORGE p. 129-138
Actualité de la recherche
- Où en est l'histoire de la maternité ? - Anne Cova p. 189-211
- L'historiographie de la maternité en Afrique subsaharienne - Anne Hugon p. 212-229
Documents
- Le Serment d'Hippocrate et les femmes grecques - Lydie Bodiou p. 231-238 Le Serment d'Hippocrate, sans doute le texte que la postérité a retenu comme le plus fameux des écrits médicaux de l'Antiquité grecque, prend en une phrase position sur l'avortement : « Je ne remettrai pas non plus à une femme de pessaire abortif ». Les commentaires de ce passage du Serment ont été et sont toujours nombreux et donnent lieu à de multiples controverses. Mais une lecture littérale permet d'affirmer qu'il ne s'agit nullement d'une interdiction pure et simple de l'avortement, mais seulement d'une interdiction d'un type de pratique abortive en raison de sa dangerosité. Car les femmes grecques se mutilent et meurent d'avoir des enfants, mais aussi de ne pas pouvoir en avoir et sûrement de ne pas en vouloir. Les médecins le savent.The Hippocratic oath, undoubtedly the most famous text that posterity has retained medical writings of Greek Antiquity, presents the following position on abortion : « Nor will I give to a woman an abortive pessary ». The comments around this statement have always been numerous and given rise to multiple controversies. But a literal reading makes it possible to affirm that it by no means prohibits abortion, purely and simply, rather it prohibits certain dangerous abortive practices. Because Greek women mutilated themselves and died to have children, but also in order not to be able to have them - and doctors knew this.
- Residenta ou Reconstructora ? Les deux visages de « La » mater dolorosa de la Patrie paraguayenne - Capucine Boidin p. 239-245 Dévasté par la Guerre de la Triple Alliance (1865-1870) qui entraîna la mort de plus de la moitié de sa population, le Paraguay a élaboré un imaginaire national où la figure de la femme en tant que « mère » de la patrie joue un rôle central. Tant et si bien que ses « filles », femmes de l'élite paraguayenne, livrent bataille dans les années 1970 - en pleine dictature du Général Alfredo Stroessner (1954-1989) - pour imposer leur définition de sa “véritable” identité.After the devastation of the War of the Triple Alliance (1865-1870) which brought about the death of half of the population, Paraguay developed a national imaginary where the figure of woman as « mother » of the country played a central role. As a result, the « daughters » of the nation, women of the Paraguayan elite, fought in the 1970s - in the midst of the dictatorship of General Alfredo Stroessner (1954-1989) - to impose their definition of their « true » identity.
- Le Serment d'Hippocrate et les femmes grecques - Lydie Bodiou p. 231-238
Témoignage
- Entretien avec Yvonne Knibiehler - Mathilde Dubesset, Françoise Thébaud p. 247-268
Varia
- Un âge critique. La ménopause sous le regard des médecins des XVIIIe et XIXe siècles - Annick TILLIER p. 269-280 Si l'on possède peu de témoignages sur la manière dont les femmes du XIXe siècle ont vécu le vieillissement, les discours des médecins sur cette question abondent. La ménopause est décrite par eux comme une période particulièrement dangereuse qui, à l'instar de la puberté, bouleverse toute l'économie de la femme. Au nombre des maladies qui sont susceptibles de l'assaillir lorsque s'interrompt le mécanisme régulateur que représentait la menstruation s'ajoute la blessure narcissique que provoque la perte de sa féminité et l'entrée dans l'âge de décrépitude. Plus encore, la femme perdant avec la faculté d'engendrer sa vocation sociale (la maternité), cette période, souvent qualifiée d'âge critique ou d'âge dangereux, s'annonce comme une véritable mort sociale. Privée de sa capacité de séduction, fragilisée par la révolution physiologique qui s'opère en elle, la femme, encouragée à se retirer d'un monde où elle ne peut plus briller, est plus que jamais assignée à la sphère privée.There are but few testimonies concerning the way 19th-century women experienced aging. What we do have, however, are doctors' discourses on the subject. They describe menopause as a particularly dangerous period, which, just like puberty, upset women's system. Among the different diseases likely to befall women when the regulating mechanism of menstruation stopped, was a narcissistic wound due to the loss of their femininity announcing the beginning of decrepitude. Moreover, when they stopped being of childbearing age, women lost their main social function. Often called “the critical age” or “the dangerous age”, this period heralds the doom of their social existence. Deprived of their ability to seduce, weakened by their physiological changes, women were encouraged to retire from a world where they could no longer shine, and were condemned, more than ever, to the private sphere.
