Contenu du sommaire : L'internationalisation de la culture, de l'information et de la communication : quels enjeux contemporains ?
Revue | Les Enjeux de l'information et de la communication |
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Numéro | no 18/2, 2016 |
Titre du numéro | L'internationalisation de la culture, de l'information et de la communication : quels enjeux contemporains ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction au dossier 2016 : Contributions à la compréhension de mutations en cours - Bernard Miège p. 5-9
- Dix ans après l'entrée en vigueur de la Convention sur la diversité culturelle : Déséquilibres dans le marché international des biens et services culturels, et défi numérique - Luis A. Albornoz p. 11-23 Près d'une décennie après l'entrée en vigueur de la Convention sur la diversité des expressions culturelles (Unesco, 2005) s'impose la nécessité de savoir dans quelle mesure ce nouveau traité international, qui appelle à un meilleur équilibre entre les pays développés et les pays en développement en matière culturelle, a réussi à transformer les flux internationaux du commerce des biens et services culturels. Sur la base des données provenant de sources publiques (OMC, ISU) et privées, cet article démontre le fort contrôle que continuent d'exercer les industries culturelles appartenant à des pays développés. Enfin, est envisagée l'ampleur de l'un des plus grands défis actuels de la Convention : la réalisation de ses principes dans le cadre de l'avancée des technologies numériques.Ten years after the entry into force of the Convention on Cultural Diversity: Imbalances in the international market for cultural goods and services, and the digital challengeAlmost a decade after the entry into force of the Convention on the Diversity of Cultural Expressions (Unesco, 2005) is imposed to know to what extent this new international treaty, which calls for a better balance in cultural matters between developed countries and developing countries, it has succeeded in transforming international flows of trade of cultural goods and services. Based on data from public (WTO, UIS) and private sources, this article demonstrates the strong control that cultural industries of developed countries still have nowadays. Finally, the following pages consider the magnitude of one of the great challenges that the Convention must face today: the realization of its principles in the landscape drawn by digital technologies.
- Transnational Media Corporations and Global Division of Cultural Labor and Consumption - Lee Artz p. 25-38 Cet article décrit la nouvelle division internationale du travail culturel ‑en œuvre dans les industries culturelles et créatives transnationales (TNMC, pour Trans National Media Corporation)‑ qui consolide au niveau structurel et coordonne au niveau créatif la production médiatique locale et globale. Les TNMC produisent pour la télévision, le cinéma et la publicité, des contenus médiatiques hybrides tant au niveau linguistique que culturel, qui contribuent à une culture mondiale de la consommation indispensable au capitalisme néolibéral. Parallèlement à cette nouvelle division du travail créatif, une nouvelle culture internationale de la consommation vulgarise des modes de vie, des images culturelles de proximité, et des histoires de gratification individuelle, cautionnés par les medias de divertissement et la publicité transnationale des entreprises. La structure des médias transnationaux joue donc un rôle déterminant dans la création de publics acquis à la consommation de masse, la gratification individuelle, et l'autorité des marchés.This essay describes the new international division of cultural labor used by transnational media corporations (TNMCs) that structurally consolidate and creatively coordinate local and global media production. TNMCs produce culturally and linguistically diverse hybrid media content for television, film, and advertising that complements and contributes to a global consumer culture necessary for neoliberal capitalism. Parallel to this new division of creative labor, a new international culture of consumption popularizes lifestyle identities, culturally proximate images, and stories of individual gratification—underwritten by entertainment media and interlocking transnational advertising firms. The transnational media structure thus plays an instrumental role in creating audiences amenable to mass consumption, individual gratification, and market authority.
