Contenu du sommaire : Numéro spécial sur la coproduction des services publics
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
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Numéro | vol. 82, no 1, mars 2016 |
Titre du numéro | Numéro spécial sur la coproduction des services publics |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction au numéro spécial sur la coproduction dans les services publics - Trui Steen, Tina Nabatchi, Dirk Brand p. 5-10
- La gestion des services publics et la coproduction dans les structures de gouvernance à niveaux multiples - Mariafrancesca Sicilia, Enrico Guarini, Alessandro Sancino, Martino Andreani, Renato Ruffini p. 11-32 D'un point de vue normatif, la coproduction est recommandée à tous les stades du cycle des services publics. Cependant, les études empiriques antérieures sur la coproduction ne se sont pas penchées sur la question de savoir comment la mettre en œuvre. Rares sont par ailleurs les auteurs qui s'intéressent à la manière dont la coproduction peut s'organiser dans les structures de gouvernance à niveaux multiples. Le but du présent article est de combler ces lacunes, en identifiant les éléments déclenchants, ainsi que les aspects organisationnels et managériaux susceptibles de favoriser l'adoption de la coproduction dans les structures de gouvernance à niveaux multiples. L'analyse empirique s'appuie sur une étude de cas axée sur les services destinés aux enfants autistes. Nous verrons que la coproduction est le résultat de dispositifs interorganisationnels et que le renforcement de la confiance entre les acteurs a joué un rôle essentiel dans la promotion d'une approche en faveur de la coproduction.D'un point de vue organisationnel, notre étude de cas révèle que pour favoriser la coproduction dans les structures de gouvernance à niveaux multiples, il convient d'axer les différents stades du cycle des services publics sur la même logique. D'un point de vue managérial, notre étude fait apparaître que la mise en œuvre de la coproduction exige de nouvelles compétences et de nouveaux outils au niveau managérial. Les gestionnaires publics sont invités à écouter les groupes communautaires et les individus, à mobiliser les ressources et les connaissances collectives et à exercer une fonction de métagouvernance. Enfin, si l'on veut assurer la coproduction des services, nos observations indiquent qu'il faut commencer à envisager de façon différente le rôle joué par la société civile et l'État dans la défense de l'intérêt commun.From a normative stance, co-production has been recommended at all stages of the public service cycle. However, previous empirical studies on co-production have neglected the question of how to make this happen. Moreover, little attention has been paid to how co-production might occur in multi-level governance settings. The aim of this article is to fill these gaps, identifying triggers and organizational and managerial issues that could support the adoption of co-production in multi-level governance settings. The empirical analysis is based on a case study of services for autistic children. The findings highlight that co-production was prompted by inter-organizational arrangements and that trust-building among the actors played a pivotal role in nurturing a coproduction approach.Points for practitionersFrom an organizational perspective, our case study shows that, in order to foster coproduction in multi-level governance settings, all stages of the public service cycle should be aligned and inspired by the same logic. From a managerial perspective it highlights that the implementation of co-production requires new managerial skills and tools. Public managers are asked to listen to community groups and individuals, to mobilize collective resources and knowledge, and exercise a meta-governance role. Finally, in order to have co-produced services, our findings point to the need to start thinking differently about the roles of civil society and government in satisfying the common good.
