Contenu du sommaire : Populations, vulnérabilités et inégalités écologiques

Revue Espace Populations Sociétés Mir@bel
Numéro no 1, 2008
Titre du numéro Populations, vulnérabilités et inégalités écologiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial - Philippe Deboudt, Vincent Houillon p. 3-7 accès libre
  • Articles

    • Immigrants and Coastal Artisan Fishing in a Context of Constrained Spatial Expansion in the City of Pointe-Noire (Congo-Brazzaville) - Gabriel Tati p. 21-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les changements, tant sur le plan spatial qu'environnemental, qui ont affecté l'habitat et la pêche artisanale au sein d'une communauté de migrants sur un site côtier qu'ils partagent avec une compagnie pétrolière dans la zone côtière de la ville de Pointe-Noire. Les observations de terrain sur une longue durée montrent que ces pêcheurs ont, de manière remarquable, démontré une capacité collective à organiser leurs activités de pêche et à transformer leur habitat informel dans un contexte d'illégitimité, de conflit et de menace permanente d'éviction. La proximité avec la compagnie pétrolière a toutefois induit des contraintes majeures dans l'occupation de l'espace et dans l'utilisation des techniques de pêche en mer. Avec la poussée migratoire et les limites physiques imposées par la compagnie, l'espace habitable s'est réduit considérablement pour les pêcheurs. Cela a entraîné une occupation anarchique des espaces avoisinants, vacants mais écologiquement plus fragiles et inondables. Les pratiques de pêche sont devenues plus intensives et moins favorables à l'exploitation durable de colonies de poissons. Les pêcheurs sont obligés de trouver de nouvelles zones de pêche à cause de la présence accrue des activités pétrolières dans les eaux où ils opèrent habituellement. L'absence de tout engagement des autorités politiques locales et de la communauté des migrants à protéger cette partie de la zone côtière est en grande partie responsable de la dégradation de l'environnement. En dépit d'une incorporation économique quelque peu réussie des migrants, les conditions physiques dans la zone de partage ont donné naissance à une expansivité, tant en mer que sur terre, qui ne considère pas les effets négatifs des pratiques en cours sur l'extraction des ressources maritimes et de l'usage de la plage. L'une des recommandations faites est la restriction des flux migratoires et la régulation des activités industrielles dans cette zone fragile, avec des actions visant à sensibiliser tous les acteurs sur les méthodes et pratiques en matière de conservation de l'environnement.
      The paper critically assesses the changing housing and productive patterns of craft fisheries among immigrants in a context of contested sharing of residential and livelihood space with a multinational oil company in the coastal zone of the city of Pointe-Noire. Using longitudinal observations, the paper shows that these migrant fishermen have demonstrated a remarkable collective capability in organizing their livelihoods and transforming their informal settlement in a context of illegitimacy, conflict and threat of eviction. The proximity to the oil company, associated with industrial land and marine waters uses, however has considerably constrained the migrants' occupancy of space and induced changes in their fishing techniques in high sea. With increased migration fluxes and physical limits imposed by the company, the residential space is rapidly shrinking, causing further encroachment onto nearby vacant but ecologically fragile wetland sites. They also have had to resort to more intensive fishing methods that are having some destructive effect on the reproductive capability of fish stocks. The migrant fishers have had to find new fishing territories due to the increased presence of oil-related activities in the marine waters where they actually operate. The lack of political and community engagement in the environmental protection of the coastal zone resources play a key role in the persistence of environmental degradation in the area. Although the migrants are somewhat economically incorporated, the physical conditions on the ground have generated expansionist behaviours, both on sea and land, which fail to consider long-term effects of the resources extraction and land use. To deal with the mounting pressures arising from various developments in the coastal zone of contestation, the options of restricting the growth of the migrant population and that of oil-related industrial activities, and heightening the local actors of methods and practices of environmental marine preservation are urgently worth considering.
    • Partir pour mieux durer : la migration comme réponse à la sécheresse au Sénégal ? - Dominique Roquet p. 37-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La sécheresse au Sénégal a été à l'origine d'inégalités sociales et spatiales et a conduit à une redistribution du peuplement par le biais de la mobilité, véritable stratégie de gestion du risque et de durabilité des sociétés paysannes.
