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Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 68, 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- « Points de vue sur la complémentation ». Introduction - p. 7-8
- Un meta-terme dans le réseau terminologique de la complémentation : déterminer et ses dérivés aux xvie et xviie siècles - Jean-Marie Fournier p. 9-25 L'article propose de décrire la diversité et la plasticité des emplois de la notion de détermination dans le discours des grammairiens du français au cours de la période qui s'étend de la Renaissance à la fin du 17e siècle, avant l'invention du complément qui le remplace dans certains de ses emplois à partir des travaux de Girard, Dumarsais et Beauzée. Il s'agit de montrer comment les grammairiens ont utilisé cette notion au spectre d'application très large, avant de la mobiliser spécifiquement dans le champ de la complémentation verbale, puis de lui préférer un terme plus spécifié. L'analyse s'appuie sur le relevé complet des occurrences du verbe déterminer et de ses dérivés, dressé à partir de l'exploitation du Grand Corpus des Grammaires Françaises des Remarques et des Traités sur la Langue (Classiques Garnier numérique), et consiste à étudier l'ensemble de leurs contextes d'emploi.This article aims to describe the diversity and plasticity of uses of the concept of “détermination” in the discourse of the French grammarians. It covers the period from the Renaissance to the late 17th century, before the invention of the concept of “complément”, replacing ‘détermination' in some of its uses in the work of Girard, Dumarsais and Beauzée. The purpose is to show how grammarians used the very broad spectrum concept of détermination, before applying it specifically to the field of verbal complémentation and, later on, preferring a more specific term. The analysis is based on the complete record of instances of the verb “to determine” and its derived forms, extracted from the Grand Corpus des Grammaires Françaises des Remarques et des Traités sur la Langue (Classiques Garnier numérique), and on the study of all their contextual uses.
- L' Attribut de l' objet, une complémentation nucléaire ? - Michel Pierrard, Eva Havu p. 27-48 Certains identifient une fonction attributive étendue, une fonction syntaxique sui generis pouvant se rattacher tant à l'objet direct qu'au sujet, qui engloberait les attributs du sujet (AS), les divers types d'attributs de l'objet (AO) ou encore des AS de verbes intransitifs (ASS). Notre étude veut spécifier le statut syntaxique des AO et des ASS en examinant les aspects suivants : (1) le degré d'homologie syntaxique de ces tours avec les AS d'une part ou avec les adjoints adjectivaux et participiaux d'autre part ; (2) leur rapport avec la complémentation nucléaire, dans la mesure où ils semblent établir une prédication seconde située au-delà de la complémentation verbale. L'approche proposée caractérise et délimite la fonction des AO et des ASS sans fonder celle-ci sur un rapport être-copule, aléatoire sur le plan syntaxique, et en distinguant ainsi ces tours de la construction AS. Elle inscrit le fonctionnement des constructions AO et ASS dans la co-prédication adjectivante et positionne les différentes constructions étudiées sur un axe allant de la macro- à la micro-syntaxe.Certain linguists identify an extended predicative complement function, a syntactic function sui generis capable of being associated both with the direct object and with the subject and including subject complements (AS), different types of object complements (AO) or the predicative adjuncts of intransitive verbs (ASS). This paper intends to specify the syntactic status of the AO and ASS constructions by examining the following aspects: (1) the degree of syntactic equivalence of these constructions with the AS construction on the one hand, or with the adjectival and participial adjuncts on the other; (2) their relation with nuclear complementation, since these constructions seem to form a secondary predication beyond verbal complementation. Our approach characterizes and delimits the function of AO and ASS constructions without taking as a criterion a relation based on the predicative copula être, hazardous from a syntactic point of view, and thus distinguishing these constructions from the AS constructions. It allows us to include the AO and ASS constructions in the group of adjectival co-predications and to situate the constructions under study on a line leading from macro to micro syntax.
- Quelques remarques sur un complément circonstanciel qui n'en est pas toujours un - Ewa Pilecka p. 49-63 L'article est consacré à la description du fonctionnement en français contemporain de la collocation V de N (de type Hurler de rage, rayonner de bonheur, mourir d'ennui …, où le substantif est un nom d'affect, d'état psychologique ou de sensation, et le verbe en désigne une manifestation observable). L'examen du corpus des textes du web francophone permet de constater le passage de l'interprétation initiale en termes de cause/conséquence vers celle où le substantif joue le rôle du prédicat central, et le verbe a la fonction d'intensifieur.This paper deals with collocations of the type V de N (e.g. hurler de rage, rayonner de bonheur, mourir d'ennui…, in which the noun denotes an emotion, a psychological condition or a sensation, and the verb its manifestation). On the basis of a corpus of French texts published on the Web, we can conclude that the initial interpretation in terms of cause vs. consequence gradually shifts to one in which the noun acts as the main predicate, and the verb as an intensifier.