- Pourquoi se lancer dans la coproduction des services publics ? Théorie et données empiriques - Carola Van Eijk, Trui Steen p. 33-52 Les processus de coproduction permettent aux citoyens de collaborer avec les agents de la fonction publique dans la prestation de services publics. Malgré l'intérêt des chercheurs pour la coproduction, quelques lacunes importantes subsistent dans nos connaissances. L'une d'entre elles concerne la question de savoir pourquoi les citoyens participent à des processus de coproduction des services publics. Dans le présent article, nous développons un modèle théorique, qui intègre le facteur humain dans l'étude de la coproduction. Ce modèle tente d'expliquer la participation des citoyens à la coproduction en s'intéressant à la manière dont ils perçoivent la fonction de coproduction et leur aptitude à contribuer au processus de prestation de service public, les caractéristiques individuelles des citoyens et leurs motivations, qu'elles soient personnelles ou collectives. Nous utilisons les données empiriques extraites de quatre cas de coproduction aux Pays-Bas et en Belgique pour démontrer l'utilité du modèle. Nous analyserons la pertinence théorique et pratique de nos observations et formulerons quelques suggestions pour les recherches futures. Les administrations recherchent des moyens de faire participer un vaste éventail de citoyens, compte tenu, notamment, du faible nombre d'entre eux qui répondent aux initiatives des administrations visant à les associer. Nous allons vérifier ce que l'on sait au sujet de la participation des citoyens dans quatre cas : les conseils de clients dans les organismes de soins de santé destinés aux personnes âgées et dans les organismes d'aide aux personnes handicapées, les conseils consultatifs représentatifs dans les écoles primaires et les patrouilles de surveillance de quartier. Les praticiens seront heureux d'en savoir plus sur ce qui amène les citoyens à participer à la coproduction. Cela leur permettra d'améliorer leurs méthodes de recrutement participatif.Through processes of co-production, citizens collaborate with public service agents in the provision of public services. Despite the research attention given to co-production, some major gaps in our knowledge remain. One of these concerns the question why citizens engage in processes of co-production of public services. In this article, a theoretical model is built that brings the human factor into the study of co-production. The model explains citizens' engagement in co-production referring to citizens' perceptions of the co-production task and of their competency to contribute to the public service delivery process, citizens' individual characteristics, and their self-interested and community-focused motivations. Empirical evidence from four co-production cases in the Netherlands and Belgium is used to demonstrate the model's usefulness. The academic and practical relevance of the findings and suggestions for further research are discussed.Points for practitionersGovernments seek ways to engage a broad range of citizens, especially as only a limited number of citizens respond to government's initiatives to involve citizens. Insights about citizens' engagement are tested in four cases : Client councils in health care organizations for elderly persons and in organizations for disabled people, representative advisory councils at primary schools, and neighborhood watches. Practitioners can learn more about what drives citizens to engage in co-production. This enables them to improve their methods of participant recruitment.
- Promouvoir la coproduction collective des services publics : comment encourager les citoyens à participer à des mécanismes de gouvernance complexes au Royaume-Uni - Tony Bovaird, Gerry Stoker, Tricia Jones, Elke Loeffler, Monica Pinilla Roncancio p. 53-75 Les recherches antérieures laissent entendre que la participation des citoyens à la production des services publics est plus probable lorsque les actions concernées sont simples et peuvent être réalisées individuellement plutôt qu'en groupe. Dans le présent article, nous vérifions si cette tendance est la même dans les collectivités locales en Angleterre et au pays de Galles. L'idée est de déterminer qui sont les personnes les plus susceptibles de participer à la coproduction individuelle et collective et quels sont les moyens d'influencer les personnes pour les amener à renforcer leurs efforts de production en participant davantage aux activités collectives. Les données ont été recueillies dans cinq zones, au moyen de panels organisés par les autorités locales. Les observations indiquent que la coproduction individuelle et la coproduction collective présentent des caractéristiques et des corrélats relativement différents et qu'il est important de les distinguer à des fins stratégiques. Plus précisément, la coproduction collective sera d'autant plus populaire, quelle que soit la question traitée, que les citoyens ont le sentiment qu'ils peuvent faire avancer les choses (« auto-efficacité politique »). Les « coups de pouce » destinés à encourager la coproduction n'ont qu'un effet limité. Une grande partie des résultats potentiels de la coproduction découlent sans doute des activités de groupe. Encourager les citoyens à passer de la coproduction individuelle à la coproduction collective est dès lors sans doute une question importante à aborder dans le cadre des politiques. Dans le présent article, nous verrons qu'il est parfaitement possible de promouvoir la coproduction collective, étant donné que le niveau de coproduction collective à laquelle les personnes participent n'est pas forcément lié à leur parcours et peut être influencé par des variables liées à la politique publique. Les « coups de pouce » peuvent encourager la coproduction collective, mais ils doivent être assez sérieux pour aboutir.Previous research has suggested that citizen co-production of public services is more likely when the actions involved are easy and can be carried out individually rather than in groups. This article explores whether this holds in local areas of England and Wales. It asks which people are most likely to engage in individual and collective co-production and how people can be influenced to extend their co-production efforts by participating in more collective activities. Data were collected in five areas, using citizen panels organized by local authorities. The findings demonstrate that individual and collective co-production have rather different characteristics and correlates and highlight the importance of distinguishing between them for policy purposes. In particular, collective co-production is likely to be high in relation to any given issue when citizens have a strong sense that people can make a difference (‘political self-efficacy'). ‘Nudges' to encourage increased co-production had only a weak effect.Points for practitionersMuch of the potential pay-off from co-production is likely to arise from group-based activities, so activating citizens to move from individual to collective co-production may be an important issue for policy. This article shows that there is major scope for activating more collective co-production, since the level of collective co-production in which people engage is not strongly predicted by their background and can be influenced by public policy variables. ‘Nudges' may help to encourage more collective co-production but they may need to be quite strong to succeed.