      Drought in Senegal has been the cause of social and spatial inequalities, and has led to a new distribution of people, by means of mobility, a real strategy of managing risks and of peasant societies durability.
    • Vulnérabilité sismique et inégalités socio-spatiales - Antoine Le Blanc p. 55-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que la vulnérabilité sismique des villes dépend de très nombreux facteurs, cet article tente de montrer combien une certaine approche de la vulnérabilité est source d'inégalités socio-spatiales. Dans un contexte patrimonial, la volonté de conservation du centre historique d'une ville redéfinit les valeurs accordées aux différents bâtiments et quartiers. Il s'ensuit un rééquilibrage des politiques de gestion du risque au détriment de quartiers périphériques qui, pour des raisons historiques, géographiques et économiques, abritent des populations plus vulnérables. Le critère patrimonial devient alors un facteur d'amplification des inégalités, non seulement territoriales et socio-économiques, mais aussi sur le plan de la vulnérabilité sismique. Les villes italiennes de Noto et d'Assise illustrent diversement ces dynamiques. À Noto, les contrastes de gestion du risque sismique se répercutent sur les caractéristiques socio-économiques des quartiers et accentuent l'inégalité face au risque. Dans le cas d'Assise, de récentes évolutions des politiques de gestion du risque sont dues à la prise de conscience de ces inégalités et à la volonté de les réduire.
      Urban seismic vulnerability depends on several factors; this paper aims to demonstrate that a limited approach of vulnerability is at the origin of social and spatial inequality. Indeed, as the will to preserve the architectural heritage of urban historic centres leads to a new definition of the values given to the various buildings and urban areas, it entails specific risk management policies, favouring central areas at the expense of peripheral, poorer and more vulnerable areas. Thus, the conservation of architectural heritage leads to increasing territorial, social, and economic disparities, and to unequal seismic vulnerability management. These dynamics are analysed through the examples of two small Italian towns, Noto and Assisi. The contrasts of seismic risk management in Noto's various urban areas lead to increasing social, spatial and economic inequality, whereas in Assisi, recent evolutions in urban policies are meant to counterbalance this trend.
    • Compensation territoriale, justice et inégalités environnementales aux Etats-Unis - Julie Gobert p. 71-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Aux États-Unis, la constatation de situations d'injustice environnementale a justifié de nouvelles revendications des minorités ethno-raciales et induit la création de nouveaux outils d'action publique/privée. Or les compensations territoriales font partie des compromis socio-politiques locaux qui visent à la fois à améliorer l'acceptabilité sociale des infrastructures et à atténuer in fine les disparités environnementales. Se distançant de l'indemnisation et complétant (ou fléchant) les revenus fiscaux qu'entraîne pour les collectivités d'accueil la présence d'ouvrages polluants ou à risques, elles se matérialisent, selon les contextes, par une embauche privilégiée des riverains, une offre de formation aux métiers développés sur l'infrastructure, la participation à la construction d'équipements collectifs, la diminution des atteintes environnementales… Elles jouent ainsi sur les registres de la justice procédurale pour la négociation qu'elles exigent entre acteurs, de la justice distributive en tentant de réallouer les bénéfices et de corriger les nuisances, et de la justice substantive en s'adressant prioritairement à des territoires et des populations déshérités. À travers deux exemples, le Compensation benefits agreement concernant l'aéroport de Los Angeles et le Host community benefits plan concernant l'implantation d'une centrale électrique à Long Island, l'efficacité des mesures compensatoires dans la lutte contre les inégalités est interrogée.
      In the United States, the environmental justice movement and the demands of minorities to live in a safe environment were at the origin of new tools of public/private policy. Indeed the “community benefits” result from social and political compromises that target not only to improve the acceptability of facilities but also to reduce environmental inequities. They differ from indemnities or taxes that the local governments receive when they host polluting or hazardous infrastructures. According to the context, the “compensation package” takes different forms: training and first hiring system so that resident can access to the jobs of the facility, construction of community buildings, and diminution of environmental harm… That's why they fall within the scope of procedural justice because they require that all involved stakeholders participate to the final decision, of distributive justice as they try to reallocate benefits and to repair nuisances, of substantive justice because they are foremost implemented for deprived territories and people. Through two examples – the Community benefits agreement at the International Los Angeles airport and the Host community benefits plan negotiated for the sitting of a power plant at Long Island - the efficiency of compensatory measures to address environmental inequities is analyzed.
