Contenu du sommaire : I. Travaux
Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 56, 2008 |
Titre du numéro | I. Travaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les pronoms indéfinis en français : une classe à (re)définir - Nelly Flaux p. 7-46 Si l'on considère qu'une expression référentielle indéfinie a pour caractéristique d'introduire la première mention d'un référent dans le discours, on est en droit de se demander à quoi correspond la classe des pronoms indéfinis en français. En effet, de nombreux termes rangés dans cette classe fonctionnent comme des anaphoriques. De plus, la construction impersonnelle sélectionne en principe les expressions référentielles indéfinies ; or tous les « pronoms indéfinis » ne l'acceptent pas (*Il est arrivé (chacun + tous)). A maints égards, un grand nombre d'entre eux ne se comportent pas comme des groupes nominaux. Il y a donc des raisons de penser que la plupart des « pronoms » indéfinis sont en réalité des déterminants employés sans nom (cf. notamment l'emploi de en). Si l'on s'en tient à ces critères, la classe se réduit à personne, rien, quelqu'un, quelque chose, n'importe quoi/qui, n'importe lequel, le même, tout ( ?), qui que ce soit / quoi que ce soit et autre chose.If what characterizes an indefinite referential phrase is the fact that it introduces into a discourse the first mention of a referent, one is entitled to wonder what the class of French indefinite pronouns corresponds to. Indeed, numerous terms that are considered as belonging to this class function like anaphors. Moreover, theoretically, impersonal constructions select indefinite referential phrases; yet not all “indefinite pronouns” accept this structure (*Il est arrivé (chacun + tous)). In many respects, many of them do not behave as noun phrases. There are, therefore, reasons to think that most indefinite “pronouns” are actually determiners used without a noun (see especially the use of en). If one confines oneself to the above mentioned criteria, then this class only includes personne, rien, quelqu'un, quelque chose, n'importe quoi/qui, n'importe lequel, le même, tout ( ?), qui que ce soit / quoi que ce soit et autre chose ‘no one, nothing, someone, something, whatever, whoever, whichever, the same, all, anyone, anything' and ‘something else'.
- Les adjectifs français et l'opposition aspectuelle statif vs dynamique - Pauline Haas, Fayssal Tayalati p. 47-67 Du point de vue aspectuel, les adjectifs sont traditionnellement classés parmi les prédicats statifs. A l'aide de tests aspectuo-sémantiques empruntés aux études portant sur l'aspect verbal, nous montrerons qu'il existe une sous-classe d'adjectifs qui ont la propriété d'être dynamiques. Ces adjectifs ont par ailleurs la particularité de donner le rôle sémantique d'agent à leur sujet, ce qui sera mis en évidence par divers tests. Ainsi, nous ferons le lien entre agentivité du sujet et dynamicité dans le domaine adjectival. Les adjectifs dynamiques dénotent des comportements : gentil, méchant, imprudent, infidèle, malhonnète, etc., mais peuvent par ailleurs dénoter des qualités (sens statif). Nous défendrons l'idée que le passage de l'interprétation dynamique à l'interprétation stative se fait par l'intermédiaire d'une lecture habituelle.Adjectives are traditionally considered to belong to the class of stative predicates. Using aspectual and semantic tests borrowed from analyses of verbal aspect, we demonstrate that there exists a subclass of dynamic adjectives. These adjectives assign the thematic role of agent to their subject, as a series of tests brings to light. It is thus shown that agentivity and dynamicity are connected in the adjectival domain. Besides, dynamic adjectives (such as kind, mean, careless, unfaithful, or dishonest) describe behaviours but they can also describe qualities - and thus have a stative interpretation. This stative interpretation is argued to derive from a habitual reading.
- Noms communs et noms propres « qualitatifs »? - Montserrat López Díaz p. 69-95 On s'occupera d'exemples publicitaires où le nom commun (nc) et le nom propre (np) ont un comportement syntaxique assez similaire à celui des adjectifs. Les constructions sont de deux types : x est nc et x est (adv de degré) nc ou np. Le deuxième type n'offre pas de doute quant à sa fonction adjectivale, alors que le premier fait l'objet de discussions. Comme il s'agit de nc et de np dont la valeur référentielle est estompée, ils qualifient le sujet tout en restant des nc et des np, excepté si le nom a déjà fait l'objet d'une véritable conversion en adjectif.In this paper, advertisement examples will be studied, where common noun (cn) and proper noun (pn) have a syntactic behaviour analogous to that of adjectives. The constructions are of two kinds: x is cn and x is (adv of degree) cn or pn. The second construction has an adjectival function, whereas the first one is not clearly defined. Because there are cn and pn whose referential properties are faded, they qualify subject and continue being cn and pn, except when the noun has already undone a change into an adjective.