- Ce qui amène les citoyens à coproduire dans les services d'activation : l'importance de la motivation et de la confiance – Enquête sur les biais de sélection dans un programme d'activation municipal aux Pays-Bas - Joost Fledderus, Marlies Honingh p. 77-97 Les services d'activation (programmes actifs du marché du travail) axés sur le réembauchage des demandeurs d'emploi sont souvent victimes d'« écrémage », cette technique qui consiste à sélectionner ceux qui sont les mieux qualifiés pour réintégrer le marché du travail. Les nouveaux modes de prestation, comme la coproduction, sont censés être plus à l'abri des mécanismes de sélection. Afin de déterminer si les programmes d'activation coproduits sont victimes de biais de sélection, nous avons comparé les participants à un programme local d'activation innovant (n=60) aux non-participants (n=18). Les participants sont en général plus motivés et présentent des niveaux plus élevés de confiance généralisée, municipale et interpersonnelle. De plus, un niveau élevé de motivation générale correspond à un niveau élevé de confiance et de contrôle perçu. Cela veut dire qu'il existe bel et bien un biais de sélection au sein des programmes d'activation coproduits. Il n'est dès lors pas certain que la coproduction soit plus efficace que les types classiques de prestation de services pour faire face à l'écrémage.Les services publics, par exemple dans le domaine des politiques d'activation, sont de plus en plus offerts de telle manière à obliger les utilisateurs à faire davantage d'efforts et à prendre davantage de responsabilités. La présente étude démontre que ces exigences suscitent une sélection des utilisateurs. Les professionnels qui s'occupent de services coproduits doivent savoir que lorsqu'ils choisissent leurs clients, ils ont des chances de laisser de côté les personnes vulnérables. Plus précisément, lorsque la motivation intrinsèque est un critère de sélection important, ceux qui présentent des niveaux de confiance et de contrôle perçu insuffisants seront laissés de côté. Par conséquent, des stratégies qui peuvent paraître inclusives peuvent en réalité conduire à l'exclusion.Activation services that aim at re-employment of jobseekers often suffer from ‘creaming', i.e. selecting those who have the best qualifications to re-enter the labour market. New ways of delivery, such as co-production, are supposed to be less subject to selection mechanisms. To analyse whether co-produced activation programmes suffer from selection biases, participants in a local innovative activation programme (n ¼ 60) were compared to non-participants (n ¼ 18). Participants are more motivated in general and showed higher levels of generalized, municipal and interpersonal trust. Moreover, high general motivation relates to high levels of trust and perceived control. This indicates that there is indeed a selection bias within co-produced activation programmes. Therefore, it remains uncertain whether co-production is more successful in dealing with creaming than common types of service delivery.Points for practitionersPublic services, in the field of activation policies for instance, are increasingly delivered in a fashion that requires more responsibility and effort from users. This study shows that such demands elicit a selection of users. Professionals dealing with co-produced services should be aware that when they choose clients they are likely to leave out vulnerable individuals. In particular, when intrinsic motivation is an important selection criterion, those who have low levels of trust and perceived control will not be involved. Consequently, seemingly inclusive strategies could in fact lead to exclusion.
