Contenu du sommaire : Linguistiques des langues slaves
Revue | Histoire, Epistémologie, Langage |
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Numéro | vol.21, n°1, 1999 |
Titre du numéro | Linguistiques des langues slaves |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Linguistiques des langues slaves
Articles
- Présentation - Sylvie Archaimbault p. 3-4
- Norme graphique et orthographique dans la réflexion linguistique russe au XVIIIe siècle - Roger Comtet p. 5-25 Le russe hérite à la fin du XVIIe siècle d'un alphabet et d'une orthographe qui ne correspondent pas à sa substance phonique ; comme pour bien d'autres langues, c'est le résultat de l'évolution et du fait aussi que l'alphabet cyrillique notait au départ une langue différente, le vieux slave ; le colinguisme slavon-russe complique encore plus la situation. Ce hiatus engendre dans la Russie du XVIII siècle toute une réflexion sur l'orthographe focalisée autour de Trediakovskij, qui préconise une orthographe phonétique, et de Lomonosov, partisan de la démarche « étymologique », morphématique en fait, qui ne peut que l'emporter en raison de la spécificité du russe. À la faveur de ce débat se précise peu à peu une modélisation de la langue en système, une méthode heuristique pour conceptualiser le phonème et une interrogation ontologique sur l'unité linguistique fondamentale du russe : phonème, morphème ou mot ?abstract : As for many other languages and as a result of evolution and also of the fact that the Cyrillic alphabet was originally conceived to note Old Church Slavonic, Russian inherited, at the end of 17th century, an alphabet and an orthography which did not agree with its phonic substance ; the Slavonic-Russian colingualism which was then prevailing made the situation even more intricate. Such an inadequacy, led in 18th century Russia, to a large discussion about spelling, around Trediakovskij' s phonetic spelling and Lomonosov' s traditional etymological spelling (morphological in fact). These re- currrent and gradual approaches to the problem introduced the treatment of language as a system, the elaboration of a heuristic method to conceptualize the phonem and an ontological interrogation : which is the basic linguistic unit in Russian, the phoneme, the morpheme or the word ?
- Histoire de l'écriture et de l'orthographe tchèques - Patrice Pognan p. 27-62 L'histoire du tchèque débute au IXe siècle avec l'Empire de Grande Moravie (disparu à l'orée du Xe siècle), à l'origine de la « Slavia orthodoxa ». Quelques textes écrits en glagolitique nous sont parvenus de cette époque. C'est par la suite en Bohême que se développe le tchèque. Son évolution phonologique du IXe au XVIe siècle et la réforme de l'orthographe introduite par Jan Hus lui confèrent une apparence particulière par rapport aux autres langues slaves, suffisamment marquée pour permettre des travaux d'analyse automatique par reconnaissance de formes.The history of the Czech language starts in the 9th C with the Empire of Great Moravy, which disappeared at the dawn of the 10th C and gave birth to the « Slavia orthodoxa ». A few glagolitic texts dating from those times have reached us. Afterwards, it was in Bohemia that Czech developped. Its phonological evolution between the 9th and the 16th C and the spelling reform carried out by Jan Hus are the reasons for its peculiar appearance as compared to other Slav languages. This peculiarity is strong enough to make parsing through form recognition possible.
- Frontières linguistiques, frontières politiques - Paul-Louis Thomas p. 63-82 L'observation du continuum dialectal slave du sud (du slovène au bulgare en passant par le serbo-croate et le macédonien) montre que les frontières linguistiques entre dialectes et les frontières politiques entre États ne coïncident pas, notamment pour le serbo-croate et les Etats où cette langue (dans ses variantes bosniaque, croate, monténégrine et serbe) est utilisée. Aux démarches unificatrices et centripètes du XIXe siècle entre langue, peuple et État-nation, s'opposent celles, indépendantistes et centrifuges, de la fin du XXe siècle. On donnera des exemples des politiques linguistiques actuelles qui visent à faire coïncider de force frontières linguistiques et frontières politiques.The study of the South Slavic dialect continuum (from Slovene to Bulgarian, including Serbo-Croat and Macedonian) shows that the linguistic borders between dialects and the political frontiers do not coincide, especially in the case of Serbo-Croat and the states where this language with its Bosnian, Croatian, Montenegrin and Serbian variants is used. Unlike the 19th Century, when unifying centripetal processes were initiated, the end of the 20th Century is characterized by independentist, centrifugal ones. We shall give some examples of today's language policies, which aim at forcing linguistic and political borders to coincide.