    • Cultural Responses to Natural Changes such as Climate Change - Thomas Heyd p. 83-88 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On dispose d'études sur les réponses humaines au changement climatique aux temps historiques et même préhistoriques. Il y a également des articles qui débattent sur le rôle de la vulnérabilité et l'importance des structures institutionnelles pour améliorer les réponses des citoyens aux défis qui pourrait signifier le changement climatique de nos jours. Mais la question du rôle des facteurs culturels face à la vulnérabilité causée par ces changements reste assez peu abordée. En particulier, il faudrait clarifier comment les croyances, les valeurs, les pratiques et les habitudes sont en interaction avec les comportements des individus et des collectifs qui affrontent les défis posés par les effets du changement climatique. Dans cet article on apporte quelques réflexions sur ces sujets, en prenant pour exemple les perspectives culturelles des croyances des peuples indigènes du Nord-Ouest de l'Amérique du Nord.
      Research is steadily progressing on human responses to natural changes such as climate change, both with regard to such changes in historical as in prehistoric periods. We are, moreover, coming to a better understanding about the role of vulnerability and of institutional structures in relation to appropriate coping behaviours in the face of such environmental changes. The question concerning the cultural factors in vulnerability due to such natural changes has been little considered to date. Specifically, it is imperative to clarify how beliefs, values, practices and habits interact with the behaviour of individuals and collectivities that have to confront drastic natural changes. Ultimately, it is necessary to come to a better understanding of those values that have inter-cultural validity and may be useful in generating the necessary conditions to so that marginalised groups in our own and other societies my obtain the support which they need to adapt to such changes. In the following I discuss a case of particular cultural responses to natural changes drawn from the experience of the Alaska Tlingit and the Yukon First Nations.
    • Une périurbanisation officielle dans un site contraignant - Abdellah Messahel p. 89-99 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le développement spatial de la ville d'Oran, au-delà de ses limites communales, se caractérise par l'occupation de terrains de différentes natures. La conséquence est la création d'espaces périurbains socialement distincts. Le recasement constitue une forme de lotissement simplifié, destiné à une catégorie de population socialement défavorisée, à faible revenu. Il a été initié à la fin des années 1980, et a touché les grandes villes algériennes qui connaissaient une grave crise de logement. Parmi les recasements, un des exemples les plus frappants est celui de Nedjma, confiné au sud-est de l'agglomération oranaise. Ce lieu dit, rural avant la nouvelle urbanisation, abrite le recasement le plus important sur le territoire national par son envergure : la création de plus 5700 lots sur une superficie de 250 hectares a fini par y regrouper plus de 50 000 habitants. La spécificité réside dans le fait que ce recasement a été réalisé, au su de tous les responsables locaux, sur un site marécageux, regroupant certes un habitat individuel traditionnel mais sous-équipé. Cédé, à un prix dérisoire, le recasement connaît encore aujourd'hui de grandes difficultés d'aménagement liées principalement à un site inondable, à un isolement géographique et à une marginalisation sociale. Les contraintes d'ordre environnemental, l'origine géographique et les revenus modestes des ménages, le sous-équipement sont autant d'éléments qui contribuent à une ségrégation socio-spatiale dont l'origine est une périurbanisation officielle dans un site difficile.
      An Official Suburbanisation on a Difficult Site:The Case of Nedjma within Greater Oran The spatial development of Oran city, beyond its district limits, is characterised by a variety of land occupation. This has resulted in the creation of suburban spaces socially distinctive. The recasement represents a form of simplified housing estates orientated towards a low income population. It was first initiated towards the end of the 1980's, and has affected the large Algerian cities suffering from an acute housing shortage problem. Among these recasements, Nedjma, situated in the south east of Oran urban area, is one of the most significant. This small place, rural before its urbanization, has become the largest recasement in the country: the creation of 5700 plots on a land coverage of 250 hectares has resulted in a population of over 50 000.The specificity of this space is that it has been built with the knowledge of local authorities, on a land, although gathering individual housing but with poor quality services. The land was sold very cheaply, the site is still knowing many management problems related to the fact that this area is confronted to flooding; that it is an isolated geographical area and also that it is socially marginalized. Environmental difficulties, geographical origins, low-income householders, low grade servicing are various factors contributing towards social and spatial segregation which origin is related to an official sub urbanisation situated on a difficult site.