- Qui nous sommes / où nous vivons : Les caractéristiques du voisinage expliquent-elles la coproduction ? - Peter Thijssen, Wouter Van Dooren p. 99-120 La coproduction établit une relation interactive entre le citoyen et les prestataires de services publics. Par conséquent, pour que la coproduction soit fructueuse, la participation des citoyens s'impose. On utilise généralement des caractéristiques individuelles telles que l'âge, le genre et les revenus pour expliquer la participation des citoyens à la coproduction. Les variables au niveau du voisinage sont, en revanche, souvent laissées de côté. La littérature sur la coproduction, de même que la théorie relative au capital social et à l'urbanisme, indiquent cependant, arguments à l'appui, pourquoi les variables liées au voisinage peuvent s'avérer pertinentes. Dans la présente étude, nous examinons les archives administratives des contacts initiés par les citoyens dans le cadre d'un programme de signalement des problèmes dans le domaine public. Ce programme de coproduction se situe dans le district de Deurne, dans la ville d'Anvers, en Belgique. Une analyse multiniveau a été effectuée afin d'évaluer simultanément l'influence des caractéristiques du voisinage et des variables individuelles. Si les variables individuelles généralement observées pour expliquer la coproduction sont présentes dans notre cas, on constate aussi que les caractéristiques du voisinage expliquent une grande partie de la coproduction. Nos observations indiquent dès lors que la participation aux activités de coproduction est déterminée non seulement par la personne que nous sommes, mais aussi par l'endroit où nous vivons.Afin de faciliter la coproduction et la participation, la première chose à laquelle il convient de s'intéresser n'est autre que le voisinage. La coproduction profite sans doute de façon disproportionnée aux citoyens influents, mais aussi aux quartiers influents. Les corrections sociales doivent prendre ces deux aspects en considération. Plus généralement, il est important de bien comprendre les quartiers de la ville si l'on veut comprendre le comportement du citoyen. Les politiques urbaines basées sur le milieu doivent suffisamment prendre en compte le voisinage.Co-production establishes an interactive relationship between citizens and public service providers. Successful co-production hence requires the engagement of citizens. Typically, individual characteristics such as age, gender, and income are used to explain why citizens co-produce. In contrast, neighbourhood-level variables receive less attention. Nevertheless, the co-production literature, as well as social capital and urban planning theory, provides good arguments why neighbourhood variables may be relevant. In this study, we examine the administrative records of citizen-initiated contacts in a reporting programme for problems in the public domain. This co-production programme is located in the district of Deurne in the city of Antwerp, Belgium. A multilevel analysis is used to simultaneously assess the impact of neighbourhood characteristics and individual variables. While the individual variables usually found to explain co-production are present in our case, we also find that neighbourhood characteristics significantly explain co-production. Thus, our findings suggest that participation in co-production activities is determined not only by who you are, but also by where you live.Points for practitionersIn order to facilitate co-production and participation, the neighbourhood should be the first place to look. Co-production benefits may disproportionaly accrue to strong citizens, but also to strong neighbourhoods. Social corrections should take both into account. More broadly, a good understanding of the neighbourhoods in the city is needed to grasp citizen behaviour. Place-based policies in the city should focus on the neighbourhood.