- Ellipse de compléments et de pseudo-compléments de verbes dans les énoncés situationnels en français - Christiane Marque-Pucheu p. 65-81 Les ellipses du complément dans les expressions situationnelles relèvent du paradoxe, traduisant un chevauchement entre langue et discours. Tout en recevant un « remplissage » situationnel souvent imprévisible, elles sont préconstruites d'après les règles de la syntaxe et les propriétés lexicales des verbes correspondants et apparaissent même dans des constructions sui generis qui relèvent de la Grammaire des constructions.Complement ellipsis in situational expressions constitutes a paradox, revealing an overlap between language and discourse. Whilst benefiting from an often unpredictable situational element which remains unexpressed, they are “preconstructed” according to rules of syntax and lexical properties of matching verbs and even appear in sui generis constructions which could be adequately dealt with in Construction grammar.
- Rection nominale : retour sur les constructions évaluatives - Alain Polguère p. 83-102 Cet article se penche sur le cas des dépendances syntaxiques régies par le nom selon une approche descriptive qui est simultanément grammaticale et lexicographique. Après avoir précisé la notion de dépendance syntaxique régie par le nom, nous rappelons la nécessité de prendre en compte une partie de la modélisation de ces dépendances dans la description du régime syntaxique des unités lexicales – information idéalement incluse dans le dictionnaire. Nous analysons finalement dans cette perspective lexico-grammaticale le cas des constructions dites évaluatives.This paper examines noun-governed syntactic dependencies in a simultaneously grammatical and lexicographic descriptive approach. We first focus on specifying the very notion of noun-governed syntactic dependency. Then, we show why part of the modeling of these dependencies has to be embedded in the description of the syntactic government patterns of lexical units—information that is ideally taken care of in the dictionary. Finally, we apply this lexico-grammatical approach to the specific case of so-called evaluative constructions
- Dépendances sémantiques et syntaxiques : quatre cas de figure pour l' adjectif en français - Sébastien Marengo p. 103-120 Les adjectifs du français témoignent parfois de correspondances particulières entre relations sémantiques et syntaxiques. Ainsi, un actant sémantique d'un adjectif peut avoir des manifestations contraintes (Paul est pressé de partir – *Paul en est pressé) ou se présenter comme un dépendant syntaxique du nom qui gouverne l'adjectif (le sport préféré de Paul). Semblablement, certains adjectifs épithètes portent sur une composante spécifique prévue dans la définition du nom (double meurtre) ou ont trait à la catégorisation impliquée par le nom (ancien clown). L'article se penche sur la description de ces phénomènes dans un cadre formel.Adjectives in French sometimes involve particular correspondence between semantic and syntactic relations. For instance, a semantic argument of an adjective may have restricted means of expression (Paul est pressé de partir lit. ‘Paul is in-a-hurry to leave' – *Paul en est pressé lit. ‘Paul of-it is in-a-hurry'); it may also appear as a syntactic dependent of the noun that syntactically governs the adjective (le sport préféré de Paul ‘Paul's favorite sport'). Similarly, some attributive adjectives bear on a specific component foreseen in the noun's definition (double meurtre ‘double murder'), and some are related to the categorization implied by the noun (ancien clown ‘former clown'). The paper deals with the description of these phenomena within a formal framework.
- Pseudo-interrogatives satellisées - Gilles Corminboeuf p. 121-137 On étudie des constructions binaires juxtaposées de type {Pinv, Q} qui comportent une inversion de pronom clitique sujet dans leur partie initiale, comme cet exemple de presse écrite [Est-ce l'effet du printemps ?]P [Les esprits qui veulent réformer nos institutions s'échauffent.]Q. Après une comparaison avec les constructions articulées par toujours est-il que et une analyse des indices récurrents dans la structure, on montre au plan argumentatif qu'en quelque sorte l'affirmation du fait Q donne rétroactivement un peu de crédit à une de ses causes possibles exprimée dans P.This paper deals with asyndetic binary constructions of the type {Pinv, Q} with a subject-clitic inversion in its first member, as in the following newspaper example: [Est-ce l'effet du printemps ?]P [Les esprits qui veulent réformer nos institutions s'échauffent.]Q. After a comparison between these constructions and the related structures connected by the marker toujours est-il que, and an analysis of recurrent clues in these constructions, we show – from an argumentative point of view – that somehow the assertion of Q retroactively strengthens the plausibility of the cause expressed by P.