- Les enjeux des industries créatives en Inde - Philippe Bouquillion p. 39-53 Les industries de la culture et de la communication ainsi que des activités incorporant de la création, tel l'artisanat, jouent un rôle très important dans l'économie indienne et dans la construction permanente de l'indianité. Ces activités se structurent autour de deux pôles, l'un très industrialisé, l'autre relevant de l'économie informelle. À défaut d'apparaître explicitement dans les débats publics indiens, les scenarii décrits par les promoteurs des industries créatives reposant sur des articulations entre diverses activités au sein de la création, des « fertilisations croisées » au bénéfice de l'ensemble de l'économie et un développement politique et humain grâce à la créativité ne s'observent guère qu'au sein des secteurs les moins industrialisés. La force de la dynamique des principales industries de la culture et de la communication explique pourquoi elles n'ont nul besoin de ces solutions.Challenges in Creative Industries in India
The cultural and communication industries and activities based on creating such craft, play a very important role in the Indian economy and the continuous construction of Indianness. These activities are structured around two poles, one highly industrialized, the other belonging to the informal economy. Failing to appear explicitly in Indian public debates, the scenarios described by the promoters of creative industries based on linkages between various activities in the creation, on “cross-fertilization” of the whole economy and political and human development through creativity are mostly observe within less industrialized areas. The dynamic force of the main cultural and communication industries explains why they have no need of these solutions. - « Communication Internationale » et enjeux scientifiques : un état de la recherche à la naissance des sciences de l'information - communication en France - Bertrand Cabedoche p. 55-82 Largement consacrée, l'appellation objectivante Communication Internationale n'existe ni en tant que concept, ni en tant que champ, catégorie, théorie, école, discipline ou filière et ne donne lieu à aucune approche méthodologique originale. Son domaine de circonscription reste flou et élastique, dès lors que la tentative d'identification s'inscrit dans une démarche diachronique, au fur et à mesure que sa convocation englobante renvoie à des acteurs de plus en plus nombreux et prête le jeu à des productions discursives à géométrie variable. La polysémie terminologique dissuade d'une recherche exhaustive. Pour autant, la référence produit des effets de sens, qu'il est aujourd'hui temps de mettre en perspective. Alors, la seule option possible, pour un repérage éclairant passe par le fil conducteur disciplinaire des sciences de l'information - communication.À partir de leur constitution officielle en France à la fin des années soixante-dix et avec son imposition progressive au sein des sciences humaines et sociales, les Sic offrent approches théoriques et questionnements épistémologiques, encore quantitativement raisonnables et accessibles pour autoriser un premier répertoire. Qui plus est, circonscrite à un pays en même temps que prenant acte des productions et collaborations scientifiques transnationales, structurée à partir de l'entrée exploratoire via l'information médiatisée tout en se gardant des pièges du médiacentrisme, l'interrogation de la discipline laisse apparaître des inflexions épistémologiques, théoriques, conceptuelles et méthodologiques justificatives d'un état, provisoire, de la recherche, sur un terrain par trop encombré ailleurs, y compris et surtout au niveau des organisations internationales.“International communication” and scientific issues: a state of the art at the birth of information - communication sciences in France What is designated as International Communication does not, in fact, actually exist, neither as a concept, a field, a category, a theory, a school, a discipline, nor a sector. It does not provide any original methodological approach. Its area of utility remains unclear and notably flexible, since the identification attempts to specify it are diachronic in character, as its claims refer to actors that steadily become more numerous and give rise to a variable geometry as well as more and subtle discursive productions. Embodied in publication titles and university courses, mobilized by international organizations for use in classificatory objectives, called upon for terminological clarifiction, it can only disappoint, offering false structural syntheses that fill scientific journals. Driven by a variety of often non-visible politico-cultural interests, its terminological polysemy discourages serious and exhaustive research.However, its discursive manifestation does produce meaning effects and impact on our understanding, and it is now time to put this in perspective. Thus, the only option for illuminating this situation – one that would avoid endless description and inventories – requires the common thread of a discipline, namely the information-communication sciences. From its formal constitution in France at the end of 70's and with its progressive establishment in Humanities and Social sciences, this discipline now provides a significant theoretical corpus and epistemological anchoring. At the same time, it is still possible in provide a reasonable and accessible to initial overview. Moreover, confining ourselves to one country while simultaneously taking into account transnational scientific collaborations and productions – and not least avoiding the pitfalls of mediacentrism – an interrogation of the discipline reveals a formidable toolbox. Its epistemological, theoretical, conceptual and methodological features justify a provisional state of the art, one that stands out in a crowded academic domain, and offers useful alternatives to the problematic character of International Communication.