- La coproduction de la sécurité sur les campus : Étude de cas sur l'université de Géorgie - Brian N. Williams, Megan LePere-Schloop, P. Daniel Silk, Alexandra Hebdon p. 121-141 La sécurité sur les campus est une question importante et à laquelle les établissements d'enseignement sont de plus en plus confrontés aux États-Unis. On sait cependant peu de choses sur les initiatives en cours et les difficultés rencontrées dans la coproduction de la sécurité sur les campus. Le présent article vise à enrichir la littérature sur la coproduction en examinant la manière dont la relation entre le professionnel et l'utilisateur des services est perçue par les étudiants et les agents de police sur le campus dans le contexte de la sécurité sur ces sites. Nos observations indiquent que les facteurs démographiques et contextuels déterminent la manière dont les usagers et les professionnels perçoivent leur relation et que ces différences de perception se font sentir sur les initiatives de coprestation des services.Dans le présent article, nous décrivons le point de vue du personnel de police de l'université et des étudiants en ce qui concerne la coproduction de la sécurité sur le campus d'une université de recherche aux États-Unis. Les données glanées dans les recherches indiquent que si les agents de police et les étudiants ont une vision divergente des uns et des autres et de leur rôle dans la coproduction, ils sont d'accord pour dire que le fait d'offrir aux agents de police et aux étudiants des occasions de se rencontrer et de dialoguer en dehors de situations formelles liées au maintien de l'ordre serait tout bénéfice pour la sécurité publique. Cette observation confirme l'intérêt de stratégies de participation bien développées, ainsi que l'intérêt potentiel de tirer parti des « moments propices à l'apprentissage » pendant lesquels les agents de police et les étudiants peuvent apprendre à se connaître.Campus safety and security is a salient issue and an area of increasing concern facing educational institutions in the United States. Yet little is known regarding ongoing efforts and resulting difficulties to co-produce campus safety and security. This article contributes to the literature on co-production by examining student and campus police officer perceptions of the professional–service user relationship in the context of campus safety and security. Findings suggest that demographic and contextual factors shape user and professional perceptions of their relationship in different ways, and that these perceptual differences affect efforts to co-deliver services.Points for practitionersThis article describes the views of university police personnel and students regarding the co-production of safety and security on a research university campus in the United States. Data gleaned from the research illustrates that while police officers and students may have differing views of one another and their roles in co-production, they agree that public safety would be served by opportunities for police and students to meet one another and have personal interaction outside of formal, law enforcement-driven situations. This suggests the value of well-developed engagement strategies, as well as the potential benefit of harnessing ‘teachable moments' during which police and the student population can learn about one another.
- L'impact de la coproduction sur l'imputabilité sur le terrain : Le cas du service de conciliation - Sanna Tuurnas, Jari Stenvall, Pasi-Heikki Rannisto p. 143-160 Le mélange des fonctions entre professionnels, bénévoles et utilisateurs des services crée un environnement nouveau et complexe dans le cadre de la production et de la prestation des services publics. Dans ce type d'environnement, les questions d'imputabilité deviennent encore plus importantes. Dans le présent article, nous présentons une étude de cas qualitative axée sur la coproduction faisant intervenir des bénévoles et des professionnels dans les services de justice réparatrice juridiquement réglementés en Finlande. Au niveau théorique, nous avons réuni la notion de coproduction citoyenne et la littérature sur la bureaucratie de proximité et l'imputabilité. Sur la base de cette étude, on peut dire que la coproduction entre les bénévoles et les professionnels renforce les liens d'imputabilité. Plus particulièrement, l'imputabilité centrée sur le processus prend tout son sens dans les relations d'imputabilité horizontales. Par conséquent, la coproduction en tant que système de gouvernance modifie la culture de travail des professionnels de la fonction publique. Dans les nouveaux partenariats, même s'ils ne sont pas entièrement horizontaux, on observe le germe d'un changement culturel pour les organisations de service public professionnalisées.Dans le présent article, nous nous intéressons à la coproduction entre professionnels et bénévoles au sein d'un service public juridiquement réglementé (la conciliation), en analysant la manière dont l'imputabilité est perçue dans les pratiques de première ligne. Les résultats indiquent que la nature centrée sur le processus des services coproduits réduit la marge de manœuvre des travailleurs de première ligne et leurs possibilités d'appliquer les règles. Par ailleurs, étant donné que les utilisateurs des services ne considèrent pas les bénévoles comme des agents investis d'une autorité, la coproduction est plus fluide. Ce phénomène est important, en particulier dans les services sociaux, où les clients ne sont en soi pas forcément motivés pour coproduire, mais où la coproduction serait essentielle pour atteindre les objectifs du service.Mixing of roles between professionals, volunteers and service users creates a new, complex environment in which to produce and deliver public services. In this kind of environment, the issues of accountability become ever more important. This article presents a qualitative case study of co-production between volunteers and professionals in the legally regulated restorative justice services in Finland. Theoretically, we draw together the concept of citizen co-production with the literature on street-level bureaucracy and accountability. As a result of the study, we can say that co-production between volunteers and professionals increases accountability ties. In particular, the meaning of process-centred accountability is salient in horizontal accountability relations. Thus, co-production as a governance arrangement changes the working culture of public service professionals. In the new partnerships, although not entirely horizontal, we can recognize a seed for cultural change for professionalized public service organizations.Points for practitionersIn this article we have researched co-production between professionals and volunteers in a legally regulated public service, the conciliation service, examining the perceptions of accountability in the frontline practices. The results show that the process-centred nature of the co-produced services leaves less room for discretion and the application of rules by individual street-level workers. Furthermore, as the service users do not consider volunteers to be part of the authority, co-production might be smoother. This is significant especially in the social services, where the clients per se are not necessarily motivated to co-produce, but where co-production would be essential for achieving effective service outcomes.