    • Inégalités écologiques : vers quelle définition ? - Marianne Chaumel, Stephane La Branche p. 101-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La notion d'inégalités écologiques suscite, du fait de sa jeunesse et de la complexité des phénomènes qu'elle englobe, des interrogations. Définir le terme de façon claire et exhaustive apparaît alors comme un préalable indispensable à toute étude plus poussée basée sur cette notion au potentiel heuristique indéniable. Distinguer inégalités écologiques et inégalités sociales permet, dans un premier temps, de remplacer l'approche traditionnelle, axée sur les ressources et milieux naturels, par une analyse recentrée sur les populations elles-mêmes, porteuses, dans des proportions diverses, de droits, mais aussi de devoirs vis-à-vis de l'environnement. Mais afin d'éviter de vider la notion de sa valeur heuristique, nous pensons que certaines limites conceptuelles doivent être établies. Il faut ensuite distinguer sa dimension ‘naturelle' de la dimension sociale en définissant de façon précise ce que l'on signifie par ‘nature', ‘environnement', ‘écologie', afin, ensuite, de préciser la conception des interrelations entre société et nature. Au niveau méthodologique, cela permet ensuite de mieux comprendre les inégalités des groupes face à la nature et celles de ces groupes face à d'autres groupes. Ce n'est qu'ensuite que les interactions entre les deux, et donc que l'inégalité écologique dans son sens profond peut être comprise, en ce qu'elle joue un rôle majeur dans la capacité des acteurs à s'adapter ou non aux crises et aux changements environnementaux.
      The notion of ‘ecological inequalities' raises several issues because of its recent emergence and of the complexity of the issues it refers to. An in-depth exploration of its different definitions is thus a pre requisite to its further use as a concept on which studies may be based. Then, we propose that some conceptual limits must be drawn in order to avoid emptying the notion from its heuristic power and that using the notion implies that one has to define what one means by ‘environment', ecology and nature. A starting point is to distinguish two dimensions inherent in the notion; social and environmental inequalities, which allows us to depart from the old concept of ecology as ‘nature' and to conceive the social and environmental aspects as interrelated. Hence, inequalities arise both in terms of actors' relationship to nature and to other humans, i.e., the social and political aspects. From this, we can then reflect on means by which to conceptualise actors' varying capacity at adapting and responding to environmental crises and changes.
    • Les inégalités environnementales comme inégalités de moyens des habitants et des acteurs territoriaux - Guillaume Faburel p. 111-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le thème des inégalités environnementales fait l'objet de tentatives de définition, tant par la recherche que dans certains documents officiels. La définition la plus conventionnelle, importée de l'étranger, ainsi que l'acception plus extensive çà et là rencontrée en France, ne permettent pas toujours de comprendre et saisir certaines situations urbaines, pourtant porteuses de telles inégalités. Il s'agit ici de montrer que cet effort de qualification impose une clarification sur les différentes conceptions de l'environnement en jeu. Sur cette base, et notamment au regard des décalages croissants entre d'une part l'acception administrative historique de ce qui fait environnement, le régime de gouvernement qui la porte et, de l'autre, ce qui fait de plus en plus sens pour les citadins, exprimé notamment par la conflictualité environnementale, nous proposons une définition moins statique et descriptive. Les inégalités environnementales en ville pourraient dès lors être d'abord des inégalités sociales et territoriales face aux capacités et moyens donnés aux populations et pouvoirs publics locaux d'agir pour améliorer leur environnement, en situation d'habiter.