- Multiplicité médiatique et multipartisme en Afrique : symétrie de déficiences - Jean-Chrétien Ekambo Duasenge p. 83-90 Le continent africain est caractérisé actuellement par la multiplicité des partis politiques ainsi que des médias, considérée alors comme double indicateur tant de l'avancée de la démocratisation que du progrès social et économique. Observée depuis les années 1990, cette corrélation entre le médiatique et le politique est ici interrogée, compte tenu des résultats qui semblent plutôt mitigés. Cette étude offre des données empiriques variées en vue d'une froide évaluation.Media Diversity and Multi-party System in Africa: Symmetry of Deficiencies
The African continent is now characterized by multiplicity of political parties and multiplicity of medias, considered as a double indicator of both the advance of the democratization process and the social and economic development. Observed since 1990th years, this correlation between Medias and politics is here questioned, considering the results which seem limited. This study offers various empiric data for an objective evaluation. - Vers une révision a minima de la directive SMA - André Lange-Médart p. 91-112 La Commission européenne a présenté le 25 mai 2016 une proposition de révision de la Directive sur les services de médias audiovisuels, faisant suite à un important travail de consultation et d'évaluation entrepris en 2015. La publication de cette proposition, qui a fait l'objet d'un premier examen par le Conseil des Ministres le 31 mai 2016 et doit être examinée dans les mois à venir par le Parlement européen, puis transposée en droit national par les Etats membres, constitue un moment important dans l'évolution de la réglementation européenne, à l'heure où les offres de services à la demande sont arrivées à maturité et où les pratiques des consommateurs, en particulier des jeunes, évoluent très rapidement. Le présent article propose une première lecture critique de ce texte, qui contient des avancées intéressantes mais aussi marque les limites de l'ambition et des capacités réglementaires de l'Union européenne. Il propose également quelques considérations sur l'impact que le Brexit pourrait avoir sur la révision de la Directive et sa mise en œuvre future.Toward a revison of the Directive on Audiovisual Media Services as a minimum
The European Commission presented May 25, 2016 a proposal to revise the Directive on Audiovisual Media Services, following an intensive consultation and evaluation begun in 2015. The publication of the proposal, which was the subject to a first examination by the Council of Ministers of 31 May 2016 and should be reviewed in the coming months by the European Parliament and transposed into national law by Member States is an important moment in the evolution of regulation European, at a time when service demand offerings have matured and where consumer practices, especially young people, are changing very rapidly. This article provides a critical first reading of this proposal, which contains interesting developments but also marks the limits of ambition and regulatory capacity of the European Union. It also offers some considerations on the impact that could have on Brexit the revision of the Directive and its future implementation. - Déconstruire l'argument de la diversité de l'information à l'heure du numérique : le cas des nouvelles internationales - Tristan Mattelart p. 113-125 L'essor du web est présenté, avec insistance, comme ayant provoqué l'avènement d'une économie de l'information en réseau qui s'affranchirait des filtres qui limitaient auparavant la production et la dissémination des nouvelles et qui se traduirait par une plus grande diversité de l'offre d'informations. L'objectif de cet article est, en s'intéressant au cas des nouvelles internationales, de déconstruire cet argument. Nous montrons comment, à chaque vague d'études sur l'information internationale en régime numérique, émerge le même type de croyances qui ne peuvent s'imposer qu'au prix d'un oubli des réalités de l'économie politique qui continuent pourtant, pour une large part, à régir les logiques de production et de circulation des nouvelles sur l'étranger.Questioning the argument of news diversity in the digital era: the case of international news
The rise of the web has been accompanied by the widely held assumption that it would have given shape to a new networked information economy. This is presented as having eliminated some of the main filters that used to limit the production and circulation of news and, as such, as having given rise to an increased diversity of news offer. Based on the study of the literature on international news, this article aims at deconstructing this argument. Considering the different waves of research on this topic, we show that, contrary to what the proponents of the diversity thesis claim, the political economy constraints still play a great role in organizing the production and distribution of international news in the digital era. - Los grupos mundiales de comunicación y de entretenimiento, en el camino hacia la digitalización - Juan Carlos Miguel de Bustos p. 127-144 Les stratégies des groupes de communication et du divertissement ont traversé 4 étapes. Aujourd'hui, les GAFA –Google, Amazon, Facebook et Apple– doivent être vus comme des intermédiaires, des prescripteurs ou des distributeurs des contenus produits par les groupes de communication. Les GAFA ont deux caractéristiques majeures : ce sont des écosystèmes globaux ; ils exploitent les données, les big data. Ces caractéristiques leur confèrent des avantages vis-à-vis des groupes de communication. Effet de leur culture, les groupes de communication rencontrent des difficultés dans leur migration vers le numérique et tombent dans le paradoxe de Zucker...