- La coproduction dans les soins de santé : le discours et la pratique - Femke D Vennik, Hester M van de Bovenkamp, Kim Putters, Kor J Grit p. 161-180 Si l'on s'intéresse de plus en plus à la coproduction dans les soins de santé, on sait peu de choses sur le processus de coproduction. Dans le présent article, nous essayons de comprendre pourquoi les hôpitaux associent les patients et le personnel aux activités de coproduction et analysons les expériences des hôpitaux en matière de coproduction dans la pratique. Une étude qualitative, comprenant des entretiens semi-structurés (N=27), des observations (70 heures) et une analyse documentaire, a été réalisée auprès de cinq hôpitaux néerlandais qui mettaient à contribution les patients et le personnel en vue d'améliorer leurs services. Les résultats indiquent que les hôpitaux ont des raisons variables d'associer les patients et le personnel et qu'ils ont adapté les méthodes existantes pour mettre à contribution les patients. Il est intéressant de noter que les domaines d'amélioration présentés par les patients étaient bien souvent déjà connus. Le processus de coproduction a cependant bel et bien contribué à l'amélioration de la qualité à d'autres égards. Le processus de coproduction a amené les hôpitaux à réfléchir davantage à la manière de réaliser les améliorations de la qualité. Ce processus facilitait les améliorations de la qualité, le fait de voir les patients et d'entendre leurs expériences créant un sentiment d'urgence parmi le personnel, qui réagissait dès lors aux questions d'amélioration soulevées. De plus, les expériences ont eu pour effet de légitimer les améliorations auprès des organes de direction. Différentes méthodes de participation peuvent mettre en évidence les expériences des patients en matière de services de soins de santé, ce qui peut servir à améliorer la qualité. Notre étude démontre que le fait d'adapter les méthodes existantes aux ressources hospitalières locales peut être bénéfique pour les processus de coproduction dans un contexte donné. L'adaptation peut cependant aussi présenter des risques. Les activités d'adaptation, comme le recours à des critères pour sélectionner les patients, influencent ce que l'on considère comme la contribution légitime des patients. En outre, compte tenu de l'importance du processus de coproduction, la méthode doit se composer d'une trajectoire organisée, à laquelle les patients et le personnel sont associés et qui met en évidence les expériences personnelles. Les équipes de projet doivent par conséquent poser un regard critique sur les conséquences des adaptations et des actions d'adaptation, ainsi que sur leur opportunité, lors de la mise en œuvre de projets d'amélioration de la qualité.Co-production in healthcare is receiving increasing attention ; however, insight into the process of co-production is scarce. This article explores why hospitals involve patients and staff in co-production activities and hospitals' experiences with co-production in practice. A qualitative study with semi-structured interviews (N ¼ 27), observations (70 hours) and document analysis was conducted in five Dutch hospitals, which involved patients and staff in order to improve services. The results show that hospitals have different motives to involve patients and staff and have adapted existing methods to involve patients. Interestingly, areas of improvement proposed by patients were often already known. However, the process of co-production did contribute to quality improvement in other ways. The process of coproduction stimulated hospitals' thinking about how to realize quality improvements. Quality improvements were facilitated by this process as seeing patients and hearing their experiences created a sense of urgency among staff to act on the improvement issues raised. Moreover, the experiences served to legitimatize improvements to higher management bodies.Points for practitionersDifferent participation methods can bring patients' experiences with healthcare services to the fore, which can be used for quality improvement. Our study shows that adapting existing methods to local hospital resources is likely to be beneficial for co-production processes within a given context. However, adapting and tailoring also poses risks. Tailoring activities, such as using criteria to select patients, influence what is considered to be legitimate patient input. In addition, as the co-production process is important, the method should consist of an organized trajectory in which patients and staff are involved and personal experiences are presented. Therefore, project teams need to critically reflect on the consequences of adaptations and tailoring actions, and their desirability, when carrying out quality improvement projects.