      Recently, in France, several researchers and public authorities tried to define environmental inequalities, in order to put this topicon the agenda and to better-feed issues of sustainable development. However, such definitions, conventional (from Anglo-Saxon countries) as extensive one, do not succeed to catch some urban situations characterised by environmental inequalities. We try here to show that to be more explicit on definitions, and perhaps to be more effective in actions, we should clarify the different conceptions of environment behind these several tentative, mainly between an historical one (based on technical approach and command and control procedures), and a more recent one (based on local environment, others knowledge and more participative decision making processes). To have focus on the increasing gap between these two conception could led to define environmental inequalities as social and territorial inequalities, linked to capacities and means given to populations and local authorities to improve their own environment.
    • Inégalités écologiques : analyse spatiale des impacts générés et subis par les ménages belges - Joël Dozzi, Moritz Lennert, Grégoire Wallenborn p. 127-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de l'article est d'explorer les méthodes pour présenter les inégalités écologiques sur un territoire donné. Nous commençons par définir les inégalités écologiques afin de rendre cette notion opératoire pour des traitements statistiques et cartographiques. Nous interprétons les inégalités écologiques en deux sens : inégalités face aux pollutions et aux dégradations de l'environnement, et inégalités en termes d'impacts sur l'environnement. Nous exposons ensuite ce qu'il est aujourd'hui possible de dire à propos des inégalités écologiques sur un territoire (la Belgique) pour lequel le système de collecte de données n'est pas toujours centralisé. Nous montrons les résultats de l'exploration systématique des bases de données quantitatives et comparables pour l'ensemble du territoire de la Belgique, en exposant les variables retenues, diverses corrélations et une analyse par composante principale. L'environnement est ainsi réduit à ce qui est mesuré et interprétable. Outre le résultat attendu que les ménages les plus favorisés économiquement sont ceux aussi qui échappent le plus souvent aux pollutions et qui génèrent le plus de pressions sur les ressources, nous révélons certains aspects culturels liés aux inégalités écologiques. Nous concluons par quelques remarques méthodologiques.
      The aim of the paper is to explore methodologies for exhibiting ecological inequalities on a given area. It begins with a definition of ecological inequality in order to make this notion operative for statistical and cartographical processes. Ecological inequalities are construed in two ways: inequalities related to pollution and environmental deterioration, inequalities regarding environmental impacts. The paper then presents what is possible to assert today about ecological inequalities on a territory for which data are not always centralised — as it is the case for Belgium. Databases have been systematically explored, and when quantitative data have been found comparable, the selected variables are examined, as well as some correlations and the result of a principal component analysis. The environment is thus reduced to what is measurable and interpretable. A first result is that wealthier households escape most often from pollution whilst they generate more pressure on the resources. But besides this expected result, we show that some cultural aspects are linked to ecological inequalities. The paper concludes with some methodological comments.
    • Éléments pour une géographie sociale de la contestation des nuisances aériennes à Bruxelles - Frédéric Dobruszkes p. 145-157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Situé aux portes de la ville, l'aéroport de Bruxelles pose le problème des nuisances aériennes tant diurnes que nocturnes. Selon les rapports de force entre pouvoirs publics, entre groupes de pression de quartiers différents ou entre pouvoirs publics et groupes de pressions, les procédures aériennes ont maintes fois évolué pour éviter tel ou tel espace au détriment d'un autre. Notre recherche présente d'abord la géographie récente des routes aériennes en région bruxelloise, utilisée comme approximation de la géographie des nuisances. Cette spatialité est alors comparée avec la géographie de la contestation des nuisances selon trois modalités d'action : comités de défense ; actions en justice ; plaintes auprès de l'administration de médiation habilitée à les recevoir. On constate alors que l'organisation des habitants des quartiers aisés tranche significativement avec celles des quartiers populaires, au détriment de ces derniers qui sont absents de la contestation. Les structures sociales surdéterminent fortement la structuration des habitants en vue de se défendre dans la mesure où elles induisent une inégalité dans les ressources mobilisables (capital culturel et économique, réseaux sociaux et politiques). L'inégalité dans la défense locale conduit alors à un accroissement des nuisances concernant les quartiers centraux populaires.