- After the Internet: Cloud Computing, Big Data and the Internet of Things - Vincent Mosco p. 146-155 Le présent article identifie les traits caractéristiques de la prochaine phase du développement d'Internet en mettant l'accent sur l'informatique en nuage (le cloud computing) les services d'analyse des données (big datas analytics) et l'Internet des objets. Ensemble ils étendent les possibilités de centraliser le contrôle sur les données, d'approfondir la commercialisation de l'information et d'élargir la portée d'Internet de la connexion des individus à la formation basée sur les données de réseaux d'objets. Ils soulèvent également d'importantes questions de politique sociale, parmi lesquelles la concentration du pouvoir dans une poignée de compagnies étroitement liées au monde du renseignement militaire; les conséquences environnementales de la construction, de la mise sous influence et de la connexion des populations à un réseau mondial de centres de données en nuage (cloud computing); les conséquences de la connexion de milliards d'objets sur la vie privée et la sécurité; et l'impact des dispositifs intelligents sur l'avenir du travail.This paper identifies key features in the next phase of Internet development by focusing on cloud computing, big data analytics, and the Internet of Things. Together they expand opportunities to centralize control over data, deepen the commercialization of information, and extend the Internet's reach from connecting people to building data-rich networks of things. They also raise significant social policy questions including the concentration of power in a handful of companies closely tied to the military/intelligence world; the environmental consequences of building, powering, and connecting people to a global network of cloud data centers; the privacy and security implications of connecting billions of objects; and the impact of intelligent devices on the future of work. The paper concludes by suggesting that we are at a critical crossroads in Internet development and asks whether it is possible to build the Next Internet without eliminating its foundational values.