- Le point de vue des agents de l'État sur le rôle des citoyens dans la prestation de service public en Ouganda - Mary Theopista Wenene, Trui Steen, Mark R. Rutgers p. 181-202 Dans le présent article, nous étudions le point de vue des agents de l'État sur le rôle des citoyens dans la prestation de services publics en Ouganda. En d'autres termes, nous étudions le point de vue de ceux qui sont en charge de la prestation de service public à propos de l'influence réelle et souhaitée des bénéficiaires des services. Une étude empirique axée sur les secteurs de la santé et de l'éducation a été réalisée en Ouganda. Nous verrons qu'en raison d'un certain nombre de tensions concernant le rôle du citoyen en Ouganda, les agents de l'État ont le sentiment que les bénéficiaires des services ne sont pas encore suffisamment associés à la demande et à la prestation de services publics de qualité. Pour améliorer l'efficacité de la prestation de service public en Ouganda, il est indispensable de développer une culture qui favorise le renforcement des capacités à tous les niveaux, y compris aux niveaux de la communauté et des différents bénéficiaires de services. On observe plusieurs contradictions en ce qui concerne le rôle du citoyen en Ouganda, qui se traduisent par une participation insuffisante des bénéficiaires des services dans la demande et la prestation de services publics de qualité. Il y a non seulement lieu de permettre aux utilisateurs des services de faire pression en vue d'améliorer les services de manière ascendante, mais il est aussi essentiel d'encourager les prestataires de services publics à assumer leurs responsabilités vis-à-vis du public.In this article we study civil servants' perceptions about the role of citizens in the provision of public services in Uganda. In other words, we examine the views of those who deliver civil services regarding the actual and desired influence of service recipients. An empirical study was conducted focusing on the health and education sectors in Uganda. It is concluded that due to a number of tensions regarding the role of the citizen in Uganda, civil servants feel that service recipients are not yet adequately engaged in the demand for and delivery of quality public services. More effective public service delivery in Uganda cannot be achieved without the development of a culture that supports the building of capacity at all levels, including the community and individual service recipients.Points for practitionersThere are a number of contradictions in terms of the role of the citizen in Uganda that result in the inadequate engagement of service recipients in the demand for and delivery of quality public services. Aside from empowering service users to apply pressure for better services from the bottom up, it is also crucial to present public service providers with incentives to take up their responsibilities toward the public.