      The Brussels Airport is located at the city gates and thus poses the problem of aircraft nuisances, daytime as well as overnight. Depending on balance of power between authorities, between pressure groups or between authorities and pressure groups, air procedures frequently have changed in order to avoid one or another district. Our research first set out the recent geography of air routes in the Brussels area. There are used as an approximation of the aircraft noise geography. Then this geography is compared with the geography of the Contesting nuisances, according to three methods of initiative: setting up a community association, lodging a complaint to the dedicated, federal administration or bringing a legal action. Then we notice that the inhabitants leaving in privileged areas are much better organised than those leaving in working-class areas, to the detriment of the latter that are absent of the protest. Social structure strongly conditions the organization of the inhabitants in order to defend themselves, because they lead to inequalities in terms of available resources (cultural and economic capital, social and politic networks). The local defenceinequality leads then to an increase of aircraft noise sudden by working-class areas.
    • Inégalités environnementales en région Île-de-France : le rôle structurant des facteurs négatifs de l'environnement et des choix politiques afférents - Guillaume Faburel, Sandrine Gueymard p. 159-172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Centre de recherche Espace, Transport, Environnement et Institutions Locales (CRETEIL), Institut d'Urbanisme de Paris, Université Paris 12, 61, avenue du Général de Gaulle, 94010 Créteil Cedex, gueymard@univ-paris12.fr Partant d'une acception très générale des inégalités environnementales, deux typologies régionales multicritères ont été dressées à l'échelle des 1 300 communes franciliennes. En livrant une première lecture quantitative et statique de telles inégalités, cette contribution développe une réflexion autour des critères et facteurs d'environnement susceptibles d'incarner et d'exprimer au mieux cette relation. Si une correspondance globale entre les caractéristiques environnementales et sociales des territoires est ici mise en évidence, il ressort aussi de nos résultats : des liaisons plus ou moins prononcées selon les facteurs environnementaux renseignés ; et plus particulièrement ici, selon la nature même de ces facteurs, porteurs d'aménités ou de désaménités environnementales. Ces résultats ne sont pas sans interroger la manière d'appréhender scientifiquement et politiquement de telles situations inégalitaires.
      Based on a very general meaning of environmental inequalities, two multicriteria regional typologies have been built on the scale of the 1300 municipalities of Paris metropolitan region. Bringing a first quantitative and static lecture of such inequalities, this paper develops comments about environmental criteria and factors, which are most appropriate to express this relationship. If a global connection between environmental and social characteristics of territories is highlighted here, results also show links more or less obvious depending on environmental factors and especially on the nature of these factors, whether they bring environmental amenities or desamenities. These results question the way to scientifically and politically apprehend such unequal situations.
    • Inégalités écologiques, inégalités sociales et territoires littoraux : L'exemple du quartier du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais, France) - Philippe Deboudt, Valérie Deldrève, Vincent Houillon, Didier Paris p. 173-190 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Se fondant sur l'étude d'un cas, le quartier du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer, les auteurs proposent dans cet article une réflexion sur les relations entre les dimensions socio-urbaines et environnementales dans la construction des inégalités sociales et écologiques. À partir de deux approches en géographie et en sociologie, les auteurs analysent la construction de l'espace urbain et les processus de marginalisation qui l'associe dans les années 1990 à une zone urbaine sensible. Si les caractéristiques sociales de ce quartier le rangent sans ambiguïté dans la catégorie des quartiers socialement très défavorisés, l'inégalité environnementale est partielle par rapport aux autres quartiers de la ville. En effet l'environnement urbain du quartier est certes bien dégradé par la faiblesse de l'accès aux services, par la qualité médiocre de ses logements et par sa marginalisation spatiale mais il bénéficie d'un environnement « naturel » objectivement positif que lui procure sa situation littorale et sa proximité à la mer. Les politiques de rénovation urbaine soutenues par l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine en 2004 marquent une rupture dans cette évolution avec notamment un projet urbain intégrant la prise en compte de la dimension littorale et maritime du quartier. Une étude sociologique menée en 2006-2007 montre les difficultés de l'appropriation de ces transformations par les habitants. L'environnement vécu et perçu par les habitants diffère fondamentalement de celui des acteurs du territoire. La notion d'inégalité écologique s'enrichit de la double lecture des approches sociologique et géographique