- Après l'Internet : le Cloud, les big data et l'Internet des objets - Vincent Mosco p. 253-264 Le présent article identifie les traits caractéristiques de la prochaine phase du développement d'Internet en mettant l'accent sur l'informatique en nuage (le cloud computing) les services d'analyse des données (big datas analytics) et l'Internet des objets. Ensemble ils étendent les possibilités de centraliser le contrôle sur les données, d'approfondir la commercialisation de l'information et d'élargir la portée d'Internet de la connexion des individus à la formation basée sur les données de réseaux d'objets. Ils soulèvent également d'importantes questions de politique sociale, parmi lesquelles la concentration du pouvoir dans une poignée de compagnies étroitement liées au monde du renseignement militaire; les conséquences environnementales de la construction, de la mise sous influence et de la connexion des populations à un réseau mondial de centres de données en nuage (cloud computing); les conséquences de la connexion de milliards d'objets sur la vie privée et la sécurité; et l'impact des dispositifs intelligents sur l'avenir du travail.After the Internet: Cloud Computing, Big Data and the Internet of Things
This paper identifies key features in the next phase of Internet development by focusing on cloud computing, big data analytics, and the Internet of Things. Together they expand opportunities to centralize control over data, deepen the commercialization of information, and extend the Internet's reach from connecting people to building data-rich networks of things. They also raise significant social policy questions including the concentration of power in a handful of companies closely tied to the military/intelligence world; the environmental consequences of building, powering, and connecting people to a global network of cloud data centers; the privacy and security implications of connecting billions of objects; and the impact of intelligent devices on the future of work. The paper concludes by suggesting that we are at a critical crossroads in Internet development and asks whether it is possible to build the Next Internet without eliminating its foundational values. - Liberate (Press) Freedom from Its Ideological Baggage! - Kaarle Nordenstreng p. 157-161 En occident, la liberté de la presse est typiquement envisagée comme allant de soi – comme faisant partie d'une idéologie omniprésente, plutôt que d'une doctrine. En conséquence, bien que largement revendiquée, il est nécessaire de déconstruire certains mythes libertaires sur la liberté de la presse. Par exemple, la métaphore de libre marché des idées se révèle différente du libéralisme proposé par John Milton et John Stuart Mill. L'histoire des idées ne soutient pas une vision (néo) libérale de la liberté, mais plutôt celle de la liberté arrimée à des valeurs morales. Ainsi les avocats à l'esprit étroit de la liberté à l'occidentale sont tout aussi fondamentalistes que les islamistes ainsi étiquetés.In the West, press freedom is typically understood as self-evident – as part of a pervasive ideology rather than of a rational doctrine. Therefore, while cherishing the idea of freedom, there is a need to deconstruct libertarian myths about press freedom. For instance, the metaphor of a free marketplace of ideas turns out to be something other than the original liberalism proposed by John Milton and John Stuart Mill. The history of ideas does not support a (neo) liberal notion of freedom, but rather a concept of freedom tied to moral values. Hence narrow-minded advocates of Western freedom are just as fundamentalist as those Islamists who are designated as such.
- Whose creative economy? Inequality and the need for international approaches - Kate Oakley p. 163-171 Cet article soutient que le discours de l'économie créative tel qu'il s'est déployé sur les quinze dernières années, s'inscrit dans un modèle de ‘globalisation' désormais caduc. En particulier, l'absorption des objectifs passés des politiques culturelles progressistes – comme le renforcement de la diversité culturelle, la suppression de barrières entre culture élitiste et culture de masse, et la reconnaissance de l'importance du marché dans la production culturelle – dans un objectif plus étroit focalisé sur ‘les emplois et la croissance', signifie que les développements de projets fondés sur la culture et les secteurs de la culture eux-mêmes, se bornent à reproduire à travers le monde l'inégalité sociale et économique. Un modèle de développement culturel plus pluraliste tenant mieux compte des iniquités dans l'action culturelle reste désespérément nécessaire.This paper argues that the discourse of the creative economy as it has played out over the last fifteen years or so, is part of a model of ‘globalisation' that is now exhausted. In particular, the absorption of previously progressive cultural policy aims such as increased cultural diversity, an ending of artificial barriers between ‘high' and ‘low' culture and a recognition of the importance of markets in cultural production, into a much narrower focus purely on ‘jobs and growth' has meant that many culture-led developments, and the cultural sectors themselves, across the world simply reproduce social and economic inequality. A more pluralistic model of cultural development that pays attention to inequities in cultural work itself is desperately needed.