- Le rapport langage/mathématiques d'après Oleksa Vetuxiv et Leonid Bulaxovs'kyj : une controverse théorique sur les pas d'Alexandre Potebnia et sa continuation dans la linguistique ukrainienne - Serhij vakulenko p. 83-104 Dans l'histoire de la linguistique ukrainienne, la réception des idées d'Alexandre Potebnia (1835-1891) sur le rapport langue /nation a longtemps été faussé en raison des pressions idéologiques exercées par le régime. Leur correcte interprétation exige une reconstruction des liens intrinsèques entre les multiples aspects de sa théorie linguistique où la place centrale est occupée par la notion de la forme intérieure. La modification de la forme intérieure au cours du passage de la poésie à la prose (traitées comme formes fondamentales de la pensée) permet d'établir l'influence de la langue employée sur la productivité scientifique d'un individu. La divergence entre Oleksa Vetuxiv (1867-1941), disciple de Potebnia, et Leonid Bulaxovs'kyj (1888-1961), représentant d'une nouvelle génération de linguistes, à propos du rapport langage/mathématiques donne d'utiles indications quant à une possible interprétation de la position de Potebnia.In the history of Ukrainian linguistics, the reception of Alexander Potebnia' s (1835-1891) ideas on the relationship between language and nation has long been distorted because of the political pressure exerted by the regime. Their correct interpretation requires a reconstruction of the intrinsic links between the multiple aspects of his theory of language, where the central place is occupied by the notion of internal form. The modification of the internal form in the course of transition from poetry to prose (both treated as the basic forms of thought) makes it possible to establish the influence of the language used on the scientific productivity of an individual. The divergence between Oleksa Vetuxiv (1867-1941), a disciple of Potebnia' s, and Leonid Bulaxovs'kyj (1888- 1961), a representative of the new generation of linguists, about the relationship of language to mathematics gives some useful clues as to a possible interpretation of Potebnia' s position.
- Machine Translation in the former Soviet Union and in the Newly Independent States (NIS) - Rajmund Piotrowski, Yourij Romanov p. 105-117 II y a plus de quarante ans maintenant qu'ont eu lieu les premières expériences et publications américaines et soviétiques consacrées à l'analyse des problèmes de traitement automatique du langage naturel. Il est certainement impossible de trouver un autre domaine qui ait eu à faire face à des bouleversements aussi dramatiques. Il nous suffira de mentionner l'influence puissante des idées de la Traduction Automatique à la fin des années 50, vague qui a tourné à la déception au milieu des années 60, puis une débauche de projets dans les années 70 et l'émergence de nouvelles idées dans les années 80, suivie enfin par la crise financière des années 90.More than forty years separate us from the advent of the first American and Soviet MT experiments and publications devoted to the analysis of the NLP problems. It is hardly possible to find another scientific field which has faced such dramatic upheavals. It is enough to mention the powerful reverberation of the MT ideas at the end of the 1950s — a wave that turned into deep disappointment in the mid- sixties, then again an increase in the number of MT projects in the 1970s and the emergence of new ideas in the eighties, followed by the financial crisis of the nineties.