      A team of sociologists and geographers conducted a research about relations between social and ecological inequalities. The case study is located in a problem urban area, located in Boulogne-sur-Mer (North of France). Basing their analysis on a case study of the Chemin Vert district in Boulogne-sur-Mer, the authors examine the relationship between the socio-urban dimension and the environmental dimension in the construction of social and ecological inequalities. From an integrated geographical and sociological perspective, the authors analyze the construction of urban space and the processes of marginalization that, in the 1990s, were associated to this space, resulting in the concept of zone urbaine sensible (sensitive urban zone). While the authors agree that the social characteristics of the Chemin Vert district place it unequivocally in the category of extremely under-privileged, the district's environmental inequality is nonetheless limited in comparison to other districts in the city. In fact, although the urban environment of the Chemin Vert is certainly diminished by the lack of access to services, by the mediocre quality of housing, and by the district's spatial marginalization, it benefits from a "natural" environment that is objectively positive, due to its coastal location and its proximity to the sea. The urban renewal policies financed by France's National Urban Renovation Agency in 2004 signaled a change in the evolution of this district, notably with an urban project that takes the Chemin Vert's coastal and maritime dimension into account. A sociological study conducted in 2006-2007 high- lighted the difficulties that the inhabitants have in appropriating the transformations engendered by this urban project. The environment lived in and perceived by the inhabitants differs fundamentally from the one perceived by the territorial stakeholders. The contrasting perspectives of the geographical and sociological approaches act to expand the notion of ecological inequality.
    • Au-delà des impayés d'énergie, comment appréhender la précarité énergétique ? - Isolde Devalière p. 191-201 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La précarité énergétique est un phénomène difficile à quantifier même si l'on sait qu'elle concerne une part croissante des ménages au regard des demandes d'aides exprimées par les plus vulnérables, mal logés et mal chauffés, auprès des services sociaux et des associations caritatives. Pour quantifier un phénomène mouvant et diffus sur le territoire, l'article interroge les apports et les limites de quatre approches comptables possibles : la pauvreté monétaire des ménages qui se fixe sur un seuil de pauvreté, la pauvreté subjective qui repose sur la perception de manques par les ménages, la pauvreté « administrative » qui recense le nombre croissant des bénéficiaires des fonds sociaux et celle plus souterraine qui vit dans des logements indignes que les pouvoirs publics ont le devoir de réhabiliter voire d'éradiquer. L'article montre que ces approches sont partielles, les liens entre logement et précarité restrictifs. Elles ne donnent à voir qu'une partie des profils concernés, et elles soulèvent de ce fait la difficulté d'englober des situations très différenciées. Même l'indicateur des 10% de dépenses énergétiques retenu par les Anglais requiert un complément d'indicateurs alternatifs qui puisse qualifier la qualité thermique des logements. Enfin, l'article propose certains indicateurs pertinents qu'il conviendrait de croiser à condition qu'ils soient disponibles ou susceptibles d'être renseignés. D'actuels travaux de réflexion sur la création d'observatoires sur les performances énergétiques, les consommations ou sur la précarité énergétique permettront une meilleure appréhension des phénomènes préoccupants de précarité énergétique.
      Fuel poverty remains an issue quite difficult to quantify, even though it concerns a growing part of households with regard to applications for aid asked by the most vulnerable, poorly housed and poorly heated, to the social services and associations charities. In order to quantify a phenomenon changing and diffused on the territory, the abstract points out the contributions and limitations of four possible accounting approaches: the households poverty settled on a minimum income; the poverty feeling based on the shortages perception, the “administrative” poverty which lists the increasing number of social funds beneficiaries of social funds and the poverty of people living in unfit housing that public authorities should improve or even eradicate. The article points out that these approaches are partial. The relationship between housing and precariousness is restrictive. These approaches only highlight a few parts of the concerned cases, so they underline the difficulty to cover all these different cases. The index of 10% of energy expenses retained by the English requires additional alternative indicators in order to characterize the thermal quality of housing as a relevant indicator. To conclude, the abstract suggests some relevant indicators that should be crossed, provided that they are available or supposed to be completed. Different institutions are currently working on the establishment of observatories regarding the performance of energy consumption or energy insecurity. These observatories will lead to a better understanding of the phenomena of fuel poverty.
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