- Histoire de la communication scientifique en Chine : un instrument politique de modernisation et de compétitivité économique - Bernard Schiele p. 173-186 La Chine, dès 1949, s'est dotée d'une politique de développement de la culture scientifique, alors que les pays occidentaux stimulés par l'OCDE ne la valoriseront qu'à partir des années 1980. Tout comme en Europe, la nécessité de promouvoir une culture scientifique s'est imposée en Chine au cours du 19e siècle. Car les Chinois ont compris que pour émuler les puissances coloniales, il leur fallait maîtriser les sciences et les techniques. Mais les initiatives étaient restées largement privées. Avec l'arrivée de Mao Zedong au pouvoir, la culture scientifique s'arrime au projet de développement voulu par le Parti. Toutefois, ce n'est qu'avec les réformes de Deng Xiaoping, à partir de 1978, qu'elle est totalement intégrée dans un plan d'ensemble de développement économique.History of Science Communications in China: a Political Instrument for Modernization and Economic CompetitivenessAs early as 1949, China adopted a policy geared towards the development of scientific literacy, whereas Western countries will only adopt similar measures in the 1980s at the impetus of the OECD. During the 19th century, in China as in Europe the promotion of scientific literacy became imperious. Chinese understood that if they wished to rival colonial powers, they had to master science and technology. However, the promotion of scientific literacy remained a private initiative. After Mao Zedong took power in China, scientific literacy is subordinated to the Party's development project. And yet, it is only with the Reforms of Deng Xiaoping from 1978 on, that scientific literacy was fully integrated in the economic development plan
- The creative economy: invention of a global orthodoxy - Philip Schlesinger p. 187-205 Cet article s'attache à l'évolution continue de la manière d'envisager avant tout la culture comme une question économique identifiée comme « économie créative ». La progression d'idées couramment admises et le contexte de leur progression sont discutés. Les questions politiques pleinement élaborées au Royaume-Uni en premier lieu, ont eu un écho important : les exemples démonstratifs de l'Union européenne et des Nations unies sont aussi discutés. La pénétration de l'idée d'économie créative dans des institutions tels la BBC et d'autres organismes de support à la culture est mise en lumière. L'influence de l'orthodoxie actuelle sur les institutions académiques et sur la recherche est également abordée. Les tendances pour s'y opposer sont limitées. Une nouvelle manière de réfléchir est aujourd'hui indispensable.This essay considers how policy thinking about culture has been steadily transformed into an overwhelmingly economic subject matter whose central trope is the “creative economy”. The development of current ideas and their background are discussed. Policy ideas first fully developed in the UK have had a global resonance: the illustrative examples of the European Union and the United Nations are discussed. The embedding of creative economy thinking in British cultural institutions such as the BBC and cultural support bodies is illustrated. The impact of current orthodoxy on academic institutions and research is also considered. Countervailing trends are weak. New thinking is now required.
- Changing Class Formations and Changing Television Viewing: The New Middle Class, Television and Pay Television in Brazil and Mexico, 2003-2013 - Joseph D. Straubhaar, Vinicio Sinta, Jeremiah Spence, Vanessa de Macedo Higgins Joyce p. 207-223 Cette recherche analyse la rapidité avec laquelle les structures de classe ont participé au changement des pratiques de consommation de la télévision en Amérique Latine lors de cette dernière décennie. L'abonnement au câble ou télévision payante s'est fortement développé au Brésil et au Mexique ces 6 à 7 dernières années et les effets de la croissance de la classe moyenne lors des 10 à 15 dernières années se révèlent. La hausse des abonnements au câble en Amérique Latine arrive après celle des autres régions du monde (Reis, 1999), où la télévision par câble et par satellite s'est développée dans les années 90 (Balio, 1998). L'Amérique Latine disposait d'un grand nombre de chaînes de télévision privées qui assuraient du divertissement en lien étroit avec les intérêts nationaux, et bénéficiant d'une proximité culturelle (Straubhaar, 2001). Qu'est-ce qui a changé n Amérique Latine pour que les populations se tournent vers le câble et la télévision payante ?This study will examine how rapidly changing social class structures in Latin America in the last ten years have impacted television viewing. Subscription to cable or pay television has increased enormously in Brazil and Mexico in the last 6-7 years as effects of the substantial growth of the middle class in the last 10-15 years has begun to become very visible in media behavior. Cable television growth in Latin America had trailed far behind most other regions of the world (Reis 1999), where cable and satellite television grew explosively in the 1990s (Balio 1998). Latin America was already covered by well-resourced commercial television stations, which provided a great deal of entertainment, which was closely to tuned to national interests, gaining a great deal of advantage from cultural proximity (Straubhaar 1991). If Latin Americans are now turning to cable or pay television, what has changed?