Hommage à Jean Lallot (suite)
- II corpo vivente della Léxis e le sue parti annotazioni sulla linguistica di Aristotele - Franco Lo Piparo p. 119-132 La comparaison entre les parties du discours dont discute Aristote dans la Poétique et celles définies par Denys le Thrace dans sa Grammaire, montre leur radicale diversité. Les résultats d'une analyse de la notion aristotélicienne de lexis sont les suivants : 1) la lexis ne peut être rapprochée des notions modernes de signifiant ou d'expression mais plutôt des speech acts de Austin ; 2) la lexis est saisie par Aristote avec le même appareil théorique employé dans la Physique et dans les ouvrages biologiques pour étudier les corps vivants, l'une et les autres étant composés de parties hiérarchiquement organisées et finalisées à leurs propres activités spécifiques. Il en résulte que la syllabe joue un rôle de modèle de la composition des substances naturelles.A comparison between the 'parts of speech' discussed by Aristotle in his Poetics and those defined by Dionysius Thrax shows how radically different they are. An analysis of the Aristotelian notion of lexis gives the following results : 1) the lexis is not comparable to the modern notions of signifiant or expression, but rather to Austin's speech acts ; 2) the lexis is dealt with by Aristotle through the same theoretical apparatus as the one used in Physics and in his biological works on the living body, both being made of hierarchically organised parts serving specific purposes and activities. This paper shows the role played by the syllabe as a paradigmatic model of natural substances.
- II corpo vivente della Léxis e le sue parti annotazioni sulla linguistica di Aristotele - Franco Lo Piparo p. 119-132
Archives et documents
- L'œuvre grammaticale de Jean de Garlande (ca 1195-1272 ?), auteur, réviseur et glosateur : un bilan - Anne Grondeux, Elsa Marguin p. 133-163 Les éditions récentes de deux traités grammaticaux majeurs de Jean de Garlande permettent d'esquisser une remise en perspective de la partie grammaticale de son oeuvre, et de réfléchir sur les oeuvres authentiques ou douteuses qui restent à éditer, ainsi que sur certaines pistes qui demeurent à explorer, en particulier celle des sources directes de l'oeuvre. Jean de Garlande est un grammairien à plusieurs facettes, qui compose ses propres traités et les glose de la même façon qu'il glose les manuels d'autres maîtres ; les différentes formes que prend ainsi son activité de maître de grammaire communiquent au niveau de la doctrine, que l'on retrouve inchangée sous chaque forme ; cette perméabilité, et le fait que Jean se cite souvent lui-même permettent de proposer une chronologie partielle de ses traités et commentaires, et de mettre en lumière certaines pratiques éditoriales de l'auteur, en particulier celle qui consiste à diffuser ses traités en Angleterre ; il semble en effet que Jean de Garlande n'ait connu en France aucun succès au plan universitaire ce qui pourrait expliquer la diffusion de ses oeuvres dans son pays natal.The recent editions of two major grammatical treatises of John of Garland allow us to situate now more clearly and precisely the grammatical part of his work and to ponder on the authentical or doubtful texts which are still to be edited, as well as on the direct sources of the work, which are to be studied too. John of Garland is a polymorphous grammarian, who writes and annotades his own treatises in the same way as he does other mathers' handbooks. These different activities connected together and the underlying doctrine is always the same. This connection, and the quotations by John of his own works allow us to propose a partial chronology of his treatises and commentaries, and to highlight his publication strategies - particularly, the diffusion of his treatises in England. Indeed, it seems that John of Garland met with no success in French University, which could account for the fact that he needed to publish his works in his native country.
- Tables analytiques [Mise à jour : 1996-1998] - p. 165-178
- L'œuvre grammaticale de Jean de Garlande (ca 1195-1272 ?), auteur, réviseur et glosateur : un bilan - Anne Grondeux, Elsa Marguin p. 133-163
Lectures et critiques
Comptes rendus
- Martin Montminy. Les Fondements empiriques de la signification, 1998 - Fortis Jean-Michel p. 179-184
- Francis Tollis. La Description du castillan au XVe siècle : Nebrija et Villena. Sept études d'historiographie linguistique, 1998 - Lépinette Brigitte p. 184-188
Ouvrages de collaborateurs
- Sylvie Archaimbault. Préhistoire de l'aspect verbal ; l'émergence de la notion dans les grammaires russes, 1998 - p. 188-188
- Sylvain Auroux. La Raison, le Langage et les Normes, 1998 - p. 188-189
- Bernard Colombat. La Grammaire latine en France à la Renaissance et à l'âge classique : théories et pédagogie, 1999 - p. 189-189