- La conversion managériale des hauts fonctionnaires : un mythe utile pour l'Etat Social local français ? - Jean-Robert Alcaras, Guillaume Marrel, Christèle Marchand, Magali Nonjon p. 203-221 Le New Public Management s'est-il vraiment diffusé partout, d'une façon large et homogène ? A partir d'une recherche sur les discours et les pratiques d'une catégorie bien particulière de hauts fonctionnaires territoriaux en France (ceux qui sont responsables des politiques sociales décentralisées), cet article discute d'une façon critique cette hypothèse de la convergence vers le NPM. Derrière une convergence discursive, superficielle et partielle, on observe plutôt des appropriations hétérogènes et contextualisées des nouveaux référentiels du management public conduisant souvent au renouvellement des formes bureaucratiques. Dans un contexte qui les fragilise, les responsables publics semblent surtout se saisir du ‘management' comme d'une ressource de légitimation professionnelle. En adoptant ainsi une posture managériale bien utile, ils contribuent eux-mêmes à entretenir le mythe de la convergence.Nous présentons ici des résultats issus d'une étude approfondie sur les discours et les pratiques de direction du demi-millier de hauts fonctionnaires responsables des politiques sociales décentralisées dans les départements français. Quels rapports entretiennent-ils avec le vocabulaire managérial et les outils de gestion, alors même que leur secteur est marqué par des réactions contradictoires face aux logiques économiques et gestionnaires ? Le renouvellement du management public auquel ils contribuent ne saurait être assimilé à une importation des méthodes éprouvées dans le secteur privé : il semble surtout répondre aux nouveaux impératifs sur lesquels leur légitimité professionnelle doit aujourd'hui se construire.Has New Public Management really been rolled out homogenously across the board ? Drawing on research into the viewpoints and practices of a particular category of senior civil servants in France (those in charge of local welfare policy), this article takes a critical look at this assumption of convergence towards NPM. Behind a discursive convergence that remains superficial and partial, the reality tends more towards heterogeneous and contextualized appropriations of New Public Management benchmarks often leading to new forms of bureaucracy. In a context where the position of public officials has been weakened, ‘management' seems to have been adopted as a source of professional legitimization. By adopting this very useful managerial posture, these civil servants find comfort in perpetuating the myth of convergence.Points for practitionersThis article presents the results of a comprehensive study into the viewpoints and management practices of the roughly 500 senior civil servants in charge of local welfare policies in the French departments. How do they relate to the managerial vocabulary and management tools, given that their sector is characterized by contradictory reactions to economic and managerial rationales ? The renewal of public management to which they contribute cannot be equated to an importation of methods that have shown their worth in the private sector : it seems above all to meet the new requirements on which their professional legitimacy must be built today.
- Construction et validation d'un modèle hybride de mesure de la qualité perçue des services publics (QSP) - Marcel Guenoun, Kiane Goudarzi, Jean-Louis Chandon p. 223-243 Les organisations publiques recourent désormais intensivement aux méthodes et concepts du marketing pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer les prestations qu'elles délivrent à leurs bénéficiaires. La qualité des services offerts est au cœur de leurs préoccupations. Le marketing dans le secteur public nécessite une adaptation des outils aux spécificités du contexte. Le principal apport de la recherche est de proposer la construction d'un modèle de mesure hybride de la qualité perçue des services publics (QSP) intégrant les dimensions publiques et privées à partir d'une étude quantitative conduite sur un échantillon de 760 habitants de la ville de Besançon. La qualité de service est un des piliers de la modernisation administrative. Cependant, la qualité des services publics renvoie à une conception élargie de la qualité de service. En plus des dimensions que l'on retrouve dans le secteur privé, des dimensions propres au secteur public ont un impact important sur la perception des services publics par les bénéficiaires. Dans cet article nous développons un modèle de mesure de la Qualité de Service Public qui incorpore dans une même conceptualisation les dimensions publique et privée. Cette recherche apporte aux praticiens un outil de mesure opérationnel pour interroger leurs bénéficiaires sur la qualité des services publics.Today, public organizations make extensive use of marketing methods and concepts to design, implement and assess the services they deliver to their beneficiaries. The quality of the services offered is at the heart of their concerns. Public sector marketing requires tools that are adapted to the specific characteristics of the context. The main contribution of this research is to propose the construction of a hybrid model to measure perceived public service quality (PSQ), mixing public and private dimensions. It is based on a quantitative study conducted on a sample of 760 inhabitants of the French town of Besançon.Points for practitionersPoints for practitioners Service quality is a cornerstone of government modernization. However, public service quality adds another dimension to the notion of service quality. In addition to those found in the private sector, dimensions specific to the public sector have a significant impact on how the beneficiaries perceive public services. In this article we develop a model to measure Public Service Quality that incorporates the public and private dimensions in a single conceptualization. This research provides practitioners with an operational measurement tool to survey their beneficiaries on public service quality.