- The Scramble for Asian Soft Power in Africa - Daya Thussu p. 225-237 L'expansion sans précédent des médias et des réseaux de communication chinois dans les dix dernières années et en particulier en Afrique, soulève des questions de fond sur le paysage médiatique changeant de l'un des marchés majeurs des médias dans le monde. Cet article étudie la course des médias chinois et indiens en Afrique, et se focalise en particulier sur la présence indienne sur un continent où des liens humains anciens favorisent la progression des intérêts indiens politiques et économiques. Ainsi l'article suggère-t-il qu'avec la progression de la connectivité numérique et la convergence des technologies de communication mobile et des contenus sur Internet, la présence indienne s'accentue. Cela va-t-il conduire, dans le domaine du développement de la communication, à une compétition avec la Chine ou ouvrir la voie à une coopération ?The unprecedented global expansion of Chinese media and communication networks over the past decade, specifically in Africa, raises important questions about the changing media landscape in what is emerging as one of the major media markets in the world. This paper examines the media race for African by China and India, focusing in particular on the Indian presence on a continent where long established people-to-people connections favour the expansion of Indian political and economic interests. Then the paper suggests that the growing digital connectivity, with the convergence of mobile communications technologies and content via Internet, the Indian presence is likely to deepen. Will this lead to a competition with China or open up possibilities for cooperation, in such areas as development communication?
- Vers des sociétés du savoir : un projet social - Gaëtan Tremblay p. 239-249 La vision élaborée dans le document présenté par l'UNESCO à Tunis en 2005, reprise et mise à jour en 2013 dans le rapport rédigé par Mansell et Tremblay, esquisse le cadre général de construction de sociétés du savoir diverses, dynamiques et évolutives fondées sur le respect des personnes, des cultures et de l'environnement. L'évocation de cet horizon fait l'objet du premier point de cet article. La mise en œuvre de ce projet, utopique à maints égards, de sociétés du savoir plurielles et respectueuses des droits de la personne humaine, implique l'adoption de stratégies diverses certes, selon les cultures et les contextes socio-économiques, mais qui relèvent partout d'une même approche de concertation des différents groupes d'acteurs concernés. La discussion de cette articulation entre l'unicité et de la diversité des sociétés du savoir fait l'objet du deuxième point. Le projet de sociétés du savoir ne suscite cependant pas partout le même enthousiasme. Il doit faire face à l'ignorance, à l'indifférence et parfois même à une opposition farouche, voire violente, de la part de différents groupes sociaux, économiques et politiques. La présentation des principales embûches qui font obstacle au développement des sociétés du savoir constitue le troisième point de cet exposé. Une proposition en guise de conclusion : les sociétés du savoir sont des projets sociaux qui s'enracinent tant dans l'exercice du sens critique que dans l'élaboration utopique.Towards Knowledge Societies: a social project
The vision articulated in the document presented by UNESCO in Tunis in 2005, resumed and updated in Mansell's and Tremblay's report (2013), outlines the general framework of construction of various knowledge societies, dynamic and based on respect for people, cultures and the environment. The evocation of this horizon is the subject of the first point of this article. The implementation of this project, utopian in many respects, of pluralistic societies respectful of human rights, implies the adoption of various strategies. These strategies should be adapted to various cultures and socio-economic contexts. But everywhere they should be inspired by the same approach fostering the dialogue between different groups of stakeholders. The discussion of this double requirement of uniqueness and diversity is the subject of the second point. However, the knowledge societies draft does not raise the same enthusiasm all over the planet. It is facing ignorance, indifference and sometimes fierce opposition, even violent, from different social, economic and political forces. The presentation of the main obstacles that hinder the development of knowledge societies is the third step of this presentation. A proposal to conclude: knowledge societies are social projects rooted as well in critical thinking as in utopian vision.