- Entre doutes et engagements : un arrêt sur image à partir de l'histoire des femmes (2ème partie) - Groupe Histoire des femmes, Myriam Cottias, Cécile Dauphin, Arlette Farge, Nancy L. Green, Danielle Haase-Dubosc, Danièle Poublan, Yannick Ripa Militante et réflexive, l'histoire des femmes a aussi besoin d'exprimer ses doutes et ses inconforts. Rattrapée par l'actualité, la violence et nombre d'événements cruels et tragiques, par des incertitudes majeures vécues par l'ensemble du monde intellectuel, elle pose aujourd'hui en cet article collectif des interrogations et des inquiétudes. Ce travail à plusieurs (les participantes du Groupe d'histoire des femmes du CRH) cherche à mettre à plat ce qui actuellement se dérobe à notre connaissance, en partant de notions-clés souvent utilisées, comme consentement, sexualité, écriture, patriarcat, etc. Chacune de ces notions est discutée à la lumière des brouillages actuels, des temporalités nouvelles, de l'avènement triomphant du corps marchandise, de la pauvreté grandissante, etc.Women's history, a militant and self-reflexive endeavor, needs to express its doubts and its difficulties. The contemporary world, with its violence, its cruel and tragic events, raises questions for all intellectuals and academics, affected by the uncertainties of the present, and all the more so for women historians and historians of women and gender. This collective article (written by the participants of the Women's History Group of the Centre de Recherches Historiques - CNRS/EHESS) addresses these issues by returning to key concepts that have been utilized over the last few decades - such as consent, sexuality, patriarchy, etc. Each term is analyzed in the light of current debates and new temporalities, from recent discussions about the body (and its commercialization) to growing inequalities, etc.
- Un âge critique. La ménopause sous le regard des médecins des XVIIIe et XIXe siècles - Annick TILLIER p. 269-280
CLIO a lu
- Paul CESBRON et Yvonne KNIBIEHLER, La Naissance en Occident, Paris, Albin Michel, 2004, 363 p. - Marie-France Morel p. 303-304
- Luisa MURARO, L'ordre symbolique de la mère, Paris, L'Harmattan, 2003, 162 p. - Amélie MAUGERE p. 305-307
- Marianne CARON-LEULLIEZ et Jocelyne GEORGE, L'accouchement sans douleur. Histoire d'une révolution oubliée, Paris, Les Editions de l'Atelier, 2004, 254 p. - Yvonne KNIBIEHLER p. 307-310
- Maternité et parentalité, sous la direction de Yvonne Knibielher et Gérard Neyrand, Rennes, Éditions de l'École Nationale de la Santé Publique, 2005, 784 p. - Agnès Martial p. 310-312
- Bernadette AVON, À l'écoute du symptôme IVG. Accompagner la relation, Lyon, Chronique sociale, collection « Comprendre les personnes », 2004, 168 p. - Yvonne KNIBIEHLER p. 312-313
- Olivia BENHAMOU, Avorter aujourd'hui, Paris, Mille et une nuits, 2004, 218 p. - Yvonne KNIBIEHLER p. 313-315
- Marcela IACUB, L'empire du ventre. Pour une autre histoire de la maternité, Paris, Fayard, collection « Histoire de la pensée », 2004, 359 p. - Yvonne KNIBIEHLER p. 315-318
- Marcela IACUB, L'empire du ventre. Pour une autre histoire de la maternité, Paris, Fayard, collection « Histoire de la pensée », 2004, 359 p. - Nadine LEFAUCHEUR p. 318-324
- Nadine BERNARD, Femmes et société dans la Grèce classique, Paris, Armand Colin, collection « Cursus», 2003, 167 p. - Jean-Baptiste Bonnard p. 324-326
- Sylvie SCHWEITZER, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes aux XIXe et XXe siècles, Paris, Odile Jacob, 2002, 329 p. - Danièle Voldman p. 326-329
- Ana AGUADO, Maria Dolores RAMOS, La modernización de España (1917-1939). Cultura y vida cotidiana, Madrid, Editorial Síntesis, 2002 (Col. Historia de España 3er milenio, 31), 397 p. - Danièle Bussy-Genevois p. 329-332
- Rémy CAZALS, Lettres de réfugiées. Le réseau de Borieblanque. Des étrangères dans la France de Vichy, Paris, Tallandier, 2004, 471 p. préface de Michelle Perrot. - Michelle Zancarini-Fournel p. 332-334
- Claudie BAUDINO, Politique de la langue et différence sexuelle, la politisation du genre des noms de métier, 2001, Paris, L'Harmattan, 364 p. - Mireille BAURENS p. 334-336
- Annick TILLIER (coord.), Des sources pour l'histoire des femmes. Guide, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004, 203 p. - Michelle Zancarini-Fournel p. 336-338