- Syntaxe, prosodie et structure informationnelle : une approche prédictive pour l'analyse de l'intonation dans le discours - Piet Mertens p. 97-124 Cet article présente une approche pour l'analyse de la prosodie en français, basée sur une prédiction de l'intonation par défaut non marquée, qui reproduit les propriétés lexicales et syntaxiques de l'énoncé. La mise en regard des deux réalisations intonatives, l'intonation par défaut et celle réalisée par le locuteur, permet d'identifier de façon univoque les formes intonatives marquées utilisées par le locuteur, en vue d'examiner leur contribution au sens global du message. Le calcul de l'intonation par défaut tient compte de l'accent lexical, du nombre de syllabes, des relations de dépendance syntaxiques et des constructions syntaxiques. La procédure vise également la définition d'unités discursives à partir de critères syntaxiques et prosodiques.This paper presents an approach to the analysis of prosody in French, based on a prediction of the unmarked default intonation matching the lexical and syntactic properties of utterances. By confronting this default intonation with the actual intonation used by the speaker, all marked intonation elements are identified unambiguously, and their contribution to verbal communication may be evaluated. The prediction of default intonation takes into account word stress, syllable count, syntactic dependency relations, as well as syntactic construction. In the process, syntactic and prosodic criteria are proposed for the definition of discourse units.
- A propos de la détermination du N fois par l'article défini et par l'adjectif démonstratif - Anne Theissen p. 125-139 Nous proposons ici, dans une visée contrastive, une étude sur la détermination du substantif fois par l'article défini et par l'adjectif démonstratif. Cette description comparative nous permettra, d'une part, de montrer comment et pourquoi le statut nominal spécial de fois influe sur le fonctionnement de ces déterminants et, d'autre part, de mettre en avant les points communs et les divergences de ces deux types de syntagmes en fois ; les uns et les autres étant liés aussi bien aux propriétés inhérentes de ces deux déterminants qu'au statut à part du substantif fois.The aim of our article is to examine, in a contrastive framework, how the definite article and the demonstrative adjective determine the noun fois ‘time'. This comparative description will allow us, on the one hand, to show how and why the nominal status of the word fois influences the functioning of these determiners, and, on the other hand, to put forward what these two types of nominal phrases have in common and the distinctions between them. Their differences and similarities are related both to inherent properties of these determiners as well as to a particular status of the noun fois.
- De la partition à la quantification : le cas des verbes de séparation V X en Ypl - Christine Vénérin-guénez p. 141-163 Les verbes de séparation V X en Ypl comme briser un vase en morceaux sont intrinsèquement associés à la quantité car le procès qu'ils expriment traduit toujours le passage de l'unicité à la pluralité. Ils dénotent une partition originale et réunissent les relations méronymiques portion/masse et fragment/objet. Ces prédicats partitifs véhiculent l'information quantitative par le verbe lui-même, par le pluriel de l'argument Y et par les noms sélectionnés dans Y. Ces noms de parties séparées comme bout, fragment, morceau et tranche sont disponibles pour quantifier des noms massifs, concrets ou abstraits. Selon le référent du nom spécifié et selon le contexte discursif, certains de ces noms sont des quantificateurs approximatifs comme dans un éclat de noisette ou des évaluateurs affectifs comme dans un bout de temps.The verbs of separation V X into Ypl, such as the one in to break a vase into pieces, are intrinsically associated with the quantity because the process that they express always conveys the change from unique to plural. They denote an original partition and combine the meronymic relations portion/mass and piece/thing. In these partitive predicates, the quantitative information is expressed by the verb itself, by the plural of the argument Y and by the noun selected in Y. The nouns of separated parts such as morceau ‘piece', bout ‘bit', fragment ‘fragment' and tranche ‘slice' can be used to quantify massive nouns, concrete or abstract. According to the referent of the noun and according to the discursive context, some of these nouns are well-adapted to express approximate quantification such as un éclat de noisette or to express affective evaluation such as un